262 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE recû le Décret Solemnel, nous vous avons exprimé Son Vœu; nous vous l’éméttons de nouveau. Le Peuple de Troyes abhorre les Conspirateurs, les assassins, les partysans de la tyrannie; La Convention est le Centre où elle tendra toujours. La liberté, l’Egalité, la République une et Indivisible où la mort, voila notre vœu, et celui de tout le Peuple de notre Commune. S. et F. ». Fernand DE LA PORTE, herard ÜRET, GUEU, CuiSINS, NONDOT ( agent nat. ) [et une signature illisible ( secrét .)] 5 Les élèves des deux sexes des écoles françaises publiques, enseignées par le citoyen Germain Lenormand et sa femme, instituteurs de la jeunesse à Rouen, adressent à la Convention des hymnes et des cantiques dont ils lui font hommage. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [Rouen, 29 prair. Il] (2). « Sauveurs de la République, Nous avons reçu avec sensibilité la preuve de l’accueil favorable de la Convention Sur l’Adresse que nous lui avons adressée. Nous désirons que Notre Demande obtienne tout le Succès Nécessaire pour l’Exécution d’une Entreprise Capable de célébrer les Mœurs et les Vertus Sociales afin de la mettre en pratique et que leurs germes fassent croître en Nos Âmes de profondes racines. Nous vous adressons le premier hommage des Sentimens des Instituteurs et Elèves de Nos Ecoles envers l’Etre Suprême. Nous espérons que la Convention daignera en accepter l’hommage. Notre Instituteur Va S’occuper d’autres hymnes et Chants Civiques pour Célébrer les fêtes décadaires décrétées d’après le rapport de Maximilien robespierre. Oui, Législateurs, Nous Chanterons le Peuple français, Son Courage Sa Valeur et Nous Volerons au Secours du Malheur il y a dans notre Commune un aveugl Né II est encore dans la Jeunesse : Il est Pere de famille II nourrit Son Vieux Pere; il a nourri le Vieux Pere de Sa femme : lui qui par le malheur devait être à la charge de la Société a au contraire Sept personnes à Sa charge Eh bien Cet aveugle est excellent musicien. Il mettra en musique Les Chants de Notre Instituteur et Nos Pères, témoins des Elans de nos cœurs, en Verseront des Larmes de Joye Jamais aucune Idée de fanatisme N’entrera dans le plan de Nos fêtes Civiques et pour la première fois Les Voûtes du temple élevé à la superstition retentiront des Cris d’allégresse d’un Peuple Libre Nous y ferons la Lecture de nos loix; de Ces Loix qui font frémir les Pervers et qui annéantiront les Despotes. (l) P.V., XLI, 319. Bin, 3 therm (ler suppl1). (2) F17 1010°, pl. 2, 3869. Nos Peres n’auront bientôt plus un Seul Enfant qui ne Sache lire écrire et qui ne connaisse l’étendue de Ses devoirs Sociaux La Génération Va prendre une face Nouvelle Et nos Sages Législateurs qui bravent à chaque pas mille morts et à qui nos Corps Serviront de rempart Seront Sur leurs Vieux ans les Objets précieux de nos Soins, et de nos Sollicitudes Nous le Jurons dans la Jeunèsse et Nos forces dans l’âge mur consolideront ce serment inviolable Nous Vous Adressons, Citoyens Législateurs, les Listes Contenant Nos Noms Nous y joignons le premier Livre Classique que Notre Instituteur a fait imprimer pour l’usage de Nos Ecoles Le Calendrier National et les hymnes et les Chants civiques que nous Savons par cœur Nous Vous adressons pareillement un travail destiné à Servir de prémier Livre Classique qui S’il mérite l’approbation de la Convention Nous Servira dans Nos Ecoles et sans doute dans les Autres classes destinées à l’Instruction de la Jeunesse. Nous Vous demandons encore une faveur bien précieuse C’est Celle de nous adresser le bulletin de la Convention Nationale ainsi que le recueil des actions héroïques des défenseurs de la Patrie. Germain Le Normand Notre Instituteur le recevait tous les Jours du temps qu’il était le Principal des Ecoles françaises publiques de la Commune de Rouen; mais depuis que le Comité d’instruction est établi par la Municipalité de rouen Le Citoyen Le Normand a été privé de Son Etat de Principal des Ecoles et forcé d’enseigner une Ecole particulière II avait obtenu Cette place en 1791 à la Suite d’un Concours public lors de l’Expulsion des frères Lazaristes et quand dans le mois de Germinal dernier les Ecoles primaires furent établies dans la république conformément au Décret du 29 frimaire Le Citoyen Le Normand réclama la Continuation de Sa Surveillance tant Sur les Instituteurs que Sur les Eleves il lui fut observé par les officiers Municipaux que le Décret ne faisait point mention de Cette place de Surveillant qui Cependant deviendra indispensable dans les grandes Communes Ainsi depuis que Notre Instituteur est privé de Son Etat il est aussi privé du bulletin de la Convention Si Vous Croyés Législateurs que l’envoi puisse lui être Continué Nous vous promettons d’en faire un bon usage. Carré, Le normand fils, Brassin, Descroizille, Vautier (Censeurs des deux Ecoles) Germain LE NORMAND, CAHIERRE LE NORMAND Instruction publique Liberté Egalité Liste des Ecolières de la Clâsse enseignée par la Citoyenne Cahierre, Femme Le Normand, Institutrice de la Jeunesse de Rouen. 262 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE recû le Décret Solemnel, nous vous avons exprimé Son Vœu; nous vous l’éméttons de nouveau. Le Peuple de Troyes abhorre les Conspirateurs, les assassins, les partysans de la tyrannie; La Convention est le Centre où elle tendra toujours. La liberté, l’Egalité, la République une et Indivisible où la mort, voila notre vœu, et celui de tout le Peuple de notre Commune. S. et F. ». Fernand DE LA PORTE, herard ÜRET, GUEU, CuiSINS, NONDOT ( agent nat. ) [et une signature illisible ( secrét .)] 5 Les élèves des deux sexes des écoles françaises publiques, enseignées par le citoyen Germain Lenormand et sa femme, instituteurs de la jeunesse à Rouen, adressent à la Convention des hymnes et des cantiques dont ils lui font hommage. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [Rouen, 29 prair. Il] (2). « Sauveurs de la République, Nous avons reçu avec sensibilité la preuve de l’accueil favorable de la Convention Sur l’Adresse que nous lui avons adressée. Nous désirons que Notre Demande obtienne tout le Succès Nécessaire pour l’Exécution d’une Entreprise Capable de célébrer les Mœurs et les Vertus Sociales afin de la mettre en pratique et que leurs germes fassent croître en Nos Âmes de profondes racines. Nous vous adressons le premier hommage des Sentimens des Instituteurs et Elèves de Nos Ecoles envers l’Etre Suprême. Nous espérons que la Convention daignera en accepter l’hommage. Notre Instituteur Va S’occuper d’autres hymnes et Chants Civiques pour Célébrer les fêtes décadaires décrétées d’après le rapport de Maximilien robespierre. Oui, Législateurs, Nous Chanterons le Peuple français, Son Courage Sa Valeur et Nous Volerons au Secours du Malheur il y a dans notre Commune un aveugl Né II est encore dans la Jeunesse : Il est Pere de famille II nourrit Son Vieux Pere; il a nourri le Vieux Pere de Sa femme : lui qui par le malheur devait être à la charge de la Société a au contraire Sept personnes à Sa charge Eh bien Cet aveugle est excellent musicien. Il mettra en musique Les Chants de Notre Instituteur et Nos Pères, témoins des Elans de nos cœurs, en Verseront des Larmes de Joye Jamais aucune Idée de fanatisme N’entrera dans le plan de Nos fêtes Civiques et pour la première fois Les Voûtes du temple élevé à la superstition retentiront des Cris d’allégresse d’un Peuple Libre Nous y ferons la Lecture de nos loix; de Ces Loix qui font frémir les Pervers et qui annéantiront les Despotes. (l) P.V., XLI, 319. Bin, 3 therm (ler suppl1). (2) F17 1010°, pl. 2, 3869. Nos Peres n’auront bientôt plus un Seul Enfant qui ne Sache lire écrire et qui ne connaisse l’étendue de Ses devoirs Sociaux La Génération Va prendre une face Nouvelle Et nos Sages Législateurs qui bravent à chaque pas mille morts et à qui nos Corps Serviront de rempart Seront Sur leurs Vieux ans les Objets précieux de nos Soins, et de nos Sollicitudes Nous le Jurons dans la Jeunèsse et Nos forces dans l’âge mur consolideront ce serment inviolable Nous Vous Adressons, Citoyens Législateurs, les Listes Contenant Nos Noms Nous y joignons le premier Livre Classique que Notre Instituteur a fait imprimer pour l’usage de Nos Ecoles Le Calendrier National et les hymnes et les Chants civiques que nous Savons par cœur Nous Vous adressons pareillement un travail destiné à Servir de prémier Livre Classique qui S’il mérite l’approbation de la Convention Nous Servira dans Nos Ecoles et sans doute dans les Autres classes destinées à l’Instruction de la Jeunesse. Nous Vous demandons encore une faveur bien précieuse C’est Celle de nous adresser le bulletin de la Convention Nationale ainsi que le recueil des actions héroïques des défenseurs de la Patrie. Germain Le Normand Notre Instituteur le recevait tous les Jours du temps qu’il était le Principal des Ecoles françaises publiques de la Commune de Rouen; mais depuis que le Comité d’instruction est établi par la Municipalité de rouen Le Citoyen Le Normand a été privé de Son Etat de Principal des Ecoles et forcé d’enseigner une Ecole particulière II avait obtenu Cette place en 1791 à la Suite d’un Concours public lors de l’Expulsion des frères Lazaristes et quand dans le mois de Germinal dernier les Ecoles primaires furent établies dans la république conformément au Décret du 29 frimaire Le Citoyen Le Normand réclama la Continuation de Sa Surveillance tant Sur les Instituteurs que Sur les Eleves il lui fut observé par les officiers Municipaux que le Décret ne faisait point mention de Cette place de Surveillant qui Cependant deviendra indispensable dans les grandes Communes Ainsi depuis que Notre Instituteur est privé de Son Etat il est aussi privé du bulletin de la Convention Si Vous Croyés Législateurs que l’envoi puisse lui être Continué Nous vous promettons d’en faire un bon usage. Carré, Le normand fils, Brassin, Descroizille, Vautier (Censeurs des deux Ecoles) Germain LE NORMAND, CAHIERRE LE NORMAND Instruction publique Liberté Egalité Liste des Ecolières de la Clâsse enseignée par la Citoyenne Cahierre, Femme Le Normand, Institutrice de la Jeunesse de Rouen. SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N» 5 263 Instruction publique Liberté Egalité Liste des Ecoliers de la Clâsse enseignée par Germain, Le Normand, Instituteur de la Jeunesse de Rouen. SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N» 5 263 Instruction publique Liberté Egalité Liste des Ecoliers de la Clâsse enseignée par Germain, Le Normand, Instituteur de la Jeunesse de Rouen. 2Ç4 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE 2Ç4 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 265 Dis lui donc Sans Cesse d’importantes Vérités; mais que la douceur accompagne toujours tes paroles et que ton Exemple précède et Suive tes préceptes Ton fils est Jeune; il ressemble à ce tendre bouton qui va bientôt fleurir pour produire des fruits dans la Mure Saison et que le Jardinier Conserve avec le plus grand Soin Père de famille prends bien garde de confier l’Enfance de ton fils à des Personnes qui ne sont pas Capables de lui donner les prémièrs Notions de la bonne prononciation des mots de Sa langue Naturelle. Evites qu’il S’accoutume à la grossièreté et aux expressions triviales Exiges que la Vérité ne Soit jamais, de sa part, trahie par le Mensonge fais le Lever Chaque Jour dès que le Soleil paraît et que la Splendeur de Cet astre lui inspire la plus profonde Vénération pour l’Etre éternel qui la créé Cultives l’âme de ton fils afin de la rendre sensible aux malheurs de ses semblables S’il Voit l’affligé qu’il le Console S’il Voit l’infortuné, qu’il le Secoure S’il Voit le Libertin qui s’égare du sentier de la Justice et de la bonne conduite, qu’il le remette dans la Voye droite Si tu t’apperceois que ton fils a du penchant pour la gourmandise forces le à la tempérance et à la Sobriété en le privant, non d’une nourriture indispensable, mais, de Ce qui peut flatter la délicatesse Sensuelle de Son goût. Reprimes en lui tout sentiment d’Orgueil et de hauteur : toute idée de domination ! Dis lui et redis lui souvent que les hommes Naissent égaux en Droit : Qu’ils sont tels par la Nature et devant la Loi Qu’il N’y a de différence que dans les Talens et que Celui qui a employé Son temps et sa Jeunesse Sans rien apprendre est un ignorant incapable d’être utile à soi même et à la Société Que l’Ignorance est la Source des malheurs publics Qu’il faut Nécessairement que l’homme Social sache quelque chose puisque l’homme doit Vivre de son travail Que c’est un allègement aux peines de la Vie que d’étre instruit de Ses devoirs. Que l’Instruction procure la bonne