LConvaation national».} PAftifWENïAIKES, {• * #,« ?Sà -et de reprendre leurs rangs?- heureusement Har-douin, qui commandait-un bataillon, le même qui, à Paris, était commandant en second du 2e bataillon de Marseille, vendu à Barbaroux, reconnut ma voix, m’embrassa, dit qui j’étais; la colonne se rallia, et nous marchâmes à sa tête. 4 « Cher ami, la République triomphe, et notre bonheur ne peut s?exprimer. Adieu, c’est ainsi que nous répondons aux calomniateurs. Je t’embrasse de toute mon âme, et fraternelle¬ ment, ainsi que Laurent et Granet. Son frère ne me quitte pas dans mes courses nocturnes. « Salut et fraternité, « Signé ; Fréron . ' . ; « P.- 8. Nous allons attaquer Toulon cette nuit; elle est réduite à ses remparts; les échelles sont prêtes, nous allons donner l’assaut. » VI. Rapport du citoyen Barère sur la reprise de Toulon par l’armée de la Répu¬ blique. Séance du 4 nivôse, l’an, II de la République, une et indivisible (1). Citoyens, Les armes de la République ont encore triomphé. Pendant que noue décrétions des récompenses nationales pour le succès de l’armée contre Tou¬ lon, vous ne pensiez pas qu’elles étaient déjà méritées : les âmes libres s’entendent des deux extrémités de la République. Les intrigants coalisés du dehors sont chassés; les intrigants coalisés de l’intérieur sont vaincus. La coalition des brigands couronnés avait médité de paralyser la puissance nationale sur les mers; la vente honteuse de Toulon, la -corruption semée dans Brest et I’emparement -de Dunkerque étaient leur point d’appui. Mais les représentants du peuple ont conservé la •commune de Brest à elle-même, àla République; les Anglais ont lâchement fui devant Dun¬ kerque; et la valeur française, indignée de tant de trahisons, a tenté un dernier effort contre les infâmes Toulonnais. Ainsi donc l’Anglais a échoué à Dunkerque, à Saint-Malo, à Granville, à Cherbourg, à Brest, à Bordeaux, à Marseille et à Toulon. Ainsi donc la Méditerranée est reconquise ; le canal de navigation du commerce français est enfin libre. Le canon victorieux, tiré contre l’Espagnol fugitif et l’Anglais destructeur, a déjà retenti aux Dardanelles et dans toute l’Italie. La, Corse sera délivrée de l’ambition vénale des Paolistea, et les subsistances assu¬ rées rendront enfin au Midi l’énergie qu’il n’aurait jamais dû perdre. Les subsistances -et la Méditerranée, voilà la grande conquête dé Toulon. Ainsi disparaissent à la fois la famine et la ■calomnie, les intrigants et les diffamateurs. (1), Bibliothèque , nationale ; 8 pages in:8° L.3“, n° 620; Bibliothèque de la Chambre des députés • Collection Porüe: fde f 'Oise), {. 40, n°'Iî. Le rapport de Barère sur la-prise de Toulon existe aux Archive s nelimales. sous; leu cotes AFn 44 pi, 346, pi. 28 et ADXVIM*. 304, n° 52. Encore hier, les aristocrates,, dans, leurs s aluns, annonçaient de prétendus revers sous, lé, fort de Lam algue. Des intrigants exhalaient -leur hypocrite douleur; on décriait les représen¬ tants, on excitait leur vengeance? des moûy®- ments désordonnés et contradictoires étaient imprimés à l’opinion publique, des terreurs étaient répandues, l’esprit publie menaçait d’une dégradation sensible,, ! Citoyens, le génie de la liberté a, d’un seul coup,, terrassé tous ces obscurs ennemis, tous ces vils intrigants qui,, trafiquent; des fausses nouvelles et des fausses terreurs;, tous, les corrupteurs du peuple qui l’égarent ou l’exas¬ pèrent en sens divers, vont disparaître .avec leurs motions insensées et leurs nouvelles' par¬ ticulières. Mais heureusement les intrigants n’ont pn parvenir assez tôt jusqu’aux frontières de la Méditerranée. Nous n’avons eu des succès à la Vendée que lorsqu’ils ont disparu; nous n’avons eu des succès à Toulon que lorsqu’on s’est rallié autour d’un arrêté sorti du centre du gouver¬ nement. Pour les terrasser, il me suifira, de vous apprendre les détails, des lettres que nous, rece¬ vons; lire ces lettres, c’est lancer la foudre contre les aristocrates, les hypocrites et les contre-révolutionnaires. Les brigands ont fait des désastres en fuyant. C’est ainsi que les bêtes féroces marquent tou¬ jours leurs pas par des destructions. Mais. les bois des émigrés, l’activité dtes marins, la réqui¬ sition des ouvriers;, les biens des contie-réyoiljUr tionnaires, nous redonneront bientôt une-marine formidable. Jamais armée ne s’est conduite, avec autant d’héroïsme. Les représentants du peuple mar¬ chaient à la tête des colonnes