326 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Citoyens représentants, La société populaire d'Orléans vous témoigne la satisfaction qu’elle a éprouvée à la lecture de votre adresse au peuple français. Les vérités étemelles qu’elle contient sont gravées dans nos coeurs, et nous reconnoissons les sublimes principes que vous y manifestez comme les seules bases de la République une et indivisible. C’est à vous seuls que nous avons confié nos pouvoirs; c’est vous seuls qui devez diriger le timon du gouvernement. Malheur à l’ambitieux qui chercherait d’élever une puissance rivale de la votre! bientôt écrasé par la force invincible du peuple, il rentrerait dans le néant. Périssent ces hommes couverts de crimes, ces fripons, ces dilapidateurs de la fortune publique qui ne font du bruit, et ne s’agitent en tout sens que pour détourner l’attention du peuple qui les regarde et l’action de la justice qui les poursuit. Qu’ils sortent de leurs paisibles retraites et paraissent enfin au grand jour ces hommes laborieux et modestes qui fuient les places, et pratiquent sans ostentation les vertus républicaines. Grâces immortelles vous soient rendues, sauveurs de la patrie ! vous avez mis toutes les vertus à l’ordre du jour, banni la terreur, arraché le crêpe funèbre répandu sur toute la surface de la fiance ; et rétabli le règne de la justice. Les passions vont s’éteindre; le calme va renaître et nous ne ferons tous qu’une famille de frères. Achevez votre ouvrage pour le bonheur du peuple ; le peuple entier vous soutient ; sa force et son attitude font pâlir les ennemis de notre liberté. Législateurs, vous avez toujours été notre boussole, notre point de ralliement et nous renouvelions aujourd’hui avec enthousiasme le serment de vous faire un rempart de nos corps, si l’intrigue et la scélératesse des hommes de sang osaient porter atteinte à la souveraineté du peuple dont vous êtes les seuls dépositaires. Guillon, ex-président, Chamouillet, vice-président, et cinq autres signatures. d [La société populaire de Châlon-sur-Saône à la Convention nationale, s. d.] (20) Liberté Egalité Citoyens représentans, Jusques à quand la liberté sera-t-elle un problème chez un peuple que ses vertus appellent aux plus hautes destinées? Eh quoi! partout l’étendart tricolore proclame la puissance et la dignité du nom français ! partout le pas de (20) C 325, pl. 1402, p. 6. Bull., 5 brum. ; M. U., XLV, 99- 100; C. Eg., n° 800. charge sonne la mort des tyrans.... Et une poignée d’intrigans, et quelques esprits inquiets affectant de trembler pour la République répandent des allarmes que les triomphes de nos phalanges républicaines démentent, que vos principes désavouent, et que la patrie réprouve comme des germes de discorde et de calamité publique. Citoyens Législateurs, nous avons reçu votre adresse au peuple français, elle a été accueillie au milieu des transports et des bénédictions de tous nos concitoyens. Vive la Convention ! s’est écrié chacun de nous, périssent les traitres, qui oseroient sourire à l’espoir de ressusciter la royauté sur les débris du gouvernement révolutionnaire et des sociétés populaires ! Périssent les dominateurs qui ne calculant que pour eux méditent dans l’ombre l’horrible complot de continuer la tyrannie et d’asservir leur pays ! O vous qui criez sans cesse à Varistocratie et au modérantisme ! vous que de misérables passions égarent! parlez moins de liberté et faites un peu plus pour en établir l’empire. Marchez dans la ligne des principes que vient de vous tracer la représentation nationale et les factions sont anéanties sans retour, et les tyrans sont vaincus, et la patrie est à jamais sauvée. Législateurs, achevez votre sublime ouvrage, fondez la République sur les bases inébranlables de la vérité, de la raison et de l’humanité. Que la justice remplace la terreur. Mais que le crime soit puni, que la vertu soit honorée, que les fripons soient flétris, que les bons citoyens respirent, et que la patrie souriant à l’union intime de ses enfans, appelle tous les français au bonheur d’être frères, et tous les peuples à la gloire de les imiter. Pour nous, invariablement attachés à la République une indivisible et démocratique, ennemis de l’intrigue et des intriguans, nous vous jurons fidélité aux principes consacrés dans votre adresse au peuple français, respect aux lois, dévouement entier à la représentation nationale seul centre du gouvernement, seul point de ralliement de tous les amis de l’ordre et de la prospérité publique. Suivi d’une page de signatures. e [Les habitants de la commune de Clamecy, réunis en assemblée de commune, du 24 vendémiaire an III] (21) Citoyens représentans, Des intriguans ont osé dire à la Convention que le royalisme et l’aristocratie relevaient audacieusement la tête dans notre district; nous donnons un démenti formel à cette assertion calomnieuse. Partout ici l’on respire l’amour des loix, partout l’on jure respect et attachement à (21) C 325, pl. 1402, p. 7. Bull., 2 