286 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE la désorganisation préméditée, et c’est là le plan de nos énémis, comme c’est leur unique ressource, ceux qui cherchent a vous diviser, a rivaliser vos pouvoirs, a s’emparer de l’initiative des loix, sont les vrais conspirateurs. Monestier (de la Lozère) à paru parmi nous : il a développé notre courage révolutionnaire trop longtems engourdi par la terreur ; ici toutes les passions ont disparu, hors une seule, celle que nous inspire l’amour de la patrie; il nous à montré la consolidation de la liberté dans le gouvernement révolutionnaire, qui sera juste et bon tant que vous en tiendrez les rênes et que vous deffendrés aux passions personnelles et a la terreur de le souiller. Nos biens, le sacriffïce de nos vies, des efforts de tous les genres pour le maintien de la Convention nationale, voilà ce que nous vous offrons avec tous les françois ; Oui avec tous les françois et certes, il faudrait douter de l’affermissement de la liberté, si l’on pouvoit croire un instant, que les admirateurs de vos glorieux travaux ne sauraient parvenir en vous environnant, a étouffer les hurlemens de quelques desorganisateurs et a faire respecter la Représentation nationale. Les membres composant la société populaire et régénérée et la commune de Dax. Suivent 89 signatures. h [Le conseil général, le tribunal de paix et les citoyens de la commune de Triel à la Convention nationale, le 30 vendémiaire an 1/7] (90) Citoyens Réprésentants Vous avez entendu le voeu des français et votre adresse paternelle dont chaque expression porte le caractère de la loyauté française en réalisant nos espérances, a dissipé toutes les incertitudes, rallié tous les vrais citoyens, démasqué tous les traîtres, signalé tous les conspirateurs. Qu’ils ont été coupables envers cette nation généreuse et sensible dont ils avoient usurpé la confiance par une longue et profonde dissimulation, les scélérats qui ont voulu régner sur elle et sur vous par la terreur et par la mort? Mais enfin combien ils sont dignes de sa colère et de sa vengeance, ceux qui paraissent regretter, ceux qui voudraient faire revivre un système de stupeur et d’opression qui a pesé trop longtems sur tous les points de la République. Raison, justice, humanité, tels doivent être les elemens de toute organisation sociale ; telles doivent être les bases du gouvernement d’une nation libre, fière et éclairée ; telle a du être la profession de foy politique de la Convention nationale et nous disons avec elle que toute opinion qui s’en écarte est un blasphème. (90) C 323, pl. 1388, p. 33. En vain les restes impurs d’une faction homicide s’agitoient encore pour troubler la paix que vous veniez d’assurer à tout citoyen vertueux qui veut sincèrement le bonheur et la liberté de sa patrie; tous les voiles sont déchirés et l’homme le moins instruit, le moins en garde contre les trompeurs saura désormais avec votre déclaration à la main, discerner l’honnête et véritable patriote, amis des moeurs et des lois et reconnaître le fourbe et l’intrigant qui n’en ont que le masque ; il saura surtout repousser avec horreur et dénoncer avec courage l’imposteur, le vrai contre-révolutionnaire, l’apôtre du meurtre et du brigandage, qui chercheroit à lui persuader que la soif du sang est une vertu républicaine, et que plus on égorge de victimes plus on cimente le triomphe de la révolution. Et quel est le français, s’il est digne de ce nom, qui pouroit préférer à l’empire de la loi que vous venez de rétablir, l’avilissant et barbare despotisme auquel votre energie vient de nous soustraire ? Laissons les infâmes complices de Robespierre, laissons ses vils agents, ses féroces satellites pleurer sur les ruines de ce cahos anarchique, de ce régime monstrueux, où il n’y avoit de liberté que pour les ennemis de toute liberté, de paix que pour les bourreaux, de sûreté que pour les voleurs et les assassins, où l’homme de bien qui pouvoit être utile étoit obligé de se cacher, où les talens étoient devenus des titres de proscription, où la crainte entravoit les fonctionnaires publics, où un espionage ténébreux se glissoit partout pour empoisonner tout, où enfin par un rafinement incroyable de cruauté le même individu étoit jugé deux fois, suspect le même jour pour deux causes absolument contraires. Le matin pour avoir eû un air triste, le soir pour avoir été surpris avec un visage plus serein... Et c’est au moment où les françois sortant de cet état pénible d’angoisse, de contrainte et d’effroi, s’élancent avec entousiasme vers la Convention nationale pour la remercier d’avoir brisé leurs fers, en se resaississant elle même de son indépendance et de toute sa dignité, c’est dans ce moment qu’on oseroit leur reprocher leur joye et à vous l’accueil que vous faites aux homages qu’ils vous adressent! On vous a dit, Citoyens Réprésentants, et l’on vous l’a dit pour vous inquiéter, qu’une réaction très marquée s’étoit fait sentir dans toute la République après la chûte des derniers conspirateurs. Oui sans doute il y a eû une réaction et elle a dû être d’autant plus éclatante que les âmes longtems comprimées par la terreur ne pouvoient manquer, en reprenant leur ressort, de sentir fortement leur retour à la confiance et à la sérénité; oui, il y a eû une réaction et vous jouissez de ses heureux résultats en voyant tout ce qui