Séance du 30 brumaire an III (jeudi 20 novembre 1794) Présidence de LEGENDRE (de Paris) (1) La séance s’ouvre à midi. Un secrétaire occupe le fauteuil. Un membre de la commission des Dépêches fait lecture de la correspondance (2). 1 La société populaire d’Amos, district de Bazas, département du Bec-d’Ambès, félicite la Convention sur ses travaux et l’invite à les continuer jusqu’à ce que les ennemis de la République soit terrassés. Mention honorable, insertion au bulletin (3). [La société populaire de Bazas, à la Convention nationale, s.d.] (4) Représentants, Le crime s’agite, il s’attache à toutes les circonstances pour évoquer le système affreux de la Terreur; il se prête à tous les excès, et présente ensuite ses ravages et les funestes résultats d’une clémence inconsidérée; c’est lui qui dirige les adresses dont la fastidieuse monotonie décèle les auteurs. Représentants d’un peuple libre, le salut de la patrie est entre vos mains ; après avoir frappé le tyran, ses complices resteroient-ils dépositaires des droits du peuple ! Ne laissez jamais violer ; armez vous de sa massue ; mais surtout qu’elle atteigne les coupables, dans quelques lieux qu’ils soient placés. Pour nous étrangers à toutes les factions, nous jurons à mort aux aristocrates, aux agitateurs et aux fripons ; nous (1) P.-V., XLIX, 324. (2) P.-V., XLIX, 301. (3) P.-V, XLIX, 301. (4) M. U., n° 1344. L’adresse est manquante dans la série . jurons de ne voir que la Convention nationale, de ne vivre que pour exécuter ses loix... Nous jurons de maintenir la liberté parée de tous les ornements de la justice et de la vertu ; nous jurons tous la République une et indivisible : tels sont nos principes, telle est notre profession de foi. Suivent deux pages de signatures. [Le conseil général de la commune d’Amos, Bec-d’Ambès, à la Convention nationale, s. d.] (5) Citoyens Réprésentans, Nous nous réunissons avec joie à tous ceux qui depuis le 9 thermidor vous ont félicité de votre énergie, exprime leur reconnoissance, et exhorte a perseverer dans cette sage fermeté qui sauve la république et qui mettra bientôt un terme aux maux inséparables d’une grande révolution. Sans doute une tourmente continuelle est le plus grand malheur d’un peuple, l’expérience et votre dernière adresse nous indiquent le remede aux funestes effets de celle qui nous a si vio-lament agités, nous l’emploierons autant qu’il sera en nous, le remède indispensable; mais vous, investis de la force du peuple, continuez à déverser sur lui de bonnes loix, celle qui lui est nécessaire pour triompher de la malveillance et du crime. Les conspirations ont répandu le desordre et la confusion, semé la défiance et le découragement, multiplié les injustices pour etendre le mécontentement, excité avec une audace et un succès sans exemple, au pillage, à la dévastation, à l’assassinat, enfin à la violation de tous les droits : les plaies de patrie sont donc nombreuses et profondes ; vous avez commencé heureuse à les guérir ; Ah ! continuez avec courage, fort de la volonté générale qui n’est autre chose que la justice, rétablissez le règne des bons, (5) En revanche, on trouve l’adresse suivante, provenant de la même commune : C 324, pl. 1401, p. 1. SÉANCE DU 30 BRUMAIRE AN III (20 NOVEMBRE 1794) - N08 2-4 411 détruisez sans retard celui des mechans, alors et pour toujours, l’ordre et la tranquillité reparaîtront, la confiance renaitra, l’agriculture encouragée, l’industrie et le commerce protégés ramèneront l’abondance et la République triomphante, donnant la paix à ses ennemis humiliés jouira d’une gloire immortelle. Voila, Citoyens Représentans, nos voeux et notre espoir, nos principes sont ceux de votre adresse ; et nous nous rallierons dans toutes les occasions autour de la puissance que le peuple a établie pour son salut et son bonheur. Vive la Convention nationale! Vive la République une et indivisible! Les membres (sachant signer) du conseil général de la commune d’Amos, chef-lieu de canton, district de Bazas, département du Bec-dAmbès. Bergadan, agent national et 7 autres signatures. 