488 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE rage, est presque nul, est atténué et disparait presque entièrement par la comparaison de la vérité des faits avec les nouvelles gigantesques que ces hypocrites ont répandues la veille. Le comité vient-il vous dire aujourd’hui que Port-Vendres, Collioure sont repris ou que le camp des Aldudes est occupé par les troupes de la République, cette nouvelle, qui a coûté des sueurs et du sang à nos frères est évanouie devant le gagiste à nouvelles qui a répandu 3 jours auparavant que la Catalogne et la Biscaye sont subitement devenues françaises. Cet agiotage de l’opinion publique se fait sous nos yeux, malgré les exemples que fait la justice révolutionnaire; rien ne corrige les colporteurs des mensonges aristocratiques par lesquels on a alléché notre curiosité et souvent nos désirs. Mais le comité a cru devoir vous dénoncer cet agiotage moral; les nouvelles sont devenues, dans les mains de ces agents périodiques, des effets publics qu’ils livrent à la hausse ou à la baisse, avec la même scélératesse qu’ils mettaient dans la tourmente la fortune publique. Citoyens, quand les esprits sont agités au milieu d’une grande révolution, quand le froissement de tous les intérêts chauffe ou refroidit toutes les espérances, ils sont également coupables ceux qui contentent et tranquillisent le peuple par de grands succès imaginaires, ou qui le tourmentent et l’exaspèrent par des défaites mensongères; une fausse joie donnée au peuple est un crime public; on ne doit tromper ni son courage ni ses espérances. En attendant qu’il soit fait un rapport sur les journaux, comme faisant partie de l’instruction publique et étant les canaux par lesquels la volonté nationale et le courage des armées circulent dans toutes les parties de la République, la Convention ne saurait trop recommander aux agents de la police révolutionnaire de surveiller de très près ces trompettes de l’étranger, ces agents secrets de l’aristocratie, qui sous prétexte de bonnes nouvelles données au peuple, lui insinuent de fausses espérances, atténuent les bonnes nouvelles, décrient les relations véritables et obtiennent aux auteurs de ces faux récits un succès perfide et une impunité scandaleuse. Celui qui exagère ou qui alarme, celui qui ment sur les succès ou sur les revers de nos armées, est un endormeur ou un ennemi; il flatte ou il trahit, il décourage ou il tourmente, c’est un ennemi de la Révolution. L’exagéra-teur ne doit pas être plus ménagé que l’alarmiste, et la peine des contre-révolutionnaires les attend tous les deux également. Je reviens aux nouvelles du Midi : l’Espagne présente à l’Europe coalisée le spectacle d’un gouvernement très éclairé, puisqu’il s’est allié à son ennemi naturel, l’Anglais; il présente le spectacle plus intéressant encore d’un gouvernement très énergique, puisque ses troupes conviennent que c’est à la trahison qu’il doit ses succès de l’année dernière, et enfin le spectacle d’une nation très forte, puisqu’après avoir été honteusement chassée de Toulon, elle l’est à la fois de Collioure, de Port Vendres, de Saint-Elme et du camp des Aldudes. D’une extrémité à l’autre des Pyrénées ,1a renommée publie la honte du nom espagnol, en attendant que la mer soit le théâtre de leur diplomatie nouvelle, de l’union monstrueuse des marins espagnols et des forbans anglais. Le succès de l’armée des Pyrénées Occidentales n’est que l’ouverture de la campagne. Publier ces succès devant les représentants du peuple, c’est les récompenser et c’est le présage que cette armée sera digne avant peu de jours qu’on dise d’elle, comme des autres, qu’elle a bien mérité de la patrie. (On applaudit) . Voici les nouvelles : [ Les repr. près VA. des Pyrénées-Occidentales au C. de S. P.; Aux Aldudes, 13 prair. II]. « La campagne vient de s’ouvrir dans cette armée