92 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE fidèles, vous pour qui le bonheur du peuple est tout ; écrasez donc ces pigmées qui enrayent depuis si longtems le char de la révolution ; maintenez le règne de la justice, mettez hors de la loi, tous ceux qui demandent ou employent des mesures ultra révolutionnaires', car, eux aussi, ils conspirent contre l’unité et l’indivisibilité de la République. Nous vous demandons justice, Représentons du peuple ; Ingrand a dit dans votre séance du 25 fructidor dans les départemens de l’Ouest la contre-révolution est faite etc. etc... Si le Moniteur dit vrai, Ingrand a trompé la Convention nationale et nous devons donner à la France entière l’assurance que le fait avancé par Ingrand est faux. Non elle n’est pas faite la contre-révolution, dans les départemens de l’Ouest, et elle ne se fera pas. Etrangers à toute espèce de parti, notre point de ralliement a été et sera toujours la représentation nationale, et nous sommes heureux dans ce moment de pouvoir vous assurer que la masse de ce département veut la République, une et indivisible, et qu’elle ne reconnaîtra jamais d’autre autorité que celle de la Convention. Nous vous demandons, au nom de la Patrie allarmée, de maintenir la liberté des opinions, de rétablir l’union qui doit régner parmi vous et de rendre un loi sévère contre les calomniateurs. Restez à votre poste, citoyens représentans, guidez le char de la Révolution d’une main ferme et hardie; écrasez les suppôts de la ti-rannie, que la justice soit à l’ordre du jour, assurez le bonheur du peuple et songez qu’il est debout, prêt à anéantir tout ce qui voudrait porter atteinte à ses droits et à la représentation nationale. Morande, secrétaire général, Bernardin, Sauzeau, Vaude, Piet fils. 11 Le citoyen Parroisse, chirurgien de l’hôpital de Soissons [Aisne], présente dans un mémoire des vues utiles pour l’enseignement des citoyens qui se dévouent à l’art de guérir leurs semblables; il propose qu’il soit fait un établissement d’enseignement public de cette espèce, dans tous les endroits qui avoisinent les armées, où de jeunes citoyens, tous sans-culottes, seront à même de se livrer à l’étude toujours tardive de la chirurgie, et qu’il soit formé une école nationale de cet art, à Paris. Renvoyé au comité d’Agriculture et des arts (18). (18) P. V., XL VI, 114. 12 Le nord de la République est pur comme l’air qui parcourt cette partie du globe, écrit la commune de Saint-Quentin [Aisne] ; les esclaves mercenaires de l’Autriche et d'Albion ne souillent plus nos villes frontières : ils ont pâli à l’approche de nos phalanges républicaines. Elle rend compte du zèle avec lequel ses habitans ont volé aux combats pour repousser les ennemis du territoire de la République; elle invite la Convention à rester à son poste, et l'assure qu’elle est au sien, armée de la massue de la liberté pour l'aider à terrasser les aristocrates, les royalistes, les intrigans, les dominateurs, les factieux, s’ils tentent de relever une tête altière et audacieuse. Mention honorable, insertion au bulletin (19). [Le conseil général de la commune de Saint-Quentin à la Convention nationale, le (?) fructidor an 17] (20) Législateurs, Le Nord de la République est pur comme l’air qui parcourt cette partie du globe ; les brigands, les esclaves mercenaires de l’Autriche et d’Albion ne souillent plus nos villes frontières : ils ont pâli à l’approche de nos phalanges républicaines, leur vue n’a pu soutenir l’éclat du drapeau tricolor, leurs armes impuissantes sont tombées aux pieds de la représentation nationale et des soldats de la liberté ; c’est ainsi qu’ils ont payés quelques instants de triomphe arrachés par la trahison. Bientôt s’abymeront avec eux ces monstres dénaturés aux quels nous n’accordons plus l’honorable nom de français, ces fuyards dont l’ennemi s’est servi dans l’espoir du succès et qu’il voue à l’exécration lorsqu’ils deviennent des ins-trumens inutiles, les émigrés, ces assassins de leur patrie trouveront dans notre triomphe leur supplice et le juste châtiment dû à leurs forfaits. Mais c’est trop s’arrêter sur le tableau du crime ; occupons-nous du chant de la victoire, il s’est fait entendre jusque dans nos murs. Citoyens représentants, nos accents se sont mêlés à ceux des républicains de cette cité qui ont suivi le chemin de la gloire sous les murs du Quesnoy, Valenciennes et Condé. Lorsque la Patrie fît entendre sa voix, lorsqu’elle appela nos concitoyens au champ d’honneur, une lutte civique s’est élevée entre eux, c’est celle qui devait décider qui du premier ou second bataillon volerait aux combats ; tous deux se succédant ont partagé cette gloire ; épouses chéries, enfans intéressans, établissements utiles à leur existence, vous êtes aban-(19) P.