SÉANCE DU 20 BRUMAIRE AN III (10 NOVEMBRE 1794) - N° 1 59 m [Les citoyens de la commune de Chambon à la Convention nationale, s. d.] (18) Liberté, Égalité, République une et indivisible, mort aux tirants. Citoyens législateurs Encore une fois la patrie vous doit son salut, encore une fois le vaisseau de la Republique est garanti du naufrage, quelques flots d’une mer mugissante tenteroient peut etre de le submerger, mais leurs vagues impuissantes viendront se briser contre le trident dont vous etes armés. L’unité et l’indivisibilité de la République ne peuvent etre profanées par des mains sacrilèges. Le glaive de la loy a frappé a tems le tiran, l’infame Robespierre et quelques uns de ses adhérents; ce monstre antropophage vient d’expirer au milieu d’une soif dont il n’a pu etancher toute l’ardeur. Renaitroit-il de ses cendres infectes? Auroit-il laissé après luy quelques traces de son venin corrupteur? Sur-vivroit-il quelque horde de suppôts affamés de sang? Ah! nous n’en doutons pas, l’attentat commis sur la personne du représentant du peuple Talien, tient à une branche dont il faut extirper la source. Nous ne pouvons qu’applaudir aux mesures sages et prudentes que vous avés prises depuis la chûte de ce moderne Cronwel. Leur but est de déconcerter ses par-tisants qui sont nos plus dangereux ennemis, de faire pâlir le crime hippocrite et de relever l’innocence timide et sacrifiée. Soutenés dans ce moment, citoyens représentants, ce caractère de fermeté et d’énergie que vous avés tant de fois déployé surtout dans la journée du 9 thermidor qui consacrera vos noms dans les fastes de l’immortalité. Ne souffrés pas qu’il s’eleve a coté de vous une puissance rivale qui voudroit vous imprimer le mouvement et influencer les loix sages que vous nous donnés, c’est vous que nous avons investis de notre confiance, c’est sur vous que reposent les destinées d’un grand peuple, c’est de vous qu’il attend son bonheur; une fois debarassés de tout ce qui peut vous entraver, de toute espece d’influence, vous ren-drés l’amour pour la Révolution plus sensible, la marche du gouvernement plus rapide, l’execution des loix plus active. La vertu, la justice et la probité mises à l’ordre du jour reprendront leurs droits; le gouvernement révolutionnaire concentré dans de justes bornes deviendra l’ef-froy des coupables et la sauve-garde des malheureux persécutés. Le vrai patriotisme épuré élaguera de son sein tous ces rejettons informes, mais aussi nous nous méfierons de ces réputations ephemeres, de ce faux coloris de l’esprit qui ne s’attache qu’a usurper un vain nom, de ces âmes marquées au teint pâle et livide couvertes du noir, crêpe de l’ambition; nous nous tiendrons en garde contre leurs prestiges, nous (18) C 325, pl. 1414, p. 10. Bull., 27 brum. (suppl.). nous attacherons à l’ancre, vous serés notre seul point de ralliement ; restés fermes à votre poste, nous vous y soutiendrons; périsse le dernier traitre, soit englouti le dernier tiran qui pour assouvir son infâme ambition voudroit se noyer dans notre sang, qu’il tremble d’avance, qu’il frisonne, que son ame agitée des plus terribles convulsions décèle toute l’horreur de ses noirs complots et bientôt sa rage impuissante viendra mordre le frein que luy opposera l’oeuil actif qui l’observe. C’est au moins le ferme espoir qui nous soutient, ce sont les sentiments que nous inspire l’amour, l’amour seul de notre liberté pour laquelle nous avons jurés de tout sacrifier et dont vous avés gravés en nous par vos exemples le noble entousiasme. Vive la République, vive la Convention Nationale. Dubouchet, maire, Heurtier, juge de paix, Dazo, agent national, Balle, Thomas, Peiron, Harouet, Leymarie, officiers municipaux et trente-huit autres signatures. n [Les membres du comité de surveillance révolutionnaire de Honfleur à la Convention nationale, le 5 brumaire an III] (19) Liberté, Égalité, Fraternité. Citoyens Représentants, Nous voyons avec admiration mais sans surprise le grand caractère que vous avés montré dans toutes les occasions et notament le neuf thermidor, vous avés terrassé les factions à mesure quelles ont levé leurs tetes hideuses, continués, et que votre énergie épouvanté les méchans n’importe de quel masque ils se couvrent; l’homme immoral devrait habiter les antres profonds ou se retire les tigres et les ours, celui qui s’est déclaré l’ennemi de ses concitoyens et de sa patrie, doit être puni suivant la rigueur des loix, proscrivés celui qui ne veut pas souscrire aux clauses de notre contrat social, la terre de la liberté, ne doit pas être foulée de ses pas, toujours incertains et dirigés en sens contraire et jamais pour les interest de la grande famille. Nous applaudissons au principe de votre adresse au peuple français; tous les hommes de l’univers serait heureux d’en connaitre les principes, n’en désespérons pas; ce que vous avés fait, ce que les circonstances ont amenné, ce que le peuple qui n’est plus esclave des préjugés peut encore faire pour la liberté de l’humanité entière, nous en sont un présage assuré. Guerre à tous contrevenant aux principes que vous avés manifestés. Salut, union et fraternité. Leroy, président, Quesnel, secrétaire et huit autres signatures. (19) C 325, pl. 1395, p. 28. 