194 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE le plus innocent. Depuis cet heureux moment, nous sommes redevenus français et libres, et ce bonheur est votre ouvrage ; que de titre, législateurs, à notre reconnoissance. Restés à votre poste, consolidés le bonheur des hommes et celui de la République, quant à nous fermes au nôtre, nous ne reconnoîtrons jamais qu’un seul point de ralliement, la Convention nationale, et nous ne cesserons jamais de poursuivre les anarchistes, les dilapidateurs, les scélérats et les aristocrates en tout genre. Vive la république, vive la Convention. Suivent 107 signatures. g Le conseil-général de la commune de Fontaine-sous-Jouy, les membres de la société populaire et les citoyens de cette commune, district d’Evreux, département de l’Eure, applaudissent aux principes de l’adresse de la Convention au peuple français ; ils l’invitent à n’abandonner son poste qu’à l’époque où le gouvernement sera affermi, et ils la remercient d’avoir rendu à Evreux le siège de l’administration de district, qui avoit été transféré à Vemon (29). [Le conseil-général, les membres de la société populaire et des citoyens de la commune de Fontaine-sous-Jouy à la Convention nationale, Fontaine-sous-Jouy, le 19 brumaire an im f (30)) Citoyens représentans, Le conseil-général de la commune de Fon-taine-sous-Jouy, chef-lieu de canton, district d’Evreux, département de l’Eure; les membres de la société populaire, et les citoyens de la ditte commune, pénétrés d’admirations pour les principes énoncés dans la sublime adresse que vous venez de donner au peuple français, vous supplient de recevoir leur sincère et respectueuse reconnoissance pour un tel bienfait. Cette sage adresse fera la consolation de tous les vrais amis de la Patrie, et le désespoir de tous ses ennemis ; c’est maintenant, citoyens législateurs, que tous les véritables républicains, se ral-beront à la Convention nationale, comme au seul centre unique, et à la seule représentation du peuple souverain. Continuez, citoyens représentans, à tenir d’une main ferme, les rênes du gouvernement, et ne les lâchez que lorsque vous aurez bien affermi toutes les bases de la République française. Abbatez toutes les factions ; rendez une justice sévère à tous ; afin que nul ne puisse éviter le châtiment que ses crimes auront mérité. Nous vous prions, citoyens législateurs, de recevoir tous nos remerciemens aussi, pour la justice que vous venez de rendre aux administrés (29) P.-y., L, 117. (30) C 328 (1), pl. 1447, p. 2. du district d’Evreux, dont la majorité souffroit infiniment de la translation dudit district dans la commune de Vernon; ce bienfaisant décret, nous prouve de plus en plus, que la justice et la probité sont maintenant à l’ordre du jour à la Convention nationale, et ne sont plus de vains mots, comme les tyrans que vous venez d’abattre ne cessoient de s’en servir pour tromper la République entière. Nous jurons tous, citoyens représentans, de ne reconnoitre d’autre autorité que la vôtre; d’autres loix que celle émanées de vous, et de verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour vous deffendre, si jamais des malveillans osoient entreprendre de vous ravir la confiance qui vous est si justement dû, et l’autorité qui vous a été délégué. A Fontaine-sous-Jouy, le dix-neuf brumaire de l’an troisième de la République française une et indivisible. De Baumont, maire, Luault, membre du conseil général, POINTET, agent national, Lefebvre, officier public, HÉBERT, agent salpêtrier du canton et 30 autres signatures. h La société populaire d’Angers, département de Mayenne-et-Loire, s’étonne que de méprisables individus aient la criminelle audace de lutter avec les représentants du peuple français. Nouveaux titans, ces pygmées, dit-elle, entassoient crime sur crime pour escalader la représentation. Il faut que la massue nationale pulvérise bientôt ces lions féroces encore teints du sang des nombreuses victimes qu’ils ont dévorées. Tout le peuple, ajoute t-elle, a frémi d’horreur en entendant la lecture de cette phrase patricide prononcée dans une société jadis vénérée: Le lion n’est pas mort , parce qu’il dort: le moment où il se réveille est celui où il étrangle et déchire ses ennemis. Cette société termine par former des vœux pour que le lion ne trouve pas à son réveil d’autre espoir que la mort (31). [La société populaire d’Angers à la Convention nationale, Angers, le 20 brumaire an III] (32) La liberté ou la mort, périssent tous les hommes de sang. Citoyens représentans, C’est dans un moment ou tous les hommes qui chérissent la liberté célèbrent le retour des grands principes de morale et de justice, que vous avