328 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Pour nous placés plus près des despotes étrangers, nous jurons de montrer contre eux le même courage que vous déployés avec tant d’éclat contre les tyrans intérieurs, quelque soit le masque dont se couvrent les conspirateurs, nous jurons de n’avoir jamais d’autre point de ralliement que la Convention nationale. Nous attendons avec impatience le rapport du comité de Salut public sur les nobles et les prêtres. Si le résultat répond à nos espérances, la République sera délivrée de deux castes proscrites par l’opinion publique et qui abusant de l’indulgence d’une nation généreuse ne cessent de conspirer en secret contre la République. Ces deux castes ennemies nées de la Révolution et qui n’attendent peut-être qu’un moment favorable, qu’un chef de parti pour se lever et détruire en un jour le fruit de cinq années de travaux. Souffrirez-vous, Citoyens Représentants, que nous soyons encore longtemps conduits aux combats, par les agens de ces mêmes tyrans que nous attaquons ? Par ceux-là mêmes qui conspirent notre perte. Le mode d’exécution, à ce qu’il parait est la seule chose qui arrête encore. Nous l’attendons de votre sagesse et nous prouverons à nos ennemis que nous ne sommes jamais aussi forts que lorsque nous n’avons plus parmi nous que des Républicains et des frères. Salut et fraternité. François, adjudant officier, Rose, capitaine du 5ème régiment, Stevmond, adjudant major du 4ème règlement, et plus d’une page de signatures. n [Les compagnies de canonniers de Paris, sections des Droits-de-l’Homme, et de Beaure-paire, à l’armée des Côtes de Brest, à la Convention nationale, de Lannion, le 22 thermidor an II\ (23) Représentants, Le premier sentiment qui s’est emparé de l’âme des français et singulièrement des canonniers de Paris composant les compagnies des sections des Droits-de-l’Homme et de Beaure-paire, en apprenant les nouveaux crimes commis par les ennemis de la République, fut l’indignation ! nous avons vu d’un œil sec et rapide, les scènes d’horreur et de sang dont vous déviés, ainsi que nos concitoyens de Paris, être les tristes victimes et spontanément, le cri terrible, pour les coupables, de justice et de vengeance, s’est fait entendre: nous avons vu avec plaisir que nos vrais représentants avoient prévenu nos vœux; et nous avons apris en même temps le crime et la punition. Quelle leçon pour le peuple françois ! quand finira-t-il d’encenser des mortels ? et d’acroitre leur amour propre par une confiance aveugle. L’exemple des généraux traitres, dont on vantait sans cesse l’année dernière la moindre action sans faire attention à l’armée dont le commandement leur étoit confié, nous a apris qu’il ne falloit plus dire un tel général s’est bien comporté; mais bien, telle armée a remporté une victoire complètte. Puisse l’expérience après cette épuration dans la représentation du peuple, nous apprendre à dire la Convention entière veut le bonheur de la France; et non, tel parti dans la Convention le veut et tel s’y oppose: il seroit peut-être même à désirer que le peuple ne répétât les noms de ses représentants, qu’au moment où il devra leur rendre justice, s’ils ont fait leur devoir ou les punir, s’ils n’ont pas rempli les vœux de leurs commettants. Plaise au ciel que nous ayons vu le dernier orage de la Liberté ! Séparés pour cet instant du fracas de la guerre, confinés dans un réduit obscur où le bien du service nous appelle, et saisissant avec enthousiasme, les moments de loisir que nous laissent vos travaux militaires, pour puiser dans le tableau de vos opérations la fermeté et les vertus qui caractérisent de vrais républicains; permettés-nous, Représentants, de vous féliciter sur la conduite courageuse et soutenue que vous venés de tenir en découvrant la trame odieuse des traitres qui ne rougissoient pas de siéger parmi vous: continués de marcher d’un pas ferme et vigoureux, nous sommes les exécuteurs de vos ordres, nous vous seconderons de toutes nos forces. Ne rentrés dans vos foyers que, quand vous aurés réussi à établir la paix et la tranquillité, après laquelle nous aspirons tous et alors vous y jouiré de l’estime de vos concitoyens; vos noms seront à jamais gravés dans leur mémoire et ils vous voueront une recon-noissance étemelle. Le Clerc, capitaine, et une page de signatures. o [Les jeunes élèves de la classe primaire de la commune de La Vérité, ci-devant Le Bois, Ile Républicaine, ci-devant de Ré, à la Convention nationale, du 21 thermidor an II\ (24) Est-il possible, Législateurs, qu’au moment où nous commencions à respirer la bienfaisance nationale par l’éducation publique que des tirans, des traitres cherchent à nous enchaîner comme ils ont fait à nos ayeuls, Ah ! si nos forces égaloient notre courage quoique notre tendre jeunesse sortant du berceau depuis peu d’années rencontrions quelques factieux ennemis de la liberté nous nous opposerions encore pour les terrasser. Quelle indignation, citoyens Législateurs, quand nous avons été instruits que ces jours derniers les conspirateurs vou-loient insulter la Convention pour perdre la République, mais vos mesures sages les ont empêché, nous vous en rendons nos louanges et nos remerciements. Quel malheur pour nous si vous laissiez votre poste