SÉANCE DU 17 FLORÉAL AN II (6 MAI 1794) - N° 39 101 être enfin éloignées des communes intéressantes par leur position et par leur population. Les républicains de Grenoble vous expriment en termes simples leurs sentiments et leur reconnaissance sur les mesures fermes et vigoureuses que vous avez prises. Ils vous invitent de nouveau à rester à votre poste jusqu’à ce que les tyrans et leurs satellites aient mis bas les armes. A faire punir tous les conspirateurs qui tenteraient encore d’avilir la représentation nationale; et d’enlever au peuple sa souveraineté. Ils vous jurent, union et concert pour sauver la République. S. et F. Vive la Montagne. » Thomas, Boyer, Pellerin fils, Grimaud. 39 Les administrateurs du district de Versailles, admis à la barre, lisent une adresse dans laquelle ils expriment leur attachement à la Convention nationale; ils offrent l’échantillon de huit milliers de salpêtre exploité par leurs administrés (1). L’ORATEUR : Représentants du peuple, Les intrigues, les crimes et les forfaits sont tôt ou tard punis. Votre justice en a tiré vengeance, et déjà nous vous en avons félicité. Nos victoires poursuivent maintenant ceux de la tyrannie. Ces méprisables satellites mordent à chaque instant la poussière. Les tyrans eux-mêmes n’échapperont point à l’héroïsme de nos guerriers. Des républicains français ne souffriront jamais que des trônes insultent impunément à l’égalité, qui fait la base du gouvernement libre qu’ils ont adopté. Guerre glorieuse au dehors; guerre utile au dedans. L’administration envoie vous faire part de ces succès pour l’une et l’autre. Le sol de notre d’arrondissement qui devait produire le foudre exterminateur des féroces ennemis de notre liberté sainte et chérie était ingrat; l’industrie jointe au courage de nos communes a vaincu et surmonté encore l’inexpérience et toute difficulté. Je vous offre l’échantillon de 8 milliers de salpêtre; dans cet instant la totalité marche à pas de charge à la commission des poudres. Ce n’est pas tout : notre manufacture d’armes et deux autres ateliers séparés concourent à cette exploitation précieuse; ils peuvent, comme nous, faire leur offrande à la patrie. Il fallait que le salpêtre sortant des entrailles de la terre fut allié au charbon. 20,000 bottes de l’espèce de bois propre ont été coupées sur le champ; elles brûlent; en voici l’essai. A cet heureux alliage qui compose la foudre, nous y joignons pour la lancer 128,484 livres de métaux et 25,325 livres de plomb qui porteront la terreur et la mort aux esclaves qui voudraient encore souiller la terre de la liberté. L’orgueilleux habitant de la Tamise osera-t-il (1) P.V., XXXVII, 34. Bin, 18 flor.; M.U., XXXIX, 311; J. Sablier, n° 1303; J. Fr., n° 590. tenter de nous surprendre par d’infâmes attentats ? 12 à 1.300,000 pieds cube de bois de construction se dirigent de nos foyers vers nos ports, et les arbres qui dérobaient à la pudeur les plaisirs coupables d’une famille corrompue vont annoncer aux partisans de la royauté le sort qui les attend. Des monceaux de cendres provenant des débris de ces bois, va naître la potasse. Nos braves défenseurs n’ont plus à craindre une affreuse nudité. Pour les revêtir, plus de trente-trois mille effets d’habillement et d’équipement, dont douze mille paires de souliers, bien confectionnés sont parties. Un autre envoi va les suivre. Je viens de déposer encore 2 marcs, 2 gros, 10 grains d’or, 4,543 marcs d’argenterie et galon, et 3J.54 liv. 11 s. 3 d. qui fourniront à nos soldats intrépides les moyens de payer ce dont ils auront besoin sur les terres de l’esclavage où ce métal inutile à des républicains est adoré. Un orgueil scandaleux, une activité sans bornes, un fanatisme insensé avaient amassé ces richesses pour satisfaire à leurs crimes, qu’elles servent aujourd’hui au triomphe de la justice et de la vertu. Ces envois son indépendants de plus considérables qui ont eu lieu successivement. La loi sur la levée extraordinaire des chevaux et voitures s’est exécutée avec la rapidité de l’éclair, le rassemblement est fait. Le sang de nos frères a coulé; leurs blessures glorieuses ont touché la sensibilité de notre cœur; qu’ils viennent à Versailles, ces braves guerriers, les bras de la reconnaissance leur sont ouverts. 