628 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 28 frimairean H de courrier et de chevaux. Voici les nouvelles de ce matin 26 frimaire 8 heures du matin : Wes-termann écrit de Craon le 25 : « Bientôt la fin du monde. Le nombre des « m,orts d’hier, la nuit et ce matin est inexpri-« mable. L’ennemi est parti d’ici hier à minuit; « il a des ailes il veut joindre Charette. Il a « pris la route de Pouancé pour coucher a Coudé, « sans débrider; je le suis, quoique mes chevaux « soient sur les dents. Les deux coups de feu « que j’ai reçus me font grand mal. Je crains « fort que la fatigue augmente le mal; je n’en « peux plus, il n’y a que le désir de vaincre « qui me soutient. » « P. S. Nous apprenons à l’instant qu’au der¬ nier passage des brigands à Laval les femmes de cette ville, dont les maris étaient absents, dans la crainte d’être forcées de marcher avec les brigands ont désarmé 4 à 500 de ces der¬ niers (1). » PROCLAMATION (2). Liberté, Egalité. Au nom du 'peuple français. A Laval, le 25 frimaire, 10 heures du soir, l’an II de la République française, une et indi¬ visible. % k Bourbotte, Turreau, Prieur (de la Marne), repré¬ sentants du peuple près les armées réunies de l’Ouest et des Côtes de Brest, aux citoyens et ad¬ ministrateurs des départements de la Mayenne, Mayenne-et-Loire, la Sarthe, l’Ille-et-Vilaine, des Côtes-du-Nord, du Finistère, du Morbihan, de la Loire-Inférieure, de l’Orne, de la Manche et autres circonvoisins. Les brigands se sont présentés devant Angers, et un grand nombre y a trouvé la mort. Ils ont osé disputer l’entrée de la commune du Mans à nos troupes républicaines, rien n’a résisté au courage de nos braves soldats ; les rues, les routes et les campagnes voisines sont jonchées de ca¬ davres de brigands; les caissons, les munitions et une grande partie de leurs canons sont en notre possession : en un mot, l’armée des bri¬ gands est en fuite et en déroute; nos soldats les poursuivent. Pour échapper à leurs coups, ils se jettent par bandes dans les campagnes, où ils continuent à exercer leurs brigandages; leurs chefs perfides vont chercher à soustraire, par la fuite, leurs têtes coupables à la vengeance (1) Vifs applaudissements, d’après le Mercure uni¬ versel [29 frimaire an II (jeudi 19 décembre 1793), p. 464, col. 1] et d’après le Moniteur universel [n° 89 du 29 frimaire an II (jeudi 19 décembre 1793), p. 360, col. 3]. Le Mercure universel , dans son compte rendu, ajoute : « Des membres demandent que la Convention dé¬ crète que ces républicains ont bien mérité de la pa¬ trie. « Merlin (de Thionville) désire que les faits soient connus d’une manière exacte avant que l’assemblée prononce. Le renvoi au comité de Salut public est adopté. » (2) Archives nationales, carton AFn 122, pla¬ quette 928, pièce 9. Premier supplément au Bulletin de la Convention du 28 frimaire an II (mercredi 18 dé¬ cembre 1793). nationale. Secondez nos efforts; achevez avec nous la destruction de ces scélérats; levez-vous pour garder vos foyers, vos femmes, vos enfants et vos propriétés; saisissez vos armes; prenez vos piques, vos faulx, vos fourches, vos leviers; qu’au même instant, le tocsin retentisse dans toutes vos communes, qu’il sonne la dernière heure des brigands, et qu’il ne s’arrête que lors¬ qu’il n’en existera plus un seul. Signé : Bourbotte, Prieur (de la Marne), L. Turreau. Compte rendu du Moniteur universel (1). Barère. Voici des dépêches qu’a reçues le comité de Salut public. (Suivent des extraits des lettres de Francastel, de Bourbotte, de Turreau et de Prieur (de la Marne), lettres que nous avons insérées plus haut d’après les originaux qui existent aux Archives nationales.) Barère. Il nous est dénoncé qu’un grand nombre de brigands ont passé dans le Morbihan, pour tâcher de le soulever. D’un autre côté, Beîlegarde nous a appris que dans le pillage qu’ils firent d’un caisson, ils lui prirent son por¬ tefeuille, où étaient les passeports et les décrets dont il était porteur. Il présume, et le comité le pense avec lui, que quelque chef de brigands pourrait s’en servir pour voyager dans la Ré¬ publique. Ces considérations nous ont déter¬ minés à vous présenter un projet de décret. Barère lit un décret qui déclare nuis les passe¬ ports que contenait le portefeuille de Beîlegarde, et qui énonce leur date. Goupilleau (de Fontenay.) Je demande, par amendement, que désormais les passeports des représentants du peuple contiennent leur signature. Barère adopte l’amendement, et le décret ainsi amendé est adopté. « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu le rapport de son comité d’instruction publique [Mathieu, rapporteur (2)], décrète ce qui suit : Art. 1er. « La Commission des monuments est sup¬ primée. (1) Moniteur universel [n° 90 du 30 frimaire an II (vendredi 20 décembre 1793), p. 364, col. 2). D’autre part, on lit dans le Supplément au Bulletin de la Con¬ vention du 29 frimaire : « Le citoyen Barère a dit : « A la déroute de Châtillon, le 15 octobre der¬ nier, des brigands ont pillé le caisson dans lequel étaient tous les décrets et passeports des différentes Commissions, et particulièrement le décret et passe¬ port du mois d’août dernier, pour la Commission dans le département de la Charente et l’armée des Côtes de La Rochelle. Il présume que quelques chefs de brigands pourraient se servir de ces pièces pour voyager dans la République. Il propose de pro¬ voquer un décret, par lequel ceux qui voyageront avec les mêmes passeports seront mis en état d’ar¬ restation, et que le Bulletin de la Convention serait seul suffisant pour cela. » (2) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 282, dossier 795