SÉANCE DU 6 FLORÉAL AN II (25 AVRIL 1794) - PIÈCES ANNEXES 351 quel il est né et qu’il cherche partout, sans être jamais lié par aucun nœud à aucun point de l’univers. Non, citoyen, vous ne suspendrez pas la présentation de ces réflexions (1) pétitionnaires à la Convention, et la Convention autorité publique, législatrice, accorde l’importance et l’intérêt des conséquences qui en résultent évidemment et nécessairement pour la chose publique en général et pour les individus en particulier, trouvera dans elles un sujet qui mérite ses plus sérieuses, ses plus profondes et ses plus sages considérations. Fraternité, Citoyen». Jérôme Betz. Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions i (2) . III [Le Cn Los-Rios au présid. de la Conv.; Ville-Affranchie, 18 germ. II ] (3). «Depuis quarante ans je suis établi dans la partie de la librairie à Ville-Affranchie, ma partie ordinaire est les inventaires, ventes publiques, etc. Depuis les fêtes de Noël, je me suis rendu dans cette commune d’Avignon pour y voir quelques cabinets et bibliothèques et dont j’en ait fait inventaire, mais l’objet est de peu de chose. A Ville-Affranchie, il y a un dépôt assez considérable de plusieurs bibliothèques des communautés des moines, mais surtout ceux-ci doivent être distingués par les choix de livres choisis et rares, etc. Oserai-je, citoyen, te proposer d’en faire l’inventaire, si tu crois de (sic) m’honorer de ta confiance. De suite je me mettrais à l’œuvre, je pour-rois te faire passer un catalogue manuscrit des articles précieux qui se vendent à Paris avec succès. Je n’exige rien pour mon salaire, ce que tu jugeras à propos, et je pense qu’après un délai de quatre mois l’objet pourroit rendre près de deux mille louis ou autres, il y a encore plus de vingt bibliothèques à Ville-Affranchie ci-devant aux émigrés et aux hommes de lettres dont je pourrois te donner note ensuite, Citoyen, je suis connu à Paris des meilleurs maisons de mon état. Dispose, Citoyen, de ton très fidèle serviteur. Salut fraternellement le citoyen Républicain. » Los-Rios. Renvoyé au Comité d’instruction publique et d’aliénation par celui des pétitions (4). (D A.p. si elles méritent aussi l’insertion au bulletin. (2) Mention marginale datée du 6 flor. et signée Lesage-Senault. Rien au Comité d’instruction publique. (3) F17A 1010B, pl. 2, p. 2797. Lyon, Rhône. (4) Mention marginale datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verhaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 315, note 3. IV [Le Cn Michaux à la Conv.; Routes, 16 germ. Il] d). « Citoyens représentans du peuple, Ce sont les modèles qui forment les grands hommes en tout genre et surtout les grands artistes. Vaucanson ne doit sa célébrité qu’à l’horloge d’un couvent qu’il avoit occasion de considérer toutes les fois que sa mère, qui le conduisoit avec elle, vaquoit à des exercices de religion. Une horloge de bois, faite sur le modèle qu’il avoit sous les yeux, fut le prélude de ces chefs-d’œuvre qui ont étonné l’Europe, dans le Flûteur automate, le canard qui digérait, et cette multitude d’autres machines, dont il a enrichi la France. Je vous propose, Citoyens représentants du peuple, d’examiner dans votre sagesse, si ce ne serait pas une chose utile pour les arts et pour former ceux qui s’y destinent, de faire exécuter une sorte d’encyclopédie en petit de toutes les machines qui existent dans la République, qui seront déposées, ces machines en petit, dans les bibliothèques de chaque district où l’on pourroit les consulter à tout instant, avec autant plus de confiance qu’on auroit soin qu’elles réunissent les proportions exactes des grandes. Vous sentez plus que moi, Citoyens représentants du peuple, les avantages de ce projet. Il offriroit des modèles sûrs aux artistes qui ayant déjà des connaissances sont obligés d’aller chercher à grands frais les mêmes modèles dans les établissements où les machines en grand existent ou sont déposées. Il faciliteroit aux instituteurs leurs leçons sur la mécanique qui souvent sont inintelligibles ou infructueuses faute de cette ressource. Il conserveroit une multitude de machines servant au commerce et qui se trouvent souvent anéanties avec les modes qui en avoient été l’objet, faute d’un semblable moyen par exemple, nous avons perdu les fameuses machines avec lesquelles Vaucanson fabriquait à