[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [2 juin 1790.] 89 d’attachement et de respect dont ils sont pénétrés pour lui. Qu’enfin laprésente délibération, avec lapétition des citoyens actifs, seront imprimées; chargeant le bureau du corps municipal de veiller à l’exécution de la présente. Ainsi a été délibéré, et ont signé, ceux, qui ont su, au registre. Tatareaü, maire. Par mandement de M. le Maire, et d'ordre de la commune , GOURET, secrétaire-greffier. PÉTITION D’UNE PARTIE DES CITOYENS ACTIFS DE LA VILLE DE SAINT-GAUDENS, ASSEMBLÉS DANS UNE DES SALLES DES RR. PP. JACOBINS, A LA MUNICIPALITÉ ET A LA COMMUNE DE LADITE VILLE, TRANSCRITE A LA SUITE DE LA DÉLIBÉRATION, ET D’ORDRE DU CORPS DE LA COMMUNE DE LADITE VILLE. L’an mil sept cent quatre-vingt-dix, et le deuxième jour du mois d’avril, après midi, dans la ville de Saint-Gaudens, MM. Durand, avocat ; J. Lafage, J. Saint-Pé , Pujes aîné, Pujes , cadet, Fourcade, Barrère, Pierre Balagnu, Gaudens Ferrand ,* Bize père, Louis et Bernard Stupux, Puy-ségur-Conte, George Longe, Michel Saint-Paul, Jean Besseguet, Vinsonneau, Jean Ferrand, Mistrot, Gaudens Miégeville, Charles Adoue, Menville , Dubois père, André Caperan , Gaillac , Terris, Noguies, Bernard Lafuste, Bertrand Fadeuilhe, Miégeville aîné, Estube, Lai-rival, Piqué, Jean Beys, Picot 2L\üé,Lefrigue-de-Lancourt, Jean Cazesus , François Bonpunt, Antoine Payrau, Sainte-Marie père et fils, Jean Martin , Jean N avare, Armand Adoue, Dominique Vignaux, Courties, Bourdages, Jean Ané, Jean Suberville , Jean Perbost, Gaudens Saint-Pé, Bernard Barousse, Arnaud Tardos, Jean Bordes, Jean Montamat, Casse, Léopold Petit, Durand, Gazes aîné, Gazes cadet, Cames aîné, Cames cadet, Labatut, Saux, Arnaud Fourment , Baymond Villeneuve, Jean Fauroux, Gabriel Puiségur, Dominique Abadie, Garés, Pierre Saint-Pé, Camors père, Ar-tigues aîné, Caubère père et fils, Jean Blanchard, Arnaud Caperan, Barutaut, Artigues cadet, Geraud Ané, Fréchon, Sauné cadet, Michel Artigues, Jean et Gaudens Dufour, Cauhapé père et fils, Alègre père, Laurent Gardel, Landorthe, Gazave, Simon Laguillonie, Caubet, Salles, Mailbois dela Peyrade, Joseph Foussat, Joseph Coarase, Dominique Sempé , Bobert, Fages, Dastre père, Vidal, Pégot, Ogier, Lahore, Pierre Cazeau , Guilhem Cestac, Jacques Couralau, Antoine Lamarque, Garceau, Bernard Montaut, Gabriel Fouque , François Sabathier, Louis Mamville, Bazès, Antoine Ané, Jean Blanchard, Jean Payrau, Pierre Laguillonie, Jean Soupenne, Capdeville, Peyrussan, Jean Barus, Jean Duclos, Danisan, Dominique Sempé, Peysset, Bertrand Decap, Adoue, Pierre Decap, Bergouignan, Joseph Mainville, Fauré, Pierre Fourment, Jean Payrau, Bernard Caudéré, Sauné aîné, Dupuis , Alègre fils, Joachim Perès, Baron, Bonnemaison, Montalègre , médecin; Ambroise Longe, Joseph Gaperan, Archi-det, Pierre Soulé, Guilhem Puiségur , Clairet, François Auberdiac , Bernard Armelin, Jean Boué, Dierse , Bellefort, Bory, Dubois (ils, Pierre Popis, Gestas, Gaudens Adoue, Boris, Bourclier aîné, Joseph Artigues, Laurent Barousse, Bertrand et Arnaud Abeille, Jean Mistrot, Bernard Mistrot, Joseph Mistrot, Georges Puiségur, Jean Cazaubon, Jean Barthe , Guilhem Vignaux, Jean Puyséyur, Jean Ducasse, Jean de Castetx, Jean Vinsonneau, Saint-Martin , prêtre ; Lafosse, Gaudens Artigues, Barthélémy Binaud, Jean Lafosse, Jean Ferand, Jean Laforgues, Bernard Savès, Jean Pajol , Louis Popis, Michel MinviUe, Joseph Pujol, Joseph Payrau, Dominique Puiségur, Pierre Bouche, Pierre Fouque, Michel Longé, Antoine Soulé, Jean Martin, Pierre Sempé , Louis Payrau, Bertrand Capdeville, Louis Verdier, Bernard Balada, Jean Sempé, Baymond Adoue, Gabriel Carierre, Bertrand Longe, Jean Picot, Bernard Barrère, François Cistac, Baptiste Dufour, Bernard Saux, Jean Marc, Maurice Cestac, Paul Adoue, Bertrand Martin, Peyrusson fils, Blanche, Gaudens Cazes , Bernard Martin, Bernard Saint-Pé, Jean Estube, Jean Adoue , Clouzet cadet, Gaudens Laforgue, Clouzet aîné, Sens Montaud, Dominique Bize, Baptiste Montaut, Balagua , Jacques Loubens, François Sainte-Marie, Adrien Despagne, Miégeville jeune, Villa de Garis-can, Morel, Estremé, de Belloc, Devaux, Abadie, Adema et Gertoux, tous, militaires, avocats, négociants, médecins, chirurgiens, marchands, fabricants, artisans, laboureurs et citoyens actifs de la ville de Saint-Gaudens, prenant droit des articles XXIV et LXII des lettres patentes du mois de décembre 1789 pour la constitution des municipalités, se sont réunis paisiblement et sans armes, après avoir prévenu MM. les officiers municipaux du temps et du lieu de la présente assemblée, ainsi que deson