SÉANCE DU 26 FRUCTIDOR AN II (12 SEPTEMBRE 1794) - Nos 25-27 107 25 La société républicaine et montagnarde d’Aubin, département de l’Aveyron, fait éclater toute son horreur pour la conspiration de Robespierre. Elle invite la Convention nationale à rester à son poste, et l’assure qu’elle ne mettra jamais dans la même balance quelques hommes et la patrie. Mention honorable, insertion au bulletin (37). [La société républicaine et montagnarde d’Aubin à la Convention nationale le 20 thermidor an II] (38) Législateurs, Catilina étoit parmi vous, le Sénat étoit violé, nos Gracques étoient sous le poignard des assassins, des Silla et des Marius organisoient la guerre civile et bientôt Caesar eut passé le Rubicon, si par votre énergie et votre courage vous n’eussiez purgé la terre de la liberté des monstres qui la souilloient. Périssent ainsi les complices, ces hommes qui s’abreuvant à longs traits du sang des patriotes, partageoient avec audace les forfaits, la honte et la bassesse attachés à la tyrannie. Grâces vous soient rendues, Pères de la patrie, pour avoir encore une fois rempli dignement votre mission et sauvé la République. Restés au poste d’honneur, et ne craignés pas que les réputations momentanées et mensongères aient de l’ascendant sur nous. Nous ne mettrons jamais en balance quelques hommes et la patrie. Nos seules idoles seront la Liberté, la Justice et la Vertu. Eglantier Mergonier, président, Brassat, Donzar, secrétaires et une autre signature. 26 LOUCHET fait ensuite lecture de la pièce suivante (39) : Les juges composant le tribunal du district de Rodez [département de l’Aveyron], félicitent la Convention nationale de l’énergie républicaine qu’elle a déployée dans les journées des 9 et 10 thermidor; ils applaudissent à la fidélité des sections de Paris, et se reposent avec confiance sur le serment des représentans du peuple, de faire une guerre ouverte à tous les préjugés, à toutes les ambitions particulières. (37) P.-V., XLV, 218. (38) C 320, pl. 1318, p. 23. Bull., 27 fruct.; C. Eg., n° 757. (39) Moniteur, XXI, 742. Mention honorable, insertion par extrait au bulletin (40). [Les juges du tribunal du district de Rodez à la Convention nationale, le 18 thermidor an II] (41) Citoyens Représentans Jusqu’ici les factions de l’étranger soutenues par le fanatisme royal et sacerdotal se sont succédées avec une rapidité et une fureur inconcevables. En sera-t-il de même des dominateurs insensés et des aveugles ambitieux? non. Si nous ne pouvons vous rassurer sur la crainte des supplices puisque les uns et les autres savent également affronter la mort, au moins avons nous un garant assuré dans la fermeté républicaine que vous avés montrée. Dans la crise terrible qui a mis un moment la patrie en danger, et dans la fidélité et le respect des sections de Paris pour les décrets de la Convention, il nous est impossible de vous peindre notre joye en apprenant que pour déjouer les trames criminelles qu’un exécrable hypocrite, un vil apostat de la liberté et de l’égalité et quelques complices avoient ourdies contre la souveraineté du peuple vous n’avies eu besoin que de vous montrer et que les bons citoyens qu’il avait un instant égarés avaient reconnu de suite leur erreur, et s’étaient ralliés à votre voix. Nous nous reposons avec confiance sur votre serment de faire une guerre ouverte à tous les prégugés à toutes les ambitions particulières et de montrer toujours par votre conduite qu’il n’y a rien de grand et d’élevé que le peuple et sa dignité que vous ne cessés de mettre dans sa représentation. Salut et fraternité. Suivent sept signatures. 27 LOUCHET : Citoyens, la victoire du 9 thermidor sur Cromwell-Robespierre a été célébrée le 23 du même mois avec le plus vif enthousiasme, par les citoyens de Rodez, département de l’Aveyron. Ils ont fait éclater dans cette circonstance les sentiments qui conviennent à des hommes décidés à périr mille fois plutôt que de souffrir aucun genre de tyrannie. Aux fenêtres des maisons flottaient des drapeaux aux couleurs nationales, avec ces inscriptions : Vive la Convention nationale ! la République ou la mort! Le conseil général de la commune, devant lequel la table des Droits de l’homme était portée par quatre vétérans, la garde nationale, les compagnies de vétérans et des adolescents, l’espoir de la patrie, les autres citoyens et ci-(40) P.-V., XLV, 218. (41) C 319, pl. 1207, p. 20. Moniteur, XXI, 742. Partiellement reproduit dans Bull., 27 fruct.