sous les plus heureux auspices. Depuis longtemps les Espagnols occupaient les Aldudes : toutes les dispositions furent faites pour s’emparer de ce village et du col d’Ispegny : c’est de ces hauteurs qu’ils défendaient la vallée de Bastan; il fallait s’en rendre maitre pour faciliter notre irruption de ce côté sur le territoire espagnol. Nous nous sommes rendus à Nivefranche; la résolution en a été prise, les dispositions ont été faites en notre présence. Aujourd’hui le plus grand succès vient de couronner les efforts et l’intrépidité de nos braves soldats. C’est après 14 heures d’une marche pénible, sur les plus hautes montagnes et sur les rochers escarpés, que les colonnes ont commencé leur attaque sans avoir voulu prendre le moindre repos, tant leur impatience de combattre était grande. Le feu a été très vif de part et d’autre sur tous les points et principalement à Berda-wits, ou l’ennemi a opposé une longue et opiniâtre résistance. Cette position, qui commande les Aldudes, était défendue par 2 redoutes presque inexpugnables. La colonne avec laquelle nous avons marché a commencé à 11 heures. Nos braves camarades ayant à leur tête le brave Harrispe, commandant du 2° bataillon basque, ont sauté au pas de charge dans la première redoute, qui était défendue par 2 pièces de 12 et ressemblait à un volcan par le feu qu’elle vomissait de tous côtés. Au milieu de la 2e redoute était une maison crénelée; les Espagnols qui s’y étaient renfermés tiraient sur nous sans crainte d’être atteints. Le pas de charge n’y pouvait rien; nous n’avions que des fusils et des baïonnettes, et les canons de la lre redoute avaient été en-cloués; nos braves soldats n’en répondaient pas moins au feu de l’ennemi avec leur courage ordinaire. Un volontaire a été tué à 10 pas de la redoute. Les canonniers qui étaient attachés à la colonne ont enfin réussi à déclouer une pièce; alors, protégés par la canonnade, nos soldats qui avaient entouré la redoute, y ont fondu avec impétuosité, en ont franchi les fossés, défendus par plusieurs rangs de palissades, et ont terminé par cette action l’une des plus belles journées. Le nombre de nos morts est d’environ 25 dans les 4 colonnes, celui des blessés se porte à 50. Vous aurez la consolation d’apprendre que presqu’aucun ne l’est dangereusement. Le général de brigade La Victoire, aussi intrépide que bon républicain, a été blessé au premier feu qu’a fait sur nous la première 488 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE rage, est presque nul, est atténué et disparait presque entièrement par la comparaison de la vérité des faits avec les nouvelles gigantesques que ces hypocrites ont répandues la veille. Le comité vient-il vous dire aujourd’hui que Port-Vendres, Collioure sont repris ou que le camp des Aldudes est occupé par les troupes de la République, cette nouvelle, qui a coûté des sueurs et du sang à nos frères est évanouie devant le gagiste à nouvelles qui a répandu 3 jours auparavant que la Catalogne et la Biscaye sont subitement devenues françaises. Cet agiotage de l’opinion publique se fait sous nos yeux, malgré les exemples que fait la justice révolutionnaire; rien ne corrige les colporteurs des mensonges aristocratiques par lesquels on a alléché notre curiosité et souvent nos désirs. Mais le comité a cru devoir vous dénoncer cet agiotage moral; les nouvelles sont devenues, dans les mains de ces agents périodiques, des effets publics qu’ils livrent à la hausse ou à la baisse, avec la même scélératesse qu’ils mettaient dans la tourmente la fortune publique. Citoyens, quand les esprits sont agités au milieu d’une grande révolution, quand le froissement de tous les intérêts chauffe ou refroidit toutes les espérances, ils sont également coupables ceux qui contentent et tranquillisent le peuple par de grands succès imaginaires, ou qui le