objet et avoir nommé, par acclamation, M. Saint-Martin, prêtre, pour président, un des messieurs a dit : Messieurs, votre réunion dans ce lieu, sous la sauvegarde du pouvoir exécutif de la municipalité, a pour motif de prévenir les derniers malheurs qui menacent notre patrie. Lorsqu’elle est en péril, quand même on ne vous garantirait pas la liberté d’employer tous les moyens capables de la sauver des dangers qui la menacent, quand même on vous aurait interdit le droit de réclamer pour la conservation de la chose publique, esl-ii un citoyen qui doive, qui puisse se taire et rester dans l’inaction ? De tous les droits qui faisaient jadis notre bonheur, comme ils firent celui de nos pères, on ne nous laisse plus que la faculté de nous plaindre. Ne négligeons pas cette dernière et triste ressource des infortunés : mais mettons dans nos doléances et nos résolutions l’énergie et la dignité qui conviennent à des hommes libres. Notre modération, notre patience, je dirai presque notre coupable et lâche indifférence, sur le sort qu’éprouve notre patrie, ne nous ont valu jusqu’à ce jour que des disgrâces et du mépris peut-être. Vous le savez, Messieurs, les abus du gouvernement pesaient sur nous, comme sur le reste de la nation. Nous sentions la nécessité de les retrancher. On nous a dit que nos privilèges mettraient obstacle à cette réformation; à regret, et tremblant de toucher à ce dépôt sacré, nous avens cependant sacrifié ces privilèges. Nous avons cédé les avantages dont nous jouissions pour l’espoir d’un bonheur imaginaire, dont nos neveux ne jouiront peut-être pas, dont nous ne jouirons jamais. On s’est occupé de la formation des départements : la constitution politique à laquelle nous avions renoncé, donnait à tous les membres de notre ancienne confédération une correspondance djrecte et facile avec l’administration intérieure, et celle-ci en avait une de même nature avec le gouvernement général. Un département fixé à Saint-Gaudens pouvait nous rendre cet avantage à nous et à nos voisins. La nature, les localités, 90 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. (2 juin 4790.1 toutes les convenances, les vœux de nos voisins désignaient notre patrie pour être le chef-lieu de cette administration: nos représentants n’avaient pas même d’incertitude sur ce qui faisait l’objet de notre espérance, sur le prix de nos sacrifices. Par quelle fatalité une attente si bien l'ondée a-t-elle été déçue? Comment a-t-on pu nous assujettir à chercher des remèdes aux maux qui nous affligent si souvent, dans une ville éloignée, auprès d'administrateurs insensibles à des fléaux qui ne se font pas ressentir dans les lieux qu’ils habitent? Comment a-t-on pu soumettre l’estimation de nos fortunes, l’évaluation de nos moyens, la fixation de notre contingent général dans la contribution publique, à des agents dont la voix sera prépondérante et qui seront intéressés à soulager leur pays, en surchargeant le nôtre dont ils ne connaissent ni la valeur, ni les forces, et qui, sans l’industrieuse activité de ses habitants , suffirait à peine à leurs besoins dans les années les moins calamiteuses? Comment enfin a-t-on dédaigné de ménager en nous ces peines de Pâme qui naissent de la privation ? Cette prétention que nous avions de ne pas cesser d’être le chef-lieu d’une administration supérieure, prétention que la prudence ne permettait pas de détruire sans nécessité, eût-elle été douteuse, lorsqu’elle s’accordait avec le vœu de tous ceux qui devaient être soumis à cette administration ? Eh bien, Messieurs, cet événement inconcevable est cependant arrivé! En vain, il faut le répéter, la localité, le site, l’arrondissement et les décrets antérieurs qui fixaient le rayon que pouvait et devait avoir chaque département paraissaient faire une loi impérieuse d’une semblable institution en notre faveur ! En vain le comité de Constitution l’avait d’abord projeté de même ! Bientôt après, l’opinion change, les considérations sont écartées, les convenances ne sont plus consultées et nos droits sont méconnus ! Des adresses, des réclamations réitérées ont été sans effet comme sans réponse. Notre confiance, notre patriotisme n’ont fait que s’accroître par cette première disgrâce. Pour rendre notre cause aussi favorable qu’elle était juste, nous avons usé d’une générosité sans exemple peut-être ; sans consulter leurs moyens, sans être arrêtés par la considération et les effets des fléaux qui ravagent cette municipalité depuis trois ans, qui ont absorbé toutes ses ressources et anticipé sur ses récoltes à venir; sans, dis-je, consulter leurs moyens, les seuls habitants