SÉANCE DU 23 VENDÉMIAIRE AN III (14 OCTOBRE 1794) - N° 25 139 que des chantiers s’élèvent de toutes parts; que nos arsenaux se remplissent d’ouvriers ; que les hommes de mer s’élancent sur nos flottes; accourons-y tous s’il le faut ; rien n’est impossible aux Français. Cette société annonce qu’elle a députée vers la Convention deux de ses frères pour déposer sur l’autel de la patrie une somme d’environ 40 000 L, destinée à la construction d’un vaisseau de ligne. Elle se glorifie d’avoir donné à la patrie le général Mirabel, dont elle rappelle les victoires et le courage, et qui est mort en héros en ser-vanTla patrie. Ees députés de cette commune sont introduits : ils offrent à la patrie la somme de 39 370 L 15 s., produit de la souscription faite par les citoyens de Narbonne, et celle de 7 892 L, que la petite commune de Coursan a recueillie dans son sein pour en faire offrande à la patrie. Représentans, disent-ils, vous venez de proscrire le système de terreur qui planoit sur toute la République; cette arme des tyrans est brisée ; la justice et la vertu seront désormais les bases du gouvernement, et l’innocence opprimée ne sera plus livrée à des tribunaux de sang. La Convention décrète la mention honorable des offrandes et des adresses, et l’insertion au bulletin (69). [La société régénérée des sans-culottes de Narbonne à la Convention nationale, s. d.] (70) Patrie Liberté Egalité Paix aux chaumières Mort aux tyrans Représentants du Peuple, Appelée à triompher de tous ses ennemis, la République française doit tirer surtout satisfaction éclatante du perfide anglais; vengeons la liberté, que ce peuple a outragée et par l’opinion qu’il avoit de la sienne, et par les attentats qu’il a dès longtems exercé envers celle des autres peuples; le moyen en est facile : révolutionnons notre marine. Que des chantiers s’élèvent de toutes parts; que nos arsenaux se remplissent d’ouvriers ; que les hommes de mer s’élancent sur nos flottes ; accourons-y tous, s’il le faut; rien n’est impossible aux Français. Accoutumés à tout sacrifier à la patrie, nous donnerons les premiers l’exemple de ce dévouement. Nous députons vers vous deux de nos frères chargés de déposer sur l’autel de la patrie une somme d’environ quarante mille livres destinée à la construction d’un vaisseau de ligne ; ils mettront sous vos yeux le tableau de ce que nous avons fait pour la chose publique; la modicité de nos fortunes pourroit ajouter quelque prix à nos sacrifices pécuniaires et à des offrandes de (69) P.-V., XLVII, 154-155. Bull., 26 vend, (suppl.); F. de la Républ., n“ 24; J. Fr., n” 749; M.U., XLIV, 360. (70) C 322, pl. 1354, p. 3. Moniteur, XXII, 236. tout genre souvent répétées. Nous nous félicitons surtout de ce que la position de cette commune nous a mis à portée de rendre à nos frères d’armes les soins qu’ils ont le droit d’attendre de notre reconnoissance ; vous verrés ce que nous avons fait pour l’armée des Pyrénées-Orientales ; sans nous elle auroit plus d’une fois manqué de subsistances. Depuis plus de cinq ans, nos maisons sont devenues l’asyle du défenseur de la patrie; il y est reçu par l’amitié, par la fraternité ; ces sentimens acquierrent encore plus de force et d’énergie à l’égard de ceux que des blessures ou des maladies amènent dans nos murs; nous leur prodiguons les secours que leur état exige, et les soins consolateurs de l’amitié en diminuent l’amertume. Vous parcourrés avec intérêt, citoyens représentans, le tableau de nos offrandes à la patrie ; nous vous parlerons, avec orgueil du plus beau présent que nous lui ayons fait. Cette commune a donné le jour au général Mirabel ; Mirabel qui a si souvent conduit l’armée des Pyrénées-Orientales à la victoire ; Mirabel dont le courage empêcha le ravitaillement de Belle-garde; Mirabel mort au champ de l’honneur; Mirabel enfin que vous avés placé au Panthéon. Une inscription simple, gravée sur la porte de la maison qui l’a vu naître et dans laquelle il fut élevé, étoit la seule récompense digne de ce héros ; nos jeunes citoyens, en jettant les yeux sur ce monument, apprendront ce qu’ils doivent à la patrie ; il sera pour eux, l’aiguillon du courage ; il leur inspirera, de bonne heure, l’amour de la gloire. Représentans du Peuple, recevés un serment qui ne sera pas vain : nous jurons de vivre libres ou de mourir comme Mirabel. Blanvac, secrétaire. [Les députés de la société populaire régénérée de Narbonne et des communes de Narbonne et de Coursan à la Convention nationale, s. d.] (71) Représentans, Vous venés d’entendre la lecture de l’adresse de la société populaire régénérée de Narbonne ; nous vous apportons d’un côté la somme