20 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [ 21 brumaire an il fil novembre 4 <93 La Convention nationale décrète que ces co-mités feront un prompt rapport sur les objets de cette pétition, qu'elle accueille d'une mention honorable, et par l'insertion au « Bulletin » (1). Suit la ‘pétition des députés du district et de la Société populaire de Vervins (2) : « Législateurs, « Nous sommes les députés du district et de la Société populaire de Vervins. C’est la pre¬ mière fois que des députés de notre district se font entendre dans cette enceinte de la liberté, car nous avons toujours été plus occupés à exécuter vos décrets et à nous défendre contre l’ennemi, qu’à venir ou nous louer ici ou vous demander des faveurs. « Depuis l’origine de la Révolution notre impulsion vers la liberté, loin de s’arrêter, s’esfc accélérée dans sa course. Nous avons fourni plus de 9.000 défenseurs à la République, dont plusieurs sont allés dans toutes les parties de la terre propager l’incendie de la liberté. Lors de la réquisition du 23 août, l’ennemi occupait trois de nos plus riches cantons et menaçait de tout brûler si les jeunes gens de ces cantons se ren¬ daient à notre invitation. Ces braves républi¬ cains, échappant à la vigilance des esclaves sont accourus à la voix de la patrie, et 3.000 ont volé à sa défense. « Au mois d’août dernier, sur une simple invi¬ tation de notre département, nous avons fourni 130 chevaux à la République, et en exécution de votre dernier décret, nous venons en outre d’envoyer à Soissons notre contingent de 260 chevaux, qui ont mérité les éloges de votre réprésentant pour avoir servi la République; nous avons cru nous avoir imposé l’obligation de la servir mieux et plus promptement. « Il y a deux mois que l’ennemi était à 3 lieues u chef -lieu de notre district et il avait marqué au lendemain le jour de son arrivée dans nos foyers. Pendant que les jeunes gens s’organi¬ saient en bataillons, les hommes mariés se sont avancés pour arrêter le torrent dévastateur; 20 ont perdu la vie dans une attaque; 8 autres enfermés dans des haies, ont soutenu, pendant deux heures, les efforts de 60 cavaliers ennemis, dont 15 ont mordu la poussière sous les coups des républicains. Ils allaient eux-mêmes suc¬ comber à la fatigue et par le défaut de muni¬ tions, lorsque le son d’un tambour qui venait à leur secours leur fit pousser le cri de Vive la Ré¬ publique! A ce cri les esclaves s’enfuirent, et le tambour n’amenait avec lui que 4 hommes de cavalerie. p « Lors de la levée du siège de Maubeuge, on annonce dans notre commune, à 10 heures, l’arrivée de 400 blessés. A midi, 200 lits garnis de matelas et de draps sont dressés dans notre église; les hommes y transportent les blessés, les femmes et les enfants préparent des linges et des charpies, tous les ménages apportent le bouillon destiné à leur nourriture, et, depuis six semaines, notre commune et celles des environs fournissent gratuitement tous les linges et les lits néces¬ saires à l’entretien de cet hôpital où il a passé près de 3.000 malades. « Nous n’en venons demander ici ni le dédom-(1) Procès-verbaux dt la Convention, t. 25, p. 151. (2 ylArchives nationales, carton G 280, dossier 768. magement, ni la récompense, nous l’avons trouvée dans la sensibilité de nos âmes, dans les éloges de nos frères de l’armée révolution¬ naire qui en ont été les témoins, et plus encore dans les remerciements affectueux et les regrets attendrissants que témoignaient les malades en s’éloignant de nous. « Législateurs, sans doute ce serait là des titres à la reconnaissance nationale. Si nous avions une faveur à vous demander, mais nous venons seulement réclamer votre justice pour les administrés de notre district : « 1° Depuis plus d’un an il est dû près de 100.000 francs de convois arriérés. Nos récla¬ mations ont été fréquentes et toujours infruc¬ tueuses. Il est juste cependant que l’homme qui sert de bon cœur la République reçoive le salaire qu’elle lui promet; « 2° En faveur de la commune tre vervins,. aliénataire de domaines