70t [Goïivewtion nationale� AJ1GHIVIÎS PAMÆlfôEïîTAIRÈS, j Suit la lettre des administrateurs du départe¬ ment de police (1). « Commune de Paris, le 3 frimaire, l’an II de la République une et indisivible. « Citoyen Président, « Les administrateurs du département de nolice te font passer le total journalier des détenus dans les maisons de justice, d’arrêt et de détention, du département de Paris, à l’époque du 2 frimaire. Parmi les individus qui y sont renfermés, il y en a qui sont prévenus dé fabrication ou distribution de faux assignats ; assassinats, contre-révolution, délits de police municipale, correctionnelle, militaire, et d’autres pour délits légers. « Conciergerie ..................... 528 « Grande-Force (y compris 20 mili¬ taires) .............................. 580 « Petite-Force ..................... 256 « Sainte -Pélagie .................... 185 « Madelonnettes ................... 265 « Abbaye (y compris 14 militaires et 5 otages) ......................... 122 « Bicêtre .......................... 754 « A la Salpê trière ..... . ............ 364 « Chambres d’arrêt, à la Mairie. ...... 90 « Luxembourg. . ................... 366 «Total ..................... 3.510 « Certifié conforme aux feuilles journalières à nous remises par les concierges des maisons de justice et d’arrêt du département de Paris. « Michel; Mennessier; Figuet; Godard. » La commune de Montgeron remet sur le bu¬ reau les lettres de prêtrise et la démission de tous les ecclésiastiques qui sont dans son sein. Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (2). Extrait du registre des délibérations du conseil général de la commune de Montgeron, district de Corbeil, département de Seine-et-Oise (3). Aujourd’hui, nonidi, dix-neuf brumaire de là-deuxième année républicaine (samedi 9 no¬ vembre 1793, vieux style), en l’ assemblée du conseil général de la commune où. étaient les citoyens Deteure, maire, Thierry, Reymond, Jdlly, Augé, Levasseur, officiers municipaux, Jean-Baptiste Jagu père, Parizot, Rostang, Dasse, Jacques Jagu, Noël Fleutteaux fils, Spire Pommier, notables, assistés du procureur de la commune et du commis greffier. Séance publique, six heures du soir. Le citoyen Pigeard, curé constitutionnel a comparu, et a demandé la parole, ce qui lui ayant été accordé, il s’est exprimé en ces termes : « Citoyens, demain décadi est le jour que vous avez arrêté pour célébrer la fête de l'inaugura¬ tion des bustes de Marat et Lepeletier ; pour orner le triomphe de ces deux martyrs de la (1) Archives nationales, carton C 284, dossier 819. (2) Procès-verbaux de la Convention, t, 26* p. 64. (3) Archives nationales, carton C 285, dossier 827. liberté, Vous avez arrêté que ce même jour se¬ raient renversés les croix et autres-signes super¬ stitieux qui se trouvent exposés sur les voies publiques. Eh bien ! pour porter les derniers coups au fanatisme et à la superstition, je vous annonce que c’est demain, pour la der¬ nière fois, que je dis la messe, je vous annonce que à compter de demain, je renonce absolu¬ ment à mes fonctions curiales et ne reconnais plus d’autre culte que celui de la nature et de la liberté, et pour vous le prouver, je porterai moi-même au bûcher qui doit consumer les restes de la féodalité et de la royauté, en pré¬ sence des bustes des deux héros, mes lettres de prêtrise, mes lettres de ci-devant maître ès arts de la ci-devant université de Paris, mes lettres de ci-devant bachelier de la ci-devant Sorbonne, cet antre du despotisme et du fana¬ tisme coalisés. Je n’ai rien, j’appartiens à une famille de vrais sans-culottes, n’importe une nation grande et généreuse n’abandonne pas des enfants qui lui sont restés fidèles et qui, - dans le moment, aident par leurs concours la pleine et entière régénération des Français. » Sur quoi, les membres du conseil général de la commune, applaudissant avec transpport au zèle civique et au patriotisme ardent du citoyen Pigeard, exprimèrent à l’unanimité au¬ dit citoyen, qu’ils ne s’attendaient à rien moins de la part d’un jeune philosophe qui, depuis le commencement de la Révolution, avait cons¬ tamment travaillé, moins à son métier de prê¬ tre, qu’à faire germer dans les coeurs les vertus civiques et républicaines ; que cependant pour donner une plus grande publicité à l’abdication dudit citoyen Pigeard, il était convenable d’en faire part à la Société populaire et d’arrêter un jour auquel une députation nommée à cet effet irait offrir à la Convention nationale l’ar¬ genterie de l’église et tes lettres dudit citoyen Pigeard; qu’en attendant, il allait faire men¬ tion honorable sur le registre de l’ offre qu’il en faisait, pour être demain brûlées à la fête avec tes autres signes de la féodaüté et de la royauté. Ainsi fait et arrêté les jour et an que dessus, et ont signé avec le citoyen Pigeard, Pour copie conforme délivrée au greffe de la municipalité de Montgeron, vingt-sept brumaire de Van second de la République française une et indivisible : J.M. Empereur, commis grefier; Deteure, maire. Fête de V inauguration des bustes de Marat et Lepeletier, dans la commune de Montgeron , district de Corbeil, département de Seine-et-Oise (1). La commune de Montgeron a célébré, décadi vingt brumaire de la deuxième année républi¬ caine, l'inauguration solennelle des bustes de Marat et Lepeletier, fête civique dont tes détails présentent des anecdotes précieuses à recueillir et bien propres à faciliter en ce moment tes progrès de la raison. Depuis longtemps la municipalité cherchait l’occasion de rendre à ces deux martyrs de la liberté les hommages que leurs vertus leur ont (1) Archives nationales, carton G 285, dossier 827.