conduite; que la bonne conduite produit le bon ordre et que Celui qui mèt de l’ordre dans Ses affaires trouve toujours que Son travail lui Suffit pour vivre dans quelqu’étât qu’il Se trouve Inspires à ton fils de la confiance en toi : afin qu’il te consulte à chaque fois qu’il Voudra entreprendre quelque chose Permets lui de se récréer avec les amis de son âge; donne lui le temps de s’amuser à des objets qui semblent exciter Son industrie et fais toujours en sorte que ses amusemens tournent au profit de son Instruction. Père de famille Souviens-toi que plus ton fils S’exercera à quelque chose; plus aussi il S’y prendra avec dextérité. L’Adresse dans un Jeune homme doit être Comptée pour beaucoup C’est un acheminement Vers la perfection dans le travail dont il devra S’occupper Entres, avec ton fils, dans les plus petits détails dès les Commencemens : Il n’y a rien à négliger pour Son Education Physique et morale habitues-le à être propre dans sa personne et dans ses Vête-mens Recommandes lui de Se laver Souvent les Pieds, les mains et le Visage; d’avoir Soin de Ses Ongles et de ses Cheveux D’être attentif à ne pas déchirer ses habits non plus que Ses autres Meubles, Linges, et Effets D’avoir Soin de remettre exactement en leur même lieu et place tous les Objets à Son usage Apprends lui à Se Servir Soi même et fais lui bien envisager les avantages dont jouit un homme qui n’a pas besoin du Secours d’une main étrangère lorsqu’il s’agit de faire Sa toilette, de Soigner sa chevelure Sa chaussure et généralement toutes les Choses à son usage Ne Souffres jamais qu’il remette au lendemain Ce qu’il peut faire le Jour dhui C’est le moyen de ne rien laisser en arrière et de bannir la paresse Exiges de lui qu’il Se rende compte le soir de ce qu’il a fait durant la Journée et qu’il S’entretienne de Ce qu’il doit faire le Lendemain; afin qu’il prenne Ses mesures pour disposer d’avance Ses petits arrangemens; afin de n’être jamais pris au dépourvu et qu’il soit toujours prêt à remplir ses devoirs avec exactitude. Un Jeune homme qui Saurait un peu écrire et qui tiendrait un Journal de Ses petites occuppations prendrait insensiblement une excellente habitude et ce moyen lui Servirait à repasser en revue Sa Conduite et Ses progrès il lui servirait à rappeller à Sa mémoire des Circonstances qui le mettraient en garde pour l’avenir La prévoyance, la précaution, et la prudence Sont des qualités Nécessaires à la Jeunesse Elles évitent les accidens auxquels elle ne S’expose que trop Souvent Cependant il ne faut pas que l’Excès de ces qualités empêche le Père de famille d’exercer son fils à tout ce qui peut lui inspirer du courage de la hardiesse et de la bravoure Un Poltron, un craintif, un pusilanime est plus exposé qu’un autre dans des occasions périlleuses où il n’est pas glorieux de reculer et où il est même impossible de le faire Un homme de sang froid S’il est brave, S’il est Courageux, se voit-il attaqué dans une forest par une bête malfaisante et Cruelle, Se met Sur Ses gardes et lui porte un coup mortel : L’homme que la peur a saisi ne peut S’en défendre, Sa fuite est inutile ; il en est dévoré Ce Seul exemple Suffirait pour engager un Père de famille à élever Ses Enfans d’une manière ferme et courageuse; mais fermeté sans rudesse et Courage sans témérité qui ne nuisent pas à l’excellence du cœur et à la Sensibilité de l’âme. Père de famille rappelle toi que les fils de la Patrie Composent la force générale de la République; qu’ils naissent Soldats, qu’ils doivent tous être exercés au maniement des armes; que les Républicains français ne Souffriront jamais que les autres Nations S’immiscent dans leur gouvernement Et qu’ils ne font point la Paix avec un Ennemi qui occuppe leur territoire. D’après ces principes puisés dans la Liberté il est indispensable que ton fils s’arme pour la défense Commune II faut donc l’accoutumer de bonne heure à la fatigue; Un Efféminé n’est guère propre au SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 265 Dis lui donc Sans Cesse d’importantes Vérités; mais que la douceur accompagne toujours tes paroles et que ton Exemple précède et Suive tes préceptes Ton fils est Jeune; il ressemble à ce tendre bouton qui va bientôt fleurir pour produire des fruits dans la Mure Saison et que le Jardinier Conserve avec le plus grand Soin Père de famille prends bien garde de confier l’Enfance de ton fils à des Personnes qui ne sont pas Capables de lui donner les prémièrs Notions de la bonne prononciation des mots de Sa langue Naturelle. Evites qu’il S’accoutume à la grossièreté et aux expressions triviales Exiges que la Vérité ne Soit jamais, de sa part, trahie par le Mensonge fais le Lever Chaque Jour dès que le Soleil paraît et que la Splendeur de Cet astre lui inspire la plus profonde Vénération pour l’Etre éternel qui la créé Cultives l’âme de ton fils afin de la rendre sensible aux malheurs de ses semblables S’il Voit l’affligé qu’il le Console S’il Voit l’infortuné, qu’il le Secoure S’il Voit le Libertin qui s’égare du sentier de la Justice et de la bonne conduite, qu’il le remette dans la Voye droite Si tu t’apperceois que ton fils a du penchant pour la gourmandise forces le à la tempérance et à la Sobriété en le privant, non d’une nourriture indispensable, mais, de Ce qui peut flatter la délicatesse Sensuelle de Son goût. Reprimes en lui tout sentiment d’Orgueil et de hauteur : toute idée de domination ! Dis lui et redis lui souvent que les hommes Naissent égaux en Droit : Qu’ils sont tels par la Nature et devant la Loi Qu’il N’y a de différence que dans les Talens et que Celui qui a employé Son temps et sa Jeunesse Sans rien apprendre est un ignorant incapable d’être utile à soi même et à la Société Que l’Ignorance est la Source des malheurs publics Qu’il faut Nécessairement que l’homme Social sache quelque chose puisque l’homme doit Vivre de son travail Que c’est un allègement aux peines de la Vie que d’étre instruit de Ses devoirs. Que l’Instruction procure la bonne conduite; que la bonne conduite produit le bon ordre et que Celui qui mèt de l’ordre dans Ses affaires trouve toujours que Son travail lui Suffit pour vivre dans quelqu’étât qu’il Se trouve Inspires à ton fils de la confiance en toi : afin qu’il te consulte à chaque fois qu’il Voudra entreprendre quelque chose Permets lui de se récréer avec les amis de son âge; donne lui le temps de s’amuser à des objets qui semblent exciter Son industrie et fais toujours en sorte que ses amusemens tournent au profit de son Instruction. Père de famille Souviens-toi que plus ton fils S’exercera à quelque chose; plus aussi il S’y prendra avec dextérité. L’Adresse dans un Jeune homme doit être Comptée pour beaucoup C’est un acheminement Vers la perfection dans le travail dont il devra S’occupper Entres, avec ton fils, dans les plus petits détails dès les Commencemens : Il n’y a rien à négliger pour Son Education Physique et morale habitues-le à être propre dans sa personne et dans ses Vête-mens Recommandes lui de Se laver Souvent les Pieds, les mains et le Visage; d’avoir Soin de Ses Ongles et de ses Cheveux D’être attentif à ne pas déchirer ses habits non plus que Ses autres Meubles, Linges, et Effets D’avoir Soin de remettre exactement en leur même lieu et place tous les Objets à Son usage Apprends lui à Se Servir Soi même et fais lui bien envisager les avantages dont jouit un homme qui n’a pas besoin du Secours d’une main étrangère lorsqu’il s’agit de faire Sa toilette, de Soigner sa chevelure Sa chaussure et généralement toutes les Choses à son usage Ne Souffres jamais qu’il remette au lendemain Ce qu’il peut faire le Jour dhui C’est le moyen de ne rien laisser en arrière et de bannir la paresse Exiges de lui qu’il Se rende compte le soir de ce qu’il a fait durant la Journée et qu’il S’entretienne de Ce qu’il doit faire le Lendemain; afin qu’il prenne Ses mesures pour disposer d’avance Ses petits arrangemens; afin de n’être jamais pris au dépourvu et qu’il soit toujours prêt à remplir ses devoirs avec exactitude. Un Jeune homme qui Saurait un peu écrire et qui tiendrait un Journal de Ses petites occuppations prendrait insensiblement une excellente habitude et ce moyen lui Servirait à repasser en revue Sa Conduite et Ses progrès il lui servirait à rappeller à Sa mémoire des Circonstances qui le mettraient en garde pour l’avenir La prévoyance, la précaution, et la prudence Sont des qualités Nécessaires à la Jeunesse Elles évitent les accidens auxquels elle ne S’expose que trop Souvent Cependant il ne faut pas que l’Excès de ces qualités empêche le Père de famille d’exercer son fils à tout ce qui peut lui inspirer du courage de la hardiesse et de la bravoure Un Poltron, un craintif, un pusilanime est plus exposé qu’un autre dans des occasions périlleuses où il n’est pas glorieux de reculer et où il est même impossible de le faire Un homme de sang froid S’il est brave, S’il est Courageux, se voit-il attaqué dans une forest par une bête malfaisante et Cruelle, Se met Sur Ses gardes et lui porte un coup mortel : L’homme que la peur a saisi ne peut S’en défendre, Sa fuite est inutile ; il en est dévoré Ce Seul exemple Suffirait pour engager un Père de famille à élever Ses Enfans d’une manière ferme et courageuse; mais fermeté sans rudesse et Courage sans témérité qui ne nuisent pas à l’excellence du cœur et à la Sensibilité de l’âme. Père de famille rappelle toi que les fils de la Patrie Composent la force générale de la République; qu’ils naissent Soldats, qu’ils doivent tous être exercés au maniement des armes; que les Républicains français ne Souffriront jamais que les autres Nations S’immiscent dans leur gouvernement Et qu’ils ne font point la Paix avec un Ennemi qui occuppe leur territoire. D’après ces principes puisés dans la Liberté il est indispensable que ton fils s’arme pour la défense Commune II faut donc l’accoutumer de bonne heure à la fatigue; Un Efféminé n’est guère propre au 266 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE metier de la guerre, ni aux travaux pénibles de la Campagne, Cependant il est destiné pour l’un et l’autre de ces deux Etats. C’est donc dès l’adolescence que tu dois t’occup-per de Son Instruction et tu ne dois pas attendre qu’il Soit parvenu à l’âge d’être admis dans les Ecoles primaires pour disposer de Ses facultés Naturelles. Tes avis, tes Conseils, tes Conversations, et ton exemple Surtout Seront efficaces Si tu t’en sers à propos C’est une tâche indispensable que tu as à remplir et t’en acquitter dignement est le premier de tes devoirs C’est là la pierre de touche où S’éprouve la tendresse paternelle. Déjà je vois ton fils assés raisonnable pour écouter tes paroles; déjà il a acquis assés de discernement pour lier conversation avec toi Déjà Ses réponses assés justes, Ses questions ingénues te prouvent son désir de s’instruire Déjà il parle un langage pur; mais si Sa langue S’est déliée à force de t’avoir entendu lui parler II est encore bien éloigné de la Connaissance des Caractères muets qui doivent à leur tour parler à ses yeux La Lecture va devenir pour lui un nouveau Sujet d’étude et d’application Toi qui a trouvé si doux et si flatteur pour ton Oreille les prémiers bégayemens de ton fils peut-être ne trouveras tu pas aussi agréable Ses premiers essais dans le discernement des Vingt quatre figures alphabétiques : que dis-je ! tu as trouvé une méthode de lui apprendre à les connaître au moyen de caractères mobiles et ton fils discerne parfaitement les Vingt quatre Lettres II les trace même avec la plume Sur le papier Voici l’Instant où tu conviens qu’il est utile de l’Envoyer aux Ecoles afin qu’il apprenne à rassembler les Lettres, ainsi qu’à prononcer les Syllabes et les Mots qu’elles composent. Tu sais bien que la Lecture est la chose la plus difficile à enseigner et à apprendre Elle ne consiste pas Seulement dans la méthode de lire avec rapidité c’est à dire Courrament; Elle ne consiste pas non plus à s’arrêter aux Signes de la ponctuation Elle ne consiste pas dans la méthode de bien réunir les Consonnes, qui terminent les Mots, aux Voyelles qui Commencent les Mots Suivans ; Elle ne Consiste pas Enfin dans la bonne prononciation et dans l’Inflexion de Voix Convenable au Sujet écrit; Mais il faut que Celui qui apprend à lire et qui Commence à lire ait tellement l’œil frappé de l’arrangement des Lettres employées à la formation des mots que lorsqu’il Voudra écrire ces mêmes mots Sa mémoire et Son œil lui rappellent éxactement l’Ordre des Lettres qui les Composent C’est le moyen d’acquérir en peu de temps la Connaissance de l’Ortographe oculaire. Si au contraire Le Père de famille ou l’Instituteur laisse, un Jeune homme, lire Sans attention Jamais le Lecteur ne Sera