ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [30 j «illet 1790.] 43g [Assamblée natien&le.l pe mêlaient de commander depuis Paris. Vous ferez de mauvais colonels : c'est en forgeant qu’on devient forgeron, et on n’est bon colonel qu’en étant colonel. Les maréchaux de camp étant placés dans l’ordre d’un tableau, ce sera suivant l’ordre du tableau qu’un général d’armée devra contier l’intérêt de PEtat et sa gloire propre ; le général d’armée est responsable des événements par la perte de sa réputation. Vous ne serez donc pas étonnés que je pense que les maréchaux de camp ne doivent pas être autrement qu’en ligne. Je passe à l’armée auxiliaire; si le plan deM. Emmery était discuté, je prouverais qu’il est impossible d’avoir 70,000 hommes de troupes auxiliaires. Si, par hasard, elles se formaient, ce ne pourrait être qu’aux dépens de l’armée, surtout d’après la manière dont on veut les instituer. Un grand vice de votre constitution militaire, je le dirai franchement, c’est la diminution de la durée des engagements. Dans 4, 5 ou 6 ans de service, vous ne ferez pas un cavalier. Avec de bons officiers ou sous-officiers d’infanterie, vous ferez en 6 ans de bons soldats : mais ils vous quitteront lorsqu’ils pourraient vous servir. Quant aux gardes nationales, je connais leur patriotisme et je ne doute pas de leur courage. Cependant tout ce qui est juste et nécessaire dans l’état civil ne convient pas à l’état militaire. Vous aviez des milices, et vous avez détruit avec raison les enrôlements forcés qui dépeuplaient les campagnes. Ges milices s’assemblaient pendant un mois, et à peine après ce temps ces soldats savaient-ils mettre leurs guêtres. Les auxiliaires feraient une dépense considérable et inutile. Le jour où vous aurezrésolu d’augmenter vos troupes, vous n’aurez qu’à augmenter les engagements avec le projet de vos économies, et vous aurez assez de soldats. Je propose le projet de décret suivant : « L’Assemblée nationale décrète : 1° que l’armée sera composée de 151,899 hommes au moins, et de 154,000 au plus; que l’infanterie sera de 107,000, et la cavalerie de 29,588, l’artilleriede 12,000 hommes; enfin que les dépenses nécessaires pour l’entretien de l’armée, y compris les dépenses accessoires, ne s’élèveront pas à moins de 88,151,143 livres, ou à plus de 88,298,737 livres au plus, et que ce sera d’après ces bases que la force de l’armée et la dépense qu’elle nécessite seront fixées, sauf par le Corps législatif à faire au roi les observations que, sur le rapport de son comité militaire, il croira nécessaires, pour y être définitivement statué par Sa Majesté. » (La discussion est interrompue à 2 heures et continuée à demain.) M. MHIanois, député de Lyon. Les décrets des 13 et 17 de ce mois sont parvenus à la ville de Lyon ; ils ne sont point encore exécutés, par le retard des dispositions du ministre. Il est arrivé de nouveaux événements, et je suis chargé de vous lire des pièces qui vous sont adressées. La première est une lettre de la municipalité de Lyon ; la seconde, un procès-verbal. M. Milianois fait lecturede ces pièce s, dont voici l’extrait: Lettre des officiers municipaux de Lyon, le 27 juillet. « C’est avec une vive douleur que nous avons à vous rendre compte des événements qui ont de nouveau troublé l’ordre et la tranquillité publique dans notre ville. Nous devons rendre témoignage au courage et à la prudence de la garde nationale, du régiment de Sonnemberg, de la maréchaussée, de la compagnie du guet et des arquebusiers. » Procès-verbal de la municipalité , du 26 juillet. « Ce jour, étant assemblés à quatre heure après midi, nous ‘entendîmes un bruit extraordinaire, et nous sûmes bientôt qu’environ deux mille ouvriers, qui s’étaient réunis sur la place de Belle-cour, se rendaient, en marche réglée, à la place des Terreaux, sur laquelle est l’hôtel commun. La démission de M. Dervieux-Duvillart, commandant de la garde nationale, excitait les regrets des ouvriers. Etant allés à la campagne de la mère de cet officier, ils avaient exigé d’elle qu’elle lui écrivît et leur fît parvenir sa réponse. Ils venaient s’adresser à l’état-major et à la municipalité, pour savoir si M. Dervieux avait répondu. Ne pouvant satisfaire à leur demande, ils jetèrent de grands cris et s’agitèrent avec violence. Redoutant des motifs secrets et des manœvres des ennemis du bien public, M. le maire et nous, dévoués au rétablissement du calme, nous descendîmes sans escorte sur la place. « M. le maire fit tous ses efforts pour représenter les dangers des attroupements; il assura que nous avions écrit à M. Dervieux pour l’engager à retirer sa démission. Les exhortations et les instances furent inutiles. Pressés par le peuple, fatigués par les chocs que nous éprouvions, nous fûmes obligés de remonter à l’hôtel de ville; les ouvriers nous y suivirent en grand nombre. Enfin ils se retirèrent pour aller forcer l’arsenal. Nous pensâmes alors que nous ne nous étions pas trompés, en supposant que cette insurrection était l’effet des instigations des ennemis de la chose publique. Nous crûmes qu’il fallait employer la force. Nous commandâmes des détachements nombreux de la garde nationale pour renforcer l’arsenal, le magasin à poudre et l’hôtel commun. Nous ordonnâmes aux officiers de l’arsenal de faire toutes les dispositions nécessaires pour repousser la force par la force. La troupe d’ouvriers ayant attaqué un corps degardeei enlevé les armes, se portasur l’arsenal, fit feu sur la garde nationale et la compagnie du guet qui les repoussèrent parles même moyens. Il y a eu un homme tué et un autre blessé. Les ouvriers paraissaient se retirer; mais bientôt nous fûmes menacés d’une nouvelle incursion. Pressés par l’état-major, nous avons requis le régiment de Sonnemberg. Instruits qu’en venant au poste qui lui était assigné, il avait, ainsi que la garde nationale, reçu plusieurs coups de fusil, nous avons requis le commandant de l’artillerie de nous donner deux canons qui ont été placés sur le quai, en face du Bourg-Neuf où les ouvriers s’étaient retirés et d’où ils avaient fait feu sur les troupes. Deuxobusiers ont aussi été placés devant l’hôtel commun. Le drapeau rouge avait été placé à l’une dès fenêtre de cet hôtel, pour annoncer la publication de la loi martiale. La nuit étant arrivée, nous avons cru plus convenable de remettre cette publication au lendemain. Nous avonsdépêché ua exprès à Vienne, pour demander tous les secours dontonpourraitdisposer, soit en gardes nationales, soiten troupes de ligne. Des patrouilles multipliées ont assuré le repos de la nuit. Nous n’avons pas désemparé de l’hôtel commun, et plusieurs personnes ayan t étéarrêtées.nous avons décidé qu’elles seraient interrogées et ensuite emprisonnées, s’il y avait lieu. »