666 (Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. \ *9 brumaire an II 1 9 novembre 1793 « Neumann, membre du département; « Stahl, brasseur. « Tous membres de la Société populaire. Art. 4. « Ce comité entrera en fonctions dès ce soir, et étendra sa surveillance sur tout le départe¬ ment, et se conformera au surplus aux lois des 21 mars, 12 août, 17 et 20 septembre derniers. « A Strasbourg, le 8 octobre 1793, l’an II de la République française une et indivisible. « Signé : Guyardin et J. -B. Miliiaud. ». Vu le présent arrêté; ouï le procureur général syndic substitut. Le conseil général du département du Bas-Rhin a arrêté qu’il sera imprimé dans les deux langues, lu, publié, affiché et exécuté. Signé : R osât, vice-président et Barbier, secrétaire général. D. Les représentants du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle, aux représentants du peuple composant le comité de Salut public de la Convention nationale (1). « Strasbourg, le 7e jour de la 3e décade du 1 er mois de l’an II de la République française (18 octobre, vieux style). « Citoyens collègues, « Arrivés à Châlons, nous avons pris connais¬ sance des dépôts qui sont dans cette ville, et le département, qui se portent à près de 9,000 hom¬ mes, mais manquant de chevaux, selles, brides, bottes, sabres et pistolets. « Nous avons requis le général Monard, ins¬ pecteur de ces dépôts de faire partir dans 48 heures 1,000 hommes à pied, de tâcher de leur procurer des fusils et, si la chose n’était pas possible, qu’on leur en fournirait à Metz; de puiser dans la masse des dépôts pour mettre 1,500 hommes de cavalerie en état de marcher le plus promptement. « A Metz, nous nous sommes concertés avec le commissaire général ordonnateur Fuquières pour seconder le général Monard dans la réqui¬ sition que nous lui avons faite, même de le met¬ tre en état de nous fournir un renfort plus con¬ sidérable. « Sur notre route, l’on nous avait débité que le camp de Sarrebruck avait été forcé et que l’armée de la Moselle se repliait sur Forbach et Saint -Avold; ce qui nous a déterminés à nous y porter directement. «Le 11, avec nos collègues près de cette armée, nous avons parcouru le camp de Sarrebruck, nous avons été très satisfaits de la bonne dis¬ position des troupes et de celles faites depuis la retraite dès camps de Bliescatel et Ornebach 7 ( 1) Archives du ministère de la guerre ; Armées du Rhin et de la Moselle, carton 2/23. pour arrêter les progrès de l’ennemi qui est en présence et à la portée du canon. « Le 12, nous avons appelé auprès de nous le général en chef et autres officiers supérieurs. Nous leur avons fait part de l’objet de notre mission et de la nécessité de renforcer l’armée du Rhin pour délivrer Landau. Après les plus mûres réflexions, les généraux ont été d’avis que dans une circonstance si urgente, sans com¬ promettre leurs moyens de défense, ils pour¬ raient détacher des garnisons de Longwy, Sarrelibre, Thionville ou de l’armée six batail¬ lons pour renforcer celle du Rhin. « Les habitants de Sarrebruck ayant augmenté d’une manière exorbitante le prix des denrées, et cette hausse excessive portant le décourage¬ ment et le désespoir parmi nos braves défenseurs de la patrie, nous avons requis les magistrats de taxer les denrées de première nécessité au même taux qu’elles étaient à l’entrée des Fran¬ çais' sur leur territoire et de nous fournir, en 24 heures, un million en espèces, pour l’éohange contre pareille somme en assignats : ce qui a été effectué. « Le même jour, nous avons créé une armée et un tribunal révolutionnaires ; nous avons en¬ tendu Henry Karcher, négociant de Sarrebruck. Il nous a déclaré que l’ex-général Landremont avait déposé chez lui un dépôt en or de 7,200 li¬ vres. Le général ( ) 10,000 livres en as¬ signats