de 39 370 livres 15 sols dont nos concitoyens font l’offrande à la patrie pour la construction d’un vaisseau et de l’autre la somme de 7 892 produit de la souscription ouverte dans la petite commune de Coursan. Nous vous remettons aussi un tableau de la conduite civique des narbonnais depuis la Révolution. Il n’est point de sacrifice qu’ils n’ayent fait, point de privation qu’ils ne se soient imposé. Trop heureux d’avoir pu contribuer à ab-batre tous les genres de despotisme et d’avoir secondé les efforts de la Convention pour asseoir sur des bases indestructibles l’indépendance et le bonheur du peuple. Représentans, vous venés de proscrire le sis-tème de terreur qui planoit sur toute la Répu-(71) C 322, pl. 1354, p. 4. 140 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE blique, cette arme redoutable du dernier des tyrans est brisée. La justice et l’innocence opprimée ne sera plus livrée à des tribunaux de sang. Représentans, la France a dans ce moment les yeux fixés sur vous; l’espérance d’un bonheur prochain renait dans toutes les âmes, restés fermes à votre poste, déjoués les projets des factieux qui tenteroient d’usurper les pouvoirs que le peuple vous a confié, l’opinion publique s’est fortement prononcée pour la Convention, ne permettés pas qu’elle soit empoisonnée par les ambitieux et les intrigans. Que des dénonciations personnelles ne viennent plus agiter vos séances, n’oubliés jamais que votre union doit nécessairement centupler vos forces ; et qu’un tems consacré à concerter les grandes mesures qui doivent écraser les tyrans coalisés et les ennemis de l’intérieur, est perdu pour la liberté et le bonheur du peuple lorsqu’il est employé à des débats affligeants et à des dissentions particulières. Vive la Convention. Figeac, Chessel. [. Bordereau des objets remis au citoyen Chessel, s. d.] (72) Bordereau des objets remis au citoyen Chessel pour participer à la construction du vaisseau de ligne, d’après la recette qui en a été faite dans la commune de Narbonne, par Louis Barther et Julia cadet, nommés caissiers à cet effet. En argenterie une paire de chandeliers, une tasse de quette, une paire de boucles et une tabatière, pesant ensemble 4 marcs 5 onces 3 gros, estimé à 80 L le marc - 373 L 15 s Cinq pièces d’or dont trois grosses et deux petites avec l’empreinte de Capet formant la somme de - 192 L En écus et diverses pièces d’argent - 75 L à déduire qu’il a été remboursé pour partie des objets ci-dessus - 266 Total - 374 L 15 s En assignats quarante-huit de 400 L - 19 200 un de - 250 - 250 dix-neuf de - 100 - 1 900 cinq de - 90 - 450 cinq de - 80 - 400 trois de - 70 - 210 cent un de - 50 - 5 050 un de - 60 - 60 deux cent soixante un de 25 6 525 deux cent trente neuf de 10 2 390 deux cent vingt un de — 5 1 105 quatre cent un de 50 sols 1 005 (72) C 321, pi. 1342, p. 14. Rectifié à 47 142 L 10s non compris l’argenterie (note marginale signée Duon). trois cent deux de 10 sols 151 trois paquets de petits assignats detout prix faisant ensemble 300 26 La société populaire de Sigean, district de Narbonne [Aude], dépose sur l’autel de la patrie la somme de 8 245 L d’une collecte faite tant dans la commune que dans le canton de Sigean, pour la construction d’un vaisseau. Elle invite la Convention à rester à son poste, et à purger le sol de la liberté des intrigans et des fripons., Mention honorable, insertion au bulletin (73). [La société populaire de Sigean à la Convention nationale, le 11 vendémiaire an III] (74) Représentants, A peine il est parvenu à nos oreilles que dans plusieurs communes de la république il se faisait des dons pour la construction d’un vaisseau ; la société populaire de Sigean s’est empressée d’imiter un si généreux exemple ; elle a vu dans un instant son bureau couvert d’offrandes des amis de la république; pénétré de l’idée flateuse de rabaisser sur mer l’orgueil des puissances coalisées ; et animé par un esprit de juste vengeance de scélératesse de l’anglais dans le port de Toulon, il n’y a pas eu jusqu’au moins favorisé qui n’ait contribué avec le plus grand empressement et selon ses facultés. Le canton fidèle imitateur des actes de patriotisme de son chef-lieu nous a produit ses dons et une somme de huit mille deux cent quarante cinq livres en a été le résultat. Recevés donc représentants ce foible témoignage de notre amour pour la patrie ; comptés sur notre patriotisme comme nous comptons sur vos soins paternels pour le salut de la république. Salut et fraternité. Praettier, président, Sauguet, Baron, Maris, secrétaires. (73) P.V., XLVII, 155. Bull., 1er brum. (suppl.). (74) C 321, pl. 1342, p. 12. Débats, n’ 752, 346.