60 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE o [Le comité de surveillance de Gourdon à la Convention nationale, s.d.] (20) Représentants du peuple La lecture de votre addresse a produit en nous l’effet que vous etiés en droit d’en attendre : les grandes et importantes vérités qui y sont développées, bien senties, nous assurent le régné de la justice et nous présagent le retour de la félicité publique qui ne peut exister sans elle. La republique triomphe des ennemis du dehors ; ceux de l’interieur sous divers masques, s’agitent encore, mais leurs efforts seront impuissants, vous vénez d’eclairer le peuple sur ses vrays interests, fidele a votre voix, il se ralliera a la Convention et formera autour d’elle un faisceau inexpugnable. Restés a vos postes, mandataires du peuple, depositaires de sa puissance, dirigés la contre les factieux et les agitateurs quelqu’ils soient, soutenés le gouvernement révolutionnaire, son action rapide peut seule conduire au port le vaisseau de la Republique. Pénétrés de cette morale sublime que respire votre addresse, c’est en la pratiquant, c’est en en faisant sentir la beauté a nos concitoyens que nous prouverons que nous en sentons le prix. Vive la Republique, vive la Convention! Les membres composant le comité. Girle, secrétaire et 10 autres signatures. P [Le conseil général et la société populaire et régénérée du Grand-Senecey à la Convention nationale, le 21 vendémiaire an III] (21) Liberté, Egalité. Représentans : La justice et la vérité sont deux soeurs inséparables : l’une et l’autre tiennent au caractère républicain autant que l’humanité et la fermeté, d’où naît l’énergie. Dans tous les tems, comme dans touttes circonstances, elles firent le bonheur du peuple. Les principes développés dans votre addresse aux français, nous ammènent à cette conviction. Les vérités frappantes et l’énergie bienfaisante que nous y admirons nous pénétrent autant de reconnoissance que de respect pour la représentation nationale. L’attitude imposante et le grand caractère que vous avez pris ont ranimée la confiance du peuple : (20) C 324, pl. 1395, p. 24. (21) C 324, pl. 1395, p. 25. Les insinuations mensongères de l’ambition et de l’intrigue ne prévaudront jamais contre notre dévouëment sans borne à la Convention qui sera toujours le seul point de notre ralliement. Le représentant du peuple, Boisset, sème dans notre département, vos principes : il fera à coup sur, une excellente récolte, il a fait repa-roitre l’astre du bonheur que la terreur avoit fait éclipser. L’opprimé respire l’air serain de la liberté : l’énergie du patriote vertueux, n’est plus comprimée et le méchant est attérré par sa propre manoeuvre. Boisset est vertueux et juste... Boisset est humain, sans faiblesse... Il est républicain. Il sait par sa moralité et son énergie, faire aimer la révolution, la République, il sait faire detester la tyrannie, l’intrigue et leurs agens. Voilà, Représentans, le témoignage que nous devons à la vérité : nous nous empressons de le rendre et de l’offrir à la représentation nationale. Nous jurons de n’avoir d’autres principes que les vôtres, de n’avoir d’autre centre de ralliement que la Convention, de n’écouter et de n’obéir à d’autre puissance que la Convention et à ses organes. Voila notre profession de foi et celle de nos concitoyens : nous n’en aurons jamais d’autre. Guerre étemelle aux tyrans, aux traittres, aux intrigans et aux frippons. Silence aux vociférateurs immoraux, Indulgence à l’erreur. Vivent la République et la Convention nationale. Les membres composans le conseil général de la commune du Grand Senecey. Bossant, maire, Labru, agent national, Terrier, secrétaire, Jodille, officier municipal et quatre autres signatures. Les membres composans le bureau d’ordre et de correspondance de la société populaire. Bonne, président, Chasle, secrétaire et trois autres signatures. q [La société populaire de Saint-Jean-du-Gard à la Convention nationale, s.d.] (22) Liberté. Égalité. Législateurs, Le signal du bonheur est donc parti de la Convention et s’est répandu avec la rapidité de l’eclair sur tous les departemens de la République ; l’espérance de voir la france libre et heureuse ne sera donc plus une vaine illusion : le voile funebre que Borie avoit étendu sur nos riantes contrées est enfin déchiré. Les rayons brillans d’une nouvelle aurore ont dissipé cet (22) C 325, pl. 1414, p. 1.