SÉANCE DU 12 BRUMAIRE AN III (2 NOVEMBRE 1794) - N° 3 311 e [La société régénérée des Amis de la liberté de la commune de Mantes à la Convention nationale, le 28 vendémiaire an III ] (37) Égalité, Liberté, fraternité. La sagesse et la vigueur des principes que vous venez de rapeller au peuple français sont signés de lui et de ses représentans. Tels sont donc les caractères de la vérité et de la justice, ils produisent l’enchantement dans les coeurs, la force et la vie dans les âmes formées pour eux. Qu’au milieu de l’agitation et des périls, une voix sublime se fasse entendre, le crime aussitôt pâlit et la vertu triomphe. Tel au sein des tempêtes, l’astre du jour, ne détache qu’un de ses rayons, pour rendre a la nature son harmonie et son éclat. Voila, Peres de la Patrie, l’expression unanime d’une société qui, bien fortement convaincue, que la force, l’energie et la constance, sont des dogmes innés dans une nation, qui a conduit aussi loin et avec autant d’éclat ses triomphes, s’empresse de consacrer dans votre sénat auguste le monument éternel de sa confiance envers vous, son respect et son obéissance aux lois et son dernier soupir pour la prospérité de la République une et indivisible. Salut et fraternité. Les membres composant la société populaire de la commune de Mantes. Suivent 26 signatures. f [La société populaire régénérée d’Is-sur-Tille à la Convention nationale, s. d.] (38) Liberté, Égalité. Législateurs Tandis que les hordes fugitives des despotes et de leurs esclaves s’éloignent de nos frontières, lorsque les intrépides défenseurs de la Patrie, portant la terreur chez nos ennemis, assurent par des victoires notre indépendance politique, les têtes de l’hydre des factions semblent renaitre a mesure que le glaive de la justice les abat, la tyrannie désespérant de nous vaincre par la force des armes veut nous enlacer dans les pièges de l’erreur et par des sophismes couverts du voile sacré de l’intérêt public, anéantir la liberté du peuple et préparer la dissolution de l’Etat. Tels sont sans doute les desseins de ces hommes pervers qui toujours agitateurs et agités, alarment le peuple sur ses droits en même (37) C 325, pl. 1408, p. 5. (38) C 325, pl. 1408, p. 6. tems qu’ils lui en ravissent la douce jouissance ; de ces anthropophages apologistes de la terreur, ennemis de l’ordre et d’un sage gouvernement favorisent de tous leurs efforts l’anarchie et ses funestes effets afin d’ensevelir dans la confusion générale le souvenir de leurs rapines et de leurs forfaits ; non Robespierre n’a pas péri tout entier, ses restes frémissent et s’agitent comme les tronçons d’une vipere coupée par morceaux, dont le dard palpitant cherche encore a donner la mort. Mais vous veillés et tous les bons citoyens veillent avec vous. Environnés de la confiance et de l’amour du peuple, dépositaires de sa puissance, forts de sa force et de votre courage, vous terrasserés les intrigans et les rebelles et sur les débris de leurs sistêmes antisociaux, vous fonderés l’empire de la justice et des moeurs sans les quelles la liberté n’est qu’une vaine chimère. Nous, Législateurs, qui mettons toute notre gloire a vivre libres et Républicains, nous repousserons toujours loin de nous et l’esprit de parti et les maximes de cette monstrueuse politie où tous veulent commander et personne obéir; où l’individu confondant ses droits avec ceux du peuple, prétend faire des loix à sa guise et n’en respecter aucune ; ou l’arbitraire se couvrant du pretexte du salut public, introduit un esclavage réel sous les fausses apparences de la liberté. Soumis à vos décrets, nous respectons en eux la sagesse qui les a dictés et le pouvoir suprême dont ils émanent; inséparablement unis aux représentans de la Nation, nous ne les abandonnerons jamais quelque péril que nous dussions courir, parce qu’il sont notre espoir et qu’en les défendant nous défendons aussi le droit que nous eûmes de les élire ; chérissant les principes de la justice seules bases de la garantie sociale, c’est d’eux que nous déduirons constamment les rapports qui nous lient a nos concitoyens et à l’Etat. Dédaignés, Législateurs, dédaignés les clameurs de ceux a qui ce mot de justice fait peur. Les bons citoyens ne la séparent plus de la liberté, parce qu’en effet elles sont inséparables ; la justice est le plus ferme appui des Républiques, effroi des médians, elle console et rassure l’homme de bien qui vit en paix avec sa conscience; elle développe en lui l’énergie républicaine, les talens et les vertus utiles à sa patrie. Mais quel bien peut-on attendre de l’absurde et barbare sistême de la terreur? est-ce en dégradant les âmes qu’on y fera naître l’enthousiasme de la liberté et ses sublimes inspirations? créra-t’on des hommes libres, des républicains, en leur imprimant le