800 matelas, 815 couvertures, 300 paires de draps, 270 couchettes, 180 sommiers, du vieux linge et de la charpie provenant des biens nationaux, des émigrés, des dons de nos communes et sections et non de la liste civile, les attendent pour leur donner le repos et tout le soulagement qu’ils méritent. Si pour le dehors et le dedans, nous avons rempli un devoir bien cher à notre cœur, notre surveillance, après avoir fait disparaître les traces de l’iniquité, a déjà mis près de trois mille indigents en jouissance du doux fruit de vos lois bienfaisantes, sur le partage des terres du tyran et des émigrés, à titre d’arrentement, et cependant, la vente des meubles des émigrés s’élève au-dessus de douze cent mille livres, celle des biens fonds, à près d’un million, la vente du mois prochain excédera cette somme. Voilà, citoyens représentants, le résultat de nos opérations révolutionnaires. Il serait bien plus satisfaisant, si l’administration, privée de deux de ses membres détenus, dont l’un, notre agent national, avait donné l’impulsion au mouvement actuel et le fortifierait, n’était point obligé de se disperser çà et là pour remédier aux inquiétudes chaque jour renaissantes par la pénurie des subsistances de notre district. Nos démarches incalculables pour subvenir à nos besoins; néanmoins, le courage de nos administrés ne s’abat point. Les secours accordés par la commission du commerce le relèvent et le soutiennent quoiqu’ils arrivent lentement; mais peut-être, la nombreuse population de la commune de Versailles et lieux adjacents, mériterait-elle d’être approvisionnée par des voies extraordinaires. Notre embarras cruel semble le prouver. Au reste, l’éternel qui défend notre cause nous fait tout supporter par l’espoir consolateur SÉANCE DU 17 FLORÉAL AN II (6 MAI 1794) - N° 39 101 être enfin éloignées des communes intéressantes par leur position et par leur population. Les républicains de Grenoble vous expriment en termes simples leurs sentiments et leur reconnaissance sur les mesures fermes et vigoureuses que vous avez prises. Ils vous invitent de nouveau à rester à votre poste jusqu’à ce que les tyrans et leurs satellites aient mis bas les armes. A faire punir tous les conspirateurs qui tenteraient encore d’avilir la représentation nationale; et d’enlever au peuple sa souveraineté. Ils vous jurent, union et concert pour sauver la République. S. et F. Vive la Montagne. » Thomas, Boyer, Pellerin fils, Grimaud. 39 Les administrateurs du district de Versailles, admis à la barre, lisent une adresse dans laquelle ils expriment leur attachement à la Convention nationale; ils offrent l’échantillon de huit milliers de salpêtre exploité par leurs administrés (1). L’ORATEUR : Représentants du peuple, Les intrigues, les crimes et les forfaits sont tôt ou tard punis. Votre justice en a tiré vengeance, et déjà nous vous en avons félicité. Nos victoires poursuivent maintenant ceux de la tyrannie. Ces méprisables satellites mordent à chaque instant la poussière. Les tyrans eux-mêmes n’échapperont point à l’héroïsme de nos guerriers. Des républicains français ne souffriront jamais que des trônes insultent impunément à l’égalité, qui fait la base du gouvernement libre qu’ils ont adopté. Guerre glorieuse au dehors; guerre utile au dedans. L’administration envoie vous faire part de ces succès pour l’une et l’autre. Le sol de notre d’arrondissement qui devait produire le foudre exterminateur des féroces ennemis de notre liberté sainte et chérie était ingrat; l’industrie jointe au courage de nos communes a vaincu et surmonté encore l’inexpérience et toute difficulté. Je vous offre l’échantillon de 8 milliers de salpêtre; dans cet instant la totalité marche à pas de charge à la commission des poudres. Ce n’est pas tout : notre manufacture d’armes et deux autres ateliers séparés concourent à cette exploitation précieuse; ils peuvent, comme nous, faire leur offrande à la patrie. Il fallait que le salpêtre sortant des entrailles de la terre fut allié au charbon. 