que cette ville réunit dans son enceinte ont offert aux besoins pressants de l’Etat une contribution qui s’élève à quarante mille livres. Cet excès de zèle, quia excité la plus noble émulation dans la contrée, loin de nous attirer les distinctions flatteuses qu’on a prodiguées à des villes dont les dons étaient bien inférieurs, cet effort de notre part n semblé avoir été méconnu. Sommes-nous donc comptés pour rien dans l’étendue de l’Empire? Est-ce pour nous destiner à cet avilissement qu’on nous a fait renoncer à des privilèges, dont nous n’avons jamais usé que pour mieux montrer notre amour et notre fidélité envers les souverains qui ont régné sur cette contrée? Ah! peut-être a-l-on craint d’être, en considération de notre don patriotique, dans la nécessité de satisfaire à nos représentations, ou de diminuer quelque chose des privations qu’on veut encore nous faire éprouver. Il n’est pas un de nous, Messieurs, qui ne gémisse dans son cœur sur l’injustice qui nous a été faite. Mais, hélas ! il est encore d’autres malheurs à redouter ! Si des bruits alarmants qui se répandent sont fondés, nous sommes menacés de la perte de notre évêché et des établissements qui en dépendent. Si ce projet destructeur pouvait avoir lieu, forcés de .courir loin de notre pays pour l’administration du temporel, il en sera de même pour le spirituel. Ainsi, subordonnés en tout, et soumis, pour tout, à un régime étranger, nous perdons sans retour des établissements qui sont ici la ressource la plus assurée des pauvres, qui contribuent au bonheur et à la gloire de notre patrie ! Ainsi, tandis que d’autres, enrichis de nos dépouilles, pourront applaudir à la régénération de la France, nous seuls aurons à re-gretter-pour la première fois d’avoir repassé, par notre réunion à la couronne de France, sous les lois de cet Empire. Mais rassurons-nous, Messieurs, ce projet destructeur, ou n’a pas été conçu, ou ne sera point réalisé : et pour désespérer de la conservation de nos établissements, il faudrait bien peu compter sur la sensibilité de ceux qui s’occupent si péniblement du bonheur de la nation : ils ne verront pas, sans en être touchés, nos droits, nos malheurs, et disons-le notre désespoir. Si une fatalité semble avoir présidé au sort que nous avons éprouvé, croyons que ces influences ne seront plus à redouter, ne nous décourageons donc point. Si nos plaintes premières sont connues, on en sentira la justice, et nous pourrons, à l’avenir, obtenir le redressement de nos griefs : si, au contraire, nous avons été assez malheureux pour que nos réclamations aient été étouffées, nous pouvons espérer qu’enfm cette dernière franchira tous les obstacles. Sur quoi, les voix recueillies, il a été unanimement reconnu, en premier lieu, que la ville de Saint-Gaudens et les dépendances du Nébouzan dont elle était la capitale, ont éprouvé et éprouvent tous les jours, par une Révolution qui devait faire leur bonheur, des pertes si considérables, que leur ruine totale doit s’ensuivre et les mettre dans l’impossibilité, non seulement d’acquitter leur contribution patriotique, et les surcharges d’impôts projetés, mais de satisfaire même à leur part des contributions actuellement existantes. 1° Destruction de la maîtrise, qui attirait dans cette ville, les affaires de huit cents paroisses et une multitude d’étrangers ; 2° Destruction d’une justice royale, composée de cinquante-huit municipalités, et qui connaissaient de toutes les matières ordinaires, en première instance, tant au civil qu’au criminel ; 3° Cessation du travail que les justices banne-rettes procuraient aux gens d’affaires résidant dans cette ville : ce qui, en bonifiant les émoluments de leur état, les mettait en situation de le remplir avec délicatesse et désintéressement et augmentait l’affluence des étrangers ainsi que la consommation des denrées dans la ville; 4° Suppression des Etats du pays et des suites avantageuses de cette forme d’administration, qui nous donnait le droit de ne dépendre que de nous-mêmes en matière d’impôt, et de délibérer librement de ce dont nous devions contribuer, suivant nos forces, pour les besoins du royaume ; 5° Privation du privilège du sel dont le produit tournait en moins imposé pour le pays, et nous donnait tout à la fois la facilité de satisfaire plus promptement à l’acquit des charges publiques, et les moyens d’accorder à l’Etat, dans ses besoins, des secours plus abondants ; 6° Engagement de payer une somme de beaucoup supérieure au quart de notre revend en don pa- [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 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