en état d’ecrire plusieurs mots de Suite sans faire quantité de fautes d’orthographe. Père de famille Connais assés le prix de la Lecture pour ne pas éxiger que ton fils écrive auparavant que de Savoir lire; Sinon tu l’Exposes à ne jamais pouvoir écrire Sa Langue dans toute Sa pureté. Tu Semblés Satisfait lorsque ton fils est parvenu à former des mots, des Phrâses et des grands traits avec la plume, Mais prends-y garde de près et tu t’appercevras bientôt que le jeune homme n’est pas capable de rendre une seule de ses propres idées Sur le papier. Tu Verras même qu’il est incapable d’écrire ce que tu Voudras lui dicter Ne presses donc pas ton fils; N’exiges donc pas que l’Instituteur lui enseigne à écrire auparavant qu’une lecture constante et assidue ait Jetté dans son Imagination les idées qui la fertilisent. Fais attention que la pluspart des Jeunes gens qui n’ont pas passé les six plus belles années de leur Vie à Suivre un Cours d’humanité dans les Collèges et qui n’ont pas fréquenté un an ou deux ensuite l’Ecole de Philosophie ne Sont point Capables d’écrire leur langue naturelle par principes Ce malheur vient de la faute des Parens et de celle des Instituteurs qui ne Se Sont pas donné la peine d’observer les avantages inapréciables d’une bonne Lecture Il est des Peres de famille qui ont eu le courage de Venir dire à un Instituteur Je t’ammènes mon fils ils est déjà instruit il lit très bien, il écrit assés passablement il calcule bien puisqu’il Sait les règles de l’arithmétique. Eh bien l’Instituteur Satisfait de rencontrer un Elève qui lui applanisse les prémières difficultés interroge le Jeune homme qui fier de la bonne Opinion de Son Père répond avec fermeté; mais Cette réponse n’est rien moins que Satisfaisante; Enfin il recite tel qu’un Perroquet quelques Phrâses apprises de mémoire L’Instituteur l’Invite à écrire Sur le Papier Ce qu’il vient de reciter et la prémière ligne est orthographiée de cette manière Métrés quorbo sus un arbe pairchai Père de famille tu aurais bien mieux fait de ne pas Vanter les talens de ton fils; tu reconnais à sa honte mais un peu tard qu’il ne sait rien Quel est donc l’Instituteur qui a ainsi fait perdre le temps d’un Jeune homme ? N’est ce pas Celui qui Ne cherche qu’à éblouir les yeux des Pères de famille en faisant écrire de grands mots et tracer de grands traits à Celui qui N’entend ni ne Comprend rien à la lecture N’est il pas cruel de Voir des Jeunes gens lire parfaitement bien et qui lorsqu’ils écrivent un mot qu’ils ont Vu mille fois dans un Livre l’écrivent Cependant de la manière opposée à Celle qu’ils ont Vû ! On pardonnera Sans doute à Ceux qui ne Se Sont pas appliqué à la Lecture d’écrire leur langue à peu près comme ils la parlent Mais on ne pardonnera point à Celui qui a Continuellement l’Cfeil Sur un Livre S’il écrit différemment que Comme il a Vu dans le Livre Père de. famille qui Confies à un Instituteur le Soin de l’Education de ton fils Ne t’en rapporte pas entièrement à Cet Instituteur. Si tu as des talens examines les progrès de ton Enfant tu jugeras bientôt de Ceux de la personne qui l’enseigne Ne lui fais pas Seulement repetter Sa leçon ordinaire ; mais éxige de lui une nouvelle Lecture ; questionne le pour Savoir S’il a de l’Intelligence Prends garde aussi d’exciter en lui un dégoût pour l’Etude; Si Cela arrivait ton temps Celui de l’Instituteur et Celui de ton fils Serait un temps perdu Il est des Jeunes gens qui N’apprennent que peu 266 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE metier de la guerre, ni aux travaux pénibles de la Campagne, Cependant il est destiné pour l’un et l’autre de ces deux Etats. C’est donc dès l’adolescence que tu dois t’occup-per de Son Instruction et tu ne dois pas attendre qu’il Soit parvenu à l’âge d’être admis dans les Ecoles primaires pour disposer de Ses facultés Naturelles. Tes avis, tes Conseils, tes Conversations, et ton exemple Surtout Seront efficaces Si tu t’en sers à propos C’est une tâche indispensable que tu as à remplir et t’en acquitter dignement est le premier de tes devoirs C’est là la pierre de touche où S’éprouve la tendresse paternelle. Déjà je vois ton fils assés raisonnable pour écouter tes paroles; déjà il a acquis assés de discernement pour lier conversation avec toi Déjà Ses réponses assés justes, Ses questions ingénues te prouvent son désir de s’instruire Déjà il parle un langage pur; mais si Sa langue S’est déliée à force de t’avoir entendu lui parler II est encore bien éloigné de la Connaissance des Caractères muets qui doivent à leur tour parler à ses yeux La Lecture va devenir pour lui un nouveau Sujet d’étude et d’application Toi qui a trouvé si doux et si flatteur pour ton Oreille les prémiers bégayemens de ton fils peut-être ne trouveras tu pas aussi agréable Ses premiers essais dans le discernement des Vingt quatre figures alphabétiques : que dis-je ! tu as trouvé une méthode de lui apprendre à les connaître au moyen de caractères mobiles et ton fils discerne parfaitement les Vingt quatre Lettres II les trace même avec la plume Sur le papier Voici l’Instant où tu conviens qu’il est utile de l’Envoyer aux Ecoles afin qu’il apprenne à rassembler les Lettres, ainsi qu’à prononcer les Syllabes et les Mots qu’elles composent. Tu sais bien que la Lecture est la chose la plus difficile à enseigner et à apprendre Elle ne consiste pas Seulement dans la méthode de lire avec rapidité c’est à dire Courrament; Elle ne consiste pas non plus à s’arrêter aux Signes de la ponctuation Elle ne consiste pas dans la méthode de bien réunir les Consonnes, qui terminent les Mots, aux Voyelles qui Commencent les Mots Suivans ; Elle ne Consiste pas Enfin dans la bonne prononciation et dans l’Inflexion de Voix Convenable au Sujet écrit; Mais il faut que Celui qui apprend à lire et qui Commence à lire ait tellement l’œil frappé de l’arrangement des Lettres employées à la formation des mots que lorsqu’il Voudra écrire ces mêmes mots Sa mémoire et Son œil lui rappellent éxactement l’Ordre des Lettres qui les Composent C’est le moyen d’acquérir en peu de temps la Connaissance de l’Ortographe oculaire. Si au contraire Le Père de famille ou l’Instituteur laisse, un Jeune homme, lire Sans attention Jamais le Lecteur ne Sera en état d’ecrire plusieurs mots de Suite sans faire quantité de fautes d’orthographe. Père de famille Connais assés le prix de la Lecture pour ne pas éxiger que ton fils écrive auparavant que de Savoir lire; Sinon tu l’Exposes à ne jamais pouvoir écrire Sa Langue dans toute Sa pureté. Tu Semblés Satisfait lorsque ton fils est parvenu à former des mots, des Phrâses et des grands traits avec la plume, Mais prends-y garde de près et tu t’appercevras bientôt que le jeune homme n’est pas capable de rendre une seule de ses propres idées Sur le papier. Tu Verras même qu’il est incapable d’écrire ce que tu Voudras lui dicter Ne presses donc pas ton fils; N’exiges donc pas que l’Instituteur lui enseigne à écrire auparavant qu’une lecture constante et assidue ait Jetté dans son Imagination les idées qui la fertilisent. Fais attention que la pluspart des Jeunes gens qui n’ont pas passé les six plus belles années de leur Vie à Suivre un Cours d’humanité dans les Collèges et qui n’ont pas fréquenté un an ou deux ensuite l’Ecole de Philosophie ne Sont point Capables d’écrire leur langue naturelle par principes Ce malheur vient de la faute des Parens et de celle des Instituteurs qui ne Se Sont pas donné la peine d’observer les avantages inapréciables d’une bonne Lecture Il est des Peres de famille qui ont eu le courage de Venir dire à un Instituteur Je t’ammènes mon fils ils est déjà instruit il lit très bien, il écrit assés passablement il calcule bien puisqu’il Sait les règles de l’arithmétique. Eh bien l’Instituteur Satisfait de rencontrer un Elève qui lui applanisse les prémières difficultés interroge le Jeune homme qui fier de la bonne Opinion de Son Père répond avec fermeté; mais Cette réponse n’est rien moins que Satisfaisante; Enfin il recite tel qu’un Perroquet quelques Phrâses apprises de mémoire L’Instituteur l’Invite à écrire Sur le Papier Ce qu’il vient de reciter et la prémière ligne est orthographiée de cette manière Métrés quorbo sus un arbe pairchai Père de famille tu aurais bien mieux fait de ne pas Vanter les talens de ton fils; tu reconnais à sa honte mais un peu tard qu’il ne sait rien Quel est donc l’Instituteur qui a ainsi fait perdre le temps d’un Jeune homme ? N’est ce pas Celui qui Ne cherche qu’à éblouir les yeux des Pères de famille en faisant écrire de grands mots et tracer de grands traits à Celui qui N’entend ni ne Comprend rien à la lecture N’est il pas cruel de Voir des Jeunes gens lire parfaitement bien et qui lorsqu’ils écrivent un mot qu’ils ont Vu mille fois dans un Livre l’écrivent Cependant de la manière opposée à Celle qu’ils ont Vû ! On pardonnera Sans doute à Ceux qui ne Se Sont pas appliqué à la Lecture d’écrire leur langue à peu près comme ils la parlent Mais on ne pardonnera point à Celui qui a Continuellement l’Cfeil Sur un Livre S’il écrit différemment que Comme il a Vu dans le Livre Père de. famille qui Confies à un Instituteur le Soin de l’Education de ton fils Ne t’en rapporte pas entièrement à Cet Instituteur. Si tu as des talens examines les progrès de ton Enfant tu jugeras bientôt de Ceux de la personne qui l’enseigne Ne lui fais pas Seulement repetter Sa leçon ordinaire ; mais éxige de lui une nouvelle Lecture ; questionne le pour Savoir S’il a de l’Intelligence Prends garde aussi d’exciter en lui un dégoût pour l’Etude; Si Cela arrivait ton temps Celui de l’Instituteur et Celui de ton fils Serait un temps perdu Il est des Jeunes gens qui N’apprennent que peu SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 267 à peu ; leurs progrès Sont lents ; mais quand ils ont meublé leur imagination Cela vient ensuite presque tout à Coup Le dégoût pour l’Etude vient de Ce que les Leçons Sont de trop longue durée Sur un Seul et même objet La diversité égaye L’esprit et il conceoit plus facilement Père de famille Si tu n’as pas le temps de t’oc-cupper de l’Education de ton fils quand il aura quitté la clâsse et qu’il sera de retour dans ta maison : Occuppe le à quelque chose d’utile et d’agréable; Ne le laisse pas aller Courrir ça et là dans la crainte de hanter les indisciplinés, aye patience ! encore un peu de temps et bientôt la Jeunesse Servira d’Exemple à l’homme d’âge mûr Elle Sera Sobre, active et Vertueuse Lès Mœurs républicaines feront Sur Elle ce que N’ont jamais pû faire le fanatisme ni l’Esclavage hommes cruels qui dégradés l’homme par votre inconduite; qui ne rougissés pas d’insulter à la morale Sociale : Nos Enfans élevés dans les principes sévères de la probité et de la décence ! Nos enfans Soutiens de la république Serviront, d’exemple à leurs ainés ainsi qu’à leurs neveux Père de famille Viens au Secours de l’Instituteur que tu as choisi pour enseigner ton fils donne lui les conseils que ta prudence te Suggérera auparavant qu’il Sorte de la maison pour Se rendre dans les Ecoles Nationales N’oublies pas en outre de lui dire Mon fils ayes Soin de prendre tes précautions afin que des besoins Naturels ne t’obligent pas à Sortir auparant (sic) que les exercices de la clâsse ne Soient finis Que la propreté et la décence régnent dans ta personne et dans tes vétemens Entres dans la clâsse avec tranquilité et Sans y faire de bruit Ne cause point à l’Oreille de ton camarade d’Etude Garde le plus profond Silence durant le cours des Leçons qui te Seront données Ecoutes attentivement la Lecture qui Se fait Successivement par tous les Ecoliers les uns après les Autres; C’est le moyen d’apprendre à lire en Suivant des yeux cette même Lecture dans ton Livre et en prêtant l’oreille à Celui qui lit Si l’Instituteur reprend celui qui Se trompe C’est une occasion pour toi de prendre garde à la faute et c’est un moyen de l’Eviter Si la Lecture éxige des observations de la part de l’Instituteur écoutes les en Silence parce quelles tendent à ton Instruction ayes Soin de Conserver tes livres classiques Celui qui les gâte ou qui les déchire prouve qu’il est un mauvais écolier qui nécessite à Sa Paresse une Nouvelle dépence parce que lorsqu’un livre est gâté ou déchiré il faut en achetter un autre Souviens toi mon fils de ne point manger dans la Clâsse Ce n’est pas là landroit où les Jeunes gens prennent leurs repas C’est là que l’on doit Se livrer à l’Etude et le temps que l’on y employé est bientôt écoulé II faut donc en profiter dans Sa Jeunesse puisqu’il doit Vous être utile tout le temps de la Vie Ne rapporte Jamais les faits ni les dits de ton Camarade; S’il S’oublie au point de manquer au Silence laisse à l’Instituteur le soin de S’en apperce-voir et attends que tu Sois Seul avec Celui qui ne s’est pas Comporté sagement pour lui faire tes représentations avec amitié et franchise Prends garde mon fils que celui qui dérange le cours des Exercices d’une Ecole nationale se rend Coupable envers la Patrie puisque la Patrie paye les frais de l’Institution publique Il se rend Coupable envers l’Instituteur puisqu’il lui empêche de remplir Ses devoirs II se rend Coupable envers ses camarades puisqu’il les prive du fruit de l’Instruction II est Coupable à l’égard de Soi même puisqu’il ne profite pas de leçons qui lui sont données Lorsque l’Exercice de la classe Se portera Sur l’Ecrit, Je te recommande mon fils à ne point prodiguer le Papier, l’encre, ni les plumes tu dois écrire posément Si tu n’es pas encore bien au fait et hâtivement pour acquérir de la célérité au cas que l’instituteur la juge Convenable Prends attention Sur tout de na pas griffonner ton Papier il faut que ton écriture Soit propre et que ton papier Soit Conservé Sain et entier que la dernière page Comparée avec la prémière prouve que tu as fait quelques progrès Ne portes Jamais à la clâsses des instrumens de Jeux pour éviter la dissipation : Il est bon de s’amuser et de Se réjouir; mais il faut attendre que les exercices soient finis et que les Ecoliers Soient hors de la classe Losque Vous chantés des hymnes ou couplets Patriotiques tu dois mon fils chanter avec décence et Sans trop élever la Voix un ton doux est toujours plus agréable Lorsque l’Instituteur annonce l’Instant de Sortir de la clâsse tu dois mon fils Ne pas devancer ton rang afin de maintenir et conserver l’Ordre des Places; d’ailleurs la tranquilité doit régner même en Se déplaceant Aye mon fils des Egards pour ton Instituteur; écoutes ses avis Ses Conseils et ses Leçons; Ne lui donnes jamais de chagrins ! réfléchis qu’un Citoyen qui Se Sacrifie pour instruire Cent Ecoliers à la fois a besoin de Silence, de tranquilité de repos ; attendu qu’après avoir passé plusieurs heures avec Ses Elèves il faut qu’il étudie à Son tour pour Se disposer à donner des leçons Nouvelles S’il n’a pas la facilité de préparer sa bésogne comment Sera til en état de diriger la tienne ? Pere de famille Si tu considères Combien il faut de peines et de Soins pour qu’un Jeune homme soit instruit tu ne te reposeras pas entièrement Sur l’Instituteur que tu lui as choisi; mais tu le Seconderas de toutes tes forces de toutes tes facultés, de tous tes moyens Si ton fils ne fait point de progrès tu dois t’en appercevoir Dès que tu t’en apperceois tu dois t’en plaindre et lui en faire des reproches Tu dois t’en entretenir avec l’Instituteur au Cas où Ce Serait par la faute de ton fils Cependant Si les dispositions de cet Enfant n’étaient pas heureuses tu dois prendre patience et continuer de les cultiver Mais si ton fils ne fait aucun progrès et qu’il ait d’heureuses dispositions tu dois bien t’informer si c’est par Sa faute ou par la faute de l’Instituteur chargé de son enseignement Peut être ton fils ne Suit il pas exactement les Conseils qui lui sont donnés, peut être N’écoute-til pas les Leçons de l’Instituteur peut être Ne Vient-il à la clâsse que pour s’y amuser, pour amuser les autres et perdre ainsi Son temps Peut être aussi ton fils est il aussi Savant que l’Instituteur C’est ce que tu dois examiner; parce que Si ton fils est insouciant pour l’Etude S’il ne pense qu’au Jeu tu dois SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 267 à peu ; leurs progrès Sont lents ; mais quand ils ont meublé leur imagination Cela vient ensuite presque tout à Coup Le dégoût pour l’Etude vient de Ce que les Leçons Sont de trop longue durée Sur un Seul et même objet La diversité égaye L’esprit et il conceoit plus facilement Père de famille Si tu n’as pas le temps de t’oc-cupper de l’Education de ton fils quand il aura quitté la clâsse et qu’il sera de retour dans ta maison : Occuppe le à quelque chose d’utile et d’agréable; Ne le laisse pas aller Courrir ça et là dans la crainte de hanter les indisciplinés, aye patience ! encore un peu de temps et bientôt la Jeunesse Servira d’Exemple à l’homme d’âge mûr Elle Sera Sobre, active et Vertueuse Lès Mœurs républicaines feront Sur Elle ce que N’ont jamais pû faire le fanatisme ni l’Esclavage hommes cruels qui dégradés l’homme par votre inconduite; qui ne rougissés pas d’insulter à la morale Sociale : Nos Enfans élevés dans les principes sévères de la probité et de la décence ! Nos enfans Soutiens de la république Serviront, d’exemple à leurs ainés ainsi qu’à leurs neveux Père de famille Viens au Secours de l’Instituteur que tu as choisi pour enseigner ton fils donne lui les conseils que ta prudence te Suggérera auparavant qu’il Sorte de la maison pour Se rendre dans les Ecoles Nationales N’oublies pas en outre de lui dire Mon fils ayes Soin de prendre tes précautions afin que des besoins Naturels ne t’obligent pas à Sortir auparant (sic) que les exercices de la clâsse ne Soient finis Que la propreté et la décence régnent dans ta personne et dans tes vétemens Entres dans la clâsse avec tranquilité et Sans y faire de bruit Ne cause point à l’Oreille de ton camarade d’Etude Garde le plus profond Silence durant le cours des Leçons qui te Seront données Ecoutes attentivement la Lecture qui Se fait Successivement par tous les Ecoliers les uns après les Autres; C’est le moyen d’apprendre à lire en Suivant des yeux cette même Lecture dans ton Livre et en prêtant l’oreille à Celui qui lit Si l’Instituteur reprend celui qui Se trompe C’est une occasion pour toi de prendre garde à la faute et c’est un moyen de l’Eviter Si la Lecture éxige des observations de la part de l’Instituteur écoutes les en Silence parce quelles tendent à ton Instruction ayes Soin de Conserver tes livres classiques Celui qui les gâte ou qui les déchire prouve qu’il est un mauvais écolier qui nécessite à Sa Paresse une Nouvelle dépence parce que lorsqu’un livre est gâté ou déchiré il faut en achetter un autre Souviens toi mon fils de ne point manger dans la Clâsse Ce n’est pas là landroit où les Jeunes gens prennent leurs repas C’est là que l’on doit Se livrer à l’Etude et le temps que l’on y employé est bientôt écoulé II faut donc en profiter dans Sa Jeunesse puisqu’il doit Vous être utile tout le temps de la Vie Ne rapporte Jamais les faits ni les dits de ton Camarade; S’il S’oublie au point de manquer au Silence laisse à l’Instituteur le soin de S’en apperce-voir et attends que tu Sois Seul avec Celui qui ne s’est pas Comporté sagement pour lui faire tes représentations avec amitié et franchise Prends garde mon fils que celui qui dérange le cours des Exercices d’une Ecole nationale se rend Coupable envers la Patrie puisque la Patrie paye les frais de l’Institution publique Il se rend Coupable envers l’Instituteur puisqu’il lui empêche de remplir Ses devoirs II se rend Coupable envers ses camarades puisqu’il les prive du fruit de l’Instruction II est Coupable à l’égard de Soi même puisqu’il ne profite pas de leçons qui lui sont données Lorsque l’Exercice de la classe Se portera Sur l’Ecrit, Je te recommande mon fils à ne point prodiguer le Papier, l’encre, ni les plumes tu dois écrire posément Si tu n’es pas encore bien au fait et hâtivement pour acquérir de la célérité au cas que l’instituteur la juge Convenable Prends attention Sur tout de na pas griffonner ton Papier il faut que ton écriture Soit propre et que ton papier Soit Conservé Sain et entier que la dernière page Comparée avec la prémière prouve que tu as fait quelques progrès Ne portes Jamais à la clâsses des instrumens de Jeux pour éviter la dissipation : Il est bon de s’amuser et de Se réjouir; mais il faut attendre que les exercices soient finis et que les Ecoliers Soient hors de la classe Losque Vous chantés des hymnes ou couplets Patriotiques tu dois mon fils chanter avec décence et Sans trop élever la Voix un ton doux est toujours plus agréable Lorsque l’Instituteur annonce l’Instant de Sortir de la clâsse tu dois mon fils Ne pas devancer ton rang afin de maintenir et conserver l’Ordre des Places; d’ailleurs la tranquilité doit régner même en Se déplaceant Aye mon fils des Egards pour ton Instituteur; écoutes ses avis Ses Conseils et ses Leçons; Ne lui donnes jamais de chagrins ! réfléchis qu’un Citoyen qui Se Sacrifie pour instruire Cent Ecoliers à la fois a besoin de Silence, de tranquilité de repos ; attendu qu’après avoir passé plusieurs heures avec Ses Elèves il faut qu’il étudie à Son tour pour Se disposer à donner des leçons Nouvelles S’il n’a pas la facilité de préparer sa bésogne comment Sera til en état de diriger la tienne ? Pere de famille Si tu considères Combien il faut de peines et de Soins pour qu’un Jeune homme soit instruit tu ne te reposeras pas entièrement Sur l’Instituteur que tu lui as choisi; mais tu le Seconderas de toutes tes forces de toutes tes facultés, de tous tes moyens Si ton fils ne fait point de progrès tu dois t’en appercevoir Dès que tu t’en apperceois tu dois t’en plaindre et lui en faire des reproches Tu dois t’en entretenir avec l’Instituteur au Cas où Ce Serait par la faute de ton fils Cependant Si les dispositions de cet Enfant n’étaient pas heureuses tu dois prendre patience et continuer de les cultiver Mais si ton fils ne fait aucun progrès et qu’il ait d’heureuses dispositions tu dois bien t’informer si c’est par Sa faute ou par la faute de l’Instituteur chargé de son enseignement Peut être ton fils ne Suit il pas exactement les Conseils qui lui sont donnés, peut être N’écoute-til pas les Leçons de l’Instituteur peut être Ne Vient-il à la clâsse que pour s’y amuser, pour amuser les autres et perdre ainsi Son temps Peut être aussi ton fils est il aussi Savant que l’Instituteur C’est ce que tu dois examiner; parce que Si ton fils est insouciant pour l’Etude S’il ne pense qu’au Jeu tu dois 268 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE absolument le corriger de ces défauts Si au contraire tu t’apperceois que l’Instituteur est un homme incapable d’enseigner Ne lui laisse pas plus longtemps le soin de l’Education de ton fils Les Autorités Constituées Sont là ; adresse toi à Celle qui est Spécialement Chargée de la Surveillance de l’Instruction publique La Voix de tes réclamations Sera écoutée et tu seras autorisé à choisir un Instituteur plus digne de ta Confiance et mieux instruit de ses devoirs Prends bien garde pourtant de ne te plaindre qu’à propos : Ne sois pas aveugle Sur les défauts de ton fils ; Ne prête pas non plus à son Instituteur des défauts qu’il n’auraient point Ne le Juge point d’après le rapport de ton fils, mais bien d’après tes propres Lumières et la plus éxacte jutice Sois Sévère Surtout relativement à la bonne Conduite de l’Instituteur : prends garde qu’il Ne Soit pas maître de ses passions et qu’il Ne donne à Ses Eleves de mauvais exemples Père de famille Souviens-toi que le Célibataire n’est pas propre à l’Education de la Jeunesse Je ne dis pas qu’il manque des talens nécessaires pour Instruire les enfans ; mais comme il ne connaît pas les Effets de la tendresse paternelle Ni les Jouissances de la piété filiale; comme il n’a jamais pu éprouver les douces émotions d’un Père carressé par son fils; d’un Père de qui les Enfans Sont la Consolation de sa Vieillesse et les défenseurs de Sa Patrie; il ignore ce que c’est que la douceur de se voir renaître dans ses descendans. Un Célibataire a fait abjuration avec les liens du Sang; il n’est point attaché à la Société II ne fait rien pour la Patrie Il est l’Ennemi Né et déclaré des générations futures C’est un monstre en politique puisque S’il y avait dans la société des êtres qui pensâssent tel que lui la société Serait bientôt dans le Néant. Ne confie donc point l’Education de ton fils à Celui qui Ne peut point lui inspirer l’amour de la Patrie, ni la tendresse paternelle, ni la piété filiale : Crains que l’Exemple contagieux de cet homme ne Se propage et que ton fils destiné pour le mariage Se fasse une loi de le fuir pour Jamais tel qu’a fait l’Instituteur que tu lui aurais donné Les Moines et les Prêtres étaient aussi des Célibataires Quand on leur parlait de la Patrie Ils levaient les yeux et montraient le ciel du bout du doigt ! jamais ils Ne Connurent de Patrie Sur la terre; aussi les Prêtres et les moines furent ils de tous temps les plus cruels fléaux de l’humanité Si quelques uns d’entr’eux ont pu prêcher la bonne morale ; Si leur cœur a pu se trouver d’accord avec les paroles de leur bouche Combien aussi s’en est il rencontré qui ont causé les plus cuisans chagrins aux familles Les hommes Naissent dans la Société Ils Vivent pour la Société et Celui qui Se Sépare du Corps Social ressemble au fruit non