Séance du 1er frimaire an III (vendredi 21 novembre 1794) Présidence de LEGENDRE (de Paris) (1) La séance s’ouvre à onze heures et demie. Un secrétaire occupe le fauteuil (2). 1 Un membre du comité des Dépêches donne lecture de la correspondance. Les maire, agent national et officiers municipaux de la commune de Coulanges [-la-Vineuse, Yonne], font part d’une nouvelle découverte propre à augmenter la production du salpêtre. Ils soumettent à la sagesse de la Convention l’introduction dans les ateliers du nouvel usage employé dans leur département par le citoyen Guinaut-Desireaut, préposé aux salpêtres. Mention honorable, renvoi à la commission des Poudres et salpêtres (3). 2 Les membres de la société populaire de Beaucaire [Gard] félicitent la Convention sur son adresse au peuple français : ils l’invitent à faire taire tous ces individus qui parlent sans cesse au nom du peuple, dont ils ne sont qu’une faible partie, et à ne pas souffrir qu’aucune association rivalise de puissance avec elle. Mention honorable, insertion au bulletin (4). [La société populaire de Beaucaire à la Convention nationale, s. d .] (5) Représentants du peuple Français, C’est avec le plus vif intérêt que la société populaire de Beaucaire a entendu le rapport qui vous a été fait sur la situation politique de la (1) P.-V., L, 11. (2) P.-V., L, 1. (3) P.-V., L, 1. (4) P.-V., L, 2. (5) C 328, pl. 1453, p. 1. Bull., 5 frim. (suppl.). France, votre adresse aux François a achevé de nous dessiller les yeux. En vain voudroit-on nous séparer de la Représentation nationalle, uniquement attaché à la Convention, elle sera toujours notre point de ralliement, nous ne reconnoissons d’autre autorité que la sienne. Vous seuls devés nous donner des loix, vous seuls en avés le pouvoir, ne souffrés jamais qu’aucune puissance puisse rivaliser avec vous, faites taire ces individus qui se disent le peuple et qui en sont seulement une bien petite partie, le peuple est cette nation puissante que vous représentez si dignement, l’on ne doit compter pour rien ces etres immoraux et sanguinaires qui vou-loient de nouveau nous asservir et faire de la France un vaste cimetière, la justice est là. Représentants, vous voulés nous rendre heureux, vous voulés notre bonheur, achevés votre ouvrage, conduisés au port le vaisseau de l’état et sous peu tous nos ennemis seront forcés en recon-noissant la Republique françoise, d’admirer en vous les restaurateurs de la liberté, les peres du peuple. Ouï, c’est vous qui nous avés rendu a la liberté, le nouveau Cromwel, le Catilina moderne n’est plus, c’est en vain que son ombre voudroit planer sur le peuple français, tous les citoyens sont debout, ils ne veullent plus de victimes, ils veullent le gouvernement qui a sauvé la République, ils veullent ne faire qu’un avec la Convention mourir ou triompher avec elle. Représentants, nos coeurs, nos bras [manque une page] Suivent 54 signatures. 3 Des citoyens de la société des Amis de la Convention, séante à Boulay, département de la Moselle, se plaignent des efforts que font l’ambition et la tyrannie pour rivaliser de pouvoir avec la représentation nationale et la troubler au milieu de ses importans travaux. Élue par le peuple pour exercer toute sa souveraineté, elle ne doit point 10 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE souffrir que qui se puisse être ose contrebalancer ses décrets. Ils lui jurent un attachement inviolable, et l’invitent à rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait rendu stable la constitution. Mention honorable, insertion au bulletin (6). [La société des Amis de la Convention de Boulay aux président et membres de la Convention nationale , le 10 brumaire an III\ (7) Citoyens Répresentans, Mandataires d’un peuple libre et souverain vous n’avés cessé de démontrer que votre unique but étoit d’en assurer les droits imprescriptibles, non seulement vous l’avés victorieusement vengé des tirans coalisés contre sa liberté, mais vous l’avés encore garanti des menées criminelles de la trahison. Cependant, malgré vos travaux toujours guidés par la sagesse et couronnés par d’heureux résultats, l’ambition et la tyrannie s’efforcent de rivaliser de pouvoirs avec la Représentation nationale, et