SÉANCE DU 21 FLORÉAL AN II (10 MAI 1794) - Nos 18 ET 19 195 ces vils intrigans qui, cachés sous le manteau du patriotisme, ne caressaient le peuple que pour mieux l’assassiner. Il n’est que des monstres vendus à Pitt qui puissent concevoir l’horrible projet de tourner contre la Convention le fer mis en leurs mains pour sa défense. Ils cherchaient à tarir la source de notre bonheur. Les infortunés ! Les insensés ! Ils voulaient aussi nous donner un roy. Un roy ! Ah! quelle ignominie ! Un roy... aux Français qui sont armés pour briser tous les trônes! Etres corrompus, vous voulez un roy, vous n’aurez que la mort. Périssent ainsi tous ceux qui seraient tentés d’imiter votre scélératesse. Vertueux Montagnards, point de grâces aux conspirateurs. Frappez les factieux quels qu’ils soient. S’ils sont nos parons, nos amis, ils cessent de l’être quand ils déchirent le sein de la patrie. Nous ne voyons plus en eux que des traîtres; nous les conduirons nous mêmes à l’échafaud. La République est tout pour nous, il n’est rien que nous fassions pour la maintenir. Faut-il du salpêtre ? tout est disposé pour composer ce foudre exterminateur. Faut-il nos bras ? ils sont prêts. Deux cavaliers Jacobins, montés et équipés sont partis pour les frontières. Nous vous avions annoncé l’envoi de 460 chemises, 102 paires de souliers, 99 paires de bas, 16 mouchoirs, 3 sacs de veau, 5 pantalons, 6 cols, 2 paires de bottes, 4 paires de boucles de souliers, 1 chapeau, 2 bonnets de laine, 2 culottes, 2 paires de guêtres. Nous y joignons l’argenterie. Savoir : 263 marcs, 7 onces, 6 gros, 4 grains, à 50 1. le marc .................. 13 214 1. 10 s. 6 louis en or .................... 144 1. 1 louis double .................. 48 1. 1 pièce d’Espagne ................ 801. monnaie ayant cours ............ 6 335 1. en assignats ...................... 14 024 1. matière d’or ...................... 446 1. plus autre somme en assignats .... 359 1. Total ...... 34 650 1. 10 s. Pendant que vous foudroyez les conspirateurs nous terrassons le fanatisme. Les hochets de la superstition ont disparu et font place aux attributs de la liberté. La Raison triomphe, ici un temple lui est préparé; nous n’y ferons entendre que les mâles accents de la vérité; nous y prêcherons les vertus républicaines, l’amour de la patrie, l’obéissance aux loix, le respect dû à la représentation nationale; il ne nous sera pas difficile de convaincre le peuple que les nobles, les prêtres, les Roix et les faux patriotes sont de tous les animaux les plus féroces et les plus malfaisans. Citoyens représentants, nous sommes tranquilles sur le sort de la République puisque vous en êtes les soutiens. Cédez au vœu du peuple qui vous conjure de ne déposer la foudre qu’a-près que vous aurez anéanti le crime, et assurez le règne de la justice et de la vertu; nous jurons de vous seconder de toutes nos forces dans vos sublimes entreprises et de mourir, s’il le faut pour la République ». Barbot fils (présid.), Maudrin fils (secret.), Cetey (secrét.). 18 L’agent national du district de Meaux annonce que le 11 du courant, des biens d’émigrés, estimés 89 527 liv., ont été vendus 178 100 liv. Insertion au bulletin (1). 