[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES; j g8*™™™ iïïL11 583 L'orateur ; Législateurs, etc... (Suit le texte -de l'adresse que nous avons insérée ei-dessus, d'après le procès-verbal.) (On applaudit). et consolider le règne de la liberté. Nous avons en¬ core 756 marcs d’argent, dont nous n’avons pu faire le dépôt aujourd’hui; mais ils sont de la première réquisition, et dès qu’ils seront remplacés par des ustensiles de toute autre matière, nous viendrons les déposer. Cette offrande est accueillie par de vifs applaudis¬ sements. Ces généreux militaires demandent quelle sera la destination des drapeaux qui ont été pris sur l’ennemi et qui sont en leur possession. Cette pétition est renvoyée au comité des inspec¬ teurs de la salle; l’adresse sera insérée au Bulletin. III. Compte rendu du Journal de la Montagne. Les militaires des Invalides, précédés des membres -de l’administration de cette maison nationale, sont introduits dans la salle. L’un d’eux, portant la pa¬ role, a dit : (Suit le texte de l'adresse que nous avons insérée ci-dessus d'après le procès-verbal.) Il reste encore 756 marcs d’argent qui suivront de près cette première offrande. L’Administration, avec 90 livres, a remplacé tous les objets servant au culte, persuadée que des ciboires de fer-blanc et des calices de verre sont aussi bons et plus républi¬ cains que ceux d’or et de vermeil. IV. Compte rendu du Mercure universel. Les vétérans nationaux, précédés de leurs flls en habit militaire et de tambours, sont introduits. Tous ont des branches de chêne au chapeau, s gne des vainqueurs; la plupart portent des drapeaux ren¬ versés, prix de leur vaillance. 8 malles pleines d’ar¬ genterie et une couronne renversée sont déposées sur l’autel de la patrie. L'orateur. Nous vous apportons les dépouilles de l’hypocrisie et les succès (sicf de la superstition. Il était bien temps que ces objets servissent à la liberté, après avoir si longtemps contribué à l’esclavage. L’or et l’argent que les militaires invalides déposent sur l’autel de la patrie servaient autrefois à relever l’orgueil et les titres; que ees métaux servent enfin à conquérir la liberté. Il nous reste encore 756 marcs 6 onces d’argent que nous n’avons pu vous apporter parce qu’ils ne sont pas en notre disposition; mais dès qu’ils pour¬ ront l’être, comptez qu’ils seront de la première ré¬ quisition. Nous avons aussi un ci-devant saint ci¬ boire d’or; il viendra sur l’autel de la patrie. Nous demandons en outre que ces drapeaux pris sur l’en¬ nemi, et que nous vous présentons, soient réservés 4 ce qu’il plaira à la Convention de déterminer. L’Assemblée renvoie ces drapeaux à son comité d’inspection. Pétition d’un invalide, qui réclame le payement d’une pension arriérée, et dont il offre une partie 4 ses camarades, laquelle est hypothéquée sur les biens de l’émigré ci-devant duc de Fronsac. Cette pétition est renvoyée au comité. Les invalides demandent que dans leur habille¬ ment, leurs logements et dans toute l’administra¬ tion des Invalides, les signes royaux et féodaux dis¬ paraissent, afin qu’ils ne soient plus exposés à voir mal interpréter leurs sentiments par ceux des ci¬ toyens qui pourraient les ignorer. Renvoyé au ministre de la guerre. Les vétérans nationaux déposent une quarantaine de vieux drapeaux et sortent au bruit des applau¬ dissements et des cris de : Vive la République ! vive la Montagne ! Un des pétitionnaires : Il existé encore dans cette maison 756 marcs d’argent que nous ap¬ porterons à la première réquisition. Les Invalides, admis aux honneurs de la séance, traversent la salle en criant : Vive la Montagne! Vive la 'République! Les corps civils et militaires, la Société popu¬ laire et tous les républicains de la ville d’Avesnes, réunis; A la Convention nationale. « Vous sauverez la République, nous le voyons à la vigueur des moyens que vous avez adoptés, à la consternation des méchants, et à l’attache¬ ment invariable aux principes que vous avez constamment professés. Nos armées partout vic¬ torieuses justifient les mesures sages et promptes que vous avez partout déployées. Les traîtres qui siégeaient parmi vous, et qui, sous