[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. =} ",malre an il 515 1 1 I 15 décembre 1703 blicains foncent sur eux; rien n’arrête leur im¬ pétuosité; les brigands se replient dans les rues du Mans; on les y poursuit malgré le feu des canons et celui qui partait de quelques maisons où se retranchaient les rebelles; on s’avança jusque sur la principale place. Là, une fusillade terrible de part et d’autre recommence. Il était neuf heures du soir, et le combat dura jusqu’à deux heures du matin. « Alors on resta en station ; mais à la faveur de la nuit les brigands évacuèrent la ville. Au point du jour, les chasseurs, la bayonnette en avant, se précipitèrent sur une avant-garde qui était restée. Ils firent carnage de tout ce qu’ils rencontrèrent : prêtres, barons, marquises, tout fut entassé et égorgé; canons, caissons, bagages, tout enfin est tombé en notre pouvoir, et les monceaux de cadavres sont les seuls obstacles que l’ennemi opposait à notre résistance. Depuis quinze heures le carnage a commencé; il dure encore. Nos troupes ont poursuivi l’ennemi hors des murs du Mans; sa déroute est totale; nous lui avons enlevé son trésor; effets, malles, tout a été pris. (L'assemblée par un mouvement im¬ prévu, se lève au bruit des applaudissement et des cris de ; « Vive la République ! ») Leurs bannières, leurs crosses, leurs reliques de toutes espèces sont restées sur le champ de bataille. Nous allons les ramasser et vous les envoyer pour faire connaî¬ tre au peuple quels moyens on emploie pour tromper sa raison. « Le général Haxo commandait en chef dans cette journée; chaque soldat était un héros et les généraux de division se sont comportés habile¬ ment et courageusement. Westermann a eu deux chevaux tués sous lui. Il a été blessé et n’a pas quitté le combat. (Applaudissements. ) « Les citoyens du Mans ont accueilli nos sol¬ dats en libérateurs. La cavalerie est encore à la poursuite des brigands, et cette journée est l’une des plus décisives pour la cause de la li¬ berté. Nous vous envoyons l’état des fameuses reliques prises sur les brigands : 1° le chef de saint Charles Borromée; 2° des étoffes bénites trouvées dans la châsse de saint Denis; 3° les pièces probantes de l’authencité des reliques de saint Vincent ; 4° une dent de la mâchoire infé¬ rieure de saint Vincent ; 5° un morceau de la tête et de la queue de Saint-Guignolet ; 6° un morceau de la robe de la sainte Vierge; 7° un morceau de la tunique de U nfant Jésus; 8° le pericrâne de saint Sébastien ; 9° le gril de saint Laurent. ( On rit) ; 10° un morceau de la vraie croix; 11° entre deux cristaux, du lait de la très sainte Vierge. » L’assemblée, sur la proposition du rapporteur, décrète que l’armée de l’Ouest a bien mérité de la patrie. La Convention décrète en outre qu’elle appelle à combattre les rebelles de la Vendée les répu¬ blicains de l’armée du Nord, après avoir triom¬ phé des esclaves des rois coalisés devant Dun¬ kerque et Maubeuge. « Dira-t-on maintenant que la Vendée existe, ajoute Barère, lorsque les brigands sont errants comme les sauterelles de l’Egypte? Existe-t-elle encore lorsqu’elle a été battue au Mans, à Baugé, à Léger, à Joinville? Voici une lettre postérieure de Saumur, écrite par Boyer, commandant le bataillon de Varennes, qui porte que le trésorier de l’armée catholique vient d’être arrêté. Les bri¬ gands ont perdu tout espoir. Ils se détachent par bandes et fuient isolés. Leur chef, La Bochejac-quelin, vient d’être fait prisonnier et conduit à Angers. ( Applaudissements.) « Je dois ajouter, dit le rapporteur, qu’à. Cho-let, un républicain de treize ans, qui déjà, com¬ battait pour la liberté et faisait passer le fruit de ses économies à une mère âgée, se voyant forcé par des brigands de livrer deux chevaux qu’il conduisait, aima mieux recevoir-la' mort que de céder à l’ennemi. ( Vifs applaudissements ■./ L’assemblée décrète que la mère de ce jeune homme qui demeure dans la commune de Par-vaiseau (Palaiseau), district de Versailles, rece¬ vra une pension viagère de 100 pistoles, et 1,000 écus une fois payés et provisoirement. Le rapporteur donne lecture de deux lettres, l’une du général de l’armée du Bhin, en date du 18, l’autre d’un général