cherchent à vous troubler au milieu de vos importantes fonctions. Elus par le peuple pour exercer toute sa souveraineté, ne souffrés jamais que qui que ce puisse être, ose contrebalancer vos décrets ; tout citoyen, il est vrai a le droit de vous faire des observations, mais il n’appartient qu’à la malveillance et à l’intrigue d’entreprendre de vous contre carrer. Nos ennemis extérieurs vaincus et fuians en grande hâte, le despotisme anneanti, le fanatisme expirant, les progrès rapides de la raison, la liberté reconquise, la vertu scrupuleusement recompensée, le crime rigoureusement poursuivi, tels sont les heureux effets de vos soins, tels sont aussi les motifs de notre inviolable attachement pour vous, votre tâche est encore de nous assurer la durée de ces bienfaits ; siégés donc sur l’auguste montagne jusqu’à ce que vous ayés rendu stable à jamais la constitution sage et bienfaisante que vous nous avés donné et que nous avons unanimement adoptée. Boulay le dix brumaire l’an 3 de la Republique française une et indivisible. Suivent 20 signatures. 4 Des citoyens composant la société populaire d’Alais [Alès] département du Gard, applaudissent à la chûte du tyran Robespierre et à la destruction de la tyrannie : ils invitent la Convention à rester à son poste et à donner à la France des lois sages et réfléchies. « Si la voix de la sagesse, disent-ils, se fait entendre dans le sein de la Convention, elle retentit bientôt dans tous (6) P.-V., L, 2. (7) C 328, pl. 1453, p. 2. Bull., 5 frim. (suppl.). les points de la République. » Ils jurent attachement à la Convention, fidélité au gouvernement démocratique, exécration à ses ennemis. Mention honorable, insertion au bulletin (8). [La société populaire d’Alès à la Convention nationale , le 4 brumaire an III\ (9) Liberté, Égalité, ou la mort. Représentans d’un peuple libre, Ce ne sera pas en vain que nous aurons lutté cinq années tour à tour contre le despotisme, la tyrannie, la trahison et les factions. Ce ne sera pas en vain que le sang de plusieurs milliers de nos braves frères d’armes aura été versé et que le char triomphant des français aura parcouru les régions de nos ennemis vaincus de toutes parts. La Convention nationale a fait entendre sa voix au milieu des agitations et tous les républicains se sont ralliés autour de la Convention, parce qu’elle leur a promis l’égalité, la liberté, la République, une et indivisible, le régné de la justice et de la vertu, la punition des traitres, des conspirateurs, des fripons, en un mot de tous les ennemis de la patrie et l’absolution des hommes égarés. Il ne restera désormais aux agents perfides des projets sanguinaires de Robespierre que l’echaffaud et aux applaudisseurs de son affreux système que la honte et le remord. Législateurs, restés à votre poste, continués vos glorieux, vos pénibles travaux ; donnés au peuple qui vous a envoyé et dont vous avés toute la confiance des lois sages et mûries dans le calme des passions. Si dans l’enceinte du Sénat français l’on n’entend que la voix de la sagesse, l’echo fidele en retentit dans tous les points de la République. La discorde au contraire agite-t-elle ses brandes désorganisatrices dans votre sein ? C’est un signal aux ennemis de la Révolution pour semer la division parmi nous, pour nous conduire de la division à l’anarchie et de l’anarchie au despotisme ; etes vous unanimes dans vos décréts, le peuple est unanime à les applaudir. En vain les monstres pour qui l’anarchie est un besoin et la tyrannie une jouissance chercheront à rallumer et parmi vous et parmi nous, les torches sanglantes de la Contre-Révolution, ils seront déçus de leurs criminels espoirs, vous serés calmes et le peuple qui vous observe le sera aussi. Vous continuerés à faire de bonnes lois et le peuple les observera fidellement, vous poursuivrés ses ennemis de quelque forme qu’ils s’enveloppent et il vous secondera de son généreux dévouement. C’est ainsi que se préparera le bonheur qu’attendent de vous, et ceux qui ont fait tant d’efforts, tant de sacrifices, pour terrasser les ennemis du dedans, et ceux qui ont prodigué leurs sueurs et leur sang pour repousser les (8) P.-V., L, 2. (9) C 328, pl. 1453, p. 3. Bull., 5 frim. (suppl.).