républicaines. Salicetti, Ricord, Fréron, Barras et Robespierre jeune, le sabre nu,, ont indiqué-les premiers aux troupes de la République le chemin de l'a. yia-toire, et ont monté à l’assaut. La pluie; le-temps le plus affreux, n’ont pu ralentir un instant l’ardeur des armées républicaines. - , ■ Vous décréterez donc que l'armée dirigée contre Toulon a bien mérité de la patrie... Depuis longtemps,, le peuple vous demande des fêtes civiques : quelle plus belle ciereoas-tanee s’est présentée au législateur pour décré¬ ter une fête nationale ! ■ C’est là, au milieu des acclamation» du peuple, en présence de sa justice impartiale et souveraine, que les représentants près l’armée de Toulon doivent: distribuer les couronnes civiques et les récompenses nationales, aux sol¬ dats de la République qui ont fait des actions héroïques. Nous ne vous proposons aucune récompense particulière pour les représentants : avoir rempli leur devoir, est la plus. Mie récom¬ pense des représentants du peuple. Mais ce n’est pas assez en révolution de décer¬ ner des récompenses, il faut aussi infliger -des peines; il faut que les noms des villes rebelles disparaissent avec les traîtres. Le nom de-Tou¬ lon sera donc supprimé; il faut que la conquête des Montagnards sur les Brissotins qui avaient vendu Toulon, soit imprimée sur le lieu oit fut cette ville infâme : il faut, que la foudre natio¬ nale écrase tontes le® maisons des marchands Toulonnais: il ®e doit plus y avoir • qurun port et dés établissements nationaux, pour le service des armées, des flottes, des escadres, et pour, les subsistance» et les approvisionne¬ ments. I Convention national*.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | � Séctfrnlôë Î'hh 264 Peuple , c’est ton bras qui a reconquis ce port pour ton commerce, les établissements publics pour tes subsistances; c’est au prix de ton sang, c’est au bruit de tes exploits que tu as repris les greniers d’abondance de l’Italie. De l’union et du courage, et la liberté ne sera point affa¬ mée. Mais qu’ils ne soient pas méconnus, les ser¬ vices que tes représentants ne cessent de rendre dans leurs missions ! J’ai vu le moment où l’opi-njon allait faiblir, ou des représentants coura¬ geux étaient presque dénoncés par une aristo¬ cratie prétendue patriotique : eh bien ! appre¬ nez que la destruction de Lyon et que les cadavres des traîtres ont porté l’épouvante dans l’armée des Espagnols et des Anglais, et éveillé les remords dans l’âme vénale des Toulonnais. Le canon de Lyon a retenti dans les redoutes anglaises. Voici ce que nous écrivent les représentants du peuple : Les représentants du peuple près l’armée diri¬ gée contre Toulon, à leurs collègues composant le comité de Salut public. « Au quartier général d’Olioulles, le 23 frimaire. « Nous vous avions annoncé, citoyens col¬ lègues, que le résultat de l’affaire du ÏO n’était que , l’avant-coureur de plus grands succès; l’événement vient de justifier notre prédiction. En conformité de votre, arrêté, toutes les mesures avaient été prises pour que les bri¬ gands qui s’étaient lâchement emparés de l’infâme Toulon, en fussent bientôt chassés avec ignominie. « Nous n’avons pas perdu un seul instant; avant même que toutes les forces attendues fussent réunies, nous avons commencé notre attaque : elle a été principalement dirigée sur la redoute anglaise dominant les forts de l’Eguillette et de Balagnier, défendue par plus de 3,000 hommes, 20 pièces de canon et plu¬ sieurs mortiers. Les ennemis avaient épuisé les ressources de l’art pour la rendre impre¬ nable, et nous vous assurons qu’il est peu de forts qui présentent une défense aussi impo¬ sante, aussi inexpugnable que cette redoute : cependant, elle n’a pu tenir à l’ardeur et au courage des braves défenseurs de la patrie. Les forces de cette division, sous les ordres du géné¬ ral Laborde, et où le général Dugommier s’est honorablement distingué, ont attaqué la redoute à 5 heures du matin, et à 6 heures le pavillon de la République y flottait. Si ce premier succès coûte à la patrie environ 200 hommes tués et plus de 500 blessés, l’ennemi a perdu toute sa garnison, dont 500 hommes sont prisonniers, parmi lesquels on compte 8 officiers et un prin-cipule napolitain. « La malveillance n’avait rien négligé pour faire manquer cette importante expédition; mais distribués dans les différentes colonnes, nous avons rallié ceux qu’on avait effrayé : un instant. A notre voix, au nom de la liberté, au nom de la République, tous