l’aide d’un seul cheval, ces belles étoffes en soie qui furent jugées plus parfaites que celles fabriquées à la main et dont il nous reste que les débris dans la maison nationale de la rue Charonne à Paris, tandis qu’on assure que les Anglais qui probablement nous les ont enlevées, les possèdent dans leur perfection et les employent journellement à la fabrique des toiles. Il étendroit le commerce dans toute la République en procurant à tous les départements les moyens d’exercer l’industrie si naturelle à tous les français et auxquels, il ne manque souvent que l’occasion. Enfin, Citoyens représentans du peuple, si vous le jugez de quelque utilité pour la patrie je m’estimerai heureux de vous l’avoir, peut-être suggéré; si vous en jugez autrement, il me (1) F17A 1010B, pl. 2, p. 2798. SÉANCE DU 6 FLORÉAL AN II (25 AVRIL 1794) - PIÈCES ANNEXES 351 quel il est né et qu’il cherche partout, sans être jamais lié par aucun nœud à aucun point de l’univers. Non, citoyen, vous ne suspendrez pas la présentation de ces réflexions (1) pétitionnaires à la Convention, et la Convention autorité publique, législatrice, accorde l’importance et l’intérêt des conséquences qui en résultent évidemment et nécessairement pour la chose publique en général et pour les individus en particulier, trouvera dans elles un sujet qui mérite ses plus sérieuses, ses plus profondes et ses plus sages considérations. Fraternité, Citoyen». Jérôme Betz. Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions i (2) . III [Le Cn Los-Rios au présid. de la Conv.; Ville-Affranchie, 18 germ. II ] (3). «Depuis quarante ans je suis établi dans la partie de la librairie à Ville-Affranchie, ma partie ordinaire est les inventaires, ventes publiques, etc. Depuis les fêtes de Noël, je me suis rendu dans cette commune d’Avignon pour y voir quelques cabinets et bibliothèques et dont j’en ait fait inventaire, mais l’objet est de peu de chose. A Ville-Affranchie, il y a un dépôt assez considérable de plusieurs bibliothèques des communautés des moines, mais surtout ceux-ci doivent être distingués par les choix de livres choisis et rares, etc. Oserai-je, citoyen, te proposer d’en faire l’inventaire, si tu crois de (sic) m’honorer de ta confiance. De suite je me mettrais à l’œuvre, je pour-rois te faire passer un catalogue manuscrit des articles précieux qui se vendent à Paris avec succès. Je n’exige rien pour mon salaire, ce que tu jugeras à propos, et je pense qu’après un délai de quatre mois l’objet pourroit rendre près de deux mille louis ou autres, il y a encore plus de vingt bibliothèques à Ville-Affranchie ci-devant aux émigrés et aux hommes de lettres dont je pourrois te donner note ensuite, Citoyen, je suis connu à Paris des meilleurs maisons de mon état. Dispose, Citoyen, de ton très fidèle serviteur. Salut fraternellement le citoyen Républicain. » Los-Rios. Renvoyé au Comité d’instruction publique et d’aliénation par celui des pétitions (4). (D A.p. si elles méritent aussi l’insertion au bulletin. (2) Mention marginale datée du 6 flor. et signée Lesage-Senault. Rien au Comité d’instruction publique. (3) F17A 1010B, pl. 2, p. 2797. Lyon, Rhône. (4) Mention marginale datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verhaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 315, note 3. IV [Le Cn Michaux à la Conv.; Routes, 16 germ. Il] d). « Citoyens représentans du peuple, Ce sont les modèles qui forment les grands hommes en tout genre et surtout les grands artistes. Vaucanson ne doit sa célébrité qu’à l’horloge d’un couvent qu’il avoit occasion de considérer toutes les fois que sa mère, qui le conduisoit avec elle, vaquoit à des exercices de religion. Une horloge de bois, faite sur le modèle qu’il avoit sous les yeux, fut le prélude de ces chefs-d’œuvre qui ont étonné l’Europe, dans le Flûteur automate, le canard qui digérait, et cette multitude d’autres machines, dont il a enrichi la France. Je vous propose, Citoyens représentants du peuple, d’examiner dans votre sagesse, si ce ne serait pas une chose utile pour les arts et pour former ceux qui s’y destinent, de faire exécuter une sorte d’encyclopédie en petit de toutes les machines qui existent dans la République, qui seront déposées, ces machines en petit, dans les bibliothèques de chaque district où l’on pourroit les consulter à tout instant, avec autant