188 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j dé�mbre *179 - « Le conseilgénéral a espéré que la Conven¬ tion voudrait bien nommer une députation pour y assister. Je te prie de vouloir bien en faire la demande. « Le maire de Paris, « Pache. « Paris, le 18 frimaire, l’an II de la République française, une et indivisible. » Les administrateurs du directoire du district de Nantua envoient deux extraits de leur regis¬ tre, qui constatent : l’un, que le citoyen Crochet, notaire public à Châtillon-Michaille, a fait don de la finance de son ci-devant office; l’autre, que Paul-Antoine Deliliaz, officier public, a fait don à la patrie d’un calice dont il était nanti. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1) . Suit la lettre des administrateurs du direc¬ toire du district de Nantua (2). Les administrateurs du directoire du district de Nantua, au citoyen Président de la Con¬ vention nationale. « Nantua, le 12 frimaire de l’an II de la Répu¬ blique française, une, indivisible et démocratique. « Sur notre invitation, nos concitoyens s’empressent de faire des offrandes à la patrie. « Par les deux extraits que nous t’adressons pour être communiqués à la Convention (3), tu verras que le citoyen Crochet, notaire public à Châtillon-Michaille, fait don de la finance de son ci-devant office, et que le citoyen Paul-Antoine Deliliaz, officier public de cette com¬ mune, a aussi fait offrande à la patrie d’un calice dont il était nanti. « Nous allons de suite envoyer à leur destina¬ tion l’argenterie des églises supprimées de ce district et tous les dons de ce métal qu’une juste défiance contre la ci-devant ville de Lyon nous avait empêché d’envoyer à sa monnaie. « Dis à la Convention que la situation du sol que nous habitons et nos principes nous rendent moralement et physiquement montagnards. « Salut et fraternité. « Blanchet; Jantet ; Caire, vice-président; Vuillard, secrétaire. » La Société républicaine de Rochefort envoie deux discours qu’elle a fait imprimer et distribuer dans les communes environnantes, pour propa¬ ger les principes républicains qu’elle a toujours professés. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (4). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 74. (2) Archives nationales, carton C 284, dossier 824. (3) Ces pièces n’étaient pas jointes. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 75. Suit la lettre d'envoi (Il¬ ia Société républicaine de Rochefort, à la Convention. « La Société fait passer à la Convention deux discours (2) qu’elle a fait imprimer, pour pro¬ pager dans les communes environnantes du dé¬ partement de la Charente -Inférieure les prin¬ cipes républicains qu’elle a toujours manifestés, et l’attachement inviolable qui la lie à la Con¬ vention, et à la Montagne, le centre de toutes les lumières et de la vérité. « Clissié, président; Benjamin Grabeüil, secrétaire; Frédéric, secrétaire; Gan-driau, secrétaire. « Rochefort, 9 frimaire, an II de la Répu¬ blique, une et indivisible. » Discours prononcé à la Société populaire de Rochefort, au nom de son comité d’instruction, par le citoyen Barbavlt-Royer, indien ; imprimé par ordre de la Société (3). « Citoyens, « Il est des choses très simples qu’il paraît étonnant qu’on veuille expliquer; mais les choses les plus simples sont quelquefois sus¬ ceptibles d’un grand développement. Le rap¬ port qui vous est présenté obtiendra peu de faveur, sans doute, auprès des auditeurs éclai¬ rés; mais votre comité, en arrêtant que les noms des mois républicains seraient rendus intel¬ ligibles par l’explication qu’un de ses membres en donnerait, n’a eu en vue que cette partie de vos concitoyens à qui cette instruction ne serait point inutile, et il s’est empressé de lui exposer l’étymologie de frimaire, de germinal et de messidor. « Les peuples les plus fameux de l’antiquité avaient tous formé une suite de mois qui rem¬ plissait cette mesure de temps que le soleil emploie dans sa course autour de la terre. Les Romains avaient donné à leurs mois divers noms qui portaient avec eux une signification distincte, dont le rapport précis s’adaptait au caractère de leur gouvernement ; ainsi le mois de mars était le plus honoré, parce qu’il était consacré au dieu de la guerre, dont ils se disaient les enfants et les imitateurs