ont volé à la vic¬ toire, et la redoute anglaise, les forts de l’Éguil-lette et de Balagnier ont été emportés de vive force. « La prise de cette redoute, dans laquelle les ennemis mettaient tout leur espoir, et qui était pour ainsi dire, le boulevard de toutes les puis¬ sances coalisées, les a déconcertés. Effrayés de ce succès, ils ont abandonné dans la nuit les forts de Malbosquet et du Pommet; ils ont, de-désespoir, fait sauter ce dernier. Ils ont évacué aussi les redoutes et-le fort Pharon; ils ont pris des mesures pour mettre leur flotte à l’abri de-notre canon et de nos bombes, qui n’ont cessé de les accabler. « La flotte est dans ce moment hors de la grande rade; les ennemis ont embarqué beau¬ coup de Toulonnais et la plus grande partie de-leurs forces; ils ont pourtant laissé des troupes au fort Lamalgue et dans la ville, pour protéger leur retraite. « Nous sommes maîtres de la Croix-des-Signaux, du fort d’Artigue et du Cap-Brun, Nous espérons que dans la nuit nous serons-maîtres de Lamalgue, et demain nous serons-dans Toulon occupés à venger la République. « Plus de 400 bœufs, des moutons et des cochons, seules troupes que le pape ait envoyées avec quelques moines, des fourrages, des provi¬ sions de tontes espèces, des tentes, tous les équi¬ pages que les ennemis avaient dans leurs forts et redoutes, et plus de 100 pièces de gros calibre, sont en notre pouvoir. « Nous vous donnerons, sous peu de jours, l’état de ceux qui se sont le plus distingués, et à qui nous aurons accordé des récompenses; vous verrez, par cet état, que nous avions tiré de la division de Nice toutes les forces qui se trouvaient disponibles, et’ que nous n’avons rien négligé pour accélérer la prise de cette ville à jamais exécrable. « Notre première lettre sera datée des ruines de Toulon. « Nous ne vous avons pas écrit plus tôt, par la raison qu’étant à cheval depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, tous nos moments ont été tellement employés, que nous n’avons; pu disposer d’un seul jour pour vous écrire. « P. S. Notre collègue Barras, qui se trouve à la division commandée par le général Lapoype, nous a annoncé la prise de vive force de toute* les hauteurs de la montagne de Pharon, de l’évacuation de la redoute et du fort de ce nom, et de 80 prisonniers, y compris un lieute¬ nant-colonel anglais. Il vous fera part des succès que cette division a obtenus, et qui sont le résultat de l’exécution du plan arrêté par le comité de Salut public. « En un mot, l’attaque générale a été si bien combinée que, dans vingt-quatre heures, tous-les postes ont été attaqués et occupés par les deux divisions de l’armée de la République. « Salut et fraternité. « Signé : Fréron, Ricord, Salicetti, Robespierre. » Les représentants du peuple envoyés par la Convention nationale près l’armée dirigée contre Toulon. « Au quartier général d’Olioulles, le 29 frimaire. « La ville infâme offre en ce moment le spectacle le plus affreux. Les féroces ennemis de la liberté ont mis le feu à l’escadre avant de s’enfuir; l’arsenal est embrasé; la ville est presque déserte; on n’y rencontre que des for-: çats qui ont brisé leurs fers dans le bouleverse- [Convention n.tionale.l ARCHIVES PABÙUBMKNTA1UES. j �cembîê 1793 265 ment du royaume de Louis XVII. Les troupes de la République occupent en ce moment tous les postes; deux explosions qui se sont manifes¬ tées nous ont fait craindre quelques embûches : nous différons dé faire entrer l’armée jusqu’après la visite de tous les magasins à poudre. « -Vous nous occuperons dans le jour des mesures à prendre pour venger la liberté et les braves républicains morts pour la patrie. L’escadre ennemie n’est pas encore sans inquié¬ tude; les vents la contrarient, elle peut être forcée de rentrer sous la portée de nos batteries. La place a été bombardée depuis hier à midi jusqu’à dix heures, ce qui a précipité la fuite des ennemis et des habitants criminels. On a trouvé 200 chevaux espagnols, sellés et bridés, qui n’ont pu être embarqués : l’embarquement s’est fait en désordre; deux chaloupes remplies de fuyards ont été coulées à fond par nos batte¬ ries. Pour peu que le temps prolonge la traversée de l’escadre, il est impossible qu’elle n’éprouve les plus grands fléaux, tous les bâtiments étant remplis de femmes, et l’ennemi ayant à bord 5,000 malades au moins. A demain d’autres détails. « Signé : Frérox, Robespierre, Ricord, Salicetti. » Fouché d Collot-d’Herbois, son collègue et son