286 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Quant à nous, qui, en juin 1793 (vieux stile), nous sommes les premiers opposés de tout notre pouvoir aux progrès du fédéralisme dans notre département, nous ne reconnoitrons jamais qu’une seule souveraineté, celle du peuple, et qu’une seule autorité centrale, celle de la Convention nationale. Nous jurons une guerre à mort à tous les conspirateurs, à tous les tyrans; nous entourerons sans cesse de nos vœux, de notre courage, nous couvrirons de nos armes jusqu’à notre dernier soupir, la représentation nationale, dont nous ne cesserons de partager les dangers, de seconder les travaux et d’assurer les succès; enfin nous avons été, et nous serons toujours, fidèles à nos sermens. Joffroy (secrét.), Dubuisson (présid.), Oudet (secrét.). Extrait du registre des délibérations de la sté popul. et montagnarde de Jussey (présidence du cn Dubuisson). La séance du 13 thermidor de l’an 20nd de la République une et indivisible a été ouverte par la lecture des bulletins de la Convention nationale et des papiers publics. De suite, le président a résumé les diverses nouvelles dont il venoit d’être donné lecture, en faisant énergiquement sentir que, dans tous les événemens, le devoir des bons citoyens étoit de rester invariablement attaché à la représentation nationale. Après quoi, il a donné lecture d’une lettre qui lui a été écrite, de Paris, par un vrai républicain, laquelle a porté le calme et la joie dans l’âme des sociétaires, a été couverte d’applau-dissemens, et suivie des cris mille fois répétés de : Vive la République, vive la Convention nationale ! De suite, il a été proposé par un membre de faire une adresse à la Convention pour la féliciter d’avoir encore une fois sauvé la patrie par l’énergie et le courage qu’elle a montré dans la journée du 9 de [ce] mois, en anéantissant une nouvelle faction, la plus dangereuse qui ait pu exister, puisqu’elle étoit ourdie par des hommes qui, sous le masque séducteur du patriotisme, vouloient immoler la liberté et l’égalité. Cette proposition ayant été acceuillie à l’unanimité, l’adresse a été rédigée, lue et adoptée, séance tenante (1). P'' [La sté popul. d’Abreschviller (2) à la Conv.; Abreschviller, 13 therm. II] { 3). Citoyens représentants, Des scélérats s’étoient couverts du masque du patriotisme. Capables de tout dissimuler et en même temps, de tout oser, ils siégeoient même dans le sanctuaire des lois, dans le sénat (1) Pour extrait conforme au registre : DUBUISSON (présid.), Oudet (secrét.), Joffroy (secrét.). (2) Meurthe. (3) C 315, pl. 1262, p. 2. Mentionné par B ", 26 therm. (1er suppl1) et 29 therm. (2e suppl1). français, et en imposoient d’autant plus astucieusement, que, depuis longtemps, ils avoient emprunté les dehors trompeurs d’une popularité affectée. Le masque imposteur est tombé; leur nouvelle conjuration, ourdie dans le silence du crime est dévoilée, et déjà le sol de la liberté n’est plus souillé par la présence de ces monstres. Les noms des Robespierre, Saint Just, Cou-thon ne seront plus désormais répétés dans les bouches des Français que pour être voués de nouveau à l’exécration publique. Ainsi périssent tous les Sylla, tous les Catilina, tous les Crom-wel, qui seront assez osés pour attenter à ravir d’une main sacrilège l’authorité suprême du peuple ! Que le même tombeau ensevelisse à jamais, et tous les rois, et tous les ennemis des droits sacrés du peuple ! Cet acte sévère de justice, citoyens représentants, cimente l’édifice de la liberté, affermit la République française. Tandis que l’airain destructeur vomit, de toutes parts, la mort sur les phalanges ennemies, tandis que les villes, na-guères opprimées sous le plus déplorable esclavage, se félicitent d’avoir secoué la pesanteur de leurs fers, par l’entrée triomphante que les Français viennent d’y faire, tandis que nos braves défenseurs volent de victoire en victoire, vous détruisez journellement les efforts de l’hydre de l’intrigue. Comme le soleil fait évanouir l’ombre, de même vous dissipez les sinistres projets des ennemis de la liberté. Despotes couronnés, tyrans coalisés, soyez saisis d’effroi et de consternation. Le moment approche où tous vos sceptres brisés vont être confondûs dans le cahos du néant. La société populaire montagnarde d’Abreschviller, toujours