[Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Quelques pétitionnaires sont introduits (1). Suit un extrait du registre des délibérations du directoire du département de la Charente-Infé¬ rieure (2). Extrait du registre des délibérations du directoire du département de la Charente-Inférieure. Séance publique du 10 du 2 e mois. Aujourd’hui, 10e jour du 2e mois de l’an II de la République, le directoire du département de la Charente-Inférieure assemblé dans le lieu ordinaire de ses séances, un membre a dit : « Citoyens, « Après avoir renversé le trône, proscrit les rois, chassé la noblesse, anéanti tous les préju¬ gés qui y étaient attachés, il nous reste encore un grand pas à faire vers la philosophie, un préjugé plus honteux, plus avilissant peut-être, tient, depuis dix-sept siècles les générations courbées sous le joug odieux des prêtres. C’est pour le briser entièrement que nous devons au¬ jourd’hui réunir tous nos efforts ; pour y parve¬ nir, répétons sans cesse à nos concitoyens cette grande vérité que dans tous les temps, dans tous les pays, les rois, les nobles et les prêtres se sont ligués contre le peuple pour s’en parta¬ ger les dépouilles. Arrachons à ces bonzes fanatiques et orgueilleux le masque hypocrite à l’aide duquel ils ont abusé si longtemps de notre crédulité; effaçons, s’il est possible, jus¬ qu’au souvenir de leur ancienne puissance ! que toutes ces mômeries superstitieuses qui attestent la faiblesse et l’imbécillité de nos pères disparaissent du sol de la liberté ! La na¬ tion française ne doit plus, désormais, être ido¬ lâtre que de la raison et de l’équité ! Que toutes ces dénominations ridicules de saints, données aux communes, soient changées en des noms plus dignes de la liberté ! Que désormais, reve¬ nus d’un honteux égarement, l’agriculteur, l’ar¬ tisan, le commerçant et tous les citoyens se li¬ vrent à leurs occupations ordinaires les neuf pre¬ miers jours de chaque décade ! Que le dernier jour seulement, consacré au repos, soit un jour de réjouissance et de délassement patriotiques. Extirpons enfin jusqu’aux dernières racines de l’arbre antique de la superstition, c’est ainsi, citoyens, qu9 nous hâterons l’époque de cette heureuse Révolution où le peuple français ne connaîtra plus d’autre idole que la liberté, d’autre culte que l’exercice des devoirs de citoyen. » Sur quoi, délibérant, le directoire du départe¬ ment de la Charente-Inférieure; Considérant que le fanatisme et la supersti¬ tion ont fait dans tous les temps le malheur des nations, qu’un peuple philosophe et magna¬ nime qui a conquis sa liberté sur les débris des préjugés religieux doit proscrire toutes les insti¬ tutions qui pourraient lui rappeler le souvenir de son ancien esclavage; Considérant que les jours connus sous les noms de dimanche et de fêtes, en rappelant l’idée d’une religion dominante enlèvent à l’agriculture, au (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 29. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 751. 16 brumaire an 11 5A1 6 novembre 1793 coïûmerce et aux arts un temps précieux qui se trouve perdu pour la société. Sur ce ouï le substitut du procureur général syndic, arrête ce qui suit : Art. 1er. « Les neuf premiers jours de chaque décade, tous fonctionnaires publics, commis et employés d’administration et entrepreneurs d’ouvrages pour le compte de la République seront obligés de se tenir à leur poste et de continuer leurs tra¬ vaux ordinaires. Art. 2. « Les municipalités veilleront, dans leur ter¬ ritoire, à ce que les boutiques et ateliers soient ouverts au public pendant les mêmes jours. Art. 3. « Le dernier jour de chaque décade étant con¬ sacré au repos, nul ne pourra être contraint de travailler, à moins que le service public ne l’exige. Art. 4. « Dans la huitaine de la réception du présent arrêté, les districts feront passer à l’ adminis¬ tration du département la nomenclature des communes dont les noms rappellent la supersti¬ tion ou la féodalité, avec leur avis sur ceux qu’ils proposeront de substituer. Art. 5. « Les corps administratifs demeurent chargés chacun en droit soi de tenir la main à l’exé¬ cution des dispositions ci-dessus, les sociétés populaires sont invitées à redoubler de zèle et d’activité pour la propagation des principes qui doivent hâter l’anéantissement des préjugés. Art. 6. « Le présent arrêté, revêtu qu’il sera de l’au¬ torisation des représentants du peuple délégués dans ce département sera, à la diligence du subs¬ titut du procureur général yndio, imprimé, lu, publié, affiché et envoyé aux districts, et par ceux-ci transmis aux municipalités et Sociétés populaires de leur arrondissement. A Saintes, en séance publique, les jour, mois et an que dessus. Signé : Aedouin, P. Hec. Savary, Marchand fils, Marcelat, Berault, Bouju, Barthé¬ lémy, Levallois, substitut du procureur général syndic, et Emond, secrétaire général. Pour copie conforme : Marcelat, doyen ; Samson, pour le secrétaire général. Le citoyen Louis-Rose Gillot, arpenteur à Lille, département du Nord, présente des obser¬ vations sur les cadastres de 1739 et 1791, et sur