avant d’avoir fait tailler les derniers tirans. Nos pères, nos frères, nos amis les français sont à tailler les merce-(23) C 320, pl. 1 317, p. 6. (24) C 320, pl. 1 317, p. 7. SÉANCE DU 21 FRUCTIDOR AN II (7 SEPTEMBRE 1794) - N° 2 329 naires nations étrangères, et vous citoyens législateurs continuez d’en faire faire autant dans l’intérieur; si l’indigne Robespierre et ses complices avoient pu nous culbuter ils n’au-roient pas manqués leurs projets d’assassins ainsi nous appelons à tous les bons citoyens pour achever d’exterminer ces scélérats, que les jeunes républicains nos frères de l’Ecole de mars dans la plaine des Sablons apprennent que nous désirions à profiter de l’honneur des victoires. Si les circonstances l’exigent à l’avenir, ils sont nos chefs nous aurons le plaisir d’être les compagnons de leurs travaux glorieux en combattant pour la plus belle des causes du monde qui est celle de la Liberté. Nous chantons à toutes les classes des hymnes à l’Etre Suprême après la lecture des Droits de l’Homme, ainsi que les autres hymnes de la Liberté. Vive la République. Soutenez nous Législateurs, ne vous lassez pas de votre fermeté, faites vous un plaisir de nous préparer les rozes que nous cueillerons en [mot illisible ] à tout instant. Vive la Convention nationale, vive la Montagne, vive la République. Salut et fraternité. Vos jeunes républicains, suivent des signatures sur une demi-page. P [La Compagnie des adolescents de la commune de Guérande, département de Loire-Inférieure, à la Convention nationale, le 22 thermidor an II] (25) Citoyens Représentants, Nous venons d’apprendre avec horreur la terrible conspiration qui a éclatée autour de vous; mais nous avons en même temps appris avec plaisir que leurs perfides complots sont déjoués, et que les conspirateurs sont tombés sous le glaive de la loi. Quand nous avons vu ces monstres tels que Robespierre et Couthon parler si insolemment à la tribune et dénoncer les vrais républicains et Hanriot ce perfide chercher à égarer les braves parisiens, nos jeunes cœurs ont frémi nous les avons vu ces hommes qui se disoient les amis des loix et du peuple conspirer dans le sein même de la Convention comment ces indignes perturbateurs auroient-ils pu aimer Marat lui qui étoit l’ami du peuple. Mais grâce à l’Etre suprême qui veille sur les jours des républicains et à votre républicanisme, Citoyens représentants, à la surveillance des comités de Salut public et de Sûreté générale, et à la bravoure des sans-culottes parisiens, la patrie est encore une fois sauvée des mains parricides de ces vils conspirateurs. Vous les avez vus, citoyens représentants, ces tigres altérés du sang de la Convention nationale, et des vrais amis du Peuple, voyant leurs projets déjoués, les uns se donner la mort, et les autres attendre comme des êtres vils la punition due aux hommes qui osent trahir leur patrie. Nous vous invitons, Citoyens représentants, à rester à votre poste, à redou-(25) C 320, pl. 1 317, p. 8. bler de zèle et de courage pour affermir la chose publique. C’est notre vœu à tous et ce doit être le vœu de tous les vrais républicains. Salut et fraternité. Le Borgne, capitaine et dix autres signatures. Q [Le citoyen Ducamp, commandant du premier bataillon des Ardennes, au président de la Convention nationale, le 23 thermidor an II\ (26) Armée de Moselle Affaire du 21 thermidor Citoyen, Je ne remplirois pas le vœu de la Convention nationale si je n’appelois un instant son attention sur le brave bataillon auquel j’ai l’honneur de commander: à peine l’assaut est-il commandé que tous les cœurs éprouvent les mêmes élans, que toutes les bouches poussent le même cri, ce cri si chéri des français, vive la République ! c’est ici qu’il faut vaincre ou disparoître de la terre, et c’est à ceux qui doivent nous survivre d’aller dire au sénat français que nous sommes morts ici pour obéir à ses loix. Cette expression sublime expire à peine que ces dignes républicains, méprisant la lenteur du pas de charge, et une vaine fusillade, courent, s’élancent, volent à coups pressés et se précipitent dans les retranchemens; la bayonnette y porte partout l’épouvante et la mort, l’étandart tricolor porté d’une main habile y est fièrement arboré. Ah ! Citoyen qu’on est heureux quand on a à commander de pareils hommes ! et qu’il seroit doux de mourir en les conduisant à la liberté à la gloire à l’immortalité ! ainsi que pourront jamais contre un gouvernement fondé sur la nature et les mœurs, ses hordes mercenaires des vils coalisés, quand nous avons à leur opposer douze cent mille décius ! qu’ils tremblent ces scélérats ! l’échaffaud l’infamie et la poussière les attendent. Bravo ! je vois partout des lauriers pousser sur nos murs. Salut et fraternité. Ducamp r [Les membres du conseil général de Mouzon, département des Ardennes, au comité de correspondance de la Convention, le 24 thermidor an II] (27) Citoyens Représentants, La célébration de la fête du 10 août v. s. qui s’est faitte hier dans notre commune a produit la plus vive sensation. Les chants patriotiques se fesoient entendre de toutes parts et avoient pour refrein les acclamations vive la République. (26) C 320, pl. 1 317, p. 10. Ann. Pair., n° 616; C. Eg., n° 751. (27) C 319, pl. 1 306, p. 14. Bull, 21 fruct.