détermi¬ nés. Juin rappelait le souvenir de Junius Bru-tus, dont la vertu était si chère à ces républi¬ cains, et juillet fut attribué à la mémoire de Jules César, par la basse flatterie d’un peuple enlacé de fers, lorsque sa République fut anéan¬ tie. Les trente jours de février furent appelés fébraires ou expiatoires, car dans ce mois on rendait hommage aux mânes des citoyens morts, on s’approchait de leur tombeau, on y (1) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. (2) Nous n’avons retrouvé qu’un seul de ces deux discours. (3) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j « 189 versait un vin sacré, et l’on rendait ce culte touchant à des guerriers qui avaient expiré dans les champs de la gloire, à l’ombre d’une épouse chérie moissonnée au milieu des grâces de la jeunesse, à d’augustes vieillards qui, par leur sagesse, avaient affermi les lois. Ainsi, toute l’année n’était qu’un tableau roulant de la conduite du peuple et des circonstances les plus chères à son cœur. Voilà par quels prin¬ cipes se meuvent les peuples libres; les images, les spectacles, tout ce qui frappe l’imagination, sont les seules leçons qui attachent son inté¬ rêt. Ce sont des temples parés de statues, déco¬ rés de guirlandes; ce sont des colonnes, des obélisques; ce sont des places publiques ornées du buste des triomphateurs; des vêtements tout à la fois simples et magnifiques; des jave¬ lots, des bouchers, des casques dont la crinière est colorée du sang des ennemis. Ce sont des inscriptions courtes et somptueuses, des noms attribués aux mois et qui lient l’instruction des hommes au cours de l’année. Vous les avez imi¬ tés en tout, ô citoyens ! et bientôt vous les aurez surpassés dans la combinaison de ces peintures instructives, et les jours de vos décades attacheront vos réflexions par les titres qui leur seront départis. En rejetant l’année romaine insignifiante pour vous, puis¬ qu’il vous importait peu de savoir si janvier avait tiré son nom de Janus, roi d’Italie, vous avez porté la réforme dans ces mois stériles, et vous les avez touchés de l’esprit républicain. Alors vous fîtes disparaître le nom d’août que l’adulation avait attribué à Auguste, ce pre¬ mier empereur de Rome, chef d’une famille do tyrans qui dévorèrent les restes de la Répu¬ blique. Septembre commença la série de vos mois solaires, la liberté s’y fixa par la destruc¬ tion totale du sceptre : et, comme vous déco¬ râtes du nom superbe de sans-culottides les derniers jours de votre année, vous dénommâtes les mois républicains par les souvenirs de l’agriculture qui fait la force de votre gouver¬ nement. « Lorsque la loi se plaça sur les faisceaux brisés du pouvoir tyrannique, que l’autorité du peuple fut solennellement proclamée dans les champs où l’égalité et le despotisme combat¬ tirent si longtemps, les campagnes étaient alors couvertes de vignes ou vendemiæ; le raisin pliait sous ses appuis; les vendangeurs, repous¬ sant d’une main l’ennemi, s’apprêtaient de l’autre à recueillir l’espérance du mois; vos con¬ trées retentissaient tout à la fois et des cris de la guerre, et du bruit des pressoirs : ce premier mois de la République fut appelé vendémiaire ou des vendanges. « Les raisins et tous les fruits de la saison dernière étaient déjà resserrés; la terre nue et dépouillée allait bientôt éprouver les rigueurs de l’aquilon; les froids arrivèrent du nord, mais précédés pendant un mois des brouillards et des brumes. Alors, les vapeurs que les rayons du soleil élèvent de la surface du globe retom¬ bèrent lentement de la région de l’air, et les citoyens, en prévenant ces brouillards nuisibles, profitèrent de l’annonce de brumaire. « Le troisième mois prit son nom des frimati, rosée blanche du matin congelée, ou vapeur aqueuse qui, réunie sur la surface des corps en molécules fort déliées, y éprouvent un froid suffisant pour les glacer. Les arbres, pendant ' ce mois, attirant avec force l’humidité de l’air et des brumes, s’encroûtèrent des frimas. « Ainsi vendémiaire, brumaire et frimaire établirent l’une des quatre divisions de l’année républicaine. La seconde fut composée des mois : nivôse, pluviôse, ventôse. « Dans le mois nivôse, la nature fut presque anéantie; les arbrisseaux et tout ce qui végète s’endormirent jusqu’au jour du vivifiant ger¬ minal, Un