SÉANCE DU 22 THERMIDOR AN II (9 AOÛT 1794) - N° 4 373 bonheur, et délivrez l’univers des tyrans et des scélérats qui l’infestent. Vive la République ! Guillery, Cheneaux, Chartogne (subst1 de l’agent nat.), Goulet, Monclin père, Beraut. b' [Les juge de paix et assesseurs de la comm. révol. de Tours (1), con de l’Est, à la Conv.; 13 therm. II] ( 2). Représentants du peuple, La preuve la plus éclatante que la puissance éternelle veille à la conservation et à l’affermissement de la liberté, est l’énergie et la sévérité que vous venez de montrer aux yeux de toute l’Europe vis-à-vis des traîtres et des ennemis de la République. Nous vous en félicitons. Continuez vos travaux, et la liberté sera impérissable. S. et F. T. Bailly (assesseur), Thibault (j. de paix), Fournier-Vauquer (assesseur), Augé fils aîné (assesseur), Ribot (assesseur), Bousquet (greffier) [et une signature illisible], c' [Les membres composant le tribunal criminel du départ 1 de la Dordogne aux représentans du peuple français; Périgueux, 16 therm. II] (3). Citoyens représentans, Un homme, ou plutôt un monstre indigne de ce nom, avait donc pu méditer la perte de la liberté, au milieu d’un peuple étonné de l’apparence des vertus qui couvrait sa scélératesse ! Un nouveau Cromvel avait donc projetté de nous ravir le fruit de 6 ans de travaux ! Son audacieuse ambition a donc pu lutter quelques instans contre la représentation nationale et lui montrer le crime dans toute sa noirceur !... A peine revenus d’un coup si accablant pour des hommes vertueux et amis de leur patrie, nous nous empressons, fidèles représentans, de rendre à votre courage le juste tribut des actions de grâces qu’il mérite. C’est lui qui vous a fait braver les poignards de cette horde infâme; c’est lui qui vous a porté[s] à oublier votre propre sûreté, pour sauver le peuple français qui vous a si justement investis] de sa confiance; c’est lui qui ne vous abandonnera jamais, et qui sera toujours notre seul point de ralliement, en nous donnant l’exemple de toutes les vertus républicaines. Que de nouveaux traîtres, ou les complices de ceux dont les têtes viennent de tomber sous le glaive de la loi, projettent encore de renverser la République ! Qu’ils essayent encore d’élever un nouveau trône ! La liberté n’en paraîtra que plus belle en triomphant de leurs efforts impuissants. Eh ! (1) Indre-et-Loire. (2) C 313, pl. 1 246, p. 20. Mention dans B‘n, 29 therm. (2e suppl1). (3) C 313, pl. 1 246, p. 19; Bm, 23 therm. (1er suppl1). Comment pourrait-elle périr avec des défenseurs tels que vous ? Pour nous, fidèles au poste où nos concitoyens nous ont placé[s], fidèles aux lois émanées, ou qui émaneront de vous, aussi impassibles qu’elles, nous ne cesserons de surveiller les intérêts de la patrie, et de faire tomber sous le glaive de la loi, autant qu’il pourra dépendre de nous, les têtes de ces monstres qui ont juré la perte de leur patrie. Nous jurons l’unité et l’indivisibilité de la République; nous jurons une guerre éternelle aux tyrans, sous quelle forme qu’ils puissent se présenter. Nous jurons enfin la liberté ou la mort ! Vive la République ! M. D’Alby (présid.), Dutermes, Debregeas (accusateur public), J. Ducret, [une signature illisible,] et Lafustiere (greffier). d' [La sté popul., révolutionnaire et régénérée de Romorantin (1) , à la Conv.; Romorantin, 16 therm. 7/7(2). La France sera-t-elle toujours en but aux intrigues, à la trahison et aux factions ? Existera-t-il sans cesse, sur le sol de la liberté, des traîtres et des conspirateurs qui ont juré sa perte ? Non, braves représentans, le courage que vous avez constamment montré dans les dangers les plus imminens, l’énergie avec laquelle vous avez sçu confondre les monstres qui vouloient nous faire rentrer dans l’esclavage, l’ardeur qui vous anime continuellement dans vos glorieux travaux, et dont nous sentons tous les jours la douce influence, tout nous présage que la patrie, soutenue par vous, saura braver tous les orages. C’est dans cette confiance que les patriotes de Romorantin, réunis à la société régénérée, vous engagent à rester à votre poste, en vous assurant que tous sont prêts à couvrir de leurs corps les coups que des monstres voudroient vous porter, et qu’au premier signal du danger que vous pourriez courir, ils voleront à votre secours, le seul point de ralliement de tous les amis de la liberté et de l’égalité. Vive la République ! Vive la Convention ! Périssent à jamais tous les traîtres ! Tripou (présid.), Gemon (secrét.). e' [Les sans-culottes composant la sté popul. de Joucy(3 ) à la Conv.; Joucy, 15 therm. 77/(4). Législateurs, Le patriotisme, comprimé depuis longtems par des manœuvres populicides, a enfin repris (1) Loir-et-Cher. (2) C 315, pl. 1 264, p. 14. Mention dans Bln, 29 therm. (2e suppl1). (3) Saône-et-Loire. (4) C 315, pl. 1 264, p. 13. Mention dans Bm, 27 therm. (1er suppl1). 