divisionnaire. Toutes deux portent que l’armée s’est battue toute la journée. Les redoutes de l’ennemi, sur les hau¬ teurs en avant d’Haguenau ont été emportées, et dans la nuit il a évacué ses postes. Le batail¬ lon de l’Ain (Indre) a enlevé plusieurs redoutes au pas de charge, « et si le jour eût-duré deux heures de plus, nous eussions emporté Hague-nau », dit le général. J’ai fait passer au bataillon de l’Ain (Indre) une somme de 1,000 livres en re¬ connaissance de sa bravoure. Il me l’a renvoyée avec 640 livres de dons qu’il y a joints pour les veuves et orphelins des défenseurs de la patrie. (Vifs applaudissements.) Barère expose que les Anglais ont quitté le port de Gênes, après avoir vioié le droit des gens et tous les égards dus à la neutralité. Ils en ont amené ( sic) 13 bâtiments danois et suédois char¬ gés d’une riche cargaison. « Il y a, continue-t-il, de vives réclamations, et l’on ne sait encore quelles pourront être les suites de cette affaire. Des patriotes français, indignés du massacre de la frégate française la Modeste, s’en sont vengés, et ont fait sauter le Scipion, bâtiment anglais qui se trouvait dans le port de Gênes. Heureu¬ sement, ils ont échappé aux poursuites que l’on pourrait faire. 115 traîtres, qui étaient sur le Scipion, ont sauté dans les airs ou se sont noyés, et, si la poudre n’eût pas été mouillée, quatre au¬ tres bâtiments anglais, amarrés dans le port, eussent péri. V. Compte rendu du Journal de Perlet (1). Barère donne connaissance des mesures prises par le comité de Salut public pour exterminer les rebelles et les chasser de l’ancienne Vendée où ils rentraient furtivement en se glissant dans les communes qui bordent la rive droite de la Loire. Granville et Cherbourg ont été déclarés en état de siège. 20,000 hommes ont été tirés de l’armée du Nord pour se rendre aux armées de l’Ouest et des Côtes de Cherbourg. Un nouveau projet des enneinis de la France et de la liberté a été déjoué. Il tendait à tout diviser, à tout obscurcir, à semer des troubles, des défiances et préparer la descente que l’An¬ gleterre a commencé d’exécuter sur Saint-Malo. Dans le département de Seine-efc-Mame, les mêmes prêtres qui ont abjuré le sacerdoce ont réclamé. Les mêmes communes, qui ont fait hommage à la patrie des dépouilles du fana-(1) Journal de Perlel |n° 450 du 26 frimaire an II (lundi 16 décembre 1793], p. 125], 516 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j frimaire an tisme, se sont armées, ont arrêté des munitions et des subsistances; 40 contre-révolutionnaires ont été arrêtés. A Amiens, l’arbre de la liberté a été renversé par des aristocrates. A l’armée des Alpes, un général en chef a fait emprisonner une commission militaire qui ne jugeait pas à son gré; il a fait travailler les citoyens à des travaux forcés; il a appelé le fléau de la guerre sur des frontières armées de la Suisse. Ce général, c’est Cartaux. A Nantes, les prisonniers, à l’aide de fausses clefs, devaient s’échapper, égorger leurs gardes et le concierge, incendier les prison s et une partie de la ville. Le complot a été déjoué; les princi¬ paux auteurs ont péri sur l’échafaud. Nantes est à l’abri de toute insulte de la part des bri¬ gands, et nos dispositions de terre et de mer préparent, simultanément, la prise de Noirmou-tiers. Des bruits calomnieux ont été répandus contre Rossignol et contre le comité de Salut public, qui lui a confié le commandement des troupes. Sépher, général de l’armée des côtes de Cher¬ bourg, et plusieurs autres, ont répugné à servir sous ses ordres. Cependant Rossignol, dit Barère, est l’homme de l’égalité, le seul qui convienne. Il est brave; il a remporté la victoire du 18, celle du 19 et, lui présent, les armées de la République n’ont jamais été battues. Sépher, qui s’est refusé obstinément à con¬ duire contre les brigands les troupes qu’il com¬ mandait, a été destitué par les représentants du peuple. Vialle le remplace. Francastel écrit que 800 rebelles ont été tués près de Machecoul. Ils ont été encore battus dans l’ancienne et dans la nouvelle Vendée. Les représentants Turreau, Bourbotte et Prieur écrivent du Mans, le 23 frimaire, qu’à force de courir après la bande infernale des bri¬ gands, nous les