ami. « Et nous aussi, mon ami, nous avons con¬ tribué à la prise de Toulon, en portant l’épou¬ vante parmi les lâches qui y sont entrés, en offrant à leurs regards des milliers de cadavres de leurs complices. « La guerre est terminée, si nous savons mettre à profit cette mémorable victoire. Soyons terribles pour ne pas craindre de devenir faibles ou cruels; anéantissons dans notre colère, et d’un seul coup, tous les rebelles, tous les conspi¬ rateurs, tous les traîtres, pour nous épargner la douleur, le long supplice de les punir en rois. « Exerçons la justice à l’exemple de la nature, vengeons-nous en peuple; frappons comme la foudre, et que la cendre même de nos ennemis disparaisse du sol de la liberté. « Que de toutes parts les perfides et féroces Anglais soient assaillis; que la République entière ne forme qu’un volcan qui lance sur eux la lave dévorante; que l’île infâme qui produi¬ sit ces montres qui n’appartiennent plus à l’humanité, soit à jamais ensevelie sous les flots de la mer. « Nous n’avons qu’une manière de célébrer la victoire : nous envoyons ce soir 213 rebelles sous le feu de la foudre. « Que Pitt assemble donc le Parlement bri¬ tannique; que George demande maintenant des subsides aux communes indignées; qu’il leur présente le tableau de leurs victoires ministé¬ rielles à Dunkerque, à Saint-Malo et à Toulon; qu’il ouvre donc ce Parlement tant retardé, et qu’il leur dise : « L’or qu’on a dépensé coûte tant d’infamies, le sang qui a coulé coûte tant de trahisons »; et peut-être enfin le peuple anglais se rappellera ce qu’il fut un jour, avant qu’un audacieux usurpateur ne lui redonnât le fléau de la royauté, u « Le comité me charge de vous présenter le projet de décret suivant : La Convention nationale, après avoir en¬ tendu le rapport de son comité de Salut public, décrète : « Art. 1er. L’armée de la République, dirigée contre Toulon, a bien mérité de la patrie. « Art. 2. Il sera célébré, dans toute l’étendue de la République, une fête nationale, le 1er décadi qui suivra la publication du présent décret dans chaque commune. « La Convention nationale assistera tout entière à cette cérémonie civique. « Art. 3. Les représentants du peuple près l’armée victorieuse à Toulon sont chargés de recueillir les traits d’héroïsme qui ont illustré la prise de cette ville rebelle, et de les remettre à la Convention nationale. « Art. 4. Ils décerneront, au nom de la Répu¬ blique, des récompenses aux braves citoyens de cette armée qui se sont fait remarquer par de grandes actions. « Art. 5. Le nom infâme de Toulon est sup¬ primé. Cette commune portera désormais le nom de Port de la Montagne. « Art. 6. — Les maisons de l’intérieur de cette commune seront rasées. Il n’y sera con¬ servé que les établissements nécessaires au ser¬ vice de la guerre, de la marine, des subsistances et approvisionnements de la République. « Art. 7. La nouvelle de la prise de Toulon et le présent décret seront portés aux armées et aux départements par des courriers extraordi¬ naires. » (Ce projet de décret a été adopté.) Compte rendu du Moniteur universel (1). Barère, au nom du comité de Salut public. (I) Moniteur universel fn° 95 du 5 nivôse an II (mercredi 25 décembre 1793) p. 382, col. 2]. Nous avons cru devoir reproduire en entier le rapport de Barère parce qu’il présente quelques légères varia-riantes avec le texte imprime par ordre de la Con¬ vention. D’autre part le Journal des Débats et des Décrets (nivôse an II, n° 462, p. 54) rend compte du rapport de Barère dans les termes suivants ; CbMPTE-RENDU du Journal des Débats et des Décrets. Romme. Nous sommes tous dans l'attente des nouvelles de Toulon. (Le peuple exprime son impa¬ tience par les plus vifs applaudissements. ) Je demande que le comité do Salut public communique à l’ins¬ tant les nouvelles qu’il a pu recevoir. Cambon. Avant de me rendre à la Convention, j’ai passé au comité de Salut public et je m’y suis assuré que l’affaire de Toulon est vraie. La plus vive joie éclate par des transports et des acclamations. Barère arrive pour faire le rapport. Il monte à la tribune aux cris répétés de : Vive la République ! vive la Convention! vive la Montagne! (Suit un résumé du rapport de Barère.) La Convention adopte au milieu des plus vifs applaudissements le projet de décret. Barère présente ensuite un projet d’adresse aux armées, que la Convention adopte (Suit le texte de l'adresse que notis avons insérée plu* haut, p. 259 d’après le procès-verbal.)