Séance du 25 vendémiaire an III (jeudi 16 octobre 1794) Présidence de CAMBACÉRÈS 1 La séance a été ouverte à onze heures, par la lecture de la correspondance. Les citoyens composant la commune de Sézanne °, les secrétaires et commis du district d’Amboise b; les sociétés populaires de l’Isle-d’Aix [Charente-Inférieure] c, de Léo-gnan, département du Bec-d’Ambès d, de Saint-Sauveur, département de l’Yonne e, de Moyaux, district de Lisieux et le conseil-général de la commune de Saint-Hilaire, département de l’Ailier, félicitent la Convention sur ses travaux, se réjouissent de ce qu’elle fait succéder le règne de la justice à celui de l’oppression, jurent de lui être fidèles, et l’invitent à rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait terrassé les factions intérieures et repoussé pour jamais les despotes coalisés. Mention honorable et insertion au bulletin (1). a [Les républicains français composant la commune de Sézanne, département de la Marne, à la Convention nationale, du 20 vendémiaire an III] (2) Citoyens, Fermes appuis de notre révolution, vous lui devés sa perfection. Nos armées invincibles et vos lois régénératrices déconcertent partout les intrigans et font pâlir les tyrans coalisés. Le moderne Catilina est anéanti, tous les républicains respirent, la vertu à l’ordre du jour mettra chaque citoyen à sa place. Le but de votre adresse sera rempli. Continués, inébranlables colonnes de notre liberté de comprimer cette horde scélérate qui (1) P. V., XLVII, 190. médite froidement notre perte et calcule ses attentats. La victoire s’attache aux pas de nos braves déffenseurs, et vos lois d’accord avec elle, assurent à jamais le bonheur et la gloire du peuple françois. Législateurs, que rien n’arrête votre marche rapide, la nation est debout, et vous commande de n’abandonner votre poste, que lorsque toutes les vertus sociales auront régénéré notre gouvernement. Vive la Convention, guerre à mort aux ti-rans, et à tous les ennemis de la révolution. Brulley, président de la société populaire, et deux pages de signatures. b [Les employés des bureaux du district révolutionnaire d’Amboise, département d’Indre-et-Loire, à la Convention nationale, du 18 vendémiaire an III] (3) Liberté Egalité Guerre aux méchans, Paix aux bons citoyens Citoyens représentans, Pénétrés du plus sincère attachement et du plus pur amour pour la Convention nationale nous avons sans doute adhéré de coeur à toutes les adresses de fébcitations qui vous ont été faites sur vos glorieux travaux; mais l’événement du 9 thermidor, cet événement fameux qui fit tomber la tête du plus scélérat et du plus sanguinaire de tous les tyrans, de ces hommes exécrables qui ayant étouffé dans son âme pervertie jusqu’au moindre germe d’humanité abusoit du plus beau titre du monde pour mettre toute la république en deuil, pour (2) C 321, pl. 1347, p. 12. J. Fr., n" 751; M. U., XLIV, 394. (3) C 322, pl. 1354, p. 26. 178 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE teindre de sang le sol entier des français, pour semer partout l’épouvante et l’effroi et qui sem-bloit ne vouloir régner qu’au milieu des tombeaux et du carnage; cet événement ne nous permet plus une adhésion intérieure. A la vue de ce règne de vertu que vous avez substitué à ce règne de sang qui désoloit tous les départemens, de ce règne de justice qui attire à vos dignes collègues actuellement en mission les bénédictions d’un peuple bon et sensible, notre langue se délie et nos coeurs brûlent de s’épancher. Dignes représentans que n’avez vous pu être témoin des allarmes mutuelles qui ont si cruellement agité les meilleurs citoyens! Vous eussiez vu dans le silence respectable des nuits les époux arrachés des bras de leurs tendres et tremblantes compagnes, les pères arrachés à leurs familles désolées et fondant en larmes pour être plongés dans d’affreuses maisons d’arrêt ; vous eussiez vu la tristesse et la consternation peintes sur tous les visages. L’air n’étoit plus frappé que de gémissemens et les poumons resserrés ne le respiroient qu’avec