SÉANCE DU 29 VENDÉMIAIRE AN III (20 OCTOBRE 1794) - N° 1 299 b [La société populaire, montagnarde et épurée de Belfort, département du Haut-Rhin, à la Convention nationale, s. d .] (3) Egalité, Fraternité, Liberté ou la Mort Citoyens représentans, La malveillance, la trahison, l’intrigue frémissent de voir la justice ralier tous les français autour de la liberté et de l’égalité, et la terreur, cette arme des tyrans, étouffée dans le sang des monstres, qui ne l’ont mise à l’ordre du jour que pour nous asservir et nous égorger sans résistance. Ce retour heureux, citoyens représentans, est l’oeuvre de votre courage ; vous avez affronté les poignards pour l’opérer : nous vous offrons notre sang et nos bras pour le déf-fendre. Maintenez vous donc à la hauteur à laquelle le peuple souverain vous a élevé, et apprenez que partout il est debout, pour précipiter sous le glaive quiconque oserait tenter de vous en faire descendre. Il n’est qu’un législateur, la Convention, et c’est autour d’elle que nous nous réunissons. Depuis assez longtems, citoyens représentans, nous sommes avilis, outragés, opprimés : nous voulons enfin être libres. Mais, est-ce par la crainte ou la terreur, qui n’ont jamais faits que des hypocrites et des esclaves, que nous pouvons le devenir, ou par l’amour sacré de la patrie, qui enflame les coeurs, élève l’ame, fait les héros? Non, jamais le crime, ni tout ce qui dégrade l’homme ne fut jamais le chemin de la vertu. Périsse donc à jamais le sistème infâme d’avilissement, d’oppression et de cruauté, qui depuis quelques mois s’établissoit au milieu de nous, comprimoit nos âmes, en brisoit le ressort, paralisoit nos langues et nous déhonoroit aux yeux même des esclaves qui nous environnent. En condamnant ce sistème de sang, plus propre à contre révolutionner les peuples, qu’à les attacher au char de la liberté et de l’égalité, qu’on ne nous accuse pas de chercher à détruire le gouvernement révolutionnaire, ou à en atténuer la force. Non, citoyens représentans, nous le voulons dans toute sa vigueur, nous en reconnoissons le besoin, nous le regardons comme la sauvegarde de la constitution dont il prépare l’affermissement et le triomphe, mais nous vouons à l’infamie et à la mort quiconque ose le faire servir d’arme à la haine et à la vengeance; quiconque ose travestir, sous ce beau nom, en justice nationale, les impulsions d’un coeur féroce et barbare, qui n’a de joye que quand il voit couler du seing et des larmes. Nous avons gémi sous de tels monstres, citoyens représentans. Nous ne vous détaillerons pas les nombreux forfaits sous lesquels ils ont foulés aux pieds pour nous toute justice ; Fous-sedoire nous les a fait oublier par ses vertus, (3) C 322, pl. 1356, p. 2. Reçue le 19 vendémiaire an III. et nous a arraché par ses bienfaits jusqu’au désir de la vengeance. Nous n’essaierons pas non plus de vous tracer le tableau des heureux effets de sa mission dans les départemens, nous nous contenterons de vous dire, que si vous désirez voir triompher la liberté au milieu d’un peuple bon, qui aime la révolution, et qui est digne de vos regards par ses sacrifices, vous devez toujours nous donner des hommes de caractère. Vive la république, vive la Convention, règne partout la justice, et partout la liberté triomphera. Les membres du comité de correspondance, Hann, président et trois autres signatures. c [La société populaire de Beaujeu, département du Rhône, à la Convention nationale, du 10 vendémiaire an III] (4) Liberté, Egalité, Justice, Probité Représentans, Les jours d’horreur, de sang et de carnage sont passés : la douce rosée du 10 thermidor a calmé les pleurs et cicatrisé les playes de la république ; elle a blanchi le voile lugubre qui cou-vroit la france et fermé le tombeau des patriotes. Législateurs qui avés abbattu le dernier monstre qui nous dévoroit impitoyablement, vous avés gagné cent batailles dans ce jour mémorable : vous avés fait la conquête de tous les coeurs ; tous les bons citoyens, tous les vrais républicains sont à vous ; et ce qu’il y a de plus glorieux c’est que cette conquête est le fruit de la justice et de la probité, ces vertus qui caractérisent cette nation libre seront toujours son patrimoine. Les hommes forts d’une conscience pure ont un courage invincible et un triomphe assuré. Les méchants, les fripons, les scélérats ; ceux qui tiennent la queue de l’infame Robespierre et l’agitent, tremblent aujourd’hui parcequ’ils voyent contr’eux la vertu à l’ordre du jour, eh ! bien que ces traitres pâlissent, qu’ils sèchent, qu’ils meurent accablés de leurs forfaits! expieront-ils jamais les crimes qu’ils ont commis? Législateurs, vous tenés le flambeau qui éclaire la république ; nous en voyons la clarté, elle est pure; nous ne marcherons qu’à la direction de ses rayons tant que nous lirons la liberté, l’égalité, la justice et la probité. Nous n’écouterons pas les vaines déclamations de ces êtres immoraux qui poussent leurs derniers soupirs en invoquant la terreur, le sang et le carnage : ils ont besoin de ces désordres pour se dérober à la justice qui ne marche que dans le calme et le silence. (4) C 322, pl. 1356, p. 4.