tourmentent et l’exaspèrent par des défaites mensongères; une fausse joie donnée au peuple est un crime public; on ne doit tromper ni son courage ni ses espérances. En attendant qu’il soit fait un rapport sur les journaux, comme faisant partie de l’instruction publique et étant les canaux par lesquels la volonté nationale et le courage des armées circulent dans toutes les parties de la République, la Convention ne saurait trop recommander aux agents de la police révolutionnaire de surveiller de très près ces trompettes de l’étranger, ces agents secrets de l’aristocratie, qui sous prétexte de bonnes nouvelles données au peuple, lui insinuent de fausses espérances, atténuent les bonnes nouvelles, décrient les relations véritables et obtiennent aux auteurs de ces faux récits un succès perfide et une impunité scandaleuse. Celui qui exagère ou qui alarme, celui qui ment sur les succès ou sur les revers de nos armées, est un endormeur ou un ennemi; il flatte ou il trahit, il décourage ou il tourmente, c’est un ennemi de la Révolution. L’exagéra-teur ne doit pas être plus ménagé que l’alarmiste, et la peine des contre-révolutionnaires les attend tous les deux également. Je reviens aux nouvelles du Midi : l’Espagne présente à l’Europe coalisée le spectacle d’un gouvernement très éclairé, puisqu’il s’est allié à son ennemi naturel, l’Anglais; il présente le spectacle plus intéressant encore d’un gouvernement très énergique, puisque ses troupes conviennent que c’est à la trahison qu’il doit ses succès de l’année dernière, et enfin le spectacle d’une nation très forte, puisqu’après avoir été honteusement chassée de Toulon, elle l’est à la fois de Collioure, de Port Vendres, de Saint-Elme et du camp des Aldudes. D’une extrémité à l’autre des Pyrénées ,1a renommée publie la honte du nom espagnol, en attendant que la mer soit le théâtre de leur diplomatie nouvelle, de l’union monstrueuse des marins espagnols et des forbans anglais. Le succès de l’armée des Pyrénées Occidentales n’est que l’ouverture de la campagne. Publier ces succès devant les représentants du peuple, c’est les récompenser et c’est le présage que cette armée sera digne avant peu de jours qu’on dise d’elle, comme des autres, qu’elle a bien mérité de la patrie. (On applaudit) . Voici les nouvelles : [ Les repr. près VA. des Pyrénées-Occidentales au C. de S. P.; Aux Aldudes, 13 prair. II]. « La campagne vient de s’ouvrir dans cette armée sous les plus heureux auspices. Depuis longtemps les Espagnols occupaient les Aldudes : toutes les dispositions furent faites pour s’emparer de ce village et du col d’Ispegny : c’est de ces hauteurs qu’ils défendaient la vallée de Bastan; il fallait s’en rendre maitre pour faciliter notre irruption de ce côté sur le territoire espagnol. Nous nous sommes rendus à Nivefranche; la résolution en a été prise, les dispositions ont été faites en notre présence. Aujourd’hui le plus grand succès vient de couronner les efforts et l’intrépidité de nos braves soldats. C’est après 14 heures d’une marche pénible, sur les plus hautes montagnes et sur les rochers escarpés, que les colonnes ont commencé leur attaque sans avoir voulu prendre le moindre repos, tant leur impatience de combattre était grande. Le feu a été très vif de part et d’autre sur tous les points et principalement à Berda-wits, ou l’ennemi a opposé une longue et opiniâtre résistance. Cette position, qui commande les Aldudes, était défendue par 2 redoutes presque inexpugnables. La colonne avec laquelle nous avons marché a commencé à 11 heures. Nos braves camarades ayant à leur tête le brave Harrispe, commandant du 2° bataillon basque, ont sauté au pas de charge dans la première redoute, qui était défendue par 2 pièces de 12 et ressemblait à un volcan par le feu qu’elle vomissait de tous côtés. Au milieu de la 2e redoute était une