invariablement attachée à la représentation nationale, vous félicite, citoyens représentants, de la sublime énergie que vous venez de déployer. Tous vos jours sont consacrés au bonheur du monde entier. L’amour des Français, la reconnoissance du monde entier, voilà votre récompense. Vive la Convention nationale ! Vive la montagne ! Cavalié de Thollemence (vice-présid.), Barra-bino, Jacques Fallût, Jean-Baptiste Limon, Henriet, J. Verniory, Henry Rudeau, D. Nicol, autre Verniory, Dominique, Loutz, P. Ducha-teau, D. Bournique, Joseph Bournique, Gall, Pierre Bournique l’aîné, Joseph Georges, autre Bournique, J. Limon, Martin, Pierre Gall, J.N. Jacquot, Duhaut, Schvester, Thenner (secrét.). [et une signature illisible]. q" [Les membres composant la sté popul. de Maubeuge (1) à la Conv.; Maubeuge, 14 therm. 77/(2). (1) Nord. (2) C 315, pl. 1262, p. 38. Bn, 22 therm. (2e suppl1); Moniteur (réimpr.), XXI, 435; Ann. patr., n° DLXXXIV; Débats, n° 686, 349-350; J. Sablier, n° 1486; M.U., XLII, 329. Mentionné par J. Mont., n° 100. 286 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Quant à nous, qui, en juin 1793 (vieux stile), nous sommes les premiers opposés de tout notre pouvoir aux progrès du fédéralisme dans notre département, nous ne reconnoitrons jamais qu’une seule souveraineté, celle du peuple, et qu’une seule autorité centrale, celle de la Convention nationale. Nous jurons une guerre à mort à tous les conspirateurs, à tous les tyrans; nous entourerons sans cesse de nos vœux, de notre courage, nous couvrirons de nos armes jusqu’à notre dernier soupir, la représentation nationale, dont nous ne cesserons de partager les dangers, de seconder les travaux et d’assurer les succès; enfin nous avons été, et nous serons toujours, fidèles à nos sermens. Joffroy (secrét.), Dubuisson (présid.), Oudet (secrét.). Extrait du registre des délibérations de la sté popul. et montagnarde de Jussey (présidence du cn Dubuisson). La séance du 13 thermidor de l’an 20nd de la République une et indivisible a été ouverte par la lecture des bulletins de la Convention nationale et des papiers publics. De suite, le président a résumé les diverses nouvelles dont il venoit d’être donné lecture, en faisant énergiquement sentir que, dans tous les événemens, le devoir des bons citoyens étoit de rester invariablement attaché à la représentation nationale. Après quoi, il a donné lecture d’une lettre qui lui a été écrite, de Paris, par un vrai républicain, laquelle a porté le calme et la joie dans l’âme des sociétaires, a été couverte d’applau-dissemens, et suivie des cris mille fois répétés de : Vive la République, vive la Convention nationale ! De suite, il a été proposé par un membre de faire une adresse à la Convention pour la féliciter d’avoir encore une fois sauvé la patrie par l’énergie et le courage qu’elle a montré dans la journée du 9 de [ce] mois, en anéantissant une nouvelle faction, la plus dangereuse qui ait pu exister, puisqu’elle étoit ourdie par des hommes qui, sous le masque séducteur du patriotisme, vouloient immoler la liberté et l’égalité. Cette proposition ayant été acceuillie à l’unanimité, l’adresse a été rédigée, lue et adoptée, séance tenante (1). P'' [La sté popul. d’Abreschviller (2) à la Conv.; Abreschviller, 13 therm. II] { 3). Citoyens représentants, Des scélérats s’étoient couverts du masque du patriotisme. Capables de tout dissimuler et en même temps, de tout oser, ils siégeoient même dans le sanctuaire des lois, dans le sénat (1) Pour extrait conforme au registre : DUBUISSON (présid.), Oudet (secrét.), Joffroy (secrét.). (2) Meurthe. (3) C 315, pl. 1262, p. 2. Mentionné par B ", 26 therm. (1er suppl1) et 29 therm. (2e suppl1). français, et en imposoient d’autant plus astucieusement, que, depuis longtemps, ils avoient emprunté les dehors trompeurs d’une popularité affectée. Le masque imposteur est tombé; leur nouvelle conjuration, ourdie dans le silence du crime est dévoilée, et déjà le sol de la liberté n’est plus souillé par la présence de ces monstres. Les noms des Robespierre, Saint Just, Cou-thon ne seront plus désormais répétés dans les bouches des Français que pour être voués de nouveau à l’exécration publique. Ainsi périssent tous les Sylla, tous les Catilina, tous les Crom-wel, qui seront assez osés pour attenter à ravir d’une main sacrilège l’authorité suprême du peuple ! Que le même tombeau ensevelisse à jamais, et tous les rois, et tous les ennemis des droits sacrés du peuple ! Cet acte sévère de justice, citoyens représentants, cimente l’édifice de la liberté, affermit la République française. Tandis que l’airain destructeur vomit, de toutes parts, la mort sur les phalanges ennemies, tandis que les villes, na-guères opprimées sous le plus déplorable esclavage, se félicitent d’avoir secoué la pesanteur de leurs fers, par l’entrée triomphante que les Français viennent d’y faire, tandis que nos braves défenseurs volent de victoire en victoire, vous détruisez journellement les efforts de l’hydre de l’intrigue. Comme le soleil fait évanouir l’ombre, de même vous dissipez les sinistres projets des ennemis de la liberté. Despotes couronnés, tyrans coalisés, soyez saisis d’effroi et de consternation. Le moment approche où tous vos sceptres brisés vont être confondûs dans le cahos du néant. La société populaire montagnarde d’Abreschviller, toujours invariablement attachée à la représentation nationale, vous félicite, citoyens représentants, de la sublime énergie que vous venez de déployer. Tous vos jours sont consacrés au bonheur du monde entier. L’amour des Français, la reconnoissance du monde entier, voilà votre récompense. Vive la Convention nationale ! Vive la montagne ! Cavalié de Thollemence (vice-présid.), Barra-bino, Jacques Fallût, Jean-Baptiste Limon, Henriet, J. Verniory, Henry Rudeau, D. Nicol, autre Verniory, Dominique, Loutz, P. Ducha-teau, D. Bournique, Joseph Bournique, Gall, Pierre Bournique l’aîné, Joseph Georges, autre Bournique, J. Limon, Martin, Pierre Gall, J.N. Jacquot, Duhaut, Schvester, Thenner (secrét.). [et une signature illisible]. q" [Les membres composant la sté popul. de Maubeuge (1) à la Conv.; Maubeuge, 14 therm. 77/(2). (1) Nord. (2) C 315, pl. 1262, p. 38. Bn, 22 therm. (2e suppl1); Moniteur (réimpr.), XXI, 435; Ann. patr., n° DLXXXIV; Débats, n° 686, 349-350; J. Sablier, n° 1486; M.U., XLII, 329. Mentionné par J. Mont., n° 100. SÉANCE DU 20 THERMIDOR AN II (7 AOÛT 1794) - N° 1 287 Représentants, Quelle victoire vous venez de remporter, et combien elle est chère aux coeurs de tous les Français qui veulent être libres ! Des factieux, des scélérats vouloient nous donner des maîtres, peut-être même un Cromwel, mais votre surveillance active, votre énergie et votre amour pour la liberté ont encore sauvé la République. La société populaire de Maubeuge, en vous félicitant de vos travaux, vous invite à les continuer, quand il existeroit encore des factieux, persuadée que la Convention, mère aussi grande et aussi vertueuse que le peuple qu’elle représente et de la confiance méritée duquel elle est entourée, restera bonne, saine, ferme, inébranlable. Nous ne craignons point les complots des ennemis de la liberté. Leurs trames horribles toujours déjouées, les scélérats exterminés, les armées victorieuses, les rois trembleront, nous serons libres et jurons de vous seconder en activité, courage et surveillance pour la République une et indivisible. Vive la République et la Convention ! Olivier, Picard (présid.), Baudré (secret.). r" [La sté popul. de Bemayil) à la Conv.; Bemay, 15 therm. II] (2). Représentans du peuple, Grâce à votre héroïque courage, la République vient encore de sortir triomphante d’une des plus horribles conjurations qui aient été ourdies contre elle : que les bénédictions du peuple, que vous avez sauvé, en soient la récompense ! Législateurs, vous acquérez tous les jours de nouveaux droits à notre reconnaissance; nous ne récapitulerons pas tout ce que vous avez bravé de dangers pour nous; vous avez sauvé la patrie : voilà tout l’éloge que nous vous devons; si vous en aviez besoin d’un autre, vous n’en mériteriez aucun. Mais plus vous consolidez l’édifice de notre liberté, plus vous nous devez de nous prémunir contre l’enthousiasme et les dangers de la reconnaissance elle-même : oui, la reconnaissance a ses dangers, surtout parmi nous. C’est elle qui a ouvert la carrière à tant de conspirateurs; c’est par elle que, tant de fois, le peuple a été circonvenu et qu’il a failli devenir la victime de fourbes profonds et d’hypocrites machiavélistes. Mettez un frein à ce sentiment, si naturel, d’aimer ceux que