2 Les citoyens de la commune d’Avre-Libre [ci-devant Roye], département de la Somme, félicitent et remercient les législateurs de leur Adresse aux Français. Mention honorable, insertion au bulletin (6). [Les citoyens dAvre-Libre réunis en société populaire, à la Convention nationale, le 13 brumaire an III] (7) Citoyens Representans, Les principes que vous avez consacrés dans l’addresse au peuple français, sont les seuls sur lesquels nous voulons baser notre conduite, le bonheur de la France entière en dépend, la liberté y retrouve les fondemens solides sur lesquels doit être elevé son temple et la République y appueroit la stabilité de son gouvernement; c’est en faisant respecter ces principes, c’est en ne prenant pour guides que la justice et la fermeté que tous les coeurs vous resteront irrévocablement attachés et qu’avec tous les vrais amis de la patrie, nous répéterons sans cesse, Vive la république, Vive la Convention nationalle. Le vingt quatre vendémiaire, cette addresse fut lüe et devoit etre signé en nom collectif, mais le decret qui ordonne que toutes addresses et pétitions, soient signés individuellement, étant survenu en a retardé l’envoy. Leveuve, officier de gendarmerie nationale et 56 autres signatures. 3 Le comité révolutionnaire d’Altkirch, district du même nom, [Haut-Rhin] exprime à la Convention sa joie sur la chûte des conspirateurs et la mort du tyran. Mention honorable, insertion au bulletin (8). [Le comité révolutionnaire du district d’Altkirch à la Convention nationale, le 15 brumaire an III] (9) Répresentans du peuple français, Tous les crimes parvinrent à se liguer sous l’etendart du tyran, l’hypocrite Robespierre. Quel danger ménaçoit alors la patrie ? hélas ! la scène commence par le massacre de ses enfans ; un tribunal qui ne devait être redoutable qu’au crime, s’en constitue l’instrument pour assassiner la vertû. A cette époque la nature pâlit, la terreur, l’efïroi comprime tous les esprits, s’empare de tous les coeurs; c’était fait de nous. Mais, 0 miracle ! au bord de l’abyme nous poussons un cri ; celui de la Convention, a ce cri le monstre se déroute, chancelle. Déjà la foudre nationale l’atteint, l’anéantit. Sauveurs de la Patrie! Nous profitons des premiers instans de la vie, que vous nous avés rendue pour vous témoigner nôtre réconnaissance sans bornes nôtre dévouement éternel. Mais il ne vous suffisait pas de nous avoir tiré de l’abyme, il fallût nous éclairer sur les nouveaux dangers qui nous entourent et nous apprendre à les éviter; Vous avés rempli ce devoir sacré par vôtre immortelle addresse au Peuple français. Pourrions nous manquer en suivant cette colonne de feu d’arriver à la terre sainte, au bonheur après lequel nous soupirons tous? Le comité Révolutionnaire du district d’Altkirch. Müller, président, Nobert, secrétaire. 4 Les administrateurs du district de Bourganeuf [Creuse] invitent la Convention à rester à son poste jusqu’à ce que tous les ennemis de la liberté soient terrassés. Mention honorable, insertion au bulletin (10). [Les administrateurs du directoire du district de Bourganeuf à la Convention nationale, le 9 brumaire an III] (11) (8) P.-V., XL IX, 302. (9) C 324, pl. 1401, p. 2. (10) P.-V., XLIX, 302. (11) C 324, pl. 1401, p. 3. (6) P.-V., XLIX, 301. (7) C 326, pl. 1423, p. 1.