maison crénelée; les Espagnols qui s’y étaient renfermés tiraient sur nous sans crainte d’être atteints. Le pas de charge n’y pouvait rien; nous n’avions que des fusils et des baïonnettes, et les canons de la lre redoute avaient été en-cloués; nos braves soldats n’en répondaient pas moins au feu de l’ennemi avec leur courage ordinaire. Un volontaire a été tué à 10 pas de la redoute. Les canonniers qui étaient attachés à la colonne ont enfin réussi à déclouer une pièce; alors, protégés par la canonnade, nos soldats qui avaient entouré la redoute, y ont fondu avec impétuosité, en ont franchi les fossés, défendus par plusieurs rangs de palissades, et ont terminé par cette action l’une des plus belles journées. Le nombre de nos morts est d’environ 25 dans les 4 colonnes, celui des blessés se porte à 50. Vous aurez la consolation d’apprendre que presqu’aucun ne l’est dangereusement. Le général de brigade La Victoire, aussi intrépide que bon républicain, a été blessé au premier feu qu’a fait sur nous la première SÉANCE DU 22 PRAIRIAL AN II (10 JUIN 1794) - N° 73 489 redoute; le jeune Harrispe l’ayant remplacé dans le commandement, s’est conduit avec beaucoup d’intelligence et de sang-froid. Aidé du courage des soldats, il n’est pas douteux que c’est à la manière dont il a dirigé l’attaque et à la confiance qu’il inspirait à l’armée que nous devons le succès. Nous avons cru devoir le mettre à même de rendre de plus grands services à la République en l’élevant à un grade supérieur. C’est dans la première redoute de Berdawits que nous l’avons nommé adjudant général chef de brigade; nous espérons que la Convention nationale nous approuvera. Les chefs qui commandaient les colonnes se sont conduits avec distinction; Lefranc, chef de brigade de la 40e, a enlevé à la baïonnette le col d’Ispegny. Vous verrez, par la copie de la lettre que vient de nous écrire ce brave officier, ce qui s’est passé dans l’affaire qu’il a dirigée. L’ennemi a dû perdre beaucoup de monde; nous lui avons fait 480 prisonniers, au nombre desquels sont près de 50 officiers, dont 4 colonnels ou lieutenants colonels. La légion des émigrés s’est enfuie bravement au moment où notre armée a été aperçue; nous en avons pris cependant 12 qui vont faire un essai de la justice révolutionnaire ». Cavaignac, Pinet aîné. [ Lefranc , chef de la 40* demi-brigade , aux repr. près VA. des Pyrénées Occidentales; Au camp d’Ispegny , 16 prair. Il], « La journée d’hier a été bien avantageuse pour la République, et bien honorable pour ses défenseurs. Des 6 heures du matin nous avons forcé, au pas de charge et à la baïonnette, tous les postes retranchés de l’ennemi à la droite et à la gauche du col d’Ispegny. Nous leur avons fait environ 80 prisonniers, et 60 de ces satellites ont resté sur le carreau. Nous avons aussi enlevé leur camp, dont les effets sont à notre disposition. « Chose presque incroyable, mais bien réelle, à l’assaut de 7 postes situés sur les rochers les plus escarpés, nous n’avons perdu que 4 hommes, dont un officier mort au poste d’honneur. Nous avons eu 20 blessés, parmi lesquels il n’y en a que 4 qui le soient grièvement». Lefranc. P.c.c. Cavaignac, Pinet aîné. BARERE : Le comité de salut public vous propose de confirmer les nominations qui ont été faites sur le champ de bataille aux Aldudes. C’est une récompense bien méritée et qui est motivée sur des succès qui ont eu pour spectateurs les soldats républicains et les représentants du peuple (1) . (Applaudissements unanimes) . (1) Mon., XX, 690. Original de la lettre de Lefranc (C 304, pl. 1126, p. 13); C. Eg., n° 661; J. Univ., n° 1661; Audit, nat., n° 625; J. S.-Culottes, n° 481; Ann. pair., n° DXXVI. Sur sa proposition, la Convention nationale rend le décret suivant. « La Convention nationale, après avoir entendu le comité de salut public, confirme la nomination faite par les représentans du peuple près l’armée des Pyrénées-Occidentales, du citoyen Harispe, à la place d’adjudant-général chef de brigade » (1) . 