20,000 bottes de l’espèce de bois propre ont été coupées sur le champ; elles brûlent; en voici l’essai. A cet heureux alliage qui compose la foudre, nous y joignons pour la lancer 128,484 livres de métaux et 25,325 livres de plomb qui porteront la terreur et la mort aux esclaves qui voudraient encore souiller la terre de la liberté. L’orgueilleux habitant de la Tamise osera-t-il (1) P.V., XXXVII, 34. Bin, 18 flor.; M.U., XXXIX, 311; J. Sablier, n° 1303; J. Fr., n° 590. tenter de nous surprendre par d’infâmes attentats ? 12 à 1.300,000 pieds cube de bois de construction se dirigent de nos foyers vers nos ports, et les arbres qui dérobaient à la pudeur les plaisirs coupables d’une famille corrompue vont annoncer aux partisans de la royauté le sort qui les attend. Des monceaux de cendres provenant des débris de ces bois, va naître la potasse. Nos braves défenseurs n’ont plus à craindre une affreuse nudité. Pour les revêtir, plus de trente-trois mille effets d’habillement et d’équipement, dont douze mille paires de souliers, bien confectionnés sont parties. Un autre envoi va les suivre. Je viens de déposer encore 2 marcs, 2 gros, 10 grains d’or, 4,543 marcs d’argenterie et galon, et 3J.54 liv. 11 s. 3 d. qui fourniront à nos soldats intrépides les moyens de payer ce dont ils auront besoin sur les terres de l’esclavage où ce métal inutile à des républicains est adoré. Un orgueil scandaleux, une activité sans bornes, un fanatisme insensé avaient amassé ces richesses pour satisfaire à leurs crimes, qu’elles servent aujourd’hui au triomphe de la justice et de la vertu. Ces envois son indépendants de plus considérables qui ont eu lieu successivement. La loi sur la levée extraordinaire des chevaux et voitures s’est exécutée avec la rapidité de l’éclair, le rassemblement est fait. Le sang de nos frères a coulé; leurs blessures glorieuses ont touché la sensibilité de notre cœur; qu’ils viennent à Versailles, ces braves guerriers, les bras de la reconnaissance leur sont ouverts. 800 matelas, 815 couvertures, 300 paires de draps, 270 couchettes, 180 sommiers, du vieux linge et de la charpie provenant des biens nationaux, des émigrés, des dons de nos communes et sections et non de la liste civile, les attendent pour leur donner le repos et tout le soulagement qu’ils méritent. Si pour le dehors et le dedans, nous avons rempli un devoir bien cher à notre cœur, notre surveillance, après avoir fait disparaître les traces de l’iniquité, a déjà mis près de trois mille indigents en jouissance du doux fruit de vos lois bienfaisantes, sur le partage des terres du tyran et des émigrés, à titre d’arrentement, et cependant, la vente des meubles des émigrés s’élève au-dessus de douze cent mille livres, celle des biens fonds, à près d’un million, la vente du mois prochain excédera cette somme. Voilà, citoyens représentants, le résultat de nos opérations révolutionnaires. Il serait bien plus satisfaisant, si l’administration, privée de deux de ses membres détenus, dont l’un, notre agent national, avait donné l’impulsion au mouvement actuel et le fortifierait, n’était point obligé de se disperser çà et là pour remédier aux inquiétudes chaque jour renaissantes par la pénurie des subsistances de notre district. Nos démarches incalculables pour subvenir à nos besoins; néanmoins, le courage de nos administrés ne s’abat point. Les secours accordés par la commission du commerce le relèvent et le soutiennent quoiqu’ils arrivent lentement; mais peut-être, la nombreuse population de la commune de Versailles et lieux adjacents, mériterait-elle d’être approvisionnée par des voies extraordinaires. Notre embarras cruel semble le prouver. Au reste, l’éternel qui défend notre cause nous fait tout supporter par l’espoir consolateur 102 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d’une moisson aussi précoce qu’abondante, et qui réduit au désespoir nos implacables ennemis qui sont les siens (1) . Mention honorable, insertion au bulletin. 