peine. Vos coeurs paternels et sensibles auroient-ils résisté à ce spectacle douloureux? Non, vos coeurs déchirés, vos coeurs qui ne sont animés que du désir d’établir d’une manière constante et durable le bonheur et la prospérité du grand peuple dont vous êtes les mandataires se fussent hâtés d’arrêter le cours de ces scènes sinistres qui ont fait couler tant de larmes. Citoyens représentans, l’exécrable auteur de tant de maux, Robespierre n’est plus; mais n’a voit-il point de complices? et s’il en avoit sont-ils bien tous punis ! le sol de la république est-il entièrement purgé de tous ces vils intri-gans qui à la faveur du nom glorieux de patriote méditoient dans le secret la perte de tous ceux qu’ils croyoient capables de contrarier leurs horribles complots? Que serviroit la mort du chef si ses serviles suppôts respiroient toujours? Tallien a été assassiné, par qui? Quel monstre a mis le poignard à la main de ces scélérats? ils n’osent se montrer les perfides, ils craignent moins la mort que de faire découvrir leur infâme parti, les traîtres ! est-ce à Tallien seul qu’ils en vouloient? non sans doute, ils vou-loient perdre la Convention entière et nous ne pouvons la venger; voilà notre douleur. Ne pensez pas cependant, citoyens représentans, qu’en appelant sur eux votre sollicitude nous veuillons détourner votre surveillance des autres ennemis de la chose publique : loin de nous cette criminelle intention. Maintenez le gouvernement révolutionnaire ; il est la sauvegarde du vrai patriote et n’est redoutable qu’au méchant. Citoyens représentans, nous vous renouvelions notre attachement, il sera inviobable et c’est en jurant vous le conserver juqu’au tombeau que nous voulons consacrer nos noms. Nous vous invitons à rester à votre poste; c’est vous qui avez abattu le tyran, c’est vous qui avez fondé le gouvernement républicain, c’est vous qui rendez nos armées triomphantes, achevez votre glorieuse carrière. Vive la Convention nationale. Salut et fraternité. Suivent dix signatures. c [La société populaire de l’Isle d’Aix à la Convention nationale, du 1er vendémiaire an 7/7] (4) Citoyens représentans, La société républicaine de l’Isle d’Aix a été frapée d’indignation lorsqu’elle a appris l’orrible conjuration tramée par Robespierre et ses complices, mais elle a vu avec la plus grande admiration l’énergie que les représentans du Peuple français ont montré dans ce moment de crise, dont dépendoit le salut de la République, et la fermeté avec laquelle ils ont prononcé l’arrêt de mort de tous les conjurés. Continuez représentans à écraser du haut de la Montagne sainte tous ceux que l’ambition porteroit à envahir les droits sacrés du Peuple, pour le remettre sous le joug de l’affreux despotisme. Quand à nous, nous vous jurons toujours fidélité et attachement, nous ne voulons recon-noitre que la Convention nationale. Nous promettons n’obéir qu’à ces décrets, et de mourir à notre poste. Les membres du comité de correspondance, suivent sept signatures. d [La société populaire de Léognan à la Convention nationale, du 5ème jour s.-c. an 77] (5) Législateurs, Le silence exprime de grands sentimens. Nos adresses n’ont pas interrompu vos sublimes travaux, mais nous vous contemplons avec confiance et respect. Nous ne vous demandons pas si vous voulés sauver la République, si vous le pouvés; depuis longtemps nous connaissons votre volonté, et le 9 thermidor nous a montré votre pouvoir. Nous ne vous disons pas que le patriotisme est opprimé dans nos campagnes, parce qu’un patriote préferre l’amour à l’oppression. Mais nous vous dirons : courage législateurs, soyés inflexibles comme la justice, et l’aristocratie rongera le frein ; consultés l’indulgence pour l’homme égaré, et tous les patriotes seront rendus à la Patrie ; comprimés les intrigans de toute espèce, et les français ne douterons plus si le pouvoir suprême est essentiellement dans vos mains. Nous ne connaissons d’autres décisions que vos décrets, d’autre au-(4) C 322, pl. 1354, p. 18. (5) C 322, pl. 1354, p. 19, reçue le 15 vendémiaire.