228 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | fi brumai*'e “J L J (15 novembre 1793 doutez pas, le bonheur et le salut de la patrie. « Nous sommes vos dévoués frères et amis, « Les officiers municipaux de la commune de Margaux, « Loydet, maire; Don AT, officier municipal; Mellet, officier municipal ; Segonnet, secrétaire-greffier. « Margaux, le 6e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II de la République française, une et indivisible. » Extrait des registres de la commune de Mar¬ gaux, chef -lieu de canton (1). Aujourd’hui, troisième jour de la seconde décade du second mois de l’an deuxième de la République française, une et indivisible, les maire, officiers municipaux et membres du con¬ seil général de la commune de Margaux, chef-lieu de canton, réunis en présence des citoyens de ladite commune assemblés sur la place d’armes, en exécution du décret de la Conven¬ tion nationale du dix-sept juillet dernier, qui supprime sans indemnité toutes redevances ci-devant seigneuriales et droits féodaux, même ceux conservés par le décret du vingt -cinq août dernier et dont l’article six du décret du dix-sept juillet dernier ordonne que les titres constitutifs ou récognitifs des droits supprimés par ledit décret ou par les décrets antérieurs, rendus par les assemblées précédentes, seront déposés aux greffes des municipalités des lieux pour être brûlés, à l’expiration des trois mois de la publication dudit décret, en présence du conseil général de la commune et des citoyens. En conséquence, les titres déposés au greffe de ladite municipalité par les citoyens Leydet, notaire public, maire de ladite commune, Meyna-hard, Christophe Weltner et Simon Buard, ancien militaire, agent d’affaires du ci-devant château Margaux, ont été brûlés eejourd’hui en présence du conseil général de ladite com¬ mune et des citoyens assemblés, aux cris de Vive la République ! vive la Montagne! vive la Convention nationale ! Fait à Margaux, les susdits jour, mois et an que dessus et ont signé au registre : Leydet, maire ; Bertrand Dejean, Leya, Douât, Melet, officiers municipaux, Char-trons, Barreyres, Lagune, Douât, Vi-deau, notables, Marian, procureur de la commune et du secrétaire-greffier soussigné. Collationné, certifié conforme à Voriginal par nous, maire et secrétaire-greffier soussignés. Leydet, maire ; Segonnes, secrétaire-greffier. La Société populaire du Blanc fait part à la Convention que le citoyen Aigreîeuil (Aigre-feuille), curé d’ingrande, a épousé la citoyenne Belîond, ci-devant noble et religieuse. Elle en¬ gage la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de la Société populaire du Blanc { 1). « Du Blanc, le 4e jour de la 3e décade du 1er mois de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyen Président de la Convention nationale, « La Société populaire du Blanc, département de l’Indre, vous prie d’annoncer à vos collègues et à la République entière que le citoyen Jean-Jacques Aigrefeuille, ministre catholique de la paroisse d’ingrande, vient de donner à ses confrères de notre district un exemple que nous espérons les voir suivre bientôt, en assénant aussi son coup de massue à l’intolérance reli¬ gieuse qui, jusqu’alors, avait regardé le mons¬ trueux célibat comme la vertu première du sa¬ cerdoce. Vainqueur du préjugé, il vient d’offrir la main à la citoyenne Marie-Françoise-Rose Belfonds, ci-devant de Fougères, noble et reli¬ gieuse du ci-devant ordre de Fontevrault, reli¬ gieux lui-même de ce même ordre où, par un renversement tout à fait piquant des principes naturels, le béguinisme régnait sur le catholi¬ cisme; car si la religion avait ses Capet, ses Léo¬ pold et ses Frédéric, elle avait aussi ses Cathe¬ rine; on peut donc dire ici que la nature a re¬ couvré un droit de plus. « Cette cérémonie, dont l’intérêt semble devoir être circonscrit dans un village, s’il n’était lié avec l’intérêt des bonnes mœurs et de la saine philosophie, présente encore une heureuse parti¬ cularité dans le bon esprit du citoyen Mauvise, curé de Saint -Sabin, dont le civisme est géné¬ ralement reconnu qui, appartenant jadis à la • caste nobiliaire, a prouvé, en donnant la béné¬ diction nuptiale aux conjoints, qu’il ne s’est pas moins généreusement séquestré (sic) de La caste cléricale. Un discours simple dans lequel il a dénombré que le célibat en général est con¬ traire aux lois divines, et que le célibat des prê¬ tres n’a été qu’un raffinement de la dépravation morale, a excité les plus vifs applaudissements. A la cérémonie a succédé un banquet frugal, ouvert par une félicitation de deux députés de la Société populaire du Blanc, chargés d’offrir aux époux la couronne civique, et où l’on a porté un grand nombre de toasts à la prospérité fran¬ çaise. Vous dire enfin, citoyen Président, que plusieurs curés et autres citoyens des communes circonvoisines se sont empressés de partager les plaisirs de cette fête innocente, et que les bons habitants de la paroisse ont eux-mêmes mani¬ festé leur joie d’une manière non équivoque, par des danses et des jeux accompagnés d’une décence et d’une liberté vraiment républicaines, c’est vous dire assez combien sont rapides les progrès que le système régénérateur fait dans nos cantons. « Vive la République ! « Penault, président; Verdure, secrétaire. » Adresse des administrateurs du département de l’Aube, de la Société républicaine, du conseil général du district de la commune, contenant des principes de morale et de philosophie natu¬ relle propres à remplacer avantageusement, dans l’esprit du peuple, les impressions du fana-(1) Archives nationales, carton C 279, dossier 753. i~ (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 223. (1) Archives nationales, carton G 281, dossier 771. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. » brumaire an� 229 tisme et de la superstition qu’on lui avait impri¬ mées. Insertion au « Bulletin » (1). Suit le texte de cette adresse, d’après un docu¬ ment imprimé (2). Adresse des administrateurs du départe¬ ment de l’Aube, a la Convention na¬ tionale. « Législateurs, « Le rocher national a écrasé de sa masse, sceptres, tyrannie et tyrans. « Les coups, qu’on a tenté de lui porter, en ont fait jaillir un torrent de lumière qui, dans sa course rapide, a entraîné le fanatisme et ses ministres imbéciles ou fripons. « Pour effacer jusqu’aux traces de ces céré¬ monies superstitieuses, vous avez ingénieuse¬ ment décrété une nouvelle division de jours. « Créateurs d’un nouveau monde, vous avez consacré le dixième jour au repos; mais vous n’avez sûrement pas eu intention d’abandonner le peuple aux dangers de l’oisiveté. « Décrétez que ce dixième jour sera consacré à des fêtes nationales, dignes de la liberté et de la majesté d’un grand peuple qui l’a conquise et qui saura la conserver. « Que chaque décade soit un jour de fête ins¬ titué en l’honneur des vertus ou des découvertes utiles ou avantageuses à l’humanité. « Qu’au lieu de chanter des hymnes à la louange d’hommes qui souvent ont égaré les peuples pour asservir leur intelligence, et les dépouiller du fruit de leurs travaux pour enri¬ chir leurs fainéants ministres, on les chante en l’honneur de l’égalité, de la philosophie, de l’agri¬ culture, du commerce, des arts, de la vieillesse, de la sagesse, de la frugalité, de la fraternité, de l’amitié, et des autres vertus propres à con¬ duire l’homme au véritable bonheur. » Que chaque décade soit désignée par un emblème qui indique sa destination. « Que ce jour, la masse du peuple qui doit former un arrondissement de municipalité ou de section, soit invitée à se réunir dans le lieu de ses séances. « Qu’un citoyen, nommé périodiquement, remplisse gratuitement l’honorable fonction d’officier de morale. « Que dans ces assemblées décadaires, on chante en langue vulgaire des cantiques ana¬ logues à l’emblème de la décade, qui retraceront au peuple ses obligations, ses devoirs, la néces¬ sité de pratiquer les vertus sociales, les avanta¬ ges et l’utiüté des arts ou métiers qui seront fêtés. « Que les citoyens qui se dévoueront à l’ins¬ truction de leurs frères aient la faculté d’y prononcer des discours sur l’objet de la fête. « Qu’elle soit terminée par des divertisse¬ ments publics ou des actes de bienfaisance, des courses ou promenades ayant un but d’uti¬ lité générale. Par exemple, que le jour déca¬ daire qui sera consacré à la vieillesse, le peuple se transporte à la maison du plus ancien de la (1) Proces-verbaux de la Convention, t. 25, p. 224. (2) Bibliothèque nationale : 4 pa�es in-4°, 41 b. n° 3487. section ou de la municipalité, pour lui porter des secours s’il en a besoin, et des paroles de conso¬ lation, s’il est dans la souffrance. Que le jour consacré à l’agriculture, il visite le champ le mieux cultivé ou ensemencé d’une production étrangère, l’arbre le plus gros ou le plus ancien du finage, la plantation la plus belle, etc. « Par ce changement de culte, vous ferez fêter au peuple les vertus et les établissements utiles, au lieu d’une nomenclature insignifiante; vous lui ferez oublier les usages ou cérémonies supers¬ titieuses auxquelles il est habitué; vous l’instrui¬ rez en le divertissant, et vous aurez bien mérité de l’humanité et de l’univers entier. « Signé : Raverat, président ; Trippier, Mouchet, G. Pavée, T. Guerrapain; Prongey, Truelle, Musine; adminis¬ trateurs; Gobin, procureur général syndic; Dupuis, en Vabsence du secrétaire gé¬ néral. « Troyes, le 21 brumaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Les administrateurs composant le directoire et conseil général du district de Troyes s’em¬ pressent d’apposer leurs signatures au pied d’une adresse qui exprime leurs vœux. Ils ne cessent de préparer les citoyens, qui leur ont donné leur confiance, à cet heureux et philosophique changement de culte ; ils ne tarderont pas à don¬ ner la preuve de leurs succès, par l’envoi de ce qui reste de colifichets de charlatanisme de leurs druides. « Signé : Brocard, Sutil, Labouret, Las-neret; Loyez, procureur syndic; Gayot, secrétaire. « Le conseil général de la commune de Troyes adhère aux principes de ladite pétition; il pré¬ parera les citoyens à s’y conformer. « Signé : Gâchez, maire; Dubois, secrétaire adjoint. « La Société républicaine de Troyes, considé¬ rant que rien n’est plus propre à renverser et briser l’idole du fanatisme, et détruire les anciens préjugés, que cette adresse de l’administration du département, y donne son entière adhé¬ sion. « Signé : Bourdon, président; Barotte, Ravier et Ride, secrétaires. » j j Les maire et officiers municipaux de la com¬ mune de Nemours, préviennent la Convention nationale qu’ils vont lui faire passer, incessam¬ ment, toute l’argenterie de leur église. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du maire et des officiers munici¬ paux de la commune de Nemours (2). j « Nemours, ce 22 brumaire, 2e année de ’ ère républicaine, « Citoyen Président, « Le conseil général de la commune de Ne¬ mours, convaincu que le luxe que les prêtres (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 224. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 753,