nous croyons vertueux, mais si dangereux durant les révolutions. Tous les Français veulent être libres; tous les Français sçavent combattre et vaincre pour le triomphe de la liberté; qu’ils aprennent de vous que ce n’est pas assez; qu’il faut qu’ils sachent encore que, quelques grands que soient les services rendus par un citoyen à la patrie, il n’a fait qu’acquitter une dette, qu’en (1) Eure. (2) C 315, pl. 1262, p. 1. Bin, 20 therm.; F.S.P., n° 400; J. Sablier (du soir), n° 1483 (pour 1485); Rép., n° 232. un mot toute idolâtrie est abjection, esclavage; que la patrie doit exclusivement régner dans l’âme d’un vrai républicain. Représentans du peuple, continuez vos immortels travaux. Pulvérisez les trônes et les tyrans du dehors et, dans l’intérieur, rendez imperturbable le niveau de l’égalité. Nous vous jurons que la représentation nationale sera toujours notre point de raliement, l’objet de nos respects et de notre dévouement : mais chacun des membres qui la compose ne connaîtra toute l’étendue de notre reconnaissance que lorsque, revenu dans ses modestes foyers, il nous prêchera d’exemple en courbant sa tête sous le joug honorable des loix qu’il aura provoquées; alors nous lui dirons : tu as contribué à l’établissement de la liberté, à la gloire de ton païs; ô homme ! tu es parvenu au comble de la félicité; sois notre frère, notre ami, jouis enfin de tout le bonheur que tu nous as procuré : tu l’as mérité ! Harou (secret.), F.G. Boivin (présid.), Prêta-voine le jeune (secrét.). s" [La sté popul. d’Angoulême (1), réunie à tous les vrais sans-culottes de la comm., à la Conv.; Angoulême, 15 therm. 7/7(2). Représentans, Au récit de la conjuration de Robespierre, que vous avés courageusement étouffée, le peuple de cette commune s’est levé en masse, a donné carrière à tous les mouvements de son indignation contre le traître et ses complices, et, rappellant aussitôt ses sentiments vers l’unique centre de la République, il s’est écrié : vive la Convention nationale ! Infâme Robespierre, tu aspirois donc à la tiranie ! Sous le masque du patriotisme, tu voulois égorger le peuple, tu voulois éteindre dans le sang de ses vertueux deffenseurs le feu sacré de la liberté. Mais le génie conservateur de la République ne t’a pas donné le temps de consommer tes crimes. Tu viens de les expier sur l’échaffaud, et ta mémoire ne sera plus qu’un objet d’horreur. Nouveau Catilina, tu osas venir siéger au sénat français. Alors tu méditois le plan de la plus vaste destruction mais, abandonné de tous, tu fus livré à la honte, et la voûte du sénat ne retentit que de tes abominables complots. Quels cris douleureux (sic) et lamentables n’a pas épargné aux patriotes la punition de ce monstre ! La France, apprès tant de sacrifices et de combats pour sa liberté, devenoit la proye, ou d’un triumvirat insolent, ou d’un cruel despote. Les dissentions intestines se renouvel-loient avec fureur, et l’aristocratie se relevoit sur les ruines de la patrie en cendres. Tel est l’abyme qui eût englouti la République, et qui ne se présente à nos regards qu’avec le cortège des plus affreuses images. Vous l’avez (1) Charente. (2) C 315, pl. 1262, p. 10. EF, 20 therm.; J. Fr., n° 682. SÉANCE DU 20 THERMIDOR AN II (7 AOÛT 1794) - N° 1 287 Représentants, Quelle victoire vous venez de remporter, et combien elle est chère aux coeurs de tous les Français qui veulent être libres ! Des factieux, des scélérats vouloient nous donner des maîtres, peut-être même un Cromwel, mais votre surveillance active, votre énergie et votre amour pour la liberté ont encore sauvé la République. La société populaire de Maubeuge, en vous félicitant de vos travaux, vous invite à les continuer, quand il existeroit encore des factieux, persuadée que la Convention, mère aussi grande et aussi vertueuse que le peuple qu’elle représente et de la confiance méritée duquel elle est entourée, restera bonne, saine, ferme, inébranlable. Nous ne craignons point les complots des ennemis de la liberté. Leurs trames horribles toujours déjouées, les scélérats exterminés, les armées victorieuses, les rois trembleront, nous serons libres et jurons de vous seconder en activité, courage et surveillance pour la République une et indivisible. Vive la République et la Convention ! Olivier, Picard (présid.), Baudré (secret.). r" [La