plus de confiance qu’on auroit soin qu’elles réunissent les proportions exactes des grandes. Vous sentez plus que moi, Citoyens représentants du peuple, les avantages de ce projet. Il offriroit des modèles sûrs aux artistes qui ayant déjà des connaissances sont obligés d’aller chercher à grands frais les mêmes modèles dans les établissements où les machines en grand existent ou sont déposées. Il faciliteroit aux instituteurs leurs leçons sur la mécanique qui souvent sont inintelligibles ou infructueuses faute de cette ressource. Il conserveroit une multitude de machines servant au commerce et qui se trouvent souvent anéanties avec les modes qui en avoient été l’objet, faute d’un semblable moyen par exemple, nous avons perdu les fameuses machines avec lesquelles Vaucanson fabriquait à l’aide d’un seul cheval, ces belles étoffes en soie qui furent jugées plus parfaites que celles fabriquées à la main et dont il nous reste que les débris dans la maison nationale de la rue Charonne à Paris, tandis qu’on assure que les Anglais qui probablement nous les ont enlevées, les possèdent dans leur perfection et les employent journellement à la fabrique des toiles. Il étendroit le commerce dans toute la République en procurant à tous les départements les moyens d’exercer l’industrie si naturelle à tous les français et auxquels, il ne manque souvent que l’occasion. Enfin, Citoyens représentans du peuple, si vous le jugez de quelque utilité pour la patrie je m’estimerai heureux de vous l’avoir, peut-être suggéré; si vous en jugez autrement, il me (1) F17A 1010B, pl. 2, p. 2798. 352 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE restera le témoignage d’avoir cherché à proposer une chose que je croyais bonne. » Michaux. Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). y [Le C* Pournin au peuple anglais; Indremont, s.d. Lettre reçue à la Conv. le 27 germ. II ] (2). «Peuple anglais, Voilà l’olivier. Voilà des armes. Accepte l’un, ou pâlis à l’aspect des autres. Deviens notre ami ou tremble d’apprendre ce que peut un peuple libre justement courroucé. Mais frémis pour ton infâme capitale. Combats avec nous pour la liberté, ou crains de cesser d’exister, crains de disparaître de la surface du globe. Les Français viennent t’affranchir ou t’anéantir. Vingt-cinq millions d’individus, lassés des atrocités de ton exécrable tyran, de la scélératesse de son odieux agent, ont juré ta perte si toi même n’aide à les venger. D’autres nations, sont indignées de leurs forfaits : ils ont pris à tâche de troubler l’univers, l’orage se grossit. Deux cent mille argonautes soutenus d’un million d’autres, comme eux prêts à braver la fureur des flots, vont s’élancer sur votre coupable Colchide. Ils abhorrent le pillage; mais vos fabriques, pour nous indemniser des coûts d’une légitime vengeance, vos dépouilles enfin seront leurs conquêtes, seront pour eux la toison d’or. Chez nous l’amour de la liberté enfante des Jason, des Hercule, des Thésée. Des Scipions marchent à Carthage. Vos ports, vos forteresses, vos batteries, ils sauront tout foudroyer et renverser; les soldats de la liberté ne redoutent point les hasards; ils savent tout franchir, et le drapeau tricolore va flotter sur vos murs ébranlés; ils fondront, acharnés, sur l’antre infernal où l’on médite de les faire esclaves. Sur le foyer impur où se forgent les chaînes qu’on ose leur préparer. Comme à Dunkerque, ils seront vainqueurs; comme à Toulon, ils vengeront leur pays. Ils iront vaincre, détruire et ravager; ils iront entasser des monceaux de cendres et de cadavres. Ils vont faire le sac de Londres. Mais, non, devenons amis, entraînés par quelques factieux, pourriez-vous cesser de vouloir une patrie ? Pour eux voudriez -vous la livrer aux flammes, ou manqueriez vous de courage pour la défendre contre un pouvoir usurpé. Le excès commis contre notre nation par votre despote, par votre gouvernement, vous sont trop connus pour qu’un peuple sage, un peuple juste ne voie pas que nous ne poursuivons qu’une juste représaille. Livrerez-vous votre pays à toutes les horreurs de la guerre pour les fantaisies, pour les crimes de la race d’un usurpateur ? Déjà dit-on vos frères, les (1) Mention marginale datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311. (2) F17A 1010B, pl. 2, p. 2799. Châtillon-sur-Indre, Indre. peuples d’Ecosse et