678 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. g Sé�mbre�S « A Saumur, les maîtres d’école et les insti-- tuteurs faisaient encore apprendre aux en¬ fants le catéchisme de Monseigneur l’ancien évêque d’Angers; tous les exemplaires ont été saisis et mis en pièces aux applaudissements de tous ces petits républicains à qui on va distri¬ buer des déclarations des droits de l’homme et des Constitutions, avec injonction à leurs péda¬ gogues de les leur expliquer et faire apprendre. « Il est probable que dans ce moment nos armées sont aux prises avec le reste des brigands qui,; investis et foudroyés de toutes parts, ne tarderont pas à être anéantis. L’opinion générale des rebelles est de gagner la mer et de s’em¬ barquer afin de soustraire leurs têtes à la ven¬ geance nationale. Tous les jours des citoyens égarés, qui avaient suivi les brigands, rentrent dans leurs foyers et remettent leurs armes en¬ tre les mains des municipalités et des comités de surveillance. « Dans ces contrées le peuple, et celui des campagnes surtout, est servile, pusillanime, sans lumières et sans énergie ; la plupart des vil¬ lageois ignorent même encore ce que c’est que la Convention nationale : partout le peuple a besoin d’être électrisé et principalement d’être instruit. Les autorités constituées sont faibles et ont besoin d’être stimulées. « Le fanatisme est l’enfant de l’ignorance et le nourricier du royalisme; voulez-vous anéantir l’un par l’autre, regardez l’instruction dans les villes et surtout dans les campagnes des dépar¬ tements qui environnent la Vendée; que ce der¬ nier département, le foyer de la guerre intestine qui n’attend peut-être que l’occasion d’éclater derechef, soit entièrement régénéré par des colons républicains choisis dans les meilleurs départements de la République; que les enfants, les femmes des rebelles et le reste des habitants de la Vendée soient dispersés sur tous les points de la France, sinon exportés à Madagascar. Tels sont, à mon avis, les seuls moyens de prévenir de nouvelles rébellions dans un pays où. le fana¬ tisme royal et sacerdotal est devenu une fré¬ nésie incurable. « Jusqu’à la réalité de cette mesure salutaire je pense que la Convention nationale porterait un terrible coup aux deux monstres qui désolent depuis huit mois le plus beau et le plus riche pays de la République, en décrétant l’envoi, dans chaque canton des départements de l’ouest d’un missionnaire jacobin dont la fonction serait de parcourir les communes de son arrondissement, de lire au peuple assemblé les écrits publics et les Bulletins de la Convention, de propager parmi les habitants des campagnes les principes des Droits de l’homme et de la Constitution répu¬ blicaine. Enfin de disséminer les journaux révolutionnaires et les plus à portée des bons et simples villageois; les jours de décades se¬ raient consacrés à cette instruction popùlaire. « Cette mesure, qui ne manquerait pas de réussir, devrait peut-être s’étendre à tous les cantons des départements de la République; insensiblement la lumière dissiperait devant elle les ténèbres de l’erreur, les préjugés disparaî¬ traient et la philosophie planerait à jamais sur la surface de la terre de la Liberté. « Les propagandistes seraient choisis dans les sociétés populaires qui sont affiliées aux Jaco-pins de Paris, et leur traitement coûterait moins à la nation que celui d’une foule d’imposteurs dont l’influence est d’autan-tjplus dangereuse qu’ils osent se dire les apôtres de la vérité, les ministres de la raison. « En attendant, je demande instamment que la Convention nationale ordonne au ministre de l’intérieur de répandre avec profusion dans les départements de l’ouest, les Bulletins de la Convention, les lois populaires et les journaux les plus patriotiques, et les plus à portée dès lecteurs des campagnes; de se faire rendre compte de la réception et de la publicité de ses envois pàr les autorités constitués, les Sociétés populaires et les comités de surveillance. « Le commissaire national, ; « Mogue, 'propagateur des Droits de Vhomme. Comité révolutionnaire établi à Angers par les représentants du peuple (1). Le comité révolutionnaire, établi à Angers par les représentants du peuple, extraordinai¬ rement assemblé au lieu de ses séances, pour délibérer sur le salut de la République. Considérant que la déroute que vient d’es¬ suyer l’armée française entre Laval et Château - Gontier, que les dénonciations de plusieurs bons citoyens, et que les renseignements pris par le comité ne permettent plus de douter qu’il existe dans les murs de la ville d’Angers un grand nombre de malveillants et de contre-révolutionnaires ; Considérant que le peuple qui, trop long¬ temps, a été la victime de l’égoïsme et le jouet de l’aristocratie féodale et sacerdotale, ne peut trouver son bonheur que dans l’exécution des lois révolutionnaires décrétées par la Con¬ vention nationale : Considérant que le salut du peuple est la loi suprême ; Considérant enfin que la liberté menacée de toutes parts par les suppôts de la tyrannie et du fanatisme, ne peut triompher que par l’anéantissement subit de tous les conspirateurs et de leurs agents, Arrête révolutionnairement, comme mesures de salut public, et sauf l’approbation des re¬ présentants du peuple, ce qui suit : Art. 1er. « Il serait fait une visite domiciliaire