encore mûr qui tombe de la branche, où il trouvait un suc nouricier, et qui pourrît sur terre Celui qui étant Célibataire croit être membre du Corps Social, parce qu’il vit dans la Société, qu’il y travaille et en Supporte les Charges, Se trompe : Il ne lui appartient Véritablement que par son union intime avec une femme qui le fasse revivre dans sa postérité C’est un malheur pour un Citoyen que de N’avoir pas d’Enfans lorsqu’il est marié; mais ce malheur ne peut lui être imputé Et dans cette Situation la Société ne peut lui faire de reproches tandis qu’elle en a de grands à faire au Célibataire qui n’est pas Seulement Coupable pour Soi Seul puisque la femme qui lui était destinée par la Nature est forcée de garder le Célibat; ainsi tout célibataire prive une Epouse du bonheur d’être Mère. Père de famille Choisi pour Instituteur de ton fils un homme prudent et Sage, qui Soit instruit, qui ait toujours pratiqué les Mœurs et les Vertus sociales, de qui la conduite soit à l’abri de tout reproche, un homme éxact et régulier dans ses affaires personnelles un homme tel que tu desires que ton fils soit un Jour Ce choix une fois fait Secondes l’Instituteur : forces ton fils à écouter Ses leçons dans le Silence et avec le désir d’en profiter Viens de temps en temps l’informer de Sa Conduite : tu sais que l’Instituteur n’a que la Voye de la persuasion; Si ton fils N’est pas Soumis; S’il méprise les Sages remontrances qui lui Sont faites agis alors à Son égard avec toute la Sévérité paternelle. Retires de la Clâsse un mauvais Sujet qui Ne Serait propre qu’à y troubler l’Ordre, le Silence et l’Instruction, fais ensorte que l’Ecole enseignée par l’Instituteur de ton fils Soit le temple de la Sagesse et que le Jeune homme qui y aura été instruit Soit Capable par Ses talens et par les qualités du Cœur de remplir un Jour Ses devoirs dans la Société; d’être bon Citoyen, bon frère, bon fils, bon Epoux, et bon Pere C’est alors que tu béniras l’Etre éternel et que tu lui adresseras Sans cesse mille actions de grâces quand sur le déclin de tes Jours tu Verras ton fils respecter la Vieillesse et te prodiguer les secours dont tu pourras avoir besoin Bienheureux est le Père qui Cultive Les dispositions de Son fils dès Sa tendre Jeunesse : Il Jouira du fruit de Ses Veilles car le cœur de l’homme, qui n’a pas été corrompu par le méchant, est ordinairement sensible; la Gratitude dicte Ses Sentimens et le Souvenir des bienfaits reçus N’échappe jamais à la mémoire de l’homme qui a eu une bonne éducation [Prémière Leçon de Lecture] Voici, mon ami, les Lettres qui ont le nom de Voyelles dans l’Alphabeth. 268 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE absolument le corriger de ces défauts Si au contraire tu t’apperceois que l’Instituteur est un homme incapable d’enseigner Ne lui laisse pas plus longtemps le soin de l’Education de ton fils Les Autorités Constituées Sont là ; adresse toi à Celle qui est Spécialement Chargée de la Surveillance de l’Instruction publique La Voix de tes réclamations Sera écoutée et tu seras autorisé à choisir un Instituteur plus digne de ta Confiance et mieux instruit de ses devoirs Prends bien garde pourtant de ne te plaindre qu’à propos : Ne sois pas aveugle Sur les défauts de ton fils ; Ne prête pas non plus à son Instituteur des défauts qu’il n’auraient point Ne le Juge point d’après le rapport de ton fils, mais bien d’après tes propres Lumières et la plus éxacte jutice Sois Sévère Surtout relativement à la bonne Conduite de l’Instituteur : prends garde qu’il Ne Soit pas maître de ses passions et qu’il Ne donne à Ses Eleves de mauvais exemples Père de famille Souviens-toi que le Célibataire n’est pas propre à l’Education de la Jeunesse Je ne dis pas qu’il manque des talens nécessaires pour Instruire les enfans ; mais comme il ne connaît pas les Effets de la tendresse paternelle Ni les Jouissances de la piété filiale; comme il n’a jamais pu éprouver les douces émotions d’un Père carressé par son fils; d’un Père de qui les Enfans Sont la Consolation de sa Vieillesse et les défenseurs de Sa Patrie; il ignore ce que c’est que la douceur de se voir renaître dans ses descendans. Un Célibataire a fait abjuration avec les liens du Sang; il n’est point attaché à la Société II ne fait rien pour la Patrie Il est l’Ennemi Né et déclaré des générations futures C’est un monstre en politique puisque S’il y avait dans la société des êtres qui pensâssent tel que lui la société Serait bientôt dans le Néant. Ne confie donc point l’Education de ton fils à Celui qui Ne peut point lui inspirer l’amour de la Patrie, ni la tendresse paternelle, ni la piété filiale : Crains que l’Exemple contagieux de cet homme ne Se propage et que ton fils destiné pour le mariage Se fasse une loi de le fuir pour Jamais tel qu’a fait l’Instituteur que tu lui aurais donné Les Moines et les Prêtres étaient aussi des Célibataires Quand on leur parlait de la Patrie Ils levaient les yeux et montraient le ciel du bout du doigt ! jamais ils Ne Connurent de Patrie Sur la terre; aussi les Prêtres et les moines furent ils de tous temps les plus cruels fléaux de l’humanité Si quelques uns d’entr’eux ont pu prêcher la bonne morale ; Si leur cœur a pu se trouver d’accord avec les paroles de leur bouche Combien aussi s’en est il rencontré qui ont causé les plus cuisans chagrins aux familles Les hommes Naissent dans la Société Ils Vivent pour la Société et Celui qui Se Sépare du Corps Social ressemble au fruit non encore mûr qui tombe de la branche, où il trouvait un suc nouricier, et qui pourrît sur terre Celui qui étant Célibataire croit être membre du Corps Social, parce qu’il vit dans la Société, qu’il y travaille et en Supporte les Charges, Se trompe : Il ne lui appartient Véritablement que par son union intime avec une femme qui le fasse revivre dans sa postérité C’est un malheur pour un Citoyen que de N’avoir pas d’Enfans lorsqu’il est marié; mais ce malheur ne peut lui être imputé Et dans cette Situation la Société ne peut lui faire de reproches tandis qu’elle en a de grands à faire au Célibataire qui n’est pas Seulement Coupable pour Soi Seul puisque la femme qui lui était destinée par la Nature est forcée de garder le Célibat; ainsi tout célibataire prive une Epouse du bonheur d’être Mère. Père de famille Choisi pour Instituteur de ton fils un homme prudent et Sage, qui Soit instruit, qui ait toujours pratiqué les Mœurs et les Vertus sociales, de qui la conduite soit à l’abri de tout reproche, un homme éxact et régulier dans ses affaires personnelles un homme tel que tu desires que ton fils soit un Jour Ce choix une fois fait Secondes l’Instituteur : forces ton fils à écouter Ses leçons dans le Silence et avec le désir d’en profiter Viens de temps en temps l’informer de Sa Conduite : tu sais que l’Instituteur n’a que la Voye de la persuasion; Si ton fils N’est pas Soumis; S’il méprise les Sages remontrances qui lui Sont faites agis alors à Son égard avec toute la Sévérité paternelle. Retires de la Clâsse un mauvais Sujet qui Ne Serait propre qu’à y troubler l’Ordre, le Silence et l’Instruction, fais ensorte que l’Ecole enseignée par l’Instituteur de ton fils Soit le temple de la Sagesse et que le Jeune homme qui y aura été instruit Soit Capable par Ses talens et par les qualités du Cœur de remplir un Jour Ses devoirs dans la Société; d’être bon Citoyen, bon frère, bon fils, bon Epoux, et bon Pere C’est alors que tu béniras l’Etre éternel et que tu lui adresseras Sans cesse mille actions de grâces quand sur le déclin de tes Jours tu Verras ton fils respecter la Vieillesse et te prodiguer les secours dont tu pourras avoir besoin Bienheureux est le Père qui Cultive Les dispositions de Son fils dès Sa tendre Jeunesse : Il Jouira du fruit de Ses Veilles car le cœur de l’homme, qui n’a pas été corrompu par le méchant, est ordinairement sensible; la Gratitude dicte Ses Sentimens et le Souvenir des bienfaits reçus N’échappe jamais à la mémoire de l’homme qui a eu une bonne éducation [Prémière Leçon de Lecture] Voici, mon ami, les Lettres qui ont le nom de Voyelles dans l’Alphabeth. SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 269 [Troisième Leçon] Idée particulière Diphtongues On appelle Diphtongues les Syllabes composées de plusieurs Voyelles et qui se font entendre par une seule expression de la Voix SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 269 [Troisième Leçon] Idée particulière Diphtongues On appelle Diphtongues les Syllabes composées de plusieurs Voyelles et qui se font entendre par une seule expression de la Voix 270 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Oui . . . .Voila une double Diphtongue quand le mot est d’une seule Syllabe; mais quand Ouï est de 2 Syllabes la Diphtongue n’est plus que Simple, par ce qu’il faut prononcer ou-ï é-va-nou-ï é-blou-ï Nation ... Voila une Diphtongue; mais quand on prononce na,ti,on il n’y a plus de diphtongue Ces exemples Suffisent pour indiquer Ce que c’est qu’une Diphtongue : Il serait à désirer que les imprimeurs se servissent du tréma lorsque la mesure du Vers éxige que la Diphtongue disparaisse. quand on a prononcé ce bien heureux ouï Le cœur de deux Epoux est toujours réjoui des articles On nomme articles Les mots qui se placent devant les Noms fauteuil est le nom que l’on donne à un meuble destiné pour s’asseoir comodément. Ainsi le mot fauteuil étant du genre masculin on dit le fauteuil un fauteuil au singulier Les fauteuils deux fauteuils au pluriel Chaise est le nom que l’on donne à un meuble destiné pour s’asseoir ainsi le mot Chaise étant du genre féminin on dit la chaise, une chaise et les chaises Pain Vin fromage Du Pain du Vin du fromage au Pain au Vin au fromage Soupe viande table serviette la Soupe, la Viande, la table, homme garçon enfant l’homme le garçon l’Enfant femme fille Enfant la femme la fille l’Enfant des hommes des femmes des Enfans hommes femmes Enfans peuple Des pronoms Des adjectifs homme bon, femme belle, fille jolie, pain blanc, pain bis, pain tendre Cheval fougueux; Bête de Somme; Loup enragé ainsi le mot homme est Substantif : le mot bon est adjectif : le mot femme est adjectif : le mot belle est adjectif Cheval est le mot Substantif : et fougueux est le mot adjectif Des Verbes On nomme Verbes les mots qui Semblent désigner la possibilité d’agir Si un homme était paralitique des Jambes il ne pourrait pas marcher Or le mot marcher est un Verbe au Singulier Je marche tu marche il marche au pluriel Nous marchons Vous marché ils marchent On Nomme encore Verbe un mot qui désigne la propriété Avoir quelque chose au Singulier J’ai tu as, il a au pluriel Nous avons Vous avés Ils ont Dormir est un Verbe on le conjugue ainsi au Singulier Je dors, tu dors, il dort au pluriel Nous dormons, Vous dormés, Ils dorment Coudre est un Verbe que l’on conjugue ainsi au Singulier Je couds tu Couds il Coud au pluriel Nous cousons, Vous cousés, ils Cousent Voir est un Verbe au Singulier Je Vois tu Vois il Voit au pluriel Nous Voyons Vous Voyés Ils Voyent Il est un nombre infini de mots qui ont le titre de Verbe; mais il Suffira d’en désigner quelques uns pour apprendre aux jeunes gens leurs différentes manières d’être conjugués au singulier au pluriel la Serviette 270 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Oui . . . .Voila une double Diphtongue quand le mot est d’une seule Syllabe; mais quand Ouï est de 2 Syllabes la Diphtongue n’est plus que Simple, par ce qu’il faut prononcer ou-ï é-va-nou-ï é-blou-ï Nation ... Voila une Diphtongue; mais quand on prononce na,ti,on il n’y a plus de diphtongue Ces exemples Suffisent pour indiquer Ce que c’est qu’une Diphtongue : Il serait à désirer que les imprimeurs se servissent du tréma lorsque la mesure du Vers éxige que la Diphtongue disparaisse. quand on a prononcé ce bien heureux ouï Le cœur de deux Epoux est toujours réjoui des articles On nomme articles Les mots qui se placent devant les Noms fauteuil est le nom que l’on donne à un meuble destiné pour s’asseoir comodément. Ainsi le mot fauteuil étant du genre masculin on dit le fauteuil un fauteuil au singulier Les fauteuils deux fauteuils au pluriel Chaise est le nom que l’on donne à un meuble destiné pour s’asseoir ainsi le mot Chaise étant du genre féminin on dit la chaise, une chaise et les chaises Pain Vin fromage Du Pain du Vin du fromage au Pain au Vin au fromage Soupe viande table serviette la Soupe, la Viande, la table, homme garçon enfant l’homme le garçon l’Enfant femme fille Enfant la femme la fille l’Enfant des hommes des femmes des Enfans hommes femmes Enfans peuple Des pronoms Des adjectifs homme bon, femme belle, fille jolie, pain blanc, pain bis, pain tendre Cheval fougueux; Bête de Somme; Loup enragé