et 4,000 livres chez un de leurs commis à Metz. « Nota. Il y a environ trois semaines que Landremont fils était à Sarrebruck pour re¬ mettre à Karcher, de la part de son père, 175 louis. « Et le général Pully, des couverts, des jetons, un nécessaire, le tout en argent, aux armes de la princesse de et une vache (sic). « Ces différents dépôts ont été provisoirement confiés au payeur général de l’armée et nos col¬ lègues se sont chargés de l’arrestation de ces traîtres et fripons, et de vous faire parvenir les procès-verbaux qui constatent ces découvertes. « Le 14, à notre départ de Sarrebruck pour nous rendre à Wissembourg, nous avons ren¬ contré un courrier de nos collègues près cette armée. Par les dépêches dont il était porteur, nous avons appris que le 13 au matin les lignes de Wissembourg avaient été forcées, que l’ennemi était maître de Wissembourg, de Lauterbourg, que 7,000 émigrés avaient passé le Rhin. Nos collègues nous invitaient de leur procurer sur-le-champ du renfort. « Nous sommes aussitôt rentrés dans Sarre¬ bruck pour nous réunir à nos collègues et, dans l’heure, les ordres ont été donnés pour le départ de six bataillons de cette armée qui, dans quatre jours, devaient être rendus à celle du Rhin. Un courrier a été expédié au général Monart, à Châlons, pour presser le départ des 2,500 hommes que nous avions requis, et nous avons écrit aussi au commissaire général ordon¬ nateur de Metz de faire de nouveaux efforts pour nous procurer des armes, selles, bottes et brides. « Le 16, nous sommes arrivés à Haguenau à 4 heures du soir, et quelle a été notre douleur d’apprendre que dans la partie de l’armée com¬ posant la division de Wissembourg, un grand nombre de soldats ont abandonné les drapeaux, et qu’on soupçonne fortement plusieurs offi¬ ciers partisans de Beauharnais et parents de [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j novembre “793* 667 Landremont d’être les moteurs de cette désorga¬ nisation. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il a été tenu les propos les plus indécents contre nos collègues, que Ruamps a été assailli par des hussards commandés par une des créatures de Landremont ; enfin, nous avons trouvé l’armée coupée près d’Haguenau, occupée à opérer une seconde retraite pour aller occuper les lignes de Zorn. « Il était près de 1 1 heures du soir, et la ville d’Haguenau était évacuée par nos troupes quand nous l’avions quittée avec nos collègues Borie et Niou; ce dernier a été passer la nuit à l’armée et nous nous sommes rendus à Briampt. « Le lendemain 17, nous . nous sommes rendus ici pour nous réunir à nos autres collègues Milhaud et Guyardin, et d’après les différents rapports qui nous ont été faits, nous ne pouvons vous taire que notre position est infiniment alarmante. « Dans la déroute du 13, près de plus de 6,000 soldats ont abandonné leurs drapeaux et fui à plus de 12 lieues. Nous ne sommes point encore assurés s’ils ont rejoint. L’esprit des agricoles alsaciens est infiniment mauvais; plusieurs se sont réunis à nos ennemis pour marcher contre nous. Le plus grand nombre des habitants de Strasbourg est plus autri¬ chien que français et ne cherchent qu’à livrer cette forteresse. Les assignats n’y ont plus qu’un faible cours; cette armée n’est point éncore parfaitement ralliée, nous sommes sans généraux capables et sans savoir où en prendre. L’ennemi, parfaitement instruit et avec des forces supérieures (car on les porte à 70,000 hommes), nous harcèle avec vigueur de toutes parts; nous avons 20,000 sacs de grain dans la place, mais nous manquons de poudre. « Malgré tous ces revers et entourés de tant de dangers, nous ne perdons pas courage, jusqu’au dernier soupir nous servirons la République, toujours en Montagnards et avec une nouvelle ardeur : c’est