40 Un membre [BARERE], au nom du Comité de salut public, lit les dépêches des armées d’Italie et des Pyrénées-Orientales et Occidentales (2). BARERE : Je viens dire des nouvelles qui doivent être entendues à la frontière du Nord : c’est sur cette armée, malheureuse un instant, que les armées du Midi viennent de tirer, comme l’a dit Dugommier, une lettre de change sur les Autrichiens. La victoire est en permanence dans le Midi, et la victoire n’a presque rien coûté aux républicains. L’étendard tricolore flotte à la fois sur toutes les Alpes et sur toutes les Pyrénées. ( Applaudissements ) . L’Italie effrayée voit les Autrichiens abattus, les Piémontais captifs, un tyran en fuite et un trône qui s’écroule. De Bayonne à Perpignan les esclaves du tyran des Castilles sont prisonniers, fugitifs ou morts. ( Nouveaux applaudissements ) . Ce n’est pas assez pour la République d’avoir conquis une artillerie immense chez l’Espagnol et le Piémontais; elle a encore fait un grand nombre de prisonniers, elle a occupé leurs camps, s’est emparée de leurs postes, et a rempli à coups de baïonnettes les fonctions utiles de la commission des subsistances et des approvisionnemens. De riches et immenses magasins enrichissent la liberté, et pourvoient à tous les besoins de nos braves républicains. Où se cache aujourd’hui cette secte nouvelle qui vit des terreurs qu’elle crée ou des alarmes qu’elle propage ? Qu’ils viennent, ces nouvellistes si dévoués à la patrie quand elle est malheureuse, et si stupéfaits quand elle a des victoires; qu’ils paroissent aujourd’hui, les alarmistes qui naguère comptoient, avec une exagération sensuelle, les maisons brûlées de Landrecies, et centuploient les désastres de cette place frontière. Oui, nous le dirons à la France, mais nous le dirons avec cette douleur vraie qui fait fermenter l’amour de la patrie; nous le dirons avec ce courage républicain qui répare les fautes au lieu de les plaindre; oui, le barbare Autrichien a tout détruit à Landrecies, a tout dévasté dans les campagnes qui l’environnent. Mais les villes autrichiennes sont-elles donc incombustibles ? mais l’Autrichien du Nord n’est-il pas le frère du lâche Autrichien qui périt à Saorgio, qui fuit à Orméa, ou qui est fait prisonnier dans le mont Saint-Bernard ? Les armes républicaines peuvent-elles cesser de s’entendre d’un bout de la France à l’autre, et des frontières belgiques aux frontières italiques ? (1) C 302, pl. 1096, p. 7, daté du 17 flor. et signé Forsau, Chaillion, Gazard, Gennay, Bournizet, Por-tenne, Macé Beigneun; Mon., XX, 403. (2) P.V., XXXVII, 34. Voici les nouvelles que le Comité vient de recevoir. [Dumerbion, gaI en chef prov. de l’A. d’Italie, au C. de S. P.; Nice, 12 flor. II]. « Les républicains composant l’armée d’Italie, citoyens représentans, se sont emparés, le 10 courant, du fort tant vanté de Saorgio, de Belvédère, Rocabière et Saint-Martin. Les ennemis ont été forcés d’évacuer leurs fameux camps des Fourches et Raoux, où nous sommes campés, et ont été battus complètement dans les difïérens postes qu’ils ont voulu défendre. Nous leur avons pris plus de soixante pièces de canon de tout calibre, une immense quantité de munitions de guerre, et autres effets. Nous leur avons fait environ 2 000 prisonniers, dont beaucoup d’officiers, parmi lesquels se trouvent un colonel brigadier et deux majors. Leur perte en morts est considérable; et, d’après le rapport des déserteurs, qui sont très nombreux, ils