d’Irlande, annoncent qu’ils connaissent leurs droits. Nous n’avons qu’une cause; Anglais, devenons amis. Bravez vos chefs. A notre abord, comme nos sans-culottes parisiens, et à l’exemple des immortels vainqueurs de notre Bastille, insurgez-vous; foncez sur les satellites de vos tyrans, et en les désarmant, amortissez l’effet de ces foudres dont sont hérissés vos ports et vos ramparts. Forcez les repaires des monstres qui vous trompent. Justement irrités, tournez contre eux-mêmes les armes qu’ils amoncèlent au prix de vos sueurs et de vos peines, en leur présence; et tout en les narguant, accourez vous jeter dans les bras de nos guerriers. Tirez prompte vengeance de ces parlementaires vendus qui détournant dans vos chambres des propositions pacifiques attirèrent sur vous cet orage, délivrez-vous de George et de Pitt ou nous les livrez; ce sera, puissiez-vous le bien concevoir, votre plus sûr affranchissement : ce sera celui qui, le plus expéditif, vous épargnera le plus de sang et qui évitera le plus de maux à votre nation. Livrez-nous vos deux plus vrais ennemis; traduisez-nous George et Pitt. Non moins justement et non moins sévèrement que vos pères, nous savons abattre les têtes royales et punir les ennemis de l’humanité, les traîtres, les conspirateurs. Un million est là pour qui nous apportera la tête de George. Nous marchons; mais ce n’est pas avec de l’or, comme firent, à Toulon et partout chez nous, les lâches qui vous conduisent, que nous tenterons de vous gagner et de vous amorcer : c’est la liberté que nous allons vous offrir pour prix de vos généreux efforts; ce sont nos secours pour vous aider à la conquérir. Ce ne sera pas cette ombre de liberté dont vous êtes abusés; c’est la vraie, la réelle et durable indépendance. Anglais, il en est temps, devenez libres, en effet, et qu’ Albion devienne le siège d’une florissante République, plutôt qu’un amas de ruines. Secondez-nous, sachez vous lever et que l’anéantissement du centre de l’infernale coalition fasse respirer les nations asservies aux brigands couronnés qui osèrent la former. Que, comme nous, sachant mettre à profit l’ébahissement qu’éprouveront leurs despotes et se rendant enfin à elles-mêmes, elles se dégagent du pouvoir tyrannique; qu’elles brisent enfin un joug odieux. Devenus amis et affranchis de l’esclavage, que deux peuples philosophes ne deviennent plus rivaux que par la noble émulation de perfectionner les sciences et les arts. Parvenons à les cultiver dans une douce tranquillité; dans le sein, dans les charmes d’une paix solide et durable. Devenus amis, engageons pour jamais, sous les auspices de la Liberté et par les liens de la franchise des relations commerciales qui, étendues dans les deux mondes, fassent la splendeur et la prospérité des deux antion. » Pournin (juge du trib. de distr. d’Indremont) . Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). (1) Mention marginale, datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311. 352 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE restera le témoignage d’avoir cherché à proposer une chose que je croyais bonne. » Michaux. Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). y [Le C* Pournin au peuple anglais; Indremont, s.d. Lettre reçue à la Conv. le 27 germ. II ] (2). «Peuple anglais, Voilà l’olivier. Voilà des armes. Accepte l’un, ou pâlis à l’aspect des autres. Deviens notre ami ou tremble d’apprendre ce que peut un peuple libre justement courroucé. Mais frémis pour ton infâme capitale. Combats avec nous pour la liberté, ou crains de cesser d’exister, crains de disparaître de la surface du globe. Les Français viennent t’affranchir ou t’anéantir. Vingt-cinq millions d’individus, lassés des atrocités de ton exécrable tyran, de la scélératesse de son odieux agent, ont juré ta perte si toi même n’aide à les venger. D’autres nations, sont indignées de leurs forfaits : ils ont pris à tâche de troubler l’univers, l’orage se grossit. Deux cent mille argonautes soutenus d’un million d’autres, comme eux prêts à braver la fureur des flots, vont s’élancer sur votre coupable Colchide. Ils abhorrent le pillage; mais vos fabriques, pour nous indemniser des coûts d’une légitime vengeance, vos dépouilles enfin seront leurs conquêtes, seront pour eux la toison d’or. Chez nous l’amour de la liberté enfante des Jason, des Hercule, des