-V., XLVI, 114-115. Bull., 7 vend.; Ann. Patr., n”638; Ann. R. F., n° 6. (20) C 321, pl. 1344, p. 16. SÉANCE DU 6 VENDÉMIAIRE AN III (27 SEPTEMBRE 1794) - Nos 13-15 93 donnés, l’habitant de Saint-Quentin a fermé son cœur à vos accents, il n’est resté ouvert qu’à celui de la Patrie, l’instant même où elle commande est celui où elle est obéïe; nos concitoyens sont partis, ils ont volé chercher des lauriers qui ne peuvent flétrir, car la Liberté les a cueuillis. Voilà, citoyens représentants, l’élan du Saint-Quentinois, il n’a point étonné ses magistrats, car si dans des siècles reculés, si sous le règne de la tyrannie, l’habitant de cette commune a scu déployer un caractère vaillant contre les hordes espagnoles, que ne pouvait-il dans le siècle de la Liberté, électrisé du feu brûlant du patriotisme, c’est en se livrant à tous ce que peut inspirer l’amour de la Liberté, que nos concitoyens repoussent les traits aigus et envenimés de la calomnie; un nuage épais et empesté a balancé longtemps sur nos têtes, cette furie hideuse, elle a de son souffle impur menacé les patriotes les plus ardents, les amis les plus vrais de la Liberté, mais fermes dans leurs principes, forts de leurs vertus républicaines, les habitants de cette commune frapperont du même coup les ennemis extérieurs et intérieurs ; ne nous le dissimulons pas, citoyens représentants, le nombre de ces derniers est grand encore, l’aristocratie est une hydre, c’est en écrasant ce colosse monstrueux, cet ennemi irréconciliable de la Liberté que vous ferez disparaître toutes les factions qui tenteraient d’opprimer les patriotes. Vous avez créé la République, vous serez aussi les régénérateurs des vertus qui doivent affermir ses bases et la rendre impérissable, car la pureté est le préservatif de toute destruction, achevez ce grand ouvrage, citoyens représentants, vous assurerez le bonheur du Peuple auquel vous avez rendu ses droits primitifs, la Liberté et l’Egalité; restez donc à votre poste, sous sommes au nôtre, armés de la massue de la Liberté, nous vous aiderons à terrasser les aristocrates, les royalistes, les intrigants, les dominateurs, les factieux, s’ils tentent de relever une tête altière et audacieuse. Ces ennemis divers de la Liberté ont le même point d’attraction, ils cherchent à s’y réunir pour s’élancer contre le Peuple, l’égalité et la République, mais l’amour brûlant de la Patrie établit un téllégraphe sûr entre les Républicains; ils se signalent avec la rapidité de l’éclair les manœuvres des ennemis intérieurs ; bientôt ils s’anéantiront tous aux pieds de la Montagne qui lancera sur eux les laves volcaniques du feu de la Liberté. Nuques aîné, maire et seize autres signatures. 13 La société populaire de Saint-Quentin [Aisne] se plaint que des aristocrates, nouvellement élargis, occupent des places et remplissent des fonctions qui ne doivent être confiées qu’aux sans-culottes, aux vrais amis de la République. Renvoyé au comité de Salut public (21). 14 La Convention nationale passe à l’ordre du jour sur une pétition de la société populaire de la Sentinelle, ci-devant Saint-Jean-de-Bruel [Aveyron], ayant pour objet de faire réviser les jugemens des condamnés à mort (22). 15 La société populaire de Bruzière [ci-de-vant Saint-Côme d’Olt], département de l’Aveyron, félicite la Convention nationale d’avoir encore une fois sauvé la patrie, par le supplice de l’exécrable Robespierre, qu’elle appelle un nouveau Cromwell. Elle invite la Convention à suivre le fil du complot ourdi par ce traître. Si nos frères de Paris ne pouvaient pas, ajoute-t-elle, nous garantir le dépôt que nous lui avons confié; parlez, nos bras, notre sang, sont à la patrie (23). [La société révolutionnaire de Bruzières-du-Lot à la Convention nationale, s. d.] (24) Egalité Liberté Représentants du peuple, Placés sur un volcan inépuisable de conspirations et de crimes, d’une main hardie vous venez encore une fois de sauver la liberté publique du plus grand des dangers ; un monstre affreux à l’existence duquel sembloit lié le triomphe de la République, l’exécrable Robespierre rouloit dans son âme féroce l’infernal projet de l’asservir : Quoi ! tant de guerres entreprises! tant de sang répandu! tant de grandes actions ! Quoi ! ce projet si bien formé, si bien soutenu d’arracher le genre humain aux chaînes du despotisme, tout cela n’auroit abouti qu’à assouvir la rage ambitieuse d’un nouveau Cromwell ! Le Peuple français n’auroit scellé de son sang la chûte du trône d’un tyran, que pour recevoir un dictateur ! Quand les dieux ont souffert que Sylla se soit impunément fait dictateur dans Rome, ils y ont proscrit la liberté pour jamais. Songez à quel prix cet autre Catilina vou-loit relever un trône encore fumant du sang des patriotes, par les crimes les plus raffinés dont (21) P.V., XLVI, 115. J. Fr., n° 732. (22) P.V., XLVI, 115. (23) P.-V., XLVI, 115. Bull., 13 vend, (suppl.). (24) C 321, pl. 1350, p. 2.