nationaux, vous avez décrété une somme de 50.000 francs pour le payement de ses dettes exigibles. Elle a fourni tous les états nécessaires pour obtenir son paie¬ ment, et nous ne savons à quoi en attribuer le retard. Au nom de la commune et des journa¬ liers qui sont dans le besoin, nous demandons l’exécution de votre décret. « Un incendie, occasionné par des fours et des magasins nationaux, vient de menacer notre commune d’une ruine entière, qui, heureuse¬ ment, n’a vu périr que trois maisons par les flammes. Nous vous demandons des indemnités pour les victimes de ce funeste événement. « Nous avons aussi à vous communiquer des renseignements qui mériteront votre attention sur l’état des subsistances de notre district. Nous demandons pour cet objet, et pour ceux dont nous vous avons déjà entretenu, d’être renvoyés à vos différents comités. « Enfin, pour terminer notre mission, nous vous présentons les dépouilles volontaires de nos églises; déjà nous avons envoyé à la République 600 marcs d’argenterie, nous en apportons 300, c’est ce qui nous reste. Ce dernier don ne nous laisse qu’un regret : c’est de n’être pas plus riches pour faire plus d’offrandes sur l’autel de la patrie. « Législateurs, nos concitoyens nous ont chargés de leur reporter votre décision sur leurs réclamations, elles ne demandent qu’un examen bien court. Décrétez, législateurs, que vos comi¬ tés s’en occuperont le plus promptement qu’il leur sera possible, car l’ennemi étant encore à nos portes, notre poste n’est pas ici. « Les ad on, Dobignie. » Les citoyens de la commune de Velizy se pré¬ sentent à la barre; Enguehard, leur ancien pas¬ teur, assure, en leur nom, la Convention natio¬ nale qu'ils sauront défendre l’édifice impéris¬ sable de la Constitution; pour lui, il est le second. qui ait effrayé le fanatisme en épousant une compagne honnête. Il demande du travail, et présente un ouvrage qu'il a composé sur les finances, et les députés remettent l’argenterie de leur paroisse. gsM .... La Convention nationale approuve leur zèle, reçoit leur offrande et ordonne l’insertion de leur adresse au « Bulletin » avec mention hono¬ rable; elle renvoie la demande particulière d’En- (Convention nationale.] AKCHIVES PARLEMENTAIRES. j » brumaire an 11 21 gnehard au conseil exécutif provisoire, et ren¬ voie son travail au comité des finances (1). Compte rendu du Moniteur universel (2) î Un curé, accompagné d’une députation de sa commune, renonce à ses fonctions de prêtre et présente un ouvrage qu’il a composé sur la con¬ tribution mobilière . Les ouvriers rubanniers, accompagnés de ma¬ gistrats du peuple de la ville de Paris, viennent se plaindre de la loi du maximum , relativement à leur partie. La Convention nationale décrète le renvoi de leur pétition au comité de commerce (3). Des députés commissaires du comité central de 56 sociétés populaires de Paris demandent l’abolition du traitement des prêtres. « Que ceux qui ont encore foi aux augures les payent; mais pourquoi asservir à ce tribut honteux un répu¬ blicain qui n’a d’autre dieu que la vertu et son pays? » La Convention décrète l’insertion de l’adresse au a Bulletin » avec mention honorable (4). Suit Vadresse des députés commissaires du comité central des 56 Sociétés populaires de Paris (5) : Législateurs, Voici ce que les commissaires du comité central des Sociétés populaires viennent vous dire au nom de la raison : L’immortelle Déclaration des droits de l’homme et du citoyen garantit la liberté des opinions et des cultes; par conséquent elle proscrit toute religion dominante, c’est-à-dire toute secte privilégiée, salariée des deniers de la République à l’exclusion de toute autre. Il est bien temps sans doute de ne plus gager d'intermédiaire entre des hommes libres et le dieu des hommes. Les sections et les Sociétés populaires de Paris, ci-après désignées, vous demandent un décret, sauvegarde des consciences, une loi, puisqu’il en faut une encore, par laquelle un citoyen ne soit plus tenu de contribuer au salaire des prêtres, auxquels il ne croit pas. Que ceux qui ont encore foi aux augures les paient; mais pourquoi assujettir plus longtemps à ce tribut honteux le franc républicain, qui n’a d’autre religion que le culte de la liberté et l’amour de la patrie? Il est temps de renoncer à salarier le men¬ songe et le fanatisme. Déjà toute Société populaire ferme ses portes à l’individu flétri du nom de prêtre; toute fonction publique lui est (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 151. (2) Moniteur universel [n° 53 du 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 215, col. 3]. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 151. (4) Ibid. (5) Anli-fèdèralisle, n°47, du 21 brumaire an II. Journal des Débats el de la Correspondance des Ja¬ cobins : Débats, n° 530 et 531, 18 et 19 brumaire et Journal de la Montagne, n° 161, du 21 brumaire. Cette adresse donna lieu à un décret, que l’on trouvera plus loin, et qui fut rendu sur la motion de Thuriot (voy. ci-après, p. 32). interdite; il ne lui reste plus d’autre ressource que d’abjurer un métier vil et dangereux, pour embrasser telle autre profession dont il n’ait pas à rougir. La République est une ruche qui se refuse à entretenir des frelons incommodes, paresseux et perfides. Ce pas de fait, législateurs, vous aurez la gloire d’avoir porté le dernier coup au fanatisme sacerdotal, et vous aurez encore une fois bien mérité de la patrie. Compte rendu du Moniteur universel (1) : On admet à la barre une députation des seO* tions et sociétés populaires de Paris. L'orateur de la députation. Législateurs, voioi ce que les commissaires du comité central des sociétés populaires et des sections de Paris, au nombre de 56, viennent vous dire : « Nous vous demandons une loi par laquelle nul citoyen ne soit tenu de contribuer au salaire de cultes aux¬ quels il ne croit pas. Que ceux qui croient encore aux augures les payent. Le républicain ne con¬ naît d’autre culte que celui de la liberté, de la vérité, de la raison. Il est temps de cesser de sala¬ rier le mensonge et la fainéantise. (On applaudit .) Déjà les portes des sociétés populaires sont fermées à tout individu souillé de la tache de prêtre, à moins qu’il n’ait rénoncé à ses fonctions et pris tin autre métier. La Répubüque française est une ruche de laquelle il faut écarter tous les inutiles frélons. Prononcez, législateurs, et vous aurez encore bien mérité de la patrie. (On ap¬ plaudit. ) (1) Moniteur universel [n° 53 du 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 215, col. 3]. D’autre part, le Journal des Débats el des Décrets (brumaire an II, n° 419, p. 285), Y Auditeur national [n° 416 du 22 brumaire an II (mardi 12 no¬ vembre 1793) p. 3], le Journal de Perlet ln° 416 du 22 brumaire an II (mardi 12 novembre 1793), p. 339] et le Journal de la Montagne [n° 163 du 22e jour du 2e mois de l’an II (mardi 12 novembre 1793), p. 1199, col. 2] rendent compte de l’admission à la barre des sociétés populaires de Paris dans les termes suivants : I. Compte rendu du Journal des Débats el des Décrets. Une députation des sociétés populaires el de plu¬ sieurs sections de la commune de Paris vient deman¬ der, au nom de la raison, que les hommes ne sala¬ rient plus d’intermédiaires entre eux et la Divinité, et que la fainéantise et l’erreur ne soient plus aux gages d’une nation laborieuse et éclairée. Chabot félicite la commune de Paris de ne pas cesser de hâter la marche du peuple français vers une régénération universelle. Il demande que l’adresse qui vient d’être lue soit insérée au Bulletin avec une mention honorable. Il pense que ce sera un encou¬ ragement suffisant pour le développement de l’opi¬ nion publique et que la Convention nationale con¬ naîtra mieux, par ce moyen, le vœu de tous. II. Compte rendu de Y Auditeur national. Une députation des sections el sociétés populaires de Paris est venue représenter qu’il était temps enfin que la nation cessât de payer des intermé¬ diaires entre l’homme libre et la Divinité de l’homme libre. Elle a fait sentir combien il est absurde que des lois forcent un citoyen à contribuer au salaire