Thésée. Des Scipions marchent à Carthage. Vos ports, vos forteresses, vos batteries, ils sauront tout foudroyer et renverser; les soldats de la liberté ne redoutent point les hasards; ils savent tout franchir, et le drapeau tricolore va flotter sur vos murs ébranlés; ils fondront, acharnés, sur l’antre infernal où l’on médite de les faire esclaves. Sur le foyer impur où se forgent les chaînes qu’on ose leur préparer. Comme à Dunkerque, ils seront vainqueurs; comme à Toulon, ils vengeront leur pays. Ils iront vaincre, détruire et ravager; ils iront entasser des monceaux de cendres et de cadavres. Ils vont faire le sac de Londres. Mais, non, devenons amis, entraînés par quelques factieux, pourriez-vous cesser de vouloir une patrie ? Pour eux voudriez -vous la livrer aux flammes, ou manqueriez vous de courage pour la défendre contre un pouvoir usurpé. Le excès commis contre notre nation par votre despote, par votre gouvernement, vous sont trop connus pour qu’un peuple sage, un peuple juste ne voie pas que nous ne poursuivons qu’une juste représaille. Livrerez-vous votre pays à toutes les horreurs de la guerre pour les fantaisies, pour les crimes de la race d’un usurpateur ? Déjà dit-on vos frères, les (1) Mention marginale datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311. (2) F17A 1010B, pl. 2, p. 2799. Châtillon-sur-Indre, Indre. peuples d’Ecosse et d’Irlande, annoncent qu’ils connaissent leurs droits. Nous n’avons qu’une cause; Anglais, devenons amis. Bravez vos chefs. A notre abord, comme nos sans-culottes parisiens, et à l’exemple des immortels vainqueurs de notre Bastille, insurgez-vous; foncez sur les satellites de vos tyrans, et en les désarmant, amortissez l’effet de ces foudres dont sont hérissés vos ports et vos ramparts. Forcez les repaires des monstres qui vous trompent. Justement irrités, tournez contre eux-mêmes les armes qu’ils amoncèlent au prix de vos sueurs et de vos peines, en leur présence; et tout en les narguant, accourez vous jeter dans les bras de nos guerriers. Tirez prompte vengeance de ces parlementaires vendus qui détournant dans vos chambres des propositions pacifiques attirèrent sur vous cet orage, délivrez-vous de George et de Pitt ou nous les livrez; ce sera, puissiez-vous le bien concevoir, votre plus sûr affranchissement : ce sera celui qui, le plus expéditif, vous épargnera le plus de sang et qui évitera le plus de maux à votre nation. Livrez-nous vos deux plus vrais ennemis; traduisez-nous George et Pitt. Non moins justement et non moins sévèrement que vos pères, nous savons abattre les têtes royales et punir les ennemis de l’humanité, les traîtres, les conspirateurs. Un million est là pour qui nous apportera la tête de George. Nous marchons; mais ce n’est pas avec de l’or, comme firent, à Toulon et partout chez nous, les lâches qui vous conduisent, que nous tenterons de vous gagner et de vous amorcer : c’est la liberté que nous allons vous offrir pour prix de vos généreux efforts; ce sont nos secours pour vous aider à la conquérir. Ce ne sera pas cette ombre de liberté dont vous êtes abusés; c’est la vraie, la réelle et durable indépendance. Anglais, il en est temps, devenez libres, en effet, et qu’ Albion devienne le siège d’une florissante République, plutôt qu’un amas de ruines. Secondez-nous, sachez vous lever et que l’anéantissement du centre de l’infernale coalition fasse respirer les nations asservies aux brigands couronnés qui osèrent la former. Que, comme nous, sachant mettre à profit l’ébahissement qu’éprouveront leurs despotes et se rendant enfin à elles-mêmes, elles se dégagent du pouvoir tyrannique; qu’elles brisent enfin un joug odieux. Devenus amis et affranchis de l’esclavage, que deux peuples philosophes ne deviennent plus rivaux que par la noble émulation de perfectionner les sciences et les arts. Parvenons à les cultiver dans une douce tranquillité; dans le sein, dans les charmes d’une paix solide et durable. Devenus amis, engageons pour jamais, sous les auspices de la Liberté et par les liens de la franchise des relations commerciales qui, étendues dans les deux mondes, fassent la splendeur et la prospérité des deux antion. » Pournin (juge du trib. de distr. d’Indremont) . Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). (1) Mention marginale, datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311.