228 {Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. f6f nombre 1793 et de noyer la liberté dans des flots de sang fran¬ çais ; la foudre, partie de la Montagne, a rompu tous les fils de ces trames odieuses, et mainte¬ nant la tête des coupables est tombée sous le flaive de la justice, trop lente à les frapper. in monstre dont la présence, la dissolution et les crimes souillaient depuis trop longtemps le sol de la liberté, a expié également ses forfaits, et présage aux despotes, dont elle était la digne fille, l’inévitable catastrophe qui les attend eux-mêmes. « Continuez, braves représentants, de sauver la patrie et d’enseigner au peuple qui vous con¬ temple le grand art des révolutions. « Placés sur la cime de la sainte Montagne, ayez toujours le bras étendu sur les traîtres, les conspirateurs, les royalistes et les fanatiques, et ne cessez de les foudroyer dans tous les asiles qu’ils se ménagent, que lorsqu’ils auront tous disparu et que vos regards satisfaits ne ver¬ ront plus autour de vous que la foule immense des sans-culottes bénissant vos travaux et vous tendant les bras pour vous y serrer comme leurs libérateurs et leurs amis. Alors vous pourrez quit¬ ter votre poste, la patrie heureuse et vengée vous le permettra. « Hersin, le 13e jour du 2e mois de l’an II de la République une et indivisible. » (Suivent 19 signatures.) N° 139. Luçon, département de la Vendée (1). « Du 1er jour du 2e mois, lre décade de l’an II de la République française, une et indivisible (le 22 octobre 1793). « Citoyens, « La Société populaire de Luçon n’aurait pas attendu ce moment à vous féliciter sur l’excel¬ lente et immortelle Constitution que vous venez de donner à la nation, et à vous témoigner son adhésion à tous vos décrets, notamment à ceux des 31 mai, 1er et 2 juin derniers, si, depuis plus de six mois la funeste guerre de la Vendée ne l’eût dispersée pour se réunir aux braves défen¬ seurs de la patrie et s’opposer aux progrès de l’ennemi. Vous n’ignorez pas que trois fois il est venu jusque sous les murs de Luçon, et que chaque fois il a été repoussé avec des pertes considérables. Aujourd’hui que sa défaite, ou du moins son éloignement, laisse à la Société la li¬ berté de se réunir et de s’assembler, permettez, citoyens représentants, qu’elle en profite pour vous rendre le sincère hommage de sa recon¬ naissance et pour vous inviter à demeurer fermes à votre poste tant que les ennemis extérieurs et intérieurs menaceront la République. « Salut et fraternité. « La Société populaire de Luçon, département de la Vendée. « Silleniere, président; Poudras, secrétaire. » N° 140. La Société populaire républicaine séant à Doucier, chef-lieu de canton, district de Lons-le-Saulnier département du Jura, aux représentants du peuple (1). « Que l’égoïste honteux, le fédéraliste corrup¬ teur, le modérantiste pernicieux, les aristo¬ crates pervers rendent les armes, rentrent dans la fange avilie du marais infernal; que désormais le nom sacré de Marat et de la sainte Montagne soit le seul cri des vrais républicains. Pour nous, qui avons su, au milieu des orages politiques qu’avait excités une Administration corrompue, rester fortement attachés à la sainteMontagne en refusant, ainsi que tout notre canton, d’obéir aux ordres pervers de ces coupables adminis¬ trateurs, nos sentiments ont été ceux de l’amour et de la reconnaissance pour ce lieu sublime d’où sont sortis tant de prodiges et qui fut pour la République le boulevard inaccessible à toutes divisions. Portion saine de la désorganisation qu’avait entreprise cette Administration cor¬ rompue, l’amour et l’ obéissance aux lois émanées de vous seuls a toujours fait le caractère de nos démarches, la règle de notre conduite et de nos devoirs. La République une et indivisible est , votre ouvrage et le principe de notre bonheur, mais pour nous l’assurer et le porter à son suprême apogée, restez à vos postes, nous vous en conjurons, c’est là où le génie tutélaire de la liberté vous couronne; affermissez les bases de ce gouvernement, et que cette guerre, la honte du genre humain opprimé et qui fait la gloire et le triomphe de tout homme libre soit terminée par vous seuls. « Pour nous, fiers du nom de républicains, no¬ tre sang est à la patrie, nous jurons de le répan¬ dre plutôt que de la laisser asservir et de vous voir méconnus et sans respect. « Nous avons accepté unanimement la Constitution et nous adhérons aux journées du trente et un mai et jours suivants. « A la séance du 13e jour du 1er mois de l’an second de la République française, une et indivi¬ sible. « Augustin Oysel, président; Jabey, secré¬ taire. » N° 141. Sumène, département du Gard (2). « Sumène, district de Vigan,r département du Gard, ce 8e de la lre décade du 2e mois de l’an II de la Rpublique française, une et indivisible. « Citoyens représentants, « La Révolution française a pris son véritable caractère le 31 mai, 1er et 2 juin. Les événe¬ ments qui ont suivi ces mémorables! jo'urnées, (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 780. (1) Archives nationales, carton Cj[281, dossier 780. (2) Archives nationales, �carton G_281,f dossier 780. I Convention nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 