large tapis blanc fut déroulé sur la surface de la terre; alors, sous le nivos ou la neige, une chaleur salutaire pénétra sourdement les campagnes, engraissa les racines des plantes, et dans ce mystérieux sommeil, des forces actives se préparaient pour le retour de germinal. « Quand le froid ralenti ne fit plus retomber en flocons les vapeurs découpées de l’atmo¬ sphère, la pluie s’écoula avec force, précipita dans le sein des campagnes les liqueurs chaudes de la neige. Le mois 'pluviôse et ses torrents ajoutaient aux efforts de brumaire et de nivôse; en fournissant des eaux abondantes pour la végétation de germinal, il prévenait encore les sécheresses de messidor, thermidor et fructidor. « Quand les pluies eurent assez trempé les campagnes, ventôse parut ; il balayait avec force le vide de l’atmosphère, dispersant les vapeurs et les nuages; il bouleversait les mers et exci¬ tait des tempêtes en salubrifiant l’air. Alors les matelots se tinrent tranquilles dans le port pen¬ dant tout le règne de ventôse; les vaisseaux redoutèrent ses terribles ouragans ; et si la fougue des derniers chocs de ventôse avait jeté partout la terreur, l’espérance et ses plai¬ sirs reparurent à l’approche du mois qui lui succéda. « Tout renaquit, tout germa dans germinal; la terre se colora de verdure; les arbres se parèrent de feuillages; les ruisseaux ne furent plus arrê¬ tés ; ils étaient ornés sur leurs bords de la pointe des fleurs. Les oliviers et les myrthes attiraient sur leurs branches les oiseaux qui célébraient àl’envi leurs concerts; un air pur et embaumé enveloppait la contrée. Germinal annonçait la grande végétation; il était accompagné de floréal et de prairial, et tous les trois réunis formaient la troisième division des mois répu¬ blicains. « Dans floréal, les fleurs les plus suaves et les plus éclatantes embellissaient les par¬ terres; les violettes, l’œillet et la rose s’unis¬ saient entre eux ; les anémones et les renoncules se penchaient vers ce gradin coloré, et le lilas les couvrait de son ombre commune: les ja¬ cinthes, les muguets et le reste des fleurs se présentaient pour qu’on en composât des guir¬ landes et qu’on en couronnât les héros. « Le mois prairial étala ses tapis; les trou¬ peaux bondissaient sur les prairies riantes ; tous les bestiaux, répandus çà et là, paissaient avec joie, loin de l’ennui des étables, et lo jeune ami des campagnes courait après de jeunes che¬ vaux qui, en s’ébattant dans la plaine, sen¬ taient tout l’avantage du mois prairial. « La quatrième division était messidor, thermidor et fructidor. « Messidor fut le temps des moissons; ce fut l’époque la plus, intéressante de Tannée; on retira des campagnes le germe précieux de leur fécondité, et de ce produit, on assura la subsistance du citoyen qui étudie pour le bien des nations, et des guerriers qui s’immolent sur la frontière sans vouloir composer avec la tyrannie. ARCHIVES RAW-BWNTAIRES. 19,Q ' IConventian nationale.] Dans thermidor, les feux brûlants de la canicule furent apaisés dans l’eau des thermes ou dans les bains ; on repoussa les attaques d’un ciel dévorant en se plongeant dans les fontaines, et les ruisseaux subjuguèrent les efforts du soleil. Tel fut thermidor. « Le mois fructidor ferma l’année en présen¬ tant ses offrandes. Les fruits tombèrent sous leur propre poids; on ramassa dans l’intérieur de ses domiciles cette douce jouissance des âpres hivers; ils charmèrent les banquets fra¬ ternels lorsque le froid Borée a tout desséché, et que la nature entière, ensevelie dans la tor¬ peur, a coupé le sentiment aux végétaux. « L’année républicaine eut donc un rapport suivi avec le système de la République; elle fut conçue d’après les objets qui doivent assu¬ rer la force de l’État, c’est-à-dire l’agriculture et tout ce qui tient au labourage. L’année fut terminée par les cinq jours complémentaires, consacrés aux grandes fêtes nationales sous le nom des sans-culottides. On y célébra la vertu qui forme les héros, le génie de la liberté qui stimule la bravoure, l’opinion qui rassemble les esprits et éloigne les controverses, le travail qui donne le bonheur; enfin, l’on célébra le jour des récompenses et l’on y distribua des palmes à ceux qui avaient bien mérité, au guerrier qui avait terrassé des adversaires, au marin qui