ainsi le mot homme est Substantif : le mot bon est adjectif : le mot femme est adjectif : le mot belle est adjectif Cheval est le mot Substantif : et fougueux est le mot adjectif Des Verbes On nomme Verbes les mots qui Semblent désigner la possibilité d’agir Si un homme était paralitique des Jambes il ne pourrait pas marcher Or le mot marcher est un Verbe au Singulier Je marche tu marche il marche au pluriel Nous marchons Vous marché ils marchent On Nomme encore Verbe un mot qui désigne la propriété Avoir quelque chose au Singulier J’ai tu as, il a au pluriel Nous avons Vous avés Ils ont Dormir est un Verbe on le conjugue ainsi au Singulier Je dors, tu dors, il dort au pluriel Nous dormons, Vous dormés, Ils dorment Coudre est un Verbe que l’on conjugue ainsi au Singulier Je couds tu Couds il Coud au pluriel Nous cousons, Vous cousés, ils Cousent Voir est un Verbe au Singulier Je Vois tu Vois il Voit au pluriel Nous Voyons Vous Voyés Ils Voyent Il est un nombre infini de mots qui ont le titre de Verbe; mais il Suffira d’en désigner quelques uns pour apprendre aux jeunes gens leurs différentes manières d’être conjugués au singulier au pluriel la Serviette SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 271 Conjugaison du Verbe Etre SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 271 Conjugaison du Verbe Etre 272 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Impositif Subjonctif Modes Indéfinis futur relatif Singulier lére personne 2e 3e Pluriel lere * 2e 3e J’aurai été tu auras été il aura été Nous aurons été Vous aurés été Ils auront été Présent Prétérit Singulier lère personne 2e 3e Pluriel lère » 2e 3e Singulier lère personne 2e 3e Pluriel lère 2e 3e Je Serais tu Serais Il Serait Nous Serions Vous Sériés Ils Seraient J’aurais été tu aurais été Il aurait été Nous aurions été Vous auriés été Ils auraient été Singulier Présent absolu Pluriel Singulier lère personne 2e Présent relatif 3e Pluriel J ère > 2e 3e Singulier lère personne 2e Prétérit absolu 3e Pluriel j ère » 2e 3e Je fusse Tu fusse Il fût Nous fussions Vous fussiés Ils fussent J’aye été Tu ayez été Il ait été Nous ayons été Vous ayés été Ils ayent été 272 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Impositif Subjonctif Modes Indéfinis futur relatif Singulier lére personne 2e 3e Pluriel lere * 2e 3e J’aurai été tu auras été il aura été Nous aurons été Vous aurés été Ils auront été Présent Prétérit Singulier lère personne 2e 3e Pluriel lère » 2e 3e Singulier lère personne 2e 3e Pluriel lère 2e 3e Je Serais tu Serais Il Serait Nous Serions Vous Sériés Ils Seraient J’aurais été tu aurais été Il aurait été Nous aurions été Vous auriés été Ils auraient été Singulier Présent absolu Pluriel Singulier lère personne 2e Présent relatif 3e Pluriel J ère > 2e 3e Singulier lère personne 2e Prétérit absolu 3e Pluriel j ère » 2e 3e Je fusse Tu fusse Il fût Nous fussions Vous fussiés Ils fussent J’aye été Tu ayez été Il ait été Nous ayons été Vous ayés été Ils ayent été SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 273 Voila la méthode de Conjuguer les Verbes Je ne m’étendrai pas davantage sur cet objet parce que ce n’est pas une grammaire que je présente aux Jeunes gens qui ne font que commencer : Le temps Viendra où il Sera nécessaire d’entrer dans de plus grands developpemens ; mais trop de difficultés offertes ensemble fatiguent l’esprit d’un écolier et l’empêchent de saisir peu à peu ce qu’il faut qu’il apprenne J’ai tant Vu de Jeunes gens Sortir de chés Les maîtres écrivains et ne Savoir pas un mot de leur langue naturelle quoi qu’ils sûssent bien peindre l’Ecriture J’en ai tant Vû sortir des Ecoles publiques Sans | en Savoir davantage, que je crains encore que ce mal n’arrive aux Ecoliers enseignés dans les Ecoles primaires ; C’est pourquoi je Ne cesserai de recommander aux élèves de S’appliquer à la lecture; toujours à la Lecture. Elle Seule peut et doit meubler leur esprit et fournir à leur imagination Mais Ce que j’Entends par la Lecture Ce n’est pas de lire Sans attention et tout en Courrant Ce n’est pas de lire Sans S’arrêter à la Virgule, au point Virgule ; aux deux points : et au point. Ce N’est pas de lire Sans discerner le point interrogant ? ni le point admiratif ! ou point d’Exclamation ! Ce n’est pas de lire Sans faire entendre l’union de la Consonne qui termine un mot avec la Voyelle qui commence l’autre mot qui suit immédiattement Ce n’est pas de lire en prononceant la consonne ER dans les mots manger chercher marcher comme s’il y avait écrit mangeair cherchair marchair Ce n’est pas de lire Sans faire entendre la Véritable prononciation des Voyelles chargées des accents qui leur conviennent, telles que a â é è ê e Ce n’est pas de lire enfin Sans faire comprendre un Seul mot de ce qu’on lit et Sans que ceux qui Vous écoutent Ne comprènent rien non plus Il faut lire non par curiosité; mais par zèle et avec la véritable intention de s’instruire; et en lisant passer en revue tous les mots, éxaminer de Combien de Lettres ils sont Composés afin de Se le rappeller quand il Sera nécessaire de les écrire ; car il est honteux d’avoir lû cent fois le mot femme et d’écrire famé, d’avoir lû républicain et d’écrire ré-publiquain; d’e�_i�-lû d’une manière et d’écrire de l’autre La bonne lecture est le plus grand pas que l’on puisse faire vers l’Ortographe, en attendant que les principes nous en assurent tout à fait la véritable route Personne Ne doit ignorer qu’il y a une ortogra-phe d’usage et une ortographe de méthode Il a été impossible de donner des règles Sûres et assés étendues pour indiquer les Lettres à employer dans la composition de tous les mots de la Langue française. Le Dictionnaire le plus complet n’en offre qu’un faible extrait; dailleurs S’il fallait le consulter à chaque fois et à chaque mot l’Ecolier N’en finirait pas : il faut donc qu’il fasse de Ses yeux, de Sa mémoire et de son attention un Dictionnaire beaucoup plus Complet et plus étendu. Jeune homme Sache une bonne fois ce que peut la Lecture ; C’est un Vaste champ qui fournira à ton esprit des ressources infinies Lis donc Souvent ; mais lis avec ce brûlant désir d’apprendre Ne te rebutes pas de tes premiers essais Je Sais qu’ils t’offrent des difficultés et peut-être de l’ennui; mais prends courage et bientôt le développement de tes idées te procureront (sic) des Jouissances délicieuses ! tout alors parlera à ton imagination ! tu te diras à toi même les Livres qui me fournissent tant de ressources sont l’ouvrage de l’homme il est donc possible qu’avec du temps et de l’application je puisse parvenir à en faire autant ? oui Sans doute Cela te deviendra possible; mais prends y garde Ce Ne Sera qu’à force de travail et d’études Si au contraire tu perds le temps de tes Clâsses à la Dissipation; Si au lieu de t’appliquer et d’écouter les leçons dans le plus profond Silence tu t’amuses au Jeu et à chuchotter à l’oreille de tes camarades Je te le prédis d’avance tu n’apprendras rien et tu ne Sauras jamais rien Le temps de ta Jeunesse aura été employé en pure perte et jamais Ce temps ne Se récupère Regardes autour de toi et tu Verras des hommes ne Sachant Ni lire Ni écrire, tu en Verras d’autres Sachant mal lire et mal écrire tu en Verras enfin quoique Sachant lire et écrire N’être pas Capable de produire d’eux mêmes une Seule idée sur le papier Si tu Savais Combien ces gens-là Sont à plaindre ! Combien de fois ils se trouvent embarrassés dans la Conduite de leurs affaires personnelles ! Combien ils Sont peu propres a être utiles à la Société ! tu ferais de bonne heure tes efforts pour ne pas leur devenir Semblable. Cela Ne dépend que de toi Souviens toi Seulement que ce N’est que quand On est Jeune qu’on peut aisément apprendre à lire Lorsqu’on est avancé en âge il est impossible d’apprendre à lire Ne crois pas Non plus que tu Sais lire parce que tu fais la lecture un peu passablement comme plusieurs de tes Camarades car tu Serais dans l’erreur On ne Sait bien Lire que quand on Comprend ce qu’on lit et que l’on entend parfaitement la signification des mots et la construction des Phrâses. Interroge-toi toi même : Sois ton juge et tu verras bientôt ton insuffisance fais des Essais Compare les à ceux de tes camarades et rends toi justice Tu parles assés bien en faisant la conversation avec tes camarades ; demandes toi comment tu as pu apprendre à parler et Voila la raison que tu t’en donneras c’est à force d’avoir entendu parler mes Père et Mère, mes frères et sœurs, mes parens et mes amis Eh bien tu ne Sais encore que la langue parlée il faut maintenant apprendre la langue écrite II faut que les livres parlent à tes yeux et que ta bouche prononce ce que tes yeux on Vû. pour Cet Effet tu reconnaîtras les Vingt Neuf figures alphabétiques. Il y en a Dix qui produisent Chacune un son différent les Voici aâeéèêiouy Elles Se nomment Voîelles Il y en a dix neuf autres qui ne produisent point de Son les Voici bcdfghjklmnpqrstvxz: Elles Sont appellées consonnes. L’usage ancien les avait fait épeller comme Si elles eussent été répre-sentées de cette manière bé, cé, dé, ef, gé, hache, Ji, ka, elle, éme, éne, pé, qu’u, ér, ésse, té, vé, ix zède 18 SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N° 5 273 Voila la méthode de Conjuguer les Verbes Je ne m’étendrai pas davantage sur cet objet parce que ce n’est pas une grammaire que je présente aux Jeunes gens qui ne font que commencer : Le temps Viendra où il Sera nécessaire d’entrer dans de plus grands developpemens ; mais trop de difficultés offertes ensemble fatiguent l’esprit d’un écolier et l’empêchent de saisir peu à peu ce qu’il faut qu’il apprenne J’ai tant Vu de Jeunes gens Sortir de chés Les maîtres écrivains et ne Savoir pas un mot de leur langue naturelle quoi qu’ils sûssent bien peindre l’Ecriture J’en ai tant Vû sortir des Ecoles publiques Sans | en Savoir davantage, que je crains encore que ce mal n’arrive aux Ecoliers enseignés dans les Ecoles primaires ; C’est pourquoi je Ne cesserai de recommander aux élèves de S’appliquer à la lecture; toujours à la Lecture. Elle Seule peut et doit meubler leur esprit et fournir à leur imagination Mais Ce que j’Entends par la Lecture Ce n’est pas de lire Sans attention et tout en Courrant Ce n’est pas de lire Sans S’arrêter à la Virgule, au point Virgule ; aux deux points : et au point. Ce N’est pas de lire Sans discerner le point interrogant ? ni le point admiratif ! ou point d’Exclamation ! Ce n’est pas de lire Sans faire entendre l’union de la Consonne qui termine un mot avec la Voyelle qui commence l’autre mot qui suit immédiattement Ce n’est pas de lire en prononceant la consonne ER dans les mots manger chercher marcher comme s’il y avait écrit mangeair cherchair marchair Ce n’est pas de lire Sans faire entendre la Véritable prononciation des Voyelles chargées des accents qui leur conviennent, telles que a â é è ê e Ce n’est pas de lire enfin Sans faire comprendre un Seul mot de ce qu’on lit et Sans que ceux qui Vous écoutent Ne comprènent rien non plus Il faut lire non par curiosité; mais par zèle et avec la véritable intention de s’instruire; et en lisant passer en revue tous les mots, éxaminer de Combien de Lettres ils sont Composés afin de Se le rappeller quand il Sera nécessaire de les écrire ; car il est honteux d’avoir lû cent fois le mot femme et d’écrire famé, d’avoir lû républicain et d’écrire ré-publiquain; d’e�_i�-lû d’une manière et d’écrire de l’autre La bonne lecture est le plus grand pas que l’on puisse faire vers l’Ortographe, en attendant que les principes nous en assurent tout à fait la véritable route Personne Ne doit ignorer qu’il y a une ortogra-phe d’usage et une ortographe de méthode Il a été impossible de donner des règles Sûres et assés étendues pour indiquer les Lettres à employer dans la composition de tous les mots de la Langue française. Le Dictionnaire le plus complet n’en offre qu’un faible extrait; dailleurs S’il fallait le consulter à chaque fois et à chaque mot l’Ecolier N’en finirait pas : il faut donc qu’il fasse de Ses yeux, de Sa mémoire et de son attention un Dictionnaire beaucoup plus Complet et plus étendu. Jeune homme Sache une bonne fois ce que peut la Lecture ; C’est un Vaste champ qui fournira à ton esprit des ressources infinies Lis donc Souvent ; mais lis avec ce brûlant désir d’apprendre Ne te rebutes pas de tes premiers essais Je Sais qu’ils t’offrent des difficultés et peut-être de l’ennui; mais prends courage et bientôt le développement de tes idées te procureront (sic) des Jouissances délicieuses ! tout alors parlera à ton imagination ! tu te diras à toi même les Livres qui me fournissent tant de ressources sont l’ouvrage de l’homme il est donc possible qu’avec du temps et