6 frimaire an II 229 1 1 (86 novembre 1793 doivent convaincre les plus modérés et de la pureté de vos intentions et de votre amour pour le peuple. « Pour nous, qui avons applaudi à vos tra¬ vaux, nous vous remercions de la sublime Cons¬ titution que vous nous avez donnée, nous vous remercions d’avoir abattu les royalistes, les fédéralistes et leurs partisans; d’avoir réprimé la cupidité des agioteurs et de la race mercantile. « Législateurs, vous nous préparez un Code simple, clair et uniforme. Vous nous avez promis l’instruction. La reconnaissance du peuple qui vous bénit, sera sans bornes. Con¬ tinuez la mission qu’il vous a déléguée, et restez à votre poste jusqu’à ce que toutes les institu¬ tions soient organisées et-que la paix au dedans et au dehors de la République soit affermie. « Nous sommes, avec respect, citoyens repré¬ sentants, « Les membres composant la Société populaire de la ville et canton de�Sumène, pour et en leurs noms, « Rouveyre, curé, président ; Gay, Jean-Jean, secrétaire; Cluziere, secrétaire. » N° 142. Voreppe (1). « Citoyens législateurs, « Le peuple va donc enfin être délivré du joug de ses plus cruels oppresseurs ! Après avoir détruit la faction liberticide qui s’était élevée dans votre sein même; après nous avoir donné une Constitution qui, en nous rendant tous nos droits, fera la félicité publique, vous avez porté le dernier coup à ces vils égoïstes, ces âmes vénales, ces sangsues insatiables, par les décrets vraiment révolutionnaires sur les subsistances et les accaparements. Aussi notre confiance en vous est sans bornes, et nous unissons notre voix à celle de tous les vrais républicains qui, de toutes parts, vous invitent à retenir dans vos mains le timon de l’État jusqu’à ce que la Répu¬ blique, reconnue et respectée par ses ennemis, même les plus acharnés, jouisse d’une paix et d’une tranquillité qui fera envier notre sort par toutes les nations de l’Europe. « Représentants, les besoins de la République vous ont engagés, soit à diminuer le traitement des évêques, soit à renvoyer à l’échéance le paie¬ ment du traitement des ministres du culte. Quel est le citoyen qui n’ait dû applaudir à cette mesure? Le ministre même qui, chérissant sa patrie et ami de la Révolution, ne supporte avec joie ce léger sacrifice, ce délai dont il n’est per¬ sonne qui ne doive sentir la nécessité ? « Législateurs, la loyauté française fournira-t-elle toujours des armes à ses ennemis? La Ré¬ publique paye des pensions aux ci-devant reli¬ gieuses, dont les trois quarts, peut-être, sont ennemies de la Révolution. Ne conviendrait -il pas de s’assurer du sentiment de ces béguines qui, dispersées sur la surface de la République, peu¬ vent propager l’esprit de fanatisme, et retarder dans sa marche l’esprit de la Révolution? Surtout dans les campagnes ne serait-il donc pas à propos qu’aucune ne reçût son traitement, qu’elle n’eût préalablement prêté le serment de maintenir la liberté, l’égalité, la République une et indivisible ? « Tel est, représentants, le vœu de la Société populaire de Yoreppe, qu’elle vous invite à-prendre en considération et à peser dans la sagesse de vos délibérations. Vive la République. « Yoreppe, le 9e jour de la 3e déeade du 1er mois de l’an II de la République française, une et in¬ divisible. « Durand, président; Sage, secrétaire; S. Mar¬ tin, secrétaire; Genin, secrétaire. » No 143. Adresse de la Société populaire républicaine de Vigneule, chef -lieu de canton, district de Saint-Mihiél, département de la Meuse, à la Con¬ vention (1). « La Société populaire républicaine de Vigneule félicite la Convention nationale sur le décret qui fixe le prix des subsistances. Dans le ren¬ chérissement journalier et excessif des denrées, le pauvre n’aurait pu se procurer le nécessaire pour vivre; alors la propriété et les jours mêmes du marchand n’eussent plus été en sûreté. Ainsi la taxe est utile au vendeur et à l’acheteur; elle maintient l’harmonie entre les frères qui composent la grande famille de l’État. Quel est le riche assez barbare pour regretter un gain qu’il ne pouvait faire qu’en laissant périr d’ina¬ nition ses semblables, ou plutôt, qu’en se dé¬ vouant lui-même à l’indigence et à la mort? « La Société, fidèle à ses serments, secondera de tout son pouvoir l’exécution de la loi, elle dénoncera civiquement aux comités de surveil¬ lance toute personne qui, guidée par une cupidité criminelle, enfreindrait la taxe que le salut du peuple a impérieusement dictée à nos dignes représentants. Opinion de la Société sur les 3 questions pro¬ posées dans le Supplément au Bulletin du 19 du 1er mois de Van second de la République fran¬ çaise. Première question. « N’est-il pas utile de demander compte à tous ceux qui ont administré les deniers publics depuis l’avènement de Louis le guillotiné au ci-devant trône de France? » Réponse. « Oui, parce que les deniers du peuple ont une destination sacrée, qui est de subvenir aux besoins de l’État; on ne peut y toucher pour autre cause, sans se rendre coupable du crime de lèse-propriété nationale. On découvrira (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 780. (1) Archives nationales, carton G 281, dossier 780.