les dehors de la vertu indignement outragée, secouaient parmi nous les brandons de la discorde et de la guerre civile, sont dévoilés par vos soins et votre cons¬ tance; ils subiront la peine due à leurs forfaits, et à la plus astucieuse des perfidies; le même sort attend leurs complices. Déjà Lyon n’est plus, et peut-être en ce moment Toulon a-t-il existé. Mais quoi! le caractère de cette nation douce et généreuse serait-il changé? Se pourrait-il que pour se rapprocher plus près de la nature, il fallût résister à ses plus douces impulsions? Non, les moyens de clémence sont épuisés; les traîtres ont eux-mêmes provoqué et bravé la foudre qui éclate sur leurs têtes. « Prenez garde de remettre en d’autres mains le fil de leur perfide conjuration; restez au poste où vous retiennent, et l’intérêt de la patrie et la confiance des vrais républicains, jusqu’au mo¬ ment où nos ennemis seront terrassés, et vous aurez rempli et notre vœu et nos intentions. « C’est aujourd’hui, qu’aux cris répétés de : « Vive la République! vive la Montagne! » nous avons livré aux flammes, au milieu de la place publique, du concours de nos concitoyens, et des braves défenseurs qui composent notre garnison, le fatras poudreux de ces antiques et superstitieux monuments de l’ignorance, de la servitude, et des malheurs de l’humanité. Les expressions de joie et de satisfaction étaient générales : ceux-ci alimentaient le feu, d’autres l’attisaient, ceux-là chantaient les hymnes sacrés de la liberté, le reste répétait en chœur et dansait au son d’une musique guerrière, quand une troupe d’hommes vêtus de différentes manières, agitant encore les chaînes qu’ils venaient de rompre, portant encore sur leur front les viles impressions que l’habitude de l’esclavage y avait gravés, tremblants, indécis, et s’avançant d’un pas mal assuré vers le lieu qui nous y réunissait, attira pour un moment toute l’attention : c’étaient des déserteurs autrichiens et prussiens qui arrivaient. Les Français répu¬ blicains n’ont pas besoin de réflexions pour déve¬ lopper des sentiments d’humanité et de bienfai¬ sance : la nature pariait; au même instant, un mouvement spontané et général leur ouvre le cercle de la danse en divers endroits, et ils par¬ tagent avec nous le plaisir de danser la Carma¬ gnole. Le nouvel air qu’ils respirent pour la pre¬ mière fois développe en eux les sentiments que le despotisme pouvait comprimer, mais qu’il ne 584 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. sombre 1793* pouvait effacer; nous avons reconnu des hommes, et nos ennemis sont devenus nos frères (1). » Suit l'adresse des corps civils et militaires de la Société populaire et de tous les représen¬ tants de la ville d'Avesnes, d'après le document des Archives nationales (2). Les corps civils et militaires, la Société populaire et tous les républicains de la ville d'Avesnes réunis, à la Convention nationale. « Le 10e jour de brumaire de l’an II de la République française, une et indivi¬ sible. « Vous sauverez la République, nous le voyons à la vigueur des moyens que vous avez adoptés, à la consternation des méchants et à l’attachement invariable aux principes que vous avez constamment professés. Nos armées, partout victorieuses, justifient les mesures sages et promptes que vous avez partout dé¬ ployées. Les traîtres qui siégeaient parmi vous et qui, sous les dehors de la vertu indignement outragée, secouaient parmi nous les brandons de la discorde et de la guerre civile, sont dévoilés par vos soins et votre constance; ils subiront la peine due à leurs forfaits et à la plus astucieuse des perfidies. Le même sort attend leurs com¬ plices; déjà Lyon n’est plus, et peut-être, en ce moment, Toulon a-t-il existé. Mais quoi ! le caractère de cette nation douce et généreuse serait-il changé? Se pourrait-il que pour se rapprocher plus près de la nature il fallut résister à ses plus douces impulsions? Non, les moyens de clémence sont épuisés, les traîtres ont eux-mêmes provoqué et bravé la foudre qui éclate sur leurs têtes. « Prenez garde de remettre en d’autres mains le fil de leur perfide conjuration ; restez au poste où vous retiennent et l’intérêt