avons atteints sous les murs du Mans ; que notre cavalerie, qui ne cessait de les talonner depuis leur fuite d’Angers, les a forte¬ ment pressés. D’abord nous avons été repoussés. Notre avant-garde s’est repliée et les brigands criaient victoire, lorsque la division de Cherbourg, fon¬ dant sur eux, les a poursuivis la baïonnette dans les reins et en a tué un grand nombre. Ponts, retranchements, redoutes, canons, tout a été franchi; les rebelles ont reculé. Bientôt après la fusillade a recommencé; elle a été terrible; on s’est disputé le terrain pied à pied dans la ville. Le combat s’est prolongé jusqu’à deux heures du matin. De part et d’autre on est resté en observation. Profitant des ténèbres, les rebelles ont évacué la ville en laissant leur arrière-garde pour nous en imposer. Marquises, prêtres, carrosses, équipages, cais¬ sons, canons, fusils sont tombés entre nos mains. Des monceaux de cadavres ont seul retardé notre victoire : les rues, les maisons, les places pu¬ bliques en étaient jonchées. « Depuis quinze heures, disent les représen¬ tants, le massacre dure encore. Notre cavalerie poursuit les brigands. Leurs canons et leurs caissons leur ont été déjà pris, depuis leur sortie du Mans, ainsi que leur trésor, leurs malles et leurs bagages. « C’est la plus belle journée que nous ayons rue depuis dix mois, ajoutent -ils; tout présage que celles qui la suivront ne seront pas moins heureuses. « Tout le monde a fait son devoir, généraux et soldats. « Westermann a eu deux chevaux tués sous lui; il a reçu deux blessures au combat, et, pour cela, il n’a pas voulu quitter son poste. Il est encore à la poursuite des brigands. Ce qu’il y a de satisfaisant, c’est que cette victoire, aussi décisive qu’elle est, n’a pas coûté 30 défenseurs à la République. Le peuple du Mans nous a reçus aux acclamations de : Vive la République! L’heure dernière des brigands est prête à son¬ ner. » (Vifs applaudissements .) A Cholet, un rassemblement de 4,000 rebelles a été mis en déroute complète par 2,000 répu¬ blicains après trois heures de combat. Un jeune soldat de 13 ans a mieux aimé périr que de se rendre et livrer deux chevaux. Sa mère qui demeure dans la commune de Palaiseau, district de Versailles, aura 1,000 livres de rente viagère et 3,000 livres de secours provisoire. Une lettre de Saura ur, en date du 21 frimaire, annonce que La Rochejacquelin et le domestique du trésorier de l’armée royale ont été faits pri¬ sonniers. Le premier a été conduit à Angers escorté de 60 hommes. La Convention nationale déclare que les troupes qui sont au Mans ont bien mérité de la patrie. Elle appelle à l’entière destruction des rebelles les troupes venant des frontières du Nord qui ont triomphé à Dunkerque et à Mau-beuge. Au Rhin, nous avons pris à l’ennemi, au pas de charge, plusieurs redoutes et les hauteurs d’Haguenau. Le général Pichegru avait donné 1,200 livres aux soldats ; ils les lui ont renvoyées, en y joignant 640 livres qu’ils destinaient au soulagement des veuves et orphelins des défen¬ seurs de la patrie. Mention honorable. Les Anglais et les Espagnols ont abandonné le port de Gênes. Les premiers avaient à redou¬ ter la vengeance des Génois pour avoir arrêté et conduit à Livourne 13 bâtiments danois et suédois, chargés pour eux. Ils se font détester dans la Méditerranée par leurs rapines et leurs escroqueries. C’est ce qui résulte de la correspon¬ dance du comité de Salut public. VI. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (1). Les représentants Prieur, Bourbotte et Tur¬ reau écrivent du Mans le 23 frimaire. « A force de poursuivre la horde infernale des brigands, nous les avons atteints sous les murs du Mans. Notre cavalerie les a serrés de près. Nous avons tenté l’attaque; mais notre avant-garde a été obligée de reculer. Cependant, elle s’est trouvée presque aussitôt soutenue par une colonne de soldats de Cherbourg. Les brigands ont été repoussés; nous les avons forcés sur le pont où une redoute a été emportée; enfin nous les avons poursuivis dans la ville et dans les rues, malgré le feu des maisons, jusqu’au milieu de la grande place. (1) Annales patriotiques et littéraires [n° 349 du 26 frimaire an II (lundi 16 décembre 1793, p. 1578,