73 Au nom du comité de salut public, un membre [BARERE], propose de traduire au tribunal révolutionnaire les contre-révolutionnaires qui ont employé des manœuvres criminelles dans les ateliers de fabrication d’assignats, d’armes, de poudre et de salpêtre (2) . BARERE : Malgré nos succès, notre vigilance et les lois révolutionnaires, les ennemis de l’intérieur ne se découragent point. Avant la fête du 20 ils avaient préparé, par des intrigues secrètes, des mouvements et des insurrections dans les fabriques d’assignats, de poudre et armes. Les comités de salut public et de sûreté générale ont été prévenus à temps, et les mesures de police sévères ont comprimé les mouvements qui auraient pu éclater dans la journée du 20. Dans l’atelier des assignats, les hommes qui avaient machiné ces intrigues, comptant sur le succès, se sont montrés; on en a arrêté trois, et l’on en fera justice; dans la fabrique des poudres, d’autres hommes, ont voulu, hier, faire cesser les travaux avant l’heure indiquée; mais le représentant du peuple Nion, qui est chargé de la surveillance de cette partie, a montré de la fermeté : les hommes suspects ont été arrêtés, et l’on en fera encore justice de ces agents de l’étranger qui cherchent à égarer les ouvriers républicains. Non, ces manipulateurs de contre-révolution n’appartiennent point à ces ouvriers qui, dans les ateliers nationaux, montrent un zèle vraiment digne de républicains. (Vifs applaudissements) . Barère lit un projet de décret [adopté] (3). Sur son rapport, la Convention nationale rend le décret suivant. « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport du comité de salut public, charge l’accusateur public du tribunal révolutionnaire de poursuivre les contre-révolutionnaires qui ont employé des manœuvres criminelles dans les ateliers de fabrication (1) P.V., XXXIV, 186. Minute de la main de Barère. Décret n° 9454. Reproduit dans Bin, 22 prair. (2® suppl*) et 23 prair.; Débats, n°“ 628, p. 335 et 630, p. 369; M.U., XL, 348; J. Perlet, n°® 626 et 628. Mention dans Rép., n° 173; J. Lois, n°* 620 et 621; J. Mont., n° 45; J. Fr., n° 624; Mess, soir, n° 661; Ann. R.F., n° 192; J. Sablier, n08 1371 et 1372. (2) P.V., XXXIX, 186; C. Eg., n® 661; J. S.- 481 (3) Mon., XX,' 699; Audit, nat., n° 625. SÉANCE DU 22 PRAIRIAL AN II (10 JUIN 1794) - N° 73 489 redoute; le jeune Harrispe l’ayant remplacé dans le commandement, s’est conduit avec beaucoup d’intelligence et de sang-froid. Aidé du courage des soldats, il n’est pas douteux que c’est à la manière dont il a dirigé l’attaque et à la confiance qu’il inspirait à l’armée que nous devons le succès. Nous avons cru devoir le mettre à même de rendre de plus grands services à la République en l’élevant à un grade supérieur. C’est dans la première redoute de Berdawits que nous l’avons nommé adjudant général chef de brigade; nous espérons que la Convention nationale nous approuvera. Les chefs qui commandaient les colonnes se sont conduits avec distinction; Lefranc, chef de brigade de la 40e, a enlevé à la baïonnette le col d’Ispegny. Vous verrez, par la copie de la lettre que vient de nous écrire ce brave officier, ce qui s’est passé dans l’affaire qu’il a dirigée. L’ennemi a dû perdre beaucoup de monde; nous lui avons fait 480 prisonniers, au nombre desquels sont près de 50 officiers, dont 4 colonnels ou lieutenants colonels. La légion des émigrés s’est enfuie bravement au moment où notre armée a été aperçue; nous en avons pris cependant 12 qui vont faire un essai de la justice révolutionnaire ». Cavaignac, Pinet aîné. [ Lefranc , chef de la 40* demi-brigade , aux repr. près VA. des Pyrénées Occidentales; Au camp d’Ispegny , 16 prair. Il], « La