brum. ; M. U., XLV, 55. SÉANCE DU 1er BRUMAIRE AN III (22 OCTOBRE 1794) - N° 5 327 la Convention nationale, seul et unique point de raliement de tous les vrais républicains ; partout l’on réclame le règne de la justice, et la punition du brigandage et de la scélératesse. Ces voeux ne plaisent point aux intriguans ; pour nous empêcher de les manifester, ils nous accusent de modérantisme, et d’aristocratie, demandent la réincarcération des patriotes que la justice nationale a rendus à la liberté, la répression de la liberté de la presse, et s’efforcent d’allumer dans les sociétés populaires les torches de la guerre civile. A ces demandes impies, l’on reconnait aisément les craintes des scélérats qui osent les former ; répondez-nous, prêtres hypocrites, dilapidateurs de la fortune publique, banqueroutiers, oppresseurs du peuple, fripons de toutes les couleurs, directeurs exclusifs de la société soidisant populaire du district? quelles sont vos raisons pour vous opposer à la liberté de la presse? La liberté de la presse, dites-vous, détruit le gouvernement révolutionnaire. Menteurs effrontés, méprisables conspirateurs, les Maury, et les Cazalès s’opposaient aussy à la liberté de la presse et leurs raisons étaient les vôtres. Ils voulaient empêcher qu’on ne dévoilât les abus d’un gouvernement tiran-nique ; et vous, lâches tirans, vous craignez que la lumière ne pénètre dans le labirinthe infernal de vos consciences, et ne vous expose aux regards du public, avec tout le hideux des crimes que vous avez commis. Croyez-vous donc que le peuple soit votre dupe, et qu’il ne pénètre pas vos secrètes pensées ; non, vous n’échapperez pas à la lumière, méprisables lieutenans de l’infâme Robespierre ; de toutes parts le peuple se lève en masse pour abattre et punir les tirans ; de toutes parts l’humanité en pleurs, demande vengeance des an-tropophages, et des buveurs de sang. Bientôt, scélérats, vous allez cesser d’être; et vos haleines impures n’empoisonneront plus l’atmosphère de la république. Citoyens représentans, au milieu des débris encore tout ensanglantés d’une foule d’échaf-fauds, les français osent enfin aspirer au bonheur. Leur dévouement, leurs sacrifices, leurs malheurs, et leur courage sublime les rendent dignes de ce prix. Au nom de la Patrie, délivrez-les de cette foule de Phalaris en sous-ordre qui désolent encore les départemens; occupez-vous incessamment de la morale que les contrerévolutionnaires ont corrompue, et de l’éducation publique. Rappelez aux français que la piété filiale, la fidélité conjugale, la bonté paternelle, la probité, l’amour du travail, et de la Patrie, constituent essentiellement le bon citoyen, et que l’intriguant qui se dit patriote, sans posséder aucune de ces vertus, est le fripon qui les trompe. Organisez un plan d’éducation qui rende nos enfans forts et robustes, sensés et passionnés pour leur patrie; que le français ne voie rien de plus beau que sa république ; qu’il apprenne en naissant à vivre et mourir pour elle; Encouragez l’agriculture, cet art favori des républicains. Encouragez les arts, et le commerce, relevez les manufactures, et les ateliers ; et que le français républicain, soit à la fois le plus fier, le plus probe, et le plus industrieux des peuples. Jettez un coup d’oeil favorable sur les sca-vans, et les gens de lettres. Les sciences font le bonheur et la gloire des états sagement organisés. Il appartient à une nation ingénieuse, puissante et brave comme la nôtre d’accaparer tous les genres de gloire et si le français sait vaincre, qu’il sache aussi chanter ses victoires. Les républicains soussignés jurent un attachement inviolable à la représentation nationale, et de verser leur sang pour sa déffense. Ils la remercient d’avoir garanti la liberté de la presse, votent pour la conservation du gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix ; avec le règne définitif de la justice, et de la probité, demandent la cessation de l’arbitraire, la prompte organisation de l’éducation publique, et que la Convention nationale débarasse les départemens et épure les sociétés populaires d’une foule d’intriguans, de buveurs de sang, et de vandales, qui ne se sont attachés au char de la révolution, que pour la deshonorer par leur brigandage. Vive la Convention nationale, vive la République. Suivent trois pages de signatures. Nous officiers municipaux, commissaires de la municipalité soussignés certifions que les sans-culottes ci-après dénommés scavoir [ suivent une quarantaine de noms ] ont déclaré en notre présence ne scavoir signer, mais donner pleine et entière adhésion à la présente adresse, ce que nous certifions sincère et véritable, pour constater à la Convention les voeux unanimes de tous les bons citoyens de la commune de Cla-mecy. Paillard, commissaire de la municipalité pour maintenir l’ordre , et une autre page de signatures. [Les citoyennes patriotes de la commune de Cla-mecy à la Convention nationale, s. d.] (22) Citoyens représentans, Le thrône est abattu, les tirans livrés au glaive de la loy, la liberté de la presse garantie; vivent la liberté, vive la Convantion. La therreur a disparu, voila ces bienfaits, nous venons toutes te jurer un parfait dévouement, la foiblesse de nottre sexe ne nous permet pas de voiler à la déffance de la patrie, mais notre zèle à la servir dans nos foyers sera infatigable. Nos soins pour nos frères d’armes blessés ou malades, l’éducation de nos enfans; voilà les occupations les plus chères à nos coeurs ; en servant de cette manière la République, nous remplissons les plus saints et les plus sacrés des devoirs; c’est en bénissant mille foix la Convantion que nous apprendrons à nos petits (22) C 325, pl. 1402, p. 8. 