374 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE son antique énergie. La Convention a parlé, et les Robespierre, les Couthon, les St-Just, les Lebas et leurs satellites ont disparu. Périssent ainsi tous les traîtres ! Que la foudre révolutionnaire écrase impitoyablement tous les genres de tyrannie ! Ennemis de l’idolâtrie, fidèles à la voix de la raison, nous écoutons les principes, et non les hommes. Continuez, législateurs, assurez la liberté par l’épuration de la grande famille, pulvérisez les monstres, et vive la République ! Delorme, Thurret, Germain, C. Gayet, Prost, Ferry, Garchin, Lechez, Brenot, Lavi-gne, Boussin, Hermey, Girardet. f [Le c. révol. de Périgueux{ 1) à la Conv.; Péri-gueux, 16 therrn. 77/(2). Représentants du peuple français, Un homme qui trop longtems avait brigué et abusé de la confiance publique, un ami des Chabot, des Danton, un nouveau Catilina, Robespière enfin, a osé lever, au sein même du sénat, l’étendart de la contre-révolution. Ce partisan du royalisme, ce monstre popularisé, comptait-il donc que des Français balanceraient entre la tyrannie et la liberté, entre la patrie et un scélérat ? Le jour même qu’il a l’audace de se déclarer le chef des factieux, au moment qu’il désigne ses victimes, un orage salutaire se forme sur la montagne, l’éclair brille, la foudre en part, et le nouveau tyran disparaît avec tous les conjurés. Ce jour, montagnards, a été le plus beau de la révolution; il a assuré le triomphe de la République et la chûte de tous les tyrans du monde. Que François et Frédéric, que Georges et Pit aprennent comment les républicains de Péri-gueux se sont insurgés contre la Convention, en aprennant cette heureuse nouvelle; qu’ils écoutent !... C’est l’arrêt de leur mort ! Au point du jour, la générale se fait entendre. De tous côtés, on court aux armes; des bataillons nombreux se forment sur la place de la liberté; une foule immense de citoïens de tous âges, de tout sexe, se groupent autour de l’arbre sacré. Le calme règne dans les rangts; on publie la proclamation du sénat et ses décrets contre les conjurés. Alors l’indignation est à son comble; on s’agite; le cliquetis des armes se fait entendre; l’airain tonne, et les authorités constituées et tous les républicains jurent de nouveau : la liberté, ou la mort ! L’unité, l’indivisibilité de la République ! Guerre et mort aux tyrans, aux dictateurs, sous quelques formes qu’ils se présentent, et paix éternelje aux peuples ! Tous jurent de se ralier sans cesse à la représentation nationale, sanctuaire du gouvernement central, du gouvernement démocra-(1) Dordogne. (2) C 313, pl. 1 246, p. 18; Bm, 23 therm. (1er suppl1). tique. Des chants civiques se font ensuite entendre; on s’embrasse, et l’on [n’] entend plus que [ce] cri unanime :« la patrie est encore une fois sauvée ! Vive à jamais, vive la Convention » ! Voilà, tyrans du monde, la conduite des Français. Jugez maintenant si vous devez espérer de leur donner jamais des fers. O Parisiens, encore une fois vous venez de prouver que vous êtes des héros de la révolution. Ah ! Que ne pouvons-nous remplir avec vous les mêmes devoirs ! Que ne pouvons-nous partager vos lauriers ! Encore une fois vous avez bien mérité de la mère comune, nous venons de le publier, et nos derniers neveux ne cesseront de le répéter. Vous, comités de salut public et de sûreté générale, que les traîtres ont tenté de calomnier, parce que vous faisiez leur effroy, continuez vos sublimes travaux; vous avez notre estime, notre confiance, et nous vous jurons sur nos têtes la pleine exécution de toutes les mesures révolutionnaires que vous dictera le bonheur du peuple français, qui ne peut ny ne veut exister s’il n’est libre comme l’air qu’il respire. Et toy, montagne sainte, funeste à tous les tyrans, à tous les conspirateurs, reste ferme à ton poste, nos coeurs le désirent, et nos bras t’y maintiendront. Songe que c’est toy seule qui peut, toy seule qui doit sauver la patrie. Point de trêve, point de paix, que tous les ennemis de la souveraineté du peuple ne soient exterminés! C’est à toy à planter l’olivier, mais il ne peut pousser de profondes racines s’il n’est arrosé du sang du dernier des despotes, du dernier des conspirateurs. Vive la République ! Vive la montagne ! Vivent les comités de salut public et de sûreté générale ! Bardet, Leymonnerie (présid.), Sauveroche, Giry, Labat, Reynaud, Jean-Eco, Briniere (secrét.), Pelit [et 3 signatures illisibles], g' [Les administrateurs du directoire de distr. de Charolles{ 1) à la Conv.; Charolles, 14 therm. 777(2). Citoyens représentans, Chaque fois qu’une conjuration éclate, c’est un nouveau triomphe pour la République. Une poignée de factieux qui nous préparoit des fers, et méditait la destruction de la représentation nationale et de tous les patriotes, alloit exécuter cet horrible complot, mais la liberté, qui veille sur les destinées de la France, a frappé les conspirateurs et déjoué le coupable attentat. Courage, représentans, frappés les scélérats sous quelque masque qu’ils se présentent! La (1) Saône-et-Loire. (2) C 313, pl. 1 246, p. 17. Mention dans Bm, 27 therm. (1er suppl1).