caractère lâche et pusillanime des esclaves? Ce n’est pas, Législateurs, que nous confondions la justice avec l’indulgence ou la faiblesse ; celles-ci perdraient la République, le gouvernement révolutionnaire est nécessaire en ces tems de crises et le gouvernement révolutionnaire est juste, il punit le coupable, enchaine le malveillant et protégé le bon citoyen. Si par un abus de vos sages loix, des hommes dangereux ont été rendus a la liberté 312 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE dont ils ne sont pas dignes, ce n’est pas à vous qu’il faut en adresser le reproche mais aux fonctionnaires publics qui ont méconnu ou transgressé leurs devoirs. Cette même justice que vous proclamés et que nous invoquons, réprouve ces actes de faiblesse ; protectrice des droits de la société, elle prive de sa liberté celui qui trouble la liberté publique, comme elle punit le calomniateur et le factieux qui méchamment et a dessein abuse du droit sacré d’exprimer librement ses pensées dans ses discours ou dans ses écrits. Continués, Législateurs, le grand oeuvre de la régénération des principes et des moeurs et la République vous devra sa gloire et son bonheur. Charles, Rochet, Rivet. Miellet, Brûlot, officiers de santé et 60 autres signatures dont les noms de 3 personnes ne sachant pas signer. g [La société populaire de L’Aigle à la Convention nationale, le 25 vendémiaire an HT] (39) Vive la République, Liberté, Egalité, ou la mort. Citoyens representans, La société populaire de l’aigle a entendu la lecture de votre sublime adresse du 18 vendémiaire avec le plus vif intérêt. La séance etoit nombreuse, les tribunes réf-fluoient de citoyens : tous ont couvert d’applaudissements les principes d’equité et l’energie républicaine que ne cesse de déployer la Convention. Continuéz, législateurs a dejouer les manoeuvres perfides des ennemis du peuple, des despotes de toutes couleurs, de la faction desorganisatrice qui ose lutter contre la représentation nationalle et au mépris de l’égalité de la liberté et de l’harmonie sociale, prétend insolemment diriger à son gré l’opinion publique. Restéz a votre poste, vous les ecraseréz tous ces géants modernes, le peuple aplaudit vos travaux, il ne connoit que vous pour point central de ralliement. Vive la Convention. Salut et fraternité. Suivent les signatures. Les membres composant la société populaire de L’Aigle. Total 134 signataires sans conter les absents et ceux qui ne scavent pas signer au nombre de plus de 150 environ. (39) C 325, pl. 1408, p. 7. h [La société populaire de Neuilly-sur-Ourcq à la Convention nationale, s. d.] (40) Réprésentans du peuple, La société populaire de Neuilly-sur-Ourcq applaudit avec tous les vrais républicains aux sages mésures que vous avés prises pour sauver la République. Robertspierre et ses suppôts ne pouvoient soutenir leur tyrannie qu’en rendant le peuple complice de leurs forfaits mais le caractère fran-çois n’est point féroce : les seuls esclaves qui ne savent qu’obéir aux despotes qui les enchai-nent peuvent être froidement sanguinaires. L’autorité arbitraire imprime la terreur. L’autorité légale inspire la confiance. Si la terreur est l’ame des tyrans, elle ne convient point à des hommes libres. Les scélérats ne craignent point la violence ; eux seuls l’esperent. Ils redoutent la justice; son glaive doit les atteindre. Au contraire l’homme vertueux gémit quand le méchant acquiert de la force; il se rassure par la seule idée de la justice. Il ne peut être de République si le caractère du peuple n’est vertueux. Il n’est point de vertu sans justice ; et la justice ne seroit qu’un mot si elle n’étoit réglée par les loix. Faisons respecter les loix. Que la justice soit inflexible, qu’elle soit sévère contre ceux qui les enfreignent. Qu’elle protège efficacement ceux qui les observent et les hommes reviendront à la vertu, les bons vivront dans la sécurité; les méchants seront comprimés si ils ne sont anéantis. Dans la crise d’une révolution quand l’opinion publique est sans cesse agitée par toutes les factions ennemies de la liberté, le gouvernement révolutionnaire est necessaire. Il sera salutaire tant qu’il reposera sur des principes de justice; appuyé sur la terreur, il n’étoit qu’une tyrannie d’un genre nouveau. Réprésentans du peuple, vous avés abbattu cette tyrannie avec les monstres qui l’avoient inventée. Tenés ferme aux principes que vous avés consacrés. Que la justice soit la base de vos décrêts, elle sera aussi la règle de nos actions. Que la terreur soit aux frontières et la justice dans l’intérieur, la République est sauvée. Les citoyens composant la société populaire de Neuilly-sur-Ourcq. Marc, président, Drouin, Carron, secrétaires et les signatures des 3 membres du comité de correspondance. (40) C 325, pl. 1408, p. 8.