ont une très grande quantité de blessés. Nous avons eu une soixantaine d’hommes tués, dont le général de brigade Brulé et l’adjudant-général Langlois, et environ 150 blessés. J’attends les détails de la division de gauche, commandée par le général Sérurier, qui s’est porté en avant dans la vallée de Bloure, et qui doit aussi avoir remporté des avantages sur l’ennemi. Nos frères d’armes ont montré, dans toutes les occasions, le plus grand courage et la plus grande énergie; et leur conduite, à tous égards, est au-dessus de tout éloge ». Dumerbion. [Le repr. près l’A. d’Italie, au C. de S.P.; Saorgio, 10 flor. II]. « Nous vous avons annoncé, il y a quelques jours, que l’étendard tricolore flottoit, pour la première fois, sur les murs d’une ville de Piémont; apprenez aujourd’hui à la France que, par une suite de l’expédition que vous aviez ordonnée, ses couleurs républicaines brillent sur les remparts de Saorgio; les monts audacieux que la nature a élevés autour de cette forteresse ne sont rendus formidables que pour augmenter la gloire des Français, plus audacieux encore. Les ennemis ont été forcés dans toutes leurs positions, tout a cédé à la valeur des défenseurs de la patrie; tous les camps piémontais, autrichiens, sont en notre pouvoir; plus de 60 pièces de canon de divers calibres, des mortiers, des obusiers, ont été enlevés à l’ennemi : la déroute est complète; l’incendie et l’explosion annon-çoient par-tout la fuite précipitée. Le feu n’a cependant pas tout dévoré : une grande partie d’effets de campement est restée à la République. La perte de l’ennemi est énorme : nous pouvons assurer qu’elle est de deux à trois mille hommes : plus de 30 officiers ont été faits prisonniers, parmi lesquels un colonel et deux majors. Nous avons à regretter 60 républicains morts en héros dans les retranchemens ou sur les re-tranchemens, du nombre desquels sont le général de brigade Brulé, qui avoit combattu sous Toulon, et l’adjudant-général Langlois, tué d’un coup de baïonnette en mettant la main sur la redoute piémontaise, et quelques autres officiers dont les 102 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d’une moisson aussi précoce qu’abondante, et qui réduit au désespoir nos implacables ennemis qui sont les siens (1) . Mention honorable, insertion au bulletin. 40 Un membre [BARERE], au nom du Comité de salut public, lit les dépêches des armées d’Italie et des Pyrénées-Orientales et Occidentales (2). BARERE : Je viens dire des nouvelles qui doivent être entendues à la frontière du Nord : c’est sur cette armée, malheureuse un instant, que les armées du Midi viennent de tirer, comme l’a dit Dugommier, une lettre de change sur les Autrichiens. La victoire est en permanence dans le Midi, et la victoire n’a presque rien coûté aux républicains. L’étendard tricolore flotte à la fois sur toutes les Alpes et sur toutes les Pyrénées. ( Applaudissements ) . L’Italie effrayée voit les Autrichiens abattus, les Piémontais captifs, un tyran en fuite et un trône qui s’écroule. De Bayonne à Perpignan les esclaves du tyran des Castilles sont prisonniers, fugitifs ou morts. ( Nouveaux applaudissements ) . Ce n’est pas assez pour la République d’avoir conquis une artillerie immense chez l’Espagnol et le Piémontais; elle a encore fait un grand nombre de prisonniers, elle a occupé leurs camps, s’est emparée de leurs postes, et a rempli à coups de baïonnettes les fonctions utiles de la commission des subsistances et des approvisionnemens. De riches et immenses magasins enrichissent la liberté, et pourvoient à tous les besoins de nos braves républicains. Où se cache aujourd’hui cette secte nouvelle qui vit des terreurs qu’elle crée ou des alarmes qu’elle propage ? Qu’ils viennent, ces nouvellistes si dévoués à la patrie quand elle est malheureuse, et si stupéfaits quand elle a des victoires; qu’ils paroissent aujourd’hui, les alarmistes qui naguère comptoient, avec une