vous entoure prendre l’attitude qui convient à des hommes libres ; une douce sérénité remplace la sombre mélancolie qui flêtrissoit toutes les physionomies, les élans du coeur et de l’esprit succèdent au silence de la mort ; la tyrannie des triumvirs n’étoit propre qu’à faire des traitres, des hypocrites, des esclaves; et tel a été au contraire l’effet naturel de ces réactions dont on a eu la maladresse SÉANCE DU 11 BRUMAIRE AN III (1er NOVEMBRE 1794) - N°s 23-25 287 de se plaindre, qu’il en est résulté un concert unanime de voeux et de bénédictions pour la Convention nationale, et que nous ne doutons même pas que la révolution ne compte beaucoup de nouveaux amis depuis cette mémorable époque. On vous a dit enfin que les patriotes étoient oprimés... pitoyable sophisme de l’intrigue déjouée, misérable subterfuge de l’opresseur qui ne peut plus oprimer, ruse grossière du despotisme au désespoir réduit à l’impuissance de nuire! ne serait ce pas enfin le dernier cri de l’animal vorace, auquel une main courageuse et bienfaisante vient d’arracher sa proye, et qui se plaint en rugissant de ce qu’on a fait disparaître l’horrible boucherie à laquelle on l’avoit accoutumé sous le règne de la tyrannie, combien d’êtres immoraux, sans d’autres titres qu’un dévouement servile aux caprices sanguinaires de leur chef, avoient acquis une fatale importance ! sous l’empire de la justice, chacun est remis à sa place, l’homme probe et instruit est rapellé, l’homme nul est écarté, le méchant est puni ; tel est le véritable sens de ces plaintes amères qu’on a osé se permettre, à l’apuie desquelles on n’a pû citer aucun fait et que la Convention nationale a bien su aprécier à leur juste valeur. Continuez, Législateurs, écrasez tous les insectes vénimeux qui voudroient entraver votre marche, poursuivez, frapez les débris encore existant d’une insolente faction qui a voulu se substituer à la réprésentation nationale : traitez en ennemis du peuple quiconque enfin prétendroit vous ravir une partie du dépôt qui n’a été confié qu’à vous seuls ; jouissez de votre gloire, mais jouissez aussi de tous vos avantages et puisqu’il ne dépend pas de vous de fermer toutes les playes que de nouveaux Nérons ont faites à la république, qu’une juste sévérité venge du moins la nation française des forfaits de leurs complices et lui répondre qu’elle ne se verra plus jamais exposé aux mêmes attentats, aux mêmes outrages. Pour nous toujours fidèles, toujours dévoués à la Convention nationale, que nous n’avons jamais cessé de regarder comme le centre unique d’où émane et où [ mot illisible ] tous les pouvoirs, nous qui avons constament désiré la chûte et l’anéantissement des dominateurs qui vou-loient l’asservir, nous vous remercions de votre adresse en vous attestant que nous avons retrouvé dans nos coeurs les principes étemels qui y sont consignés ; nous la plaçons à côté de la déclaration des Droits de l’homme, elle sera lue dans notre commune trois décades consécutives, elle le sera ensuite une fois par mois, tant que subsistera le gouvernement révolutionnaire. Nous ferons plus, nous la ferons réimprimer en nombre sufisant d’exemplaires pour que chaque chef de famille puisse en avoir un pour oter tout prétexte à l’ignorance et à la mauvaise foi, et pour que tous les citoyens ayent sans cesse sous les yeux ce tableau fidèle des sentimens de la Convention nationale qui doit servir de boussole et de règle de conduite à tous les français. Vive la République, vive la Convention nationale. Triel, décadi 30 vendémiaire l’an 3e de la république une et indivisible. Le conseil général, le tribunal de paix et les citoyens de la commune de Triel. Bailon, maire et 73 autres signatures. 23 Le comité de surveillance et révolutionnaire du district de L’Aigle [Orne] applaudit à l’Adresse de la Convention nationale, se félicite de l’envoi d’un représentant du peuple et demande la punition de ces marchands égoistes qui vendent à un prix excessif les denrées de première nécessité. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi au comité de Commerce et appro visionnemens (91). 24 L’agent national du district de Libreval [ci-devant Saint-Amand-Montrond], département du Cher, fait part à la Convention nationale que quinze lots de biens d’émigrés, estimés 77663 L viennent d’y être vendus 116 200 L; que la fonderie de canons établie par le représentant Ferry y est dans la plus grande activité; que le salpêtre s’y fabrique avec le même succès, et que dans six mois ce district a fourni 16500 livres de ce sel fulminant. Cet agent national termine par assurer la Convention que les citoyens de ce district lui resteront constamment attachés et ne reconnoîtront jamais qu’elle comme point de ralliement. Insertion au bulletin et renvoi au comité des Finances, section de l’aliénation (92). 25 La société populaire de Villefranche-sur-Saône [Rhône] promet un entier attachement à la Convention nationale qui sera toujours son point de ralliement, voue l’amitié la plus fraternelle aux sociétés populaires et prononce anathème contre ceux qui en provoqueroient la dissolution et félicite la Convention sur son Adresse au peuple. Cette société fait passer 3 600 L en assignats; c’est une portion de la souscription ouverte pour l’équipement des (91) P.-V., XL VIII, 145. Bull., 11 et 15 brum. (suppl.); M. U., XLV, 203. (92) P.-V., XL VIII, 145.