| Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. brumaire an II 49 1 1 (1-2 novembre 1793 encore entendre. Conservez donc en vos mains le gouvernement de ce vaisseau majestueux qui, sans vous, aurait fait naufrage. Restez à votre poste. En vain des publicistes effrontés voci¬ fèrent pour que vous l’abandonniez. Les mé¬ chants voudraient -ils prendre vos places pour nous tromper, comme ces autres écrivains mer¬ cenaires, ces pédagogues dangereux, ces Bris¬ sot, Condorcet, Carra, Fauchet, Gorsas, etc., qui, après avoir caressé le peuple, pour s’enrichir, après l’avoir séduit pour le représenter, ten¬ taient, sous la bannière de la liberté, de le re¬ plonger dans le despotisme. « Vous démasquâtes ces traîtres dans la jour¬ née mémorable du 31 mai. Depuis lors, la marche du bien public est tranquille et fière. Consti¬ tution républicaine, décrets salutaires, victoires signalées, tout va, et c’est à vous seuls, Mon¬ tagnards, à votre énergie, à vos travaux que nous devons tous ces bienfaits. « Mais, citoyens, le bien que vous avez opéré avec tout le courage de la vertu républicaine. vous impose l’obligation de tout le bien que vous pouvez faire. Chassez entièrement l’en¬ nemi du sol français; terrassez l’anarchie, la guerre civile; consolidez la République. La paix viendra ensuite couronner vos œuvres, et la patrie reconnaissante ceindra vos têtes de la couronne immortelle qu’elle tresse pour ses li¬ bérateurs. « Saint-Girons, département de l’Ariège, le 12e jour du 2e mois de l’an II de la République française. « Rouaix, président ; Dur an, secrétaire ; An-glade, secrétaire ; G. Valence, secré¬ taire. » Les administrateurs du district de Franciade écrivent qu’ils ont proscrit de leur administra¬ tion une manière de parler aussi peu conforme aux principes de notre langue qu’à ceux de l’éga¬ lité, et qu’ils y ont substitué un mode d’élocu¬ tion plus fraternel et plus révolutionnaire. Ils assurent la Convention nationale, que la superstition ne les trouvera pas moins disposés à la poursuivre; déjà deux prêtres patriotes ont brûlé leurs lettres de prêtrise. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des administrateurs du district de Franciade (2). Le directoire du district de Franciade, à la Convention nationale. « Franciade, ce 19 brumaire, l’an II de la République, une et indivisible. « Citoyens législateurs, « Guerre aux préjugés moraux, guerre aux préjugés religieux, tel est le cri que pousse de toutes parts la France républicaine. « Nous la leur déclarons, cette guerre, et c’est une guerre à mort. « Nous avons commencé par proscrire de notre administration une manière de parler (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 164. (2) Archives nationales, carton G 279, dossier 753. lre SEXUE. T. LXXIX. aussi peu conforme aux principes de notre lan¬ gue qu’à ceux de l’égalité, et nous y avons substitué un mode d’élocution plus fraternel, plus révolutionnaire. « Nous avons invité les corps constitués et tous les citoyens et citoyennes de notre arrondisse¬ ment à suivre la même marche, et nous espé¬ rons y réussir. Vous trouverez ci-joint l’arrêté que le conseil général de ce district a pris à ce sujet. « La superstition ne nous trouvera pas moins disposés à la poursuivre. Nous avions pour col¬ lègue un prêtre patriote. Il a brûlé ses lettres de prêtrise, monument d’ineptie et de fanatisme, le prêtre est disparu, et le patriote, le chaud patriote est resté parmi nous. « Nous avons fait imprimer le procès-verbal dressé à cette occasion; vous le trouverez ci-joint. Déjà nous avons vu fructifier cet heu¬ reux exemple; un autre prêtre, Bonesse, biblio¬ thécaire de ce district, vient de faire hommage à la philosophie des titres qu’il tenait du fa¬ natisme. « En vous envoyant les deux arrêtés ci-joints, nous ne venons point quêter une mention ho¬ norable. La récompense d’un vrai républicain est le sentiment intime d’avoir voulu bien faire. Notre unique but, notre seul désir a été de propager la connaissance de principes que nous croyons utiles à l’affermissement de la Répu¬ blique. « Salut et • fraternité. « Jean Houdet; Darme; P. Fournier, vice-président ; Delassus; Saillon; Sa-varx. » Arrêté (1). DISTRICT DE FRANCIADE. Extrait du registre des délibérations du conseil général. Du 12 du deuxième mois de l’an II de la République, une et indivisible. Le conseil général du district, considérant qu’un usage antifraternel né dans les temps ténébreux de la féodalité avait conservé la cou¬ tume ridiculement bizarre d’employer en par¬ lant à une seule personne, le seconde personne du pluriel; Considérant que l’orgueil et l’aristocratie abu¬ saient et abusent encore de cet usage pour, au mépris de l’égalité, tutoyer les citoyens qu’ils appelaient autrefois gens du peuple, et réservent leur façon de parler poliment absurde pour ce qu’ils appelaient dans le même temps les gens comme il faut-, Considérant qu’il est du devoir des adminis¬ trations dp donner exemple aux administrés, et de contribuer, autant qu’il est en elles à bannir toute distinction contraire à l’égalité; Jaloux d’être les premiers à donner cet exemple ; Après avoir entendu le procureur syndic; Arrête que dorénavant, tant dans l’admi¬ nistration que dans ses bureaux et sa corres¬ pondance, le tutoiement sera employé quand on ne parlera qu’à une seule personne sans distinc¬ tion ; (1) Archives nationales, carton G 279, dossier 753. 4