dans toutes les maisons de la ville et des faubourgs d’Angers; elle aura lieu le quatorzième jour du présent mois, commencera à dix heures du matin, et sera finie sans désemparer. Art. 2. « La visite se fera en même temps dans les faubourgs et dans la ville. Art. 3. « Le comité nommera incessamment des com¬ missaires pris dans son sein, qui, de concert avee des membres des conseils généraux du département, du district, de la commune d’An¬ gers, et d’autres républicains choisis par le comité, concourront à accélérer la perquisition (1) Afchives nationales, carton G 286, dossier 843. | Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j fj J™rberea�7“ 679 dont il s’agit, dans l’arrondissement partiel qui sera fixé à chacun des commissaires. Art. 4. « Les émigrés, les déportés, les brigands de la Vendée, les espions, les agents des ennemis de la République, les gens suspects, et généra¬ lement tous les contre-révolutionnaires des deux sexes, qui seront trouvés dans les maisons des particuliers, seront arrêtés sur-le-champ et traduits, par la force publique, dans le local de Saint-Pierre, pour y demeurer provisoirement sous la garde et responsabilité de la force pu¬ blique. Art. 5. « Les commissaires du comité sont aussi chargés de veiller à l’exécution des lois sur les accaparements et sur le maximum du prix des denrées de première nécessité; ils feront arrêter les prévenus, conformément à l’article précé¬ dent ; ils dresseront, chacun individuellement, des des procès-verbaux de leurs opérations; sur les notes et renseignements qu’ils auront pris, lors de la visite, ils mettront et lèveront les scellés partout où besoin sera; ils rapporteront leurs procès-verbaux, ainsi que les pièces de convic¬ tion au comité qui statuera sur les arrestations. Art. 6. « Les citoyens Choudieu et Obrumier père, resteront au comité, pour y tenir la permanence, lors de la visite dont il s’agit; tous les autres membres du comité concourront à la visite. Art. 7. « Le commandant de la place sera requis de se rendre incessamment au comité, pour aviser aux moyens les plus efficaces d’assurer la prompti¬ tude et le succès de l’expédition. Art. 8. « Aucun soldat ou volontaire, autres que ceux qui escorteront les commissiares du comité dans l’exercice de leurs fonctions ne pourra en¬ trer dans la maison d’aucun citoyen de la ville et des faubourgs; les commandants de chaque poste sont responsables de l’exécution du présent article. Art. 9. « Jusqu’au moment où la perquisition sera finie, le commandant de la place donnera la consigne, à tous les postes, de ne laisser sortir qui que ce soit de l’enceinte de la ville et des faubourgs, qu’avec un passe-port visé par le comité, lequel visa ne sera valable qu’à dater de c-jour. Art. 10. « L ; prés nt arrêté s ra présenté aux repré-s niants du peuple par dtux commissaires du comité, et il ne sera exécuté que lorsqu’il sera revêtu de leur approbation. » Fait au comité révolutionnaire, séant à Angers, la nuit du troisième du premier mois au premier du second mois (sic) de l’an deu¬ xième de la République, une et indivisible. Signé : Mogue, commissaire national, prési¬ dant le comité; Baraux, commissaire natio¬ nal; Thierry, Proust, Boussac, Meixet, Boniface, F. Martin, Neigeon le jeune, Obrumier fils, Girard -Reture au, F. Dé¬ non, L.-P. Choudieu père, Obrumier, Manssion-Abraham, Robin, Renou, tous membres dm comité; Baudron et Cordier» secrétaires. Les représentants du peuple, près l’armée de l’Ouest, après avoir pris communication de l’arrêté ci-dessus, en approuvent les différentes dispositions, et requièrent que l’exécution ait lieu demain à dix heures du matin, et qu’une des mesures les plus pressantes, dictée par le Salut public, soit employée dans les visites domiciliaires, celle de requérir et se faire remettre tous les souliers en état de servir, pour pourvoir aux besoins de l’armée. Angers, 3e jour de la 2 e décade du 2e mois de l’an deuxième de la République, une et indi¬ visible. Signé ; Francastel et L. Turreau. Pour copie conforme : Cordier et Baudron, secrétaires. Les membres composant le tribunal du dis¬ trict de Vie (Vic-en-Bigorre), département des Hautes-Pyrénées, adressent à la Convention na¬ tionale leurs remerciements des heureuses ré¬ formes qu’ont opérées dans les tribunaux ses sages décrets; ils annoncent que plusieurs par¬ ticuliers en ont déjà ressenti les précieux effets. Insertion au « Bulletin » (1). Suit V adresse des membres composant le tribunal du district de Vie (2). Les membres composant le tribunal du district de Vie, département des Hautes -Pyrénées, à la Convention nationale. « A Vie, le 6 frimaire de l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyens législateurs, « La République vous doit une reconnaissance étemelle pour la réforme que vous venez d’opérer dans les tribunaux. Oui, déjà nous en avons reconnu les précieux avantages. Des parties se sont présentées, elles ont plaidé leur cause, et la vérité a para enfin dégagée des nuages dont les suppôts de la justice ne l’ont que trop longtemps enveloppée; elle n’existera donc plus, cette chicane qui ruine tant de familles, et fit si fréquemment succomber le bon droit ; nous ne verrons donc plus ces (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 313. (2) Archives nationales, carton C 285, dossier 826.