sur quoi vous pouvez compter. Nous nous occupons sans relâche des mesures extraordinaires que nécessite une situation si critique. « Envoyez un bon général, des munitions, de la poudre et des armes, le tout en poste, et surtout un renfort de 12 à 15,000 hommes. Il faut que la nation fasse un nouvel effort pour sauver cette belle partie de la République. « Niou; Guyardin; Borie; Milhaud; Mallarmé; J. -B. Lacoste. » E. Les représentants du peuple près l'armée du Bhin aux citoyens leurs collègues, composant le comité de Salut public (1). « Strasbourg, le 8e jour de la 3e décade dtf 1er mois de l’an II de la Répub lique française une et indivisible (19 octobre, vieux style). « Hier, citoyens collègues, notre armée fut attaquée par les ennemis dans la position qu’elle avait prise en deçà de la Zorn. L’aile droite a été chargée par une nombreuse cava-(1) Archives du ministère de la guerre ; Armées du Rhin et de la Moselle, carton 2/23, lerie, elle s’est repliée sur les lignes de la Souffle depuis le Rhin jusqu’aux gorges de Saverne, le reste de l’armée l’a suivie, nos troupes épouvan¬ tées par le nombre de leurs ennemis, manquant de confiance aux lumières de leurs généraux, confondant toujours l’incapacité avec la trahi* son, travaillées en outre par les plus vils intri¬ gants qui, sous le masque du patriotisme, cher¬ chent à désorganiser l’armée; les soldats de la patrie, nous le disons avec douleur et le déses¬ poir dans l’âme, n’ont plus cette assiette tran¬ quille qui mène aux grandes vertus; il faut de grands moyens pour réveiller le courage abattu de plusieurs d’entre eux, nous employons tous ceux qui sont en notre pouvoir pour y parvenir, mais des scélérats de toutes espèces que l’ar¬ gent des étrangers alimente, détruisent sou¬ vent dans très peu de temps le travail de plu¬ sieurs jours. On veut nous rendre responsables des événements militaires comme si nous les dirigions. Si les généraux font des fautes, sont ignorants, en pouvons -nous davantage? Cependant, c’est par cette raison et sous des prétextes encore moins fondés qu’on nous abreuve de calomnies, qu’on nous déchire de la manière la plus atroce : on nous reproche de n’être pas assez souvent avec l’armée, mais que pouvons-nous faire de plus? Sans cesse à la tête des colonnes, dans les batteries, au milieu des plus grands dangers, couchant souvent dans les camps, cherchant à pourvoir au besoin des soldats, tous nos moments sont employés pour eux et pour le triomphe des armées de la patrie; malgré tout ce que nous souffrons dans un pays où l’aristocratie, l’amour des tyrans ont jeté de profondes racines, où tout ce qui est patriote, vrai jacobin est persécuté; malgré le désespoir où nous met l’injustice d’hommes égarés par des traîtres, notre cou¬ rage n’est point ébranlé, mais nos moyens dimi¬ nuent à mesure qu’on cherche à nous ôter la confiance. « Nous ne pouvons vous taire que la ville de Strasbourg, dans • la position où sont les choses, court les risques d’être incessamment assiégée si le succès d’un prochain combat ne répond pas à nos désirs, à notre zèle. Nos forces diminuent tous les jours, celles des ennemis augmentent sans cesse. Néanmoins comptez sur notre dévouement et notre fermeté. Mais secourez -nous, si vous le pouvez, en hommes et en munitions. « Salut et fraternité. « Mallarmé; J. -B. Milhaud; Niou; Guyar¬ din; J. -B. Lacoste. » F. Les représentants du peuple près l'armée du Bhin, aux citoyens composant le comité de Salut public de la Convention nationale (1). « A Strasbourg, le 30e jour du 1er mois de la 2e année de la République fran¬ çaise, une et indivisible. « Depuis que nous sommes de retour de Paris, et immédiatement après le compte que nous (1) Archives du ministère de la guerre ; Armées du Rhin et de la Moselle, carton 2/23.