SÉANCE DU 20 BRUMAIRE AN III (10 NOVEMBRE 1794) - N° 1 61 orage affreux qui pesoit sur nos têtes. Perrin et Goupilleau ont renversé le colosse hydeux du despotisme le plus allarmant et le plus tyrannique qui jamais ait affligé l’humanité. Borie avoit jetté la consternation et l’effroy dans toutes les âmes ; Perrin et Goupilleau font couler dans les coeurs un baume salutaire. Le premier voyoit partout le crime et son honteux cortège ; les seconds ne voyent que la vertu persécutée et l’innocense opprimée. L’un croyoit consolider la révolution par les vexations inouies aux quelles il ne s’opposoit pas. Les autres font des amis à la republique par la justice qu’ils appliquent avec discernement et le résultat de leurs operations reunit tous les coeurs et tous les esprits. Celui-la s’étoit entouré d’êtres pervers et corrompus ; ceux-ci ne consultent que des hommes d’une probité reconnue. Soyez donc en garde, representans sur les insinuations perfides qui pourroient vous parvenir sur la conduite de vos dignes collègues. La paix, la tranquilite règne dans le Midy. L’elargissement des victimes de la tyrannie a comblé de joye les citoyens vertueux qui connoissent les limites de la liberté et de l’égalité. On vous a dit que Perrin et Goupilleau organisoient la contre révolution. Ce blasphème politique est celui de quelques intrigans astucieux qui égarés par un faux zele, voyent des ennemis de la Republique partout et dans tout ce qui n’est pas eux, mais qu’ils apprennnent ces hommes qu’un fol espoir avoit séduit, que la liberté et l’égalité ont été solemnellement proclamées pour tous les français : que le cultivateur, le commerçant, l’artiste et l’ouvrier sont tous freres ; qu’ils doivent se tenir tous par la main et que de l’union de la Convention nationale doit naitre l’harmonie qui rendra la france la plus belle et la plus florissante république de l’univers. C’est ce prodige politique que Perrin et Goupilleau sont venus operer dans le midy ; ils veulent que toute lutte qui pourroit s’elever entre les diverses conditions qui composent le peuple français soit étouffée, que la confiance renaisse et qu’enfin tous les citoyens soumis aux lois émanées de la Convention concourrent par leurs moyens, leurs industries et leur travail au bonheur de tous. Est-ce ainsi qu’on organise la contre-revolution ? Grâces vous soyent rendues, législateurs, puisque dans votre sollicitude partemelle, vous avez député vers le midy deux amis de la justice et de l’humanité pour sonder la profondeur de nos plaies politiques et y apporter le remede le plus prompt et le plus efficace ; que le puissant genie de la liberté dirige vers vous l’elan de notre reconnoissance, l’expression nous manque, législateurs pour peindre en traits de flame les sentimens que nous avons éprouvé aux accens glorieux de la patrie sauvée. Recevez, législateurs l’hommage de nos remer-ciemens pour de si grands bienfaits. Vos dignes coopérateurs mettent tout en usage pour nous faire oublier nos maux passés. Le règne de sang qui a innondé le departement a fait place au règne de l’humanité bienfaisante ; tous les citoyens du midy applaudissent aux décrets immortels de la Convention et se réunissent à elle, comme au seul giron dont l’autorité soit légitimé. Ils ne veulent reconnoitre que les loix qu’elle aura librement decrettées ; ils ne souffriront plus qu’une collection d’hommes quels qu’ils soyent, voulut désormais rivaliser avec elle ou lui dicter des loix. Tous s’écrient dans l’élan d’un patriotisme trop longtems comprimé : Vive la republique une indivisible et démocratique, dont la Convention sera toujours le centre unique. Vivent Perrin et Goupilleau qui ont fixé la paix et la tranquilité dans les départemens du Midy. Boulet, président et soixante dix-autres signatures. r [La société des Amis de la Constitution de 1793 séante à Agen à la Convention nationale, le 24 vendémiaire an III] (23) Citoyens représentans Une nouvelle crise agite la république, des adresses innombrables à la Convention, se multiplient en sens contraire. D’un côté, l’aristocratie apelle continuateurs de Robespierre les plus zélés républicains, de l’autre les vrais sectateurs de ce Catilina moderne crient de toutes parts que la liberté est sur le bord de la tombe, pour nous calmes au sein de ces brutaux orages, nous disons anathème à tous ces hommes qui sur les débris de la morale et des lois, voudraient relever le trône abattu de la plus exécrable des tirannies. Fortement pénétrés de ces principes les républicains d’Agen, dans leur séance du 21 de ce mois, se sont levés spontanément et par un serment unanime ont juré d’etre constamment ralliés à la représentation nationale et de périr mille fois avant de souffrir qu’il lui soit porté la moindre atteinte. L’attitude fière et imposante que vous avés déployées dans la nuit du 9 au 10 thermidor nous présage de nouveaux succès pour la chose publique : Vous avés juré dans cette nuit à la fois terrible et glorieuse d’exterminer tous les tirans et d’allier la justice et l’humanité avec la sévérité du gouvernement révolutionnaire ; vous venez d’arrêter l’elan furieux de ces vampires atroces disséminés dans plusieurs communes qui cherchoient à rendre notre révolution odieuse à tous les peuples de l’univers, en ammoncelant dans un même tas les cadavres du crime et ceux de l’innocence, vous avés déjoué leur funeste ambition et leurs coupables projets; vous pro-tegerés aussi les vrais patriotes trop souvent victimes des mal intentionnés qui dans leurs espérances perfides prennent les actes d’équité nationale pour le prélude du retour à l’ancien ordre des choses. Tels sont, citoyens représentans les sentimens dont nous sommes pénétrés et que nous déposons dans vos âmes comme un tribut que (23) C 325, pl. 1414, p. 2. Bull., 20 brum. ; M.U., n° 1339. 