rompit sur l’océan le criminel espoir des tyrans, à la femme fidèle qui n’eut pas l’impudeur de croire qu’une perfidie était un agrément, aux enfants vertueux, aux vieillards qui apprêtaient leurs tombeaux en faisant des vœux pour l’éter¬ nelle durée de la République. « Telles furent les causes qui dénommèrent les nouveaux mois de la liberté. Tant qu’ils subsisteront la gouvernement du peuple sera. solennellement reconnu; la République coulera avec l’année révolutionnaire, et ses mois rappel¬ leront à vos souvenirs les objets les plus chers à des citoyens : la vertu, la liberté, le sentiment républicain, l’amour du travail et l’espoir des récompenses. « La Société des amis de l’égalité et de la liberté, séante à Rochefort, arrête que ce dis¬ cours sera imprimé pour être envoyé à la Con¬ vention, aux Jacobins, aux sociétés affiliées, etc. « Premier frimaire an II de la République, une et indivisible. « Signé ; Lequinio, représentant du peuple, président; Bektotjt, ex-président; Fré¬ déric, Clissiè, Grabeuil, Gahdriaüx, secrétaires. » Les représentants du peuple près les armées et les départements du Midi annoncent que des fêtes vraiment républicaines ont remplacé les mômeries prescrites par la superstition et par la fourberie; le décadi 10 frimaire deux prêtres se sont mariés à deux citoyennes pauvres, mais vertueuses; ils envoient l’état de l’or, argenterie, diamants, perles, etc., des églises, chapelles et émigrés du district de Saint-Maximim. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 75. j Suit la lettre de Fréron et Barras, représentants du peuple près les armées et les départements du Midi (1). Les représentants du peuple près les armées et les départements du Midi, au citoyen Président de la Convention nationale. « Marseille, le 11e jour de frimaire, l’an II de la République française, une et indi¬ visible. « Un grand homme disait avec raison que la philosophie faisait à pas lents le tour du monde ; déjà nous apercevons ici les premiers rayons de cette sainte raison que les Parisiens adorent. Aujourd’hui des fêtes vraiment nationales, vrai¬ ment républicaines, ont succédé aux mômeries prescrites par la superstition et la fourberie. Hier, fête de la décade, deux ci-devant prêtres sans-culottes, abjurant leurs erreurs, ont solen¬ nellement pris pour épouses deux citoyennes vertueuses, mais pauvres comme eux. Nous avons servi de témoins à cette union, nous avons conduit les époux à la municipalité et notre cortège, précédé du char de la liberté, réuni aux citoyens qui célébraient la fête de la décade, a parcouru Marseille et est arrivé à la maison commune aux acclamations du peuple et aux cris mille fois répétés de Vivent la Êépuhlique, la Maison et la Montagne ! Un banquet civique, dont nous avons fait les frais, a réuni les époux et les martyrs de la Révolution. Le soir, le peuple a applaudi aux sentiments et aux vertus républicaines de Brutus, qu’on a représenté de par lui et pour lui. « La municipalité en écharpe, prévenant le décret qui regarde le théâtre comme une école publique, a reçu de chaque acteur le serment que la loi impose aux instituteurs. « Vous trouverez ci-joint (2) l’état des ri¬ chesses trouvées dans le seul district de Baint - Maximin; vous voyez que les saints du Midi entendent, comme ceux du Nord, la voix dé la patrie qui les appelle. Ça ira. Ça va. « Salut et fraternité. « Fréron ; Puni Barras. ». Dupin, procureur général syndic du départe¬ ment de l’Hérault, envoie l’état nominatif de 37 prêtres qui ont abdiqué leur état en renonçant à leurs fonctions. Insertion au « Bulletin » et mention civique (3), (1) Archives nationales, carton AFn 186, pla¬ quette 1538, pièce 28. Aulard : Recueil des actes cl de la correspondance du comité de Salul public, t. 9, p. 93. (2) Cet état a élé renvoyé au comité des finances, ainsi qu’il résulte du reçu ei-dessous ; COMITÉ DES FINANCES. Reçu du citoyen Dupoxnmereulle une pièce adressée audit comité, par celui de Salut public, savoir ; l'étal de l’or, de T argenterie, diamants, perles des églises, chapelles et émigrés du district de Saint-Maximin ■ Cejourd’hui 10e jour de pluviôse à 11 heures du malin de l'an II de la République française, une et indivisible. Huguenot, secrèiaire commis . (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p, 75,