Séance du 4 Prairial An II (Vendredi 23 Mai 1794) Présidence de PRIEUR La séance est ouverte à onze heures. 1 Un secrétaire lit le procès-verbal de la séance du 30 floréal; la rédaction en est adoptée (1). 2 Un membre donne lecture de la correspondance. La Société populaire de Provins félicite la Convention nationale d’avoir mis toutes les vertus à l’ordre du jour, d’avoir proclamé l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme. « Redoublez, disent-ils, de zèle, d’ar-» deur, de vertu même, s’il se peut; vous avez » terrassé le crime et ses auteurs; vous avez » vengé la vertu des forfaits des scélérats; » l’immortalité vous attend : achevez votre » ouvrage ». Mention honorable et insertion au bulletin (2). [Provins, 1er prair. II] (3). « Représentans, Ce n’est pas en vain que vous avez mis toutes les vertus à l’ordre du jour... Ce fut au même instant que vous avez abbattu les factions et les vices. Aujourd’huy vous développez la moralité la plus sublime : vous rapprochez les hommes de la divinité : vous rendez à la vertu son auteur et son appuy, à la probité et à la justice sa récompense, au malheur son espérance et sa consolation, au criminel sa honte, son tourment et son désespoir, à la société son régulateur, au monde son bienfaiteur... Enfin vous proclamez, au nom du peuple françois, l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme ! Proclamation douce et touchante ! Elle a retenti dans tous les cœurs que l’affreux athéisme auroit voulu dessé-(1) P.V., XXXVin, 68. (2) P.V., XXXVm, 68. Bln, 10 prair. (1er suppP); M.U., XL, 70. (3) C 306, pl. 1154, p. 1. cher. Cette proclamation, tous les François l’ont répétée. Non jamais, non ils n’avaient sanctionné ce dogme abominable que le crime seul avoit enfanté pour étouffer ses remords et se tromper luy même. Car le François est vertueux puisqu’il est républicain; et pouvoit-il pactiser avec le vice. Non, représentans. En un seul jour à leur nom, vous avez préconisé toutes les vertus. Les âmes sensibles pourront donc sans crainte invoquer la divinité. Les valeureux défenseurs de la patrie verront l’immortalité devant eux... Ils pouront y croire. Le malheur sur la terre aura son espoir dans la justice éternelle. La tendre amitié pourra, sans être déçüe, chérir l’objet de ses sentiments; la reconnoissance suivra dans cette précieuse immortalité, le bienfait et son auteur... Ils ont péri les scélérats qui vouloient nous dégrader ! mais pouvoient ils dégrader l’homme, le républicain, la nature ? Ils ont péri ces hommes profondément pervers qui, vicieux vouloient couronner et faire régner le crime, l’athéisme et tous les vices ensemble ! Périssent de même tous ceux qui oseroient attenter à la vertu essence unique de la République ! Redoublez de zèle, d’ardeur, de vertu même, s’il se peut, représentans du peuple... Vous avez terrassé le crime et ses auteurs; vous avez vengé la vertu des forfaits des scélérats. L’immortalité vous attend. Achevez votre ouvrage. Que sous vos auspices l’ennemi disparoisse du sol libre de la France. Nos bras, nos cœurs, tout est à la patrie.. La victoire, la vertu, notre reconnoissance vous préparent les seules palmes qui vous conviennent, les sentiments de tout un peuple, du peuple françois ». Garnier (présid.), Desjardins (secrét.). 3 Le conseil général et le Comité de surveillance de la commune de Melun (1) applaudissent au décret du 18 Floréal. « S’il existoit, » disent-ils, un seul Français qui pût douter » de l’existence de Dieu, qu’il parcoure les » annales de la révolution; il sera contraint de (1) Seine-et-Marne. Séance du 4 Prairial An II (Vendredi 23 Mai 1794) Présidence de PRIEUR La séance est ouverte à onze heures. 1 Un secrétaire lit le procès-verbal de la séance du 30 floréal; la rédaction en est adoptée (1). 2 Un membre donne lecture de la correspondance. La Société populaire de Provins félicite la Convention nationale d’avoir mis toutes les vertus à l’ordre du jour, d’avoir proclamé l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme. « Redoublez, disent-ils, de zèle, d’ar-» deur, de vertu même, s’il se peut; vous avez » terrassé le crime et ses auteurs; vous avez » vengé la vertu des forfaits des scélérats; » l’immortalité vous attend : achevez votre » ouvrage ». Mention honorable et insertion au bulletin (2). [Provins, 1er prair. II] (3). « Représentans, Ce n’est pas en vain que vous avez mis toutes les vertus à l’ordre du jour... Ce fut au même instant que vous avez abbattu les factions et les vices. Aujourd’huy vous développez la moralité la plus sublime : vous rapprochez les hommes de la divinité : vous rendez à la vertu son auteur et son appuy, à la probité et à la justice sa récompense, au malheur son espérance et sa consolation, au criminel sa honte, son tourment et son désespoir, à la société son régulateur, au monde son bienfaiteur... Enfin vous proclamez, au nom du peuple françois, l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme ! Proclamation douce et touchante ! Elle a retenti dans tous les cœurs que l’affreux athéisme auroit voulu dessé-(1) P.V., XXXVin, 68. (2) P.V., XXXVm, 68. Bln, 10 prair. (1er suppP); M.U., XL, 70. (3) C 306, pl. 1154, p. 1. cher. Cette proclamation, tous les François l’ont répétée. Non jamais, non ils n’avaient sanctionné ce dogme abominable que le crime seul avoit enfanté pour étouffer ses remords et se tromper luy même. Car le François est vertueux puisqu’il est républicain; et pouvoit-il pactiser avec le vice. Non, représentans. En un seul jour à leur nom, vous avez préconisé toutes les vertus. Les âmes sensibles pourront donc sans crainte invoquer la divinité. Les valeureux défenseurs de la patrie verront l’immortalité devant eux... Ils pouront y croire. Le malheur sur la terre aura son espoir dans la justice éternelle. La tendre amitié pourra, sans être déçüe, chérir l’objet de ses sentiments; la reconnoissance suivra dans cette précieuse immortalité, le bienfait et son auteur... Ils ont péri les scélérats qui vouloient nous dégrader ! mais pouvoient ils dégrader l’homme, le républicain, la nature ? Ils ont péri ces hommes profondément pervers qui, vicieux vouloient couronner et faire régner le crime, l’athéisme et tous les vices ensemble ! Périssent de même tous ceux qui oseroient attenter à la vertu essence unique de la République ! Redoublez de zèle, d’ardeur, de vertu même, s’il se peut, représentans du peuple... Vous avez terrassé le crime et ses auteurs; vous avez vengé la vertu des forfaits des scélérats. L’immortalité vous attend. Achevez votre ouvrage. Que sous vos auspices l’ennemi disparoisse du sol libre de la France. Nos bras, nos cœurs, tout est à la patrie.. La victoire, la vertu, notre reconnoissance vous préparent les seules palmes qui vous conviennent, les sentiments de tout un peuple, du peuple françois ». Garnier (présid.), Desjardins (secrét.). 3 Le conseil général et le Comité de surveillance de la commune de Melun (1) applaudissent au décret du 18 Floréal. « S’il existoit, » disent-ils, un seul Français qui pût douter » de l’existence de Dieu, qu’il parcoure les » annales de la révolution; il sera contraint de (1) Seine-et-Marne.