703 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [28 décembre 1790.] sur le brigadier assassin qui tombe mort aux pieds de sou cheval. Le commandant de la maréchaussée ordonne de tirer sur le peuple; beaucoup de personnes sont blessées : un citoyen est mort de sa b essure. Cependant lis cavaliers promeut l’épouvante; ils se réfugient dans une caserne, d’où ils tirent encore par les fenêtres; le peuple veut y mettre le feu, mais la municipalité arrive; ou pub ie une proclamation, et l’attroupement est dispersé. On engage la maréchaussée à se retirer : ie commandant refuse à moins d’une réquisition du maire; celui-ci ne veut pas d’abord la donner; il y consent enfin; mais, craignant pour sa vie, il prend la fuite avec son frère et son cousin ; ils escaladent les remparts, et vont se réfugier à Foix, auprès du directoire qui les protège. Cette émigration apaisa la fureur du peuple; il fut convenu que les mousquetons des cavaliers et les fusils de la garde nationale seraient déchargés avec un tire-bourre, et que les brigades se retireraient de la ville. Certains tardèrent trop à s’en aller, soit par la peur d’être assaillis, soit pour rassembler leurs effets; il y en eut quelques-uns de blessés dans des rues détournées, mais il n’y a que le brigadier qui soit mort; et la plus parfaite tranquillité règne dans la ville depuis cette cruelle époque. Tel est, Messieurs, le rapide aperçu de cette scène douloureuse. J’épargnerai à votre âme sensible les terribles détails qui me sont parvenus : les projets sinistres dont elle n’était que l’avant-courcur font dresser les cheveux. Il ne s’agissait pas moins que d’égorger les patriotes l’un apiès i'aulre : le prix de chaque tête était un marché convenu. Vous m’excuserez, Messieurs, de finir ici ce récit déchirant, si je vous dis que mes enfants étaient du nombre des proscrits et des victimes désignées. J’interroge les entrailles de ceux qui ont le bonheur d’être pères. Le directoire, instruit de ces malheurs, prit le parti de convoquer à Foix un député de chaque garde nationale. On a prêté à ce directoire l’intention de réunir ces forces contre la légion de Pamiers, de maintenir à main armée l’execution de ses ordonnances de venger les transfuges, et de proléger leur retour. Quoi qu’il en soit, il fut délibéré par ces députés réunis de donner pouvoir aux corps administratifs et à la garue nationale de Toulouse, d’envoyer des commissaires pacificateurs, et ce parti fut universellement adopté. Ceux-ci ont procède à celle commission, et vous ont envoyé, Messieurs, ci ans un procès-verbal, et dans une lettre plus significative encore, le résultat de leur opinion et ne leur entremise. Les torts du maire sont si graves, si multipliés, si authentiquement établis; il a si ouvertement forfait à la Constitution, qu’il n’y a pius qu’à le renvoyer aux juges pour lui infliger la punition qu’il a méritée. La conduite du directoire est aussi irrégulière qu’attentatoire à vos décrets; je ne la taxerai point de collusion, j’aime à me persuader qu’il a été induit en erreur. L’ot licier commandant la maréchaussée n’est pas exempt de blâme, si on considéré b s variantes et les disparates de ses procès-verbaux, et la barbarie de l’arrestation. Quant à la conduite du sieur Palmade, c’est aux parties qui s’en trouvent greveesa la dénoncer, comme elles aviseront peut-être à faire; mais on ne peut dissimuler que cet olficier a fait le procès à la Révolution, qu’il a contrevenu à vos décrets en enveloppant des ombres du mystère une procédure qu’il n’aurait osé faire au grand jour, en y api étant des témoins dont il connaissait la partialité : par où il s’est montré suspect de l’avoir pariagée. A l’égard de la distribution du vacant, je croirais inutile de qualifier ce vil artifice; le motif en est bas et rampant, puisqu’on a voulu conquérir par là le suffrage du peuple, qui doit être le prix du mérite et de la vertu. Vous voyez donc, Messieurs, que cette affaire est des plus graves, qu’elle est digne de toute voire sollicitude. On y voit un plan bien dessiné de contre-révolution et de carnage. D’un cô'é, l'artifice des prêtres coalises avec le grimoire des gens de plume, de l’autre des complots nocturnes, des associations ténébreuses, des apprêts et des rassemblements hostiles : d’une part, on désarme les patrrnt s; de l’autre, on met dans les mains de leurs ennemis des pbtolets, des sabres et des munitions; pendant qu’on disperse ceux-là, on s’efforce de giossir le nomtre de ceux-ci. G>' n’est pas tout : d’infâmes procédures sont tramées; des lémoins suspecis y souillent le papier des immondices de leur âme et du venin de leurs passions; partout on aperçoit les traces de la calomnie et de ia vengeance. La sérié de ces machinations offre un tableau mouvant de toutes les passions h imaines: la sévérité des lois doit en ariêter enfin le torrent. Ce n’est que par des exemples frappants qu’on peut fondre la croûte des préjugés, et tarir la source impure qui les elimente. C’est à la racine de l’arbre qu’il faut enfin poser la cognée; si vous ne Irancbez dans le vif, n’espérez point, Messieurs, d’exterminer ces hannetons voraces et ces chenilles venimeuses qui corrodent les fruits de vo're liberté et de votre régénération bienfaisante. Frappez, il est temps, sur ce colosse antique et malfaisant; arrachez ce bois parasite qui a dévoié si longtemps la sève de l’arbre de vie, et qui en a desséché le suc nourricier. Que le soleil de la j stice, le tlambleau de la vérité et de la raison, absorbent à jamais la lueur mensongère du fanatisme et les vapeurs de la superstition. Que tout tremble, que tout se prosterne devant la loi, et que la loi seule soit ie véritable trein des coupables, et la sauvegarde des gens de bien. Je conclus, Messieurs, à ce que le projet de décret qui vous est, présenté par votre comité des rapports soit adopté, avec cet amendement que la connaissance des abus et extensions d’autorité imputes au maire de Pamiers soit attribuée aux juges du district de Toulouse. M. Foucault demande l’impression de ce discours. Cette motion n’est pas adoptée. M. le rapporteur donne une nouvelle lecture du projei ue uecret soumis a la discussion. Un membre propose de désigner dans le décret le tribunal qui connaîtra de cette al faire. Cet amendement est adopié par M. le rapporteur, et la connaissance de cette aflaire est renvoyée par-devant lesjuges du district de Toulouse. Quelques membres demandent laqu