de l’application je puisse parvenir à en faire autant ? oui Sans doute Cela te deviendra possible; mais prends y garde Ce Ne Sera qu’à force de travail et d’études Si au contraire tu perds le temps de tes Clâsses à la Dissipation; Si au lieu de t’appliquer et d’écouter les leçons dans le plus profond Silence tu t’amuses au Jeu et à chuchotter à l’oreille de tes camarades Je te le prédis d’avance tu n’apprendras rien et tu ne Sauras jamais rien Le temps de ta Jeunesse aura été employé en pure perte et jamais Ce temps ne Se récupère Regardes autour de toi et tu Verras des hommes ne Sachant Ni lire Ni écrire, tu en Verras d’autres Sachant mal lire et mal écrire tu en Verras enfin quoique Sachant lire et écrire N’être pas Capable de produire d’eux mêmes une Seule idée sur le papier Si tu Savais Combien ces gens-là Sont à plaindre ! Combien de fois ils se trouvent embarrassés dans la Conduite de leurs affaires personnelles ! Combien ils Sont peu propres a être utiles à la Société ! tu ferais de bonne heure tes efforts pour ne pas leur devenir Semblable. Cela Ne dépend que de toi Souviens toi Seulement que ce N’est que quand On est Jeune qu’on peut aisément apprendre à lire Lorsqu’on est avancé en âge il est impossible d’apprendre à lire Ne crois pas Non plus que tu Sais lire parce que tu fais la lecture un peu passablement comme plusieurs de tes Camarades car tu Serais dans l’erreur On ne Sait bien Lire que quand on Comprend ce qu’on lit et que l’on entend parfaitement la signification des mots et la construction des Phrâses. Interroge-toi toi même : Sois ton juge et tu verras bientôt ton insuffisance fais des Essais Compare les à ceux de tes camarades et rends toi justice Tu parles assés bien en faisant la conversation avec tes camarades ; demandes toi comment tu as pu apprendre à parler et Voila la raison que tu t’en donneras c’est à force d’avoir entendu parler mes Père et Mère, mes frères et sœurs, mes parens et mes amis Eh bien tu ne Sais encore que la langue parlée il faut maintenant apprendre la langue écrite II faut que les livres parlent à tes yeux et que ta bouche prononce ce que tes yeux on Vû. pour Cet Effet tu reconnaîtras les Vingt Neuf figures alphabétiques. Il y en a Dix qui produisent Chacune un son différent les Voici aâeéèêiouy Elles Se nomment Voîelles Il y en a dix neuf autres qui ne produisent point de Son les Voici bcdfghjklmnpqrstvxz: Elles Sont appellées consonnes. L’usage ancien les avait fait épeller comme Si elles eussent été répre-sentées de cette manière bé, cé, dé, ef, gé, hache, Ji, ka, elle, éme, éne, pé, qu’u, ér, ésse, té, vé, ix zède 18 274 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE L’on a essayé depuis plusieurs années de les faire épeller de la manière suivante be ce de fe ge ; he je ke, le, me, ne, pe, que, re, se, te, ve, xe, ze; mais cette nouvelle méthode est une nouvelle erreur qui pourrait en faire naître autant d’autres qu’il y a de diverses Voyelles parce qu’enfin Si le premier grammairien a pu dire Cette Consonne b Sera exprimée par Cette expression bé un autre écrivain n’a-t’il pas eu le droit d’émettre Son Vœu pour que Cette même consonne b Soit exprimée par Cette expression ba ou par Celle ci be ou par Celle la bè ou encore par toutes les autres Voyelles telles que bê bi bo bu; car enfin quel droit une Voyelle a telle sur une autre Voyelle pour lui être préférée C’est à dire pour être employée à donner un Son aux 19 Consonnes ? Si l’on fait attention au résultat de la lecture on verra que les consonnes prennent le son de la Syllabe qui les précèdent où qui leur Succèdent et l’on Sera convaincu que les Consonnes ne produisent aucun Son et qu’elles Servent Seulement à l’In-fléxion des organes de la bouche lors de la prononciation Elles Sont exprimées par une espèce de Sifflement tantôt nazal tantôt labial ou dental, ou lingual, ou palatial, ou guttural par exemple ba, bé, bi, bo, bu; pa, pé, pi, po, pu; ma, mé, mi, mo, mu; Sont de la clâsse Nommée labiale et Nazale Pha phé phi pho phu fa, fé, fi, fo, fu, Va, Vé, Vi, Vo, Vu - Sont de la classe labiale et dentale Da dé di do du; ta té ti to tu Sont de la classe lingüale et dentale Na, né, ni, no, nu Sont de la classe dentale lingüale et Nazale ga go gu sont de la classe Lingüale et palatiale Ja gé je gi ji jo ju sont de la classe des dentales La lé li lo lu sont de la classe linguale et palatiale; mais avec cette différence que pour prononcer ga go gu la langue se gonfle et s’écarte Vers le palais au lieu que pour prononcer la lé li lo lu c’est le bout de la langue qui se porte vers le palais cé ci sa sé si se su sont de la classe dentale et linguale avec espèce de sifflement ha hé hi ho hu cette Consonne ne change point le Son de la Voyelle Non plus que Son Inflexion à moins qu’elle ne Soit précédée d’une autre Comme cha ché chi cho chu hameau Chameau Elle a encore une autre circonstance qui la distingue C’est d’être quelques fois aspirée et quelques fois de Ne l’être pas comme dans héron héros hibou habitant héritier hypocrite; ainsi l’on dit le héron; le héros; le hibou et non pas l’héron l’héros l’hibou On dit aussi l’héritier l’habit l’hypocrite et Non pas le héritier le habit le hypocrite La Consonne xa xé xi xo xu fait Souvent entendre l’expression de csa csé csi cso csu et l’expression de gza gzé gzi gzo gzu tel que dans axe séxe où l’on prononce ac-se sec-se ou tel que dans exemple exercice où l’on prononce eg-zem-ple eg-zer-ci-ce Ces remarques présentent beaucoup de difficultés à Vaincre aux Commencemens ; aussi II ne S’agit pas de les leur offrir en ce moment où il n’est question que de leur apprendre à lire; mais ce qu’il importe beaucoup à leur faire observer c’est l’Epellation par Syllabe et non l’épellation par lettres J’ignore si l’auteur de l’opéra comique le Déserteur a eu intention de Critiquer la méthode d’Epeller par lettres lorsqu’il a disposé le rôle de Montauciel à qui il met un papier, à la main en lui faisant dire pour apprendre à lire Vé ou ess ; é té esse, trompette, bé elle a enne cé, bé é cé blessé; mais j’ai toujours regardé Ce rôle Comme une Critique sur la méthode d’épeller par lettres Je Sais qu’il Sera difficile de reformer l’usage Chés les jeunes gens qui ont déjà reçu quelques leçons; mais Je Sais aussi que ceux qui N’ont pas encore Commencé apprendront à lire avec beaucoup plus de facilité et en moins de temps dès qu’on ne leur fera prononcer que les Syllabes et jamais les Consonnes Seules il eut été à désirer que l’on écrivit les mots tels que l’usage Veut qu’ils Soient prononcés ou qu’on les prononceat tels que l’usage veut qu’ils soient écrits; par ce qu’alors les Jeunes gens auraient bien moins de peine à apprendre à lire on prononce appréhension Comme on prononce convention ou précaution dans ces trois mots il se trouvent trois diverses manières ...appréhension est dans la règle de la prononciation par ce qu’il faut prononcer hen-si-on dans précaution la ti se prononce comme S’il y avait si alors il faut dire à l’Ecolier que la Consonne qui se trouve entre deux Voyelles fait changer la modification de la Voix et rendre l’inflexion Si ou lieu de ti l’Ecolier saisira peut être Cette observation Mais quand il Viendra à prononcer le mot Convention quelle raison faudra t’il lui donner pour légitimer le changement de ti en si ? C’est alors que les mots usage et Etimologie vont servir de réponse à l’Instituteur et le Jeune homme N’en comprendra pas mieux pourquoi il y a une différence entre la manière d’écrire et la maniéré de prononcer Il y a dans la langue française peut-être plus de Mille mots qui terminent par tion et je ne crois pas qu’il y en ait plus d’un ou plus de deux qui se prononcent autrement que comme s’ils étaient écrit Cion ou Sion; action; adoption; attention; ré-fléxion, réputation; progression : Les mots qui terminent par tion sont Question Bastion Enfin dans d’autres mots la syllabe ti est prononcée ci et la Syllabe si est prononcée Zi comme dans le mot révision précision. Je ne me Suis apperçu que trop tard de la faute typographique qui se trouve dans le livre destiné à l’usage des Ecoles Primaires et dans lequel les mots sont divisés par Syllabes pour faciliter les Jeunes écoliers à l’Epellation Sans quoi j’y aurais remédié; Mais comme ce livre est maintenant répandu dans presque toutes les Communes de la république et que la réimpression a déjà eu et aura encore lieu Je dois faire remarquer aux Imprimeurs la nécessité de diviser les Syllabes de tous les mots dans lesquels se trouve la consonne Sa Se Si So Su qui doit se prononcer Comme Za Ze Zi Zo Zu de les diviser di-je de Cette manière pro-vis-oi-re-ment ex-pos-er caus-er, bâs-es, nuis-ibles pais-i-ble prés-en-ce Cette methode-prés-en-te Naturellement l’obligation de faire entendre la li-ais-on de la Consonne avec la Voyelle et évite la nécessité d’observer à l’Ecolier, qui ne fait que commencer à apprendre, que la consonne Sa Se Si placée entre deux Voyelles Se prononce comme Za ze Zi zo zu. plus on évitera de difficultés aux Jeunes Elèves plus ils accéléreront leurs progrès dans la Lecture. Il Sera temps de parler de méthode, de 274 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE L’on a essayé depuis plusieurs années de les faire épeller de la manière suivante be ce de fe ge ; he je ke, le, me, ne, pe, que, re, se, te, ve, xe, ze; mais cette nouvelle méthode est une nouvelle erreur qui pourrait en faire naître autant d’autres qu’il y a de diverses Voyelles parce qu’enfin Si le premier grammairien a pu dire Cette Consonne b Sera exprimée par Cette expression bé un autre écrivain n’a-t’il pas eu le droit d’émettre Son Vœu pour que Cette même consonne b Soit exprimée par Cette expression ba ou par Celle ci be ou par Celle la bè ou encore par toutes les autres Voyelles telles que bê bi bo bu; car enfin quel droit une Voyelle a telle sur une autre Voyelle pour lui être préférée C’est à dire pour être employée à donner un Son aux 19 Consonnes ? Si l’on fait attention au résultat de la lecture on verra que les consonnes prennent le son de la Syllabe qui les précèdent où qui leur Succèdent et l’on Sera convaincu que les Consonnes ne produisent aucun Son et qu’elles Servent Seulement à l’In-fléxion des organes de la bouche lors de la prononciation Elles Sont exprimées par une espèce de Sifflement tantôt nazal tantôt labial ou dental, ou lingual, ou palatial, ou guttural par exemple ba, bé, bi, bo, bu; pa, pé, pi, po, pu; ma, mé, mi, mo, mu; Sont de la clâsse Nommée labiale et Nazale Pha phé phi pho phu fa, fé, fi, fo, fu, Va, Vé, Vi, Vo, Vu - Sont de la classe labiale et dentale Da dé di do du; ta té ti to tu Sont de la classe lingüale et dentale Na, né, ni, no, nu Sont de la classe dentale lingüale et Nazale ga go gu sont de la classe Lingüale et palatiale Ja gé je gi ji jo ju sont de la classe des dentales La lé li lo lu sont de la classe linguale et palatiale; mais avec cette différence que pour prononcer ga go gu la langue se gonfle et s’écarte Vers le palais au lieu que pour prononcer la lé li lo lu c’est le bout de la langue qui se porte vers le palais cé ci sa sé si se su sont de la classe dentale et linguale avec espèce de sifflement ha hé hi ho hu cette Consonne ne change point le Son de la Voyelle Non plus que Son Inflexion à moins qu’elle ne Soit précédée d’une autre Comme cha ché chi cho chu hameau Chameau Elle a encore une autre circonstance qui la distingue C’est d’être quelques fois aspirée et quelques fois de Ne l’être pas comme dans héron héros hibou habitant héritier hypocrite; ainsi l’on dit le héron; le héros; le hibou et non pas l’héron l’héros l’hibou On dit aussi l’héritier l’habit l’hypocrite et Non pas le héritier le habit le hypocrite La Consonne xa xé xi xo xu fait Souvent entendre l’expression de csa csé csi cso csu et l’expression de gza gzé gzi gzo gzu tel que dans axe séxe où l’on prononce ac-se sec-se ou tel que dans exemple exercice où l’on prononce eg-zem-ple eg-zer-ci-ce Ces remarques présentent beaucoup de difficultés à Vaincre aux Commencemens ; aussi II ne S’agit pas de les leur offrir en ce moment où il n’est question que de leur apprendre à lire; mais ce qu’il importe beaucoup à leur faire observer c’est l’Epellation par Syllabe et non l’épellation par lettres J’ignore si l’auteur de l’opéra comique le Déserteur a eu intention de Critiquer la méthode d’Epeller par lettres lorsqu’il a disposé le rôle de Montauciel à qui il met un papier, à la main en lui faisant dire pour apprendre à lire Vé ou ess ; é té esse, trompette, bé elle a enne cé, bé é cé blessé; mais j’ai toujours regardé Ce rôle Comme une Critique sur la méthode d’épeller par lettres Je Sais qu’il Sera difficile de reformer l’usage Chés les jeunes gens qui ont