exagération sensuelle, les maisons brûlées de Landrecies, et centuploient les désastres de cette place frontière. Oui, nous le dirons à la France, mais nous le dirons avec cette douleur vraie qui fait fermenter l’amour de la patrie; nous le dirons avec ce courage républicain qui répare les fautes au lieu de les plaindre; oui, le barbare Autrichien a tout détruit à Landrecies, a tout dévasté dans les campagnes qui l’environnent. Mais les villes autrichiennes sont-elles donc incombustibles ? mais l’Autrichien du Nord n’est-il pas le frère du lâche Autrichien qui périt à Saorgio, qui fuit à Orméa, ou qui est fait prisonnier dans le mont Saint-Bernard ? Les armes républicaines peuvent-elles cesser de s’entendre d’un bout de la France à l’autre, et des frontières belgiques aux frontières italiques ? (1) C 302, pl. 1096, p. 7, daté du 17 flor. et signé Forsau, Chaillion, Gazard, Gennay, Bournizet, Por-tenne, Macé Beigneun; Mon., XX, 403. (2) P.V., XXXVII, 34. Voici les nouvelles que le Comité vient de recevoir. [Dumerbion, gaI en chef prov. de l’A. d’Italie, au C. de S. P.; Nice, 12 flor. II]. « Les républicains composant l’armée d’Italie, citoyens représentans, se sont emparés, le 10 courant, du fort tant vanté de Saorgio, de Belvédère, Rocabière et Saint-Martin. Les ennemis ont été forcés d’évacuer leurs fameux camps des Fourches et Raoux, où nous sommes campés, et ont été battus complètement dans les difïérens postes qu’ils ont voulu défendre. Nous leur avons pris plus de soixante pièces de canon de tout calibre, une immense quantité de munitions de guerre, et autres effets. Nous leur avons fait environ 2 000 prisonniers, dont beaucoup d’officiers, parmi lesquels se trouvent un colonel brigadier et deux majors. Leur perte en morts est considérable; et, d’après le rapport des déserteurs, qui sont très nombreux, ils ont une très grande quantité de blessés. Nous avons eu une soixantaine d’hommes tués, dont le général de brigade Brulé et l’adjudant-général Langlois, et environ 150 blessés. J’attends les détails de la division de gauche, commandée par le général Sérurier, qui s’est porté en avant dans la vallée de Bloure, et qui doit aussi avoir remporté des avantages sur l’ennemi. Nos frères d’armes ont montré, dans toutes les occasions, le plus grand courage et la plus grande énergie; et leur conduite, à tous égards, est au-dessus de tout éloge ». Dumerbion. [Le repr. près l’A. d’Italie, au C. de S.P.; Saorgio, 10 flor. II]. « Nous vous avons annoncé, il y a quelques jours, que l’étendard tricolore flottoit, pour la première fois, sur les murs d’une ville de Piémont; apprenez aujourd’hui à la France que, par une suite de l’expédition que vous aviez ordonnée, ses couleurs républicaines brillent sur les remparts de Saorgio; les monts audacieux que la nature a élevés autour de cette forteresse ne sont rendus formidables que pour augmenter la gloire des Français, plus audacieux encore. Les ennemis ont été forcés dans toutes leurs positions, tout a cédé à la valeur des défenseurs de la patrie; tous les camps piémontais, autrichiens, sont en notre pouvoir; plus de 60 pièces de canon de divers calibres, des mortiers, des obusiers, ont été enlevés à l’ennemi : la déroute est complète; l’incendie et l’explosion annon-çoient par-tout la fuite précipitée. Le feu n’a cependant pas tout dévoré : une grande partie d’effets de campement est restée à la République. La perte de l’ennemi est énorme : nous pouvons assurer qu’elle est de deux à trois mille hommes : plus de 30 officiers ont été faits prisonniers, parmi lesquels un colonel et deux majors. Nous avons à regretter 60 républicains morts en héros dans les retranchemens ou sur les re-tranchemens, du nombre desquels sont le général de brigade Brulé, qui avoit combattu sous Toulon, et l’adjudant-général Langlois, tué d’un coup de baïonnette en mettant la main sur la redoute piémontaise, et quelques autres officiers dont les