de la patrie et la confiance des vrais républicains, jusqu’au mo¬ ment où nos ennemis seront terrassés, et vous aurez rempli et notre vœu et nos intentions. « C’est aujourd’hui, qu’aux cris répétés de Vive la Bépublique! vive la Montagne! nous avons livré aux flammes, au milieu de la place publique, du concours de nos concitoyens et des braves défenseurs qui composent notre gar¬ nison, le fatras poudreux de ces antiques et superstitieux monuments de l’ignorance, de la servitude et des malheurs de l’humanité. Les expressions de joie et de satisfaction étaient générales; ceux-ci alimentaient le feu, d’autres l’attisaient; ceux-là chantaient les hymnes sacrés de la liberté, le reste répétait en chœur et dansait au son d’une musique guerrière, quand une troupe d’hommes vêtus de diffé¬ rentes manières, agitant encore les débris des chaînes qu’ils venaient de rompre, portant encore sur leur front les viles impressions que l’habitude de l’esclavage y avait gravées, trem¬ blants, indécis et s’avançant d’un pas mal assuré vers le lieu qui nous réunissait, attira pour un moment toute l’attention, c’était des (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 67. (2) Archives nationales, carton G 280, dossier 766 ; Bulletin de la Convention du 8e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (vendredi 8 novembre 1793). déserteurs autrichiens et prussiens qui arri¬ vaient. Les Français républicains n’ont pas be¬ soin de réflexions pour développer des senti¬ ments d’humanité et de bienfaisance : la nature parlait. Au même instant un mouvement spontané et général leur ouvre le cercle de la danse en divers endroits, et ils partagent avec nous le plaisir de danser la Carmagnole. Le nouvel air qu’ils respirent pour la première fois, développe en eux les sentiments que le despotisme pouvait comprimer, mais qu’il ne pouvait effacer : nous avons reconnu des hommes, et nos ennemis sont devenus nos frères. (Suivent 165 signatures.) Compte rendu du Moniteur universel (1). Un secrétaire lit une adresse des corps admi¬ nistratifs de la garnison et de la Société popu¬ laire d’Avesnes, respirant le patriotisme le plus brûlant, la Convention y est applaudie de ses glorieux travaux, et invitée à rester à son poste jusqu’à ce que les dangers de la patrie aient cessé. Gossuin. Cette adresse vous est envoyée par des citoyens qui habitent les frontières du Nord. La Convention doit remarquer qu’il ne craignent pas plus les ennemis du dehors que ceux du dedans. Je demande la mention hono¬ rable de leurs sentiments, et l’insertion de l’adresse au Bulletin. (Décrété.) Les représentants du peuple près l’armée des Ardennes écrivent de Sedan, le 16 brumaire : « Après avoir épuré révolutionnairement, di¬ sent-ils, l’administration du département des Ardennes et les fonctionnaires civils et militaires qui gangrenaient la ville de Mézières, nous nous sommes hâtés de nous rendre à Givet, où les sans-culottes étaient près de succomber sous la masse des fédéralistes. Sans notre présence, la Société populaire devenait un club de la Vendée; 40 mus¬ cadins, presque tous signataires d’une pétition contre-révolutionnaire, fabriquée après le 2 juin, ont été arrêtés et conduits en beau cortège à Reims : deux vont figurer au tribunal révolu¬ tionnaire. Le célèbre rédacteur de la pétition est absent, mais le lieu de sa résidence est désigné à votre comité de sûreté générale. Nous avons provisoirement mis ses biens sous la main de la nation. Givet est aujourd’hui épuré, et le peuple émet librement ses opinions vraiment républi¬ caines. « Pendant notre séjour dans cette ville, nous avons fait une expédition à Chimai, dépendant de l’Empire, et une visite domiciliaire aux forges du district de Couvins; nous les avons mises en réquisition, après en avoir retiré 120 milliers de fer, et nous être assurés que les travaux conti¬ nueront., r « La petite ville de Chimai nous fournit envi¬ ron 1,200 voitures de provisions en grains non dépiqués, en orge, avoine, foin, matelas, couver¬ tures pour nos soldats. Nous allions visiter le ma-(1) Moniteur universel [n° 50 du 20 brumaire an II (dimanche 10 novembre 1793), p. 203, col. 1],