déjà reçu quelques leçons; mais Je Sais aussi que ceux qui N’ont pas encore Commencé apprendront à lire avec beaucoup plus de facilité et en moins de temps dès qu’on ne leur fera prononcer que les Syllabes et jamais les Consonnes Seules il eut été à désirer que l’on écrivit les mots tels que l’usage Veut qu’ils Soient prononcés ou qu’on les prononceat tels que l’usage veut qu’ils soient écrits; par ce qu’alors les Jeunes gens auraient bien moins de peine à apprendre à lire on prononce appréhension Comme on prononce convention ou précaution dans ces trois mots il se trouvent trois diverses manières ...appréhension est dans la règle de la prononciation par ce qu’il faut prononcer hen-si-on dans précaution la ti se prononce comme S’il y avait si alors il faut dire à l’Ecolier que la Consonne qui se trouve entre deux Voyelles fait changer la modification de la Voix et rendre l’inflexion Si ou lieu de ti l’Ecolier saisira peut être Cette observation Mais quand il Viendra à prononcer le mot Convention quelle raison faudra t’il lui donner pour légitimer le changement de ti en si ? C’est alors que les mots usage et Etimologie vont servir de réponse à l’Instituteur et le Jeune homme N’en comprendra pas mieux pourquoi il y a une différence entre la manière d’écrire et la maniéré de prononcer Il y a dans la langue française peut-être plus de Mille mots qui terminent par tion et je ne crois pas qu’il y en ait plus d’un ou plus de deux qui se prononcent autrement que comme s’ils étaient écrit Cion ou Sion; action; adoption; attention; ré-fléxion, réputation; progression : Les mots qui terminent par tion sont Question Bastion Enfin dans d’autres mots la syllabe ti est prononcée ci et la Syllabe si est prononcée Zi comme dans le mot révision précision. Je ne me Suis apperçu que trop tard de la faute typographique qui se trouve dans le livre destiné à l’usage des Ecoles Primaires et dans lequel les mots sont divisés par Syllabes pour faciliter les Jeunes écoliers à l’Epellation Sans quoi j’y aurais remédié; Mais comme ce livre est maintenant répandu dans presque toutes les Communes de la république et que la réimpression a déjà eu et aura encore lieu Je dois faire remarquer aux Imprimeurs la nécessité de diviser les Syllabes de tous les mots dans lesquels se trouve la consonne Sa Se Si So Su qui doit se prononcer Comme Za Ze Zi Zo Zu de les diviser di-je de Cette manière pro-vis-oi-re-ment ex-pos-er caus-er, bâs-es, nuis-ibles pais-i-ble prés-en-ce Cette methode-prés-en-te Naturellement l’obligation de faire entendre la li-ais-on de la Consonne avec la Voyelle et évite la nécessité d’observer à l’Ecolier, qui ne fait que commencer à apprendre, que la consonne Sa Se Si placée entre deux Voyelles Se prononce comme Za ze Zi zo zu. plus on évitera de difficultés aux Jeunes Elèves plus ils accéléreront leurs progrès dans la Lecture. Il Sera temps de parler de méthode, de SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N°s6-7 275 grammaire d’ortographe quand l’écolier commencera à bien lire et à comprendre Ce qu’il lit. lui en parler trop tôt c’est l’embarasser sans en tirer avantage Mais une Chose essentielle à enseigner à la Jeunesse C’est la morale : il faut donc lui remettre sans cesse Sous les yeux les Sentimens des anciens moralistes; de ces hommes qui ont éclairé leurs Contemporains et dont les Vertus peuvent aujourd’hui nous servir de modèles La régénération des Mœurs sociales est le grand ouvrage qu’il s’agit d’entreprendre et bientôt les Pères de famille seront étonnés des progrès de leurs enfans dans le chemin de la Vertu. Le Sénat français est décoré des portraits de grands hommes J’y ai Vu Solon Licurgues Démos-thènes, Caton Cicéron Socrate Plutarque Sénèque Epictète platon Rousseau. Pourquoi expose t’on aux regards des fondateurs et des soutiens de la république Ces Moralistes profonds qui furent les Lumières de leurs Siècles Si ce n’est pas rendre honneur à leur mémoire et Inspirer aux Républicains français le désir de marcher sur leurs traces Je vais donc vous donner un Extrait bien détaillé de la vie des mœurs et des ouvrages de chacun d’eux Cette lecture enflâmera votre Courage et comme les hommes deviennent tout ce qu’une bonne éducation peut faire espérer des talens Socrate athénien Il est né dans le village d’aloppé etc etc ses Sentimens Sur l’être Suprême Si l’Etre Suprême a dérobé Sa nature à notre entendement il a manifesté Son Existence Sa Sagesse, sa puissance et Sa bonté dans Ses ouvrages etc etc Sa Morale Il n’y a qu’un bien C’est la Science Il n’y a qu’un mal c’est l’ignorance etc etc Son Courage au Siège de Délium; il porta Xénophon qui fut renversé de son cheval; et chargé de ce fardeau il marchait en arrière et Combattait les Ennemis : Il passait à Son Poste des Jours entiers etc etc Après vous avoir retracé l’histoire des grands hommes; rapporté leurs principes de morale Je Vous raconterai les actions héroyques des défenseurs de la republique française; mais ce Sera l’objet d’un nouveau Livre Classique. Si toutes fois une plume plus savante n’entreprend pas Ce grand et utile oûvrage 6 L’agent national de Vitry-sur-Marne (l) écrit que tous les citoyens du district sont prêts à verser leur sang pour la Convention, et lui vouent une éternelle reconnoissance. Mention honorable, insertion au bulletin (2). (l) Marne. (2) P.V., XLI, 320. [Vitry-sur-Marne, 19 mess. II] [ l). « Législateurs. Grâce à vos sollicitudes paternelles, bientôt le sol de la Liberté ne sera plus souillé par les hydeux satellites vomis par le despotisme. De tous les points de la République, la trompette des victoires remportées par nos Généreux défenseurs sonne. A ces nouvelles heureuses, les habitans de notre District animés du même zèle que leurs magistrats, ont partagés leur enthousiasme et leurs sentimens. Restés à votre poste, braves Montagnards. Continués vos travaux pénibles, annéantissez de toutes parts le despotisme, l’arristocratie et le fédéralisme, affermissez la République, votre ouvrage, sur des bases inébranlables; tels sont les sentimens patriotiques des citoyens du district de Vitry-sur-Marne, qui pour tant de bienfaits, vous vouent une reconnaissance éternelle et sont prêts à verser leur sang pour vous. S. et F. » Hery. 7 Le comité de surveillance de la commune de vendôme, département de Loir-et-Cher, adresse à la Convention ses félicitations et l’expression de sa joie pour la victoire réitérée de la République; il l’invite à rester à son poste, et lui fait part de l’indignation dont il a été saisi à la nouvelle des dangers qui ont menacé Collot-d’Herbois et Robespierre. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Vendôme, 19 mess. W { 3). « Citoyens représentants. Les victoires réitérées que la république remporte tous les jours tant sur ses ennemis du dehors que sur ceux de l’intérieur sont la suite et le résultat des grands travaux qui vous occupent. Nous vous adressons nos félicitations et l’expression sincère de la joÿe qui nous anime. Continués représentants, restés au poste qui vous est confié, et la République acquiérera des bases inébranlables. L’attentat commis sur les républicains Robespierre et Collot d’Herbois nous a remplis d’effroi et d’horreur contre les scélérats qui ont voulu s’en rendre coupables; ces sentiments ont fait place à la satisfaction la plus pure lorsque nous avons appris que leur projet avait été vain, et qu’ils allaient subir la peine duë a leurs forfaits. L’Etre suprême veille sur nous, il applaudit à la liberté que nous voulons consolider. Et pourrait-il ne pas l’accueillir lorsqu’elle est fondée sur la vertu et la justice. S. et F. » Pépin (présid.), Lebarjanary, Mulnier, Ga-rault, Breton, Martelliere, Bonneau, Baillou [et 4 signatures illisibles.] (l) C 309, pl. 1201, p. 28. (2) P.V., XLI, 320. (3) C 309, pl. 1201, p. 27. SÉANCE DU 30 MESSIDOR AN II (18 JUILLET 1794) N°s6-7 275 grammaire d’ortographe quand l’écolier commencera à bien lire et à comprendre Ce qu’il lit. lui en parler trop tôt c’est l’embarasser sans en tirer avantage Mais une Chose essentielle à enseigner à la Jeunesse C’est la morale : il faut donc lui remettre sans cesse Sous les yeux les Sentimens des anciens moralistes; de ces hommes qui ont éclairé leurs Contemporains et dont les Vertus peuvent aujourd’hui nous servir de modèles La régénération des Mœurs sociales est le grand ouvrage qu’il s’agit d’entreprendre et bientôt les Pères de famille seront étonnés des progrès de leurs enfans dans le chemin de la Vertu. Le Sénat français est décoré des portraits de grands hommes J’y ai Vu Solon Licurgues Démos-thènes, Caton Cicéron Socrate Plutarque Sénèque Epictète platon Rousseau. Pourquoi expose t’on aux regards des fondateurs et des soutiens de la république Ces Moralistes profonds qui furent les Lumières de leurs Siècles Si ce n’est pas rendre honneur à leur mémoire et Inspirer aux Républicains français le désir de marcher sur leurs traces Je vais donc vous donner un Extrait bien détaillé de la vie des mœurs et des ouvrages de chacun d’eux Cette lecture enflâmera votre Courage et comme les hommes deviennent tout ce qu’une bonne éducation peut faire espérer des talens Socrate athénien Il est né dans le village d’aloppé etc etc ses Sentimens Sur l’être Suprême Si l’Etre Suprême a dérobé Sa nature à notre entendement il a manifesté Son Existence Sa Sagesse, sa puissance et Sa bonté dans Ses ouvrages etc etc Sa Morale Il n’y a qu’un bien C’est la Science Il n’y a qu’un mal c’est l’ignorance etc etc Son Courage au Siège de Délium; il porta Xénophon qui fut renversé de son cheval; et chargé de ce fardeau il marchait en arrière et Combattait les Ennemis : Il passait à Son Poste des Jours entiers etc etc Après vous avoir retracé l’histoire des grands hommes; rapporté leurs principes de morale Je Vous raconterai les actions héroyques des défenseurs de la republique française; mais ce Sera l’objet d’un nouveau Livre Classique. Si toutes fois une plume plus savante n’entreprend pas Ce grand et utile oûvrage 6 L’agent national de Vitry-sur-Marne (l) écrit que tous les citoyens du district sont prêts à verser leur sang pour la Convention, et lui vouent une éternelle reconnoissance. Mention honorable, insertion au bulletin (2). (l) Marne. (2) P.V., XLI, 320. [Vitry-sur-Marne, 19 mess. II] [ l). « Législateurs. Grâce à vos sollicitudes paternelles, bientôt le sol de la Liberté ne sera plus souillé par les hydeux satellites vomis par le despotisme. De tous les points de la République, la trompette des victoires remportées par nos Généreux défenseurs sonne. A ces nouvelles heureuses, les habitans de notre District animés du même zèle que leurs magistrats, ont partagés leur enthousiasme et leurs sentimens. Restés à votre poste, braves Montagnards. Continués vos travaux pénibles, annéantissez de toutes parts le despotisme, l’arristocratie et le fédéralisme, affermissez la République, votre ouvrage, sur des bases inébranlables; tels sont les sentimens patriotiques des citoyens du district de Vitry-sur-Marne, qui pour tant de bienfaits, vous vouent une reconnaissance éternelle et sont prêts à verser leur sang pour vous. S. et F. » Hery. 7 Le comité de surveillance de la commune de vendôme, département de Loir-et-Cher, adresse à la Convention ses félicitations et l’expression de sa joie pour la victoire réitérée de la République; il l’invite à rester à son poste, et lui fait part de l’indignation dont il a été saisi à la nouvelle des dangers qui ont menacé Collot-d’Herbois et Robespierre. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Vendôme, 19 mess. W { 3). « Citoyens représentants. Les victoires réitérées que la république remporte tous les jours tant sur ses ennemis du dehors que sur ceux de l’intérieur sont la suite et le résultat des grands travaux qui vous occupent. Nous vous adressons nos félicitations et l’expression sincère de la joÿe qui nous anime. Continués représentants, restés au poste qui vous est confié, et la République acquiérera des bases inébranlables. L’attentat commis sur les républicains Robespierre et Collot d’Herbois nous a remplis d’effroi et d’horreur contre les scélérats qui ont voulu s’en rendre coupables; ces sentiments ont fait place à la satisfaction la plus pure lorsque nous avons appris que leur projet avait été vain, et qu’ils allaient subir la peine duë a leurs forfaits. L’Etre suprême veille sur nous, il applaudit à la liberté que nous voulons consolider. Et pourrait-il ne pas l’accueillir lorsqu’elle est fondée sur la vertu et la justice. S. et F. » Pépin (présid.), Lebarjanary, Mulnier, Ga-rault, Breton, Martelliere, Bonneau, Baillou [et 4 signatures illisibles.] (l) C 309, pl. 1201, p. 28. (2) P.V., XLI, 320. (3) C 309, pl. 1201, p. 27.