62 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE nous devons à la pureté des principes qui vous animent. Salut et fraternité. Lane, président, Chaudoroy, Lafarge, secrétaires, Memie, officier municipal, Fonely aîné, juge de paix et 196 autres signatures. s [La société populaire et régénérée de Draguignan à la Convention nationale, s. d.] (24) Nous avons applaudi au decret du 21 messidor qui a donné la liberté aux laboureurs, manouvriers et artisans de profession; nous applaudissons également au decret qui a jetté un regard favorable sur les peres et meres des défenseurs de la patrie et sur tous les citoyens agriculteurs, artistes et commerçants mis en état d’arrestation, et qui charge les représentants du peuple dans les départements de s’occuper sans délai de leurs réclamations. L’oeil severe et impartial des représentants du peuple saura distinguer les vrais coupables de ceux qui peuvent avoir été entrainés par un moment d’erreur. Il est juste que les citoyens qui n’ont été qu’égarés rentrent dans la société et qu’ils y rapportent le tribut de leurs travaux et de leur industrie. Recevés notre félicitation, Législateurs, pour vos decrets bienfaisants émanés de votre sagesse, ils caractérisent le règne de la justice que vous avés établi sur les débris de la tirannie. Nous vous félicitons encore des mesures vigoureuses par lesquelles vous avés déjouée la conspiration qui a éclaté dernièrement à Marseille, [illisible] ont été puissamment secondés par les représentants du peuple Anguis et Serres, dont la sagesse et l’energie ont étouffé dans son germe un complot liberti-cide qui auroit pû avoir une influence dangereuse surtout le midi. Continués à affermir la liberté sur des bases inébranlables. Nous seconderons constamment vos efforts et vous serés toujours notre unique point de ralliement. Germon, président, Pouille, Mutaine, secrétaires. t [Les membres de la société populaire de Saint-Roman Mallegarde à la Convention nationale, s. d.] (25) Liberté, Égalité, Fraternité, Citoyens Représentants, Des conspirateurs hypocrites couvert du voile du plus pur patriotisme, ont instruit et conduit le peuple pendant cinq années de révolution pour le tromper; mais leurs exécrables projets ont été découverts et le glaive de la loy a été appesanti sur eux. La vérité dont les accens avoit été étoufée jusqu’à ce jour, se fait entendre dans toutes les parties de la République, elle ne doit donc son salut qu’à l’energie brûlante et au vertueux courage de ses dignes réprésentants. Grâces lui en soit rendues de ce que par leur ardent amour pour la liberté ont combatu au milieu des orages les plus fort, les énnemis du peuple et de sa liberté. Récevés de nouveaux chers Législateurs l’expression de notre amour et de notre gratitude. La présence des vertueux réprésentants, qui vous avés envoyés dans nos départements vient d’arreter la marche de la séleratesse, en réduisant au silence une faction monstrueuse qui se jouait impunément de la justice et de la vie des hommes. Depuis que ces dignes Représentants sont arrivé dans nos contrées, la paix, le calme et la tranquilité y habite et le sang n’y coule plus. De toute part ont entend que joye, que cris d’allégresse, de vive la république et ses dignes représentants ! Nous ne pouvons nous rappeller les mémorables journées des 9 et 10 thermidor, sans rendre des actions de grâces, et bénir la Convention nationale. Puisse cette époque terrible ou parurent des nouveaux tyrans, plus dangereux encore que ceux que le fanatisme et sa servitude couronnent, etre le dernier orage de la révolution! puisse-t-elle surtout éclairer les citoyens sur les droits de l’égalité. Frappés indistinctement tous les scélérats, pertubateurs du repos public, achevés de purger le sol républicain, frappés les de quelque masque qu’il se couvrent et quelque parti qu’il embrassent, que le gouvernement révolutionnaire ne soit plus que la terreur des méchants seuls énnemis qui restent à la république. Restés à votre poste, dirigés sur eux la foudre nationale et la République sera sauvée. Tels sont les voeux et les sentiments les plus unanimes de la municipalité et de la société populaire de St Roman de Mallegarde, n’ayant et ne voulant à jamais marcher que d’après les principes de la Convention nationale, aussi a-t-elle délibéré dans sa séance du 18 vendémiaire dernier, que la présente sera adressée à la Convention nationale, comme un gage d’union et de fraternité qu’elle lui voue. Vive la République, vive la Convention nationale ou la mort. Et ont signé ceux qui ont scu. Enavi, agent national, Grougeon, maire, Ollivier, président, Peyve, vice-président, Chabrier, Vache, secrétaires et une autre signature. (24) C 325, pl. 1414, p. 3. Bull., 20 brum . ; M.U., n° 1339. (25) C 325, pl. 1414, p. 5.