journée d’hier a été bien avantageuse pour la République, et bien honorable pour ses défenseurs. Des 6 heures du matin nous avons forcé, au pas de charge et à la baïonnette, tous les postes retranchés de l’ennemi à la droite et à la gauche du col d’Ispegny. Nous leur avons fait environ 80 prisonniers, et 60 de ces satellites ont resté sur le carreau. Nous avons aussi enlevé leur camp, dont les effets sont à notre disposition. « Chose presque incroyable, mais bien réelle, à l’assaut de 7 postes situés sur les rochers les plus escarpés, nous n’avons perdu que 4 hommes, dont un officier mort au poste d’honneur. Nous avons eu 20 blessés, parmi lesquels il n’y en a que 4 qui le soient grièvement». Lefranc. P.c.c. Cavaignac, Pinet aîné. BARERE : Le comité de salut public vous propose de confirmer les nominations qui ont été faites sur le champ de bataille aux Aldudes. C’est une récompense bien méritée et qui est motivée sur des succès qui ont eu pour spectateurs les soldats républicains et les représentants du peuple (1) . (Applaudissements unanimes) . (1) Mon., XX, 690. Original de la lettre de Lefranc (C 304, pl. 1126, p. 13); C. Eg., n° 661; J. Univ., n° 1661; Audit, nat., n° 625; J. S.-Culottes, n° 481; Ann. pair., n° DXXVI. Sur sa proposition, la Convention nationale rend le décret suivant. « La Convention nationale, après avoir entendu le comité de salut public, confirme la nomination faite par les représentans du peuple près l’armée des Pyrénées-Occidentales, du citoyen Harispe, à la place d’adjudant-général chef de brigade » (1) . 73 Au nom du comité de salut public, un membre [BARERE], propose de traduire au tribunal révolutionnaire les contre-révolutionnaires qui ont employé des manœuvres criminelles dans les ateliers de fabrication d’assignats, d’armes, de poudre et de salpêtre (2) . BARERE : Malgré nos succès, notre vigilance et les lois révolutionnaires, les ennemis de l’intérieur ne se découragent point. Avant la fête du 20 ils avaient préparé, par des intrigues secrètes, des mouvements et des insurrections dans les fabriques d’assignats, de poudre et armes. Les comités de salut public et de sûreté générale ont été prévenus à temps, et les mesures de police sévères ont comprimé les mouvements qui auraient pu éclater dans la journée du 20. Dans l’atelier des assignats, les hommes qui avaient machiné ces intrigues, comptant sur le succès, se sont montrés; on en a arrêté trois, et l’on en fera justice; dans la fabrique des poudres, d’autres hommes, ont voulu, hier, faire cesser les travaux avant l’heure indiquée; mais le représentant du peuple Nion, qui est chargé de la surveillance de cette partie, a montré de la fermeté : les hommes suspects ont été arrêtés, et l’on en fera encore justice de ces agents de l’étranger qui cherchent à égarer les ouvriers républicains. Non, ces manipulateurs de contre-révolution n’appartiennent point à ces ouvriers qui, dans les ateliers nationaux, montrent un zèle vraiment digne de républicains. (Vifs applaudissements) . Barère lit un projet de décret [adopté] (3). Sur son rapport, la Convention nationale rend le décret suivant. « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport du comité de salut public, charge l’accusateur public du tribunal révolutionnaire de poursuivre les contre-révolutionnaires qui ont employé des manœuvres criminelles dans les ateliers de fabrication (1) P.V., XXXIV, 186. Minute de la main de Barère. Décret n° 9454. Reproduit dans Bin, 22 prair. (2® suppl*) et 23 prair.; Débats, n°“ 628, p. 335 et 630, p. 369; M.U., XL, 348; J. Perlet, n°® 626 et 628. Mention dans Rép., n° 173; J. Lois, n°* 620 et 621; J. Mont., n° 45; J. Fr., n° 624; Mess, soir, n° 661; Ann. R.F., n° 192; J. Sablier, n08 1371 et 1372. (2) P.V., XXXIX, 186; C. Eg., n® 661; J. S.- 481 (3) Mon., XX,' 699; Audit, nat., n° 625.