sté popul. de Bemayil) à la Conv.; Bemay, 15 therm. II] (2). Représentans du peuple, Grâce à votre héroïque courage, la République vient encore de sortir triomphante d’une des plus horribles conjurations qui aient été ourdies contre elle : que les bénédictions du peuple, que vous avez sauvé, en soient la récompense ! Législateurs, vous acquérez tous les jours de nouveaux droits à notre reconnaissance; nous ne récapitulerons pas tout ce que vous avez bravé de dangers pour nous; vous avez sauvé la patrie : voilà tout l’éloge que nous vous devons; si vous en aviez besoin d’un autre, vous n’en mériteriez aucun. Mais plus vous consolidez l’édifice de notre liberté, plus vous nous devez de nous prémunir contre l’enthousiasme et les dangers de la reconnaissance elle-même : oui, la reconnaissance a ses dangers, surtout parmi nous. C’est elle qui a ouvert la carrière à tant de conspirateurs; c’est par elle que, tant de fois, le peuple a été circonvenu et qu’il a failli devenir la victime de fourbes profonds et d’hypocrites machiavélistes. Mettez un frein à ce sentiment, si naturel, d’aimer ceux que nous croyons vertueux, mais si dangereux durant les révolutions. Tous les Français veulent être libres; tous les Français sçavent combattre et vaincre pour le triomphe de la liberté; qu’ils aprennent de vous que ce n’est pas assez; qu’il faut qu’ils sachent encore que, quelques grands que soient les services rendus par un citoyen à la patrie, il n’a fait qu’acquitter une dette, qu’en (1) Eure. (2) C 315, pl. 1262, p. 1. Bin, 20 therm.; F.S.P., n° 400; J. Sablier (du soir), n° 1483 (pour 1485); Rép., n° 232. un mot toute idolâtrie est abjection, esclavage; que la patrie doit exclusivement régner dans l’âme d’un vrai républicain. Représentans du peuple, continuez vos immortels travaux. Pulvérisez les trônes et les tyrans du dehors et, dans l’intérieur, rendez imperturbable le niveau de l’égalité. Nous vous jurons que la représentation nationale sera toujours notre point de raliement, l’objet de nos respects et de notre dévouement : mais chacun des membres qui la compose ne connaîtra toute l’étendue de notre reconnaissance que lorsque, revenu dans ses modestes foyers, il nous prêchera d’exemple en courbant sa tête sous le joug honorable des loix qu’il aura provoquées; alors nous lui dirons : tu as contribué à l’établissement de la liberté, à la gloire de ton païs; ô homme ! tu es parvenu au comble de la félicité; sois notre frère, notre ami, jouis enfin de tout le bonheur que tu nous as procuré : tu l’as mérité ! Harou (secret.), F.G. Boivin (présid.), Prêta-voine le jeune (secrét.). s" [La sté popul. d’Angoulême (1), réunie à tous les vrais sans-culottes de la comm., à la Conv.; Angoulême, 15 therm. 7/7(2). Représentans, Au récit de la conjuration de Robespierre, que vous avés courageusement étouffée, le peuple de cette commune s’est levé en masse, a donné carrière à tous les mouvements de son indignation contre le traître et ses complices, et, rappellant aussitôt ses sentiments vers l’unique centre de la République, il s’est écrié : vive la Convention nationale ! Infâme Robespierre, tu aspirois donc à la tiranie ! Sous le masque du patriotisme, tu voulois égorger le peuple, tu voulois éteindre dans le sang de ses vertueux deffenseurs le feu sacré de la liberté. Mais le génie conservateur de la République ne t’a pas donné le temps de consommer tes crimes. Tu viens de les expier sur l’échaffaud, et ta mémoire ne sera plus qu’un objet d’horreur. Nouveau Catilina, tu osas venir siéger au sénat français. Alors tu méditois le plan de la plus vaste destruction mais, abandonné de tous, tu fus livré à la honte, et la voûte du sénat ne retentit que de tes abominables complots. Quels cris douleureux (sic) et lamentables n’a pas épargné aux patriotes la punition de ce monstre ! La France, apprès tant de sacrifices et de combats pour sa liberté, devenoit la proye, ou d’un triumvirat insolent, ou d’un cruel despote. Les dissentions intestines se renouvel-loient avec fureur, et l’aristocratie se relevoit sur les ruines de la patrie en cendres. Tel est l’abyme qui eût englouti la République, et qui ne se présente à nos regards qu’avec le cortège des plus affreuses images. Vous l’avez (1) Charente. (2) C 315, pl. 1262, p. 10. EF, 20 therm.; J. Fr., n° 682.