328 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE enfans à l’aimer, à sentir ces bienfaits, à jouir du bonheur qu’elle nous prépare. Nos garçons s’élèveront sous nos yeux avec un coeur brûlant de patriotisme embrasés par nous. Leurs bras nerveux et forts seront toujours prêts à la déffendre; nos filles sussent déjà avec le lait, l’amour des vertus républicaines, nous leur apprendrons à avoir la déssense, la fierté, et la dousseur de notre sexe, sans en avoir la foi-blesse. Voila nos voeux, taimer Convantion chérie, plusieurs d’antre nous te remercie de leurs avoirs rendu des époux chéris, de vertueux citoyen, voila l’emploi de nos plus précieux mo-mants. Les sousigné de la commune de Clamecy département de la Nièvre. Suivent les signatures sur une page et demie. [ Les jeunes républicains de Clamecy à la Convention nationale, du 24 vendémiaire an HT] (23) Citoyens représentons d’un peuple libre, les jeunes républicains de Clamecy vous félicitent de votre énergie, de votre courage, et d’avoire sauvé encore une fois la République dans la nuit du 9 au 10 thermidor; d’avoire garanti la liberté de la presse, moyen infailible de démasquer les traitres à la patrie et les oppresseurs du peuple. Représentons, ce sont des républicains qui vous parlent, et qui vous jurent que si la force leur permettoit de servir la patrie, qu’ils le feraient avec tout le dévouement qui convient à des françois régénérés. Ils vous félicitent aussi d’avoir rendu la liberté à des patriotes, à des pères et mères des déffenseurs de la patrie ; qui gémissoient dans les fers, et qui dévoient être les malheureuses victimes de celui qui se pro-possoit d’être le Catilina de la france. Suivent les signatures sur une page. f Les citoyens composant la société populaire de Melun, département de Seine-et-Mame, félicitent la Convention nationale sur son Adresse au peuple français, lui témoignent leur attachement aux principes qu’elle contient; l’invitent à ne plus souffrir ces êtres ambitieux qui se jouent impunément de la prudence de ses mesures, à faire disparoitre les passions exaspérées, à anéantir les divisions et à frapper les intrigans, les hypocrites et les dilapidateurs des deniers publics et particuliers (24). (23) C 325, pl. 1402, p. 9. (24) Bull., 5 brum. (suppl.). C. Eg., n" 800; Gazette Fr., n* 1024 ; Mess. Soir, n” 795. 6 Les administrateurs du district de Besançon0, du département de l'Orne6, le conseil-général de la commune de Troyesc, le tribunal criminel du département de l'Yonne d, les conseils-généraux de la commune de Meaux e, de Charolles�, du district de Bar-sur-Ornain [ci-devant Bar-le-Duc]�, les autorités constituées et la société populaire de la commune de Tence6, félicitent la Convention sur les mémorables journées des 9 et 10 thermidor, sur l’Adresse au peuple français, qui a frappé du dernier coup de massue les agitateurs, les êtres immoraux et les fonctionnaires infidèles. Mention honorable et insertion au bulletin (25). a [Les administrateurs du district de Besançon, département du Doubs, à la Convention nationale, s. d.] (26) Citoyens représentans, Les principes proclamés à votre séance du 18 vendémiaire sont une victoire bien signalée pour la Révolution. Le terreur, qui comprimoit les vertus républicaines, a disparu, pour faire place à l’amour de la patrie, au respect dû aux lois, enfin au vrai bonheur. Tels sont les sentimens des citoyens du district dont nous sommes les organes, nous osons les développer avec énergie, les intrigues et les conspirateurs sont anéantis; nous avons soutenus ces principes, citoyens représentans, nous les soutiendrons, au prix de notre sang, comme l’indépendance de la souveraineté nationale dont l’exercice vous est confié. Les administrateurs du district de Besançon, Bregand, Herard, Magnin, Bouniot, Hounoyez. b [Les administrateurs du département de l’Orne à la Convention nationale, s. d.] (27) Représentans du peuple, Votre adresse aux Français a foudroyé la terreur et réssussité la justice. Elle a précipité dans le même tombeau et la crainte servile et la sanguinaire anarchie. Déjà les coeurs sont plus grands, déjà les âmes sont plus élevées, (25) P.-V., XLVIII, 2. (26) C 323, pl. 1384, p. 4. C. Eg., n° 800; Bull., 5 brum. (27) C 323, pl. 1384, p. 2. Mess. Soir, n° 795.