19 La Société populaire de Lodève (2) écrit qu’elle a frémi d’horreur en apprenant les complots qu’on avoit osé tramer contre la liberté. Elle invite la Convention nationale à ne laisser dans son sein que ces hommes purs, dont les seules passions soient l’amour du peuple, le sentiment de la justice et la haine invincible pour les tyrans. Mention honorable, insertion au bulletin. Le président de la même Société envoie l’état des dons patriotiques déposés sur son bureau dans la séance du 29 ventôse. Mention honorable, insertion au bulletin (3). [Lodève, 18 flor. 11] (4). « Citoyens représentants, Nous avons frémi d’horreur d’apprendre qu’il existait encore des hommes dont l’âme corrompue avait osé trafiquer de notre liberté. Grâces ! grâces vous soient rendues ! Vous qui répandez d’une main les récompenses sur un peuple vertueux, et qui frappez de l’autre ses perfides ennemis ! Grâces te soient rendues, ô ! toi Montagne sacrée, dont les pitons inébranlables affrontent à chaque instant les ouragans furieux de l’aristocratie. Eh quoi !... Encore une nouvelle conspiration, encore des traitres qui flagornaient le peuple pour mieux l’assassiner : mais ! la raison compagne fidèle de la vérité a pénétré de nouveau dans les replis tortueux d’une barbare politique; elle n’a craint de descendre, dans ces antres creux où des monstres aiguisaient leurs poignards, là, déchirant le masque qui les recouvrait, le peuple a reconnu ses nouveaux assassins. Oh ! douleur toujours renaissante !... faut-il qu’au milieu d’un peuple qui ne respire que la vertu, le crime ose encore tenter d’établir son empire effroyable ! L’hypocrisie, la lâcheté, l’ambition, toutes les passions du despotisme reposent dans le cœur corrompu du royaliste; le calme affreux qu’il nous présente n’est que passager, semblable à celui qui précède l’orage; c’est pendant ce calme horrible qu’une nouvelle tempête se prépare : mais, que fait le sénat quand l’horizon politique s’enflamme, que les éclairs sillonnent de toutes parts ? Ce qu’il fait ! (DP.-V., XXXVn, 94. Bin, 21 flor.; M.U., XXXIX, 343; J. Perlet, n° 597; J. Sablier, n° 1310; C. Eg., n° 631. (2) Hérault. (3) P.-V., XXXVII, 94. Bin, 21 flor. et 22 flor. (suppl‘). (4) C 303, pl. 1111, p. 4. SÉANCE DU 21 FLORÉAL AN II (10 MAI 1794) - Nos 18 ET 19 195 ces vils intrigans qui, cachés sous le manteau du patriotisme, ne caressaient le peuple que pour mieux l’assassiner. Il n’est que des monstres vendus à Pitt qui puissent concevoir l’horrible projet de tourner contre la Convention le fer mis en leurs mains pour sa défense. Ils cherchaient à tarir la source de notre bonheur. Les infortunés ! Les insensés ! Ils voulaient aussi nous donner un roy. Un roy ! Ah! quelle ignominie ! Un roy... aux Français qui sont armés pour briser tous les trônes! Etres corrompus, vous voulez un roy, vous n’aurez que la mort. Périssent ainsi tous ceux qui seraient tentés d’imiter votre scélératesse. Vertueux Montagnards, point de grâces aux conspirateurs. Frappez les factieux quels qu’ils soient. S’ils sont nos parons, nos amis, ils cessent de l’être quand ils déchirent le sein de la patrie. Nous ne voyons plus en eux que des traîtres; nous les conduirons nous mêmes à l’échafaud. La République est tout pour nous, il n’est rien que nous fassions pour la maintenir. Faut-il du salpêtre ? tout est disposé pour composer ce foudre exterminateur. Faut-il nos bras ? ils sont prêts. Deux cavaliers Jacobins, montés et équipés sont partis pour les frontières. Nous vous avions annoncé l’envoi de 460 chemises, 102 paires de souliers, 99 paires de bas, 16 mouchoirs, 3 sacs de veau, 5 pantalons, 6 cols, 2 paires de bottes, 4 paires de boucles de souliers, 1 chapeau, 2 bonnets de laine, 2 culottes, 2 paires de guêtres. Nous y joignons l’argenterie. Savoir : 263 marcs, 7 onces, 6 gros, 4 grains, à 50 1. le marc .................. 13 214 1. 10 s. 6 louis en or .................... 144 1. 1 louis double .................. 48 1. 1 pièce d’Espagne ................ 801. monnaie ayant cours ............ 6 335 1. en assignats ...................... 14 024 1. matière d’or ...................... 446 1. plus autre somme en assignats .... 359 1. Total ...... 34 650 1. 10 s. Pendant que vous foudroyez les conspirateurs nous terrassons le fanatisme. Les hochets de la superstition ont disparu et font place aux attributs de la liberté. La Raison triomphe, ici un temple lui est préparé; nous n’y ferons entendre que les mâles accents de la vérité; nous y prêcherons les vertus républicaines, l’amour de la patrie, l’obéissance aux loix, le respect dû à la représentation nationale; il ne nous sera pas difficile de convaincre le peuple que les nobles, les prêtres, les Roix et les faux patriotes sont de tous les animaux les plus féroces et les plus malfaisans. Citoyens représentants, nous sommes tranquilles sur le sort de la République puisque vous en êtes les soutiens. Cédez au vœu du peuple qui vous conjure de ne déposer la foudre qu’a-près que vous aurez anéanti le crime, et assurez le règne de la justice et de la vertu; nous jurons de vous seconder de toutes nos forces dans vos sublimes entreprises et de mourir, s’il le faut pour la République ». Barbot fils (présid.), Maudrin fils (secret.), Cetey (secrét.). 18 L’agent national du district de Meaux annonce que le 11 du courant, des biens d’émigrés, estimés 89 527 liv., ont été vendus 178 100 liv. Insertion au bulletin (1). 19 La Société populaire de Lodève (2) écrit qu’elle a frémi d’horreur en apprenant les complots qu’on avoit osé tramer contre la liberté. Elle invite la Convention nationale à ne laisser dans son sein que ces hommes purs, dont les seules passions soient l’amour du peuple, le sentiment de la justice et la haine invincible pour les tyrans. Mention honorable, insertion au bulletin. Le président de la même Société envoie l’état des dons patriotiques déposés sur son bureau dans la séance du 29 ventôse. Mention honorable, insertion au bulletin (3). [Lodève, 18 flor. 11] (4). « Citoyens représentants, Nous avons frémi d’horreur d’apprendre qu’il existait encore des hommes dont l’âme corrompue avait osé trafiquer de notre liberté. Grâces ! grâces vous soient rendues ! Vous qui répandez d’une main les récompenses sur un peuple vertueux, et qui frappez de l’autre ses perfides ennemis ! Grâces te soient rendues, ô ! toi Montagne sacrée, dont les pitons inébranlables affrontent à chaque instant les ouragans furieux de l’aristocratie. Eh quoi !... Encore une nouvelle conspiration, encore des traitres qui flagornaient le peuple pour mieux l’assassiner : mais ! la raison compagne fidèle de la vérité a pénétré de nouveau dans les replis tortueux d’une barbare politique; elle n’a craint de descendre, dans ces antres creux où des monstres aiguisaient leurs poignards, là, déchirant le masque qui les recouvrait, le peuple a reconnu ses nouveaux assassins. Oh ! douleur toujours renaissante !... faut-il qu’au milieu d’un peuple qui ne respire que la vertu, le crime ose encore tenter d’établir son empire effroyable ! L’hypocrisie, la lâcheté, l’ambition, toutes les passions du despotisme reposent dans le cœur corrompu du royaliste; le calme affreux qu’il nous présente n’est que passager, semblable à celui qui précède l’orage; c’est pendant ce calme horrible qu’une nouvelle tempête se prépare : mais, que fait le sénat quand l’horizon politique s’enflamme, que les éclairs sillonnent de toutes parts ? Ce qu’il fait ! (DP.-V., XXXVn, 94. Bin, 21 flor.; M.U., XXXIX, 343; J. Perlet, n° 597; J. Sablier, n° 1310; C. Eg., n° 631. (2) Hérault. (3) P.-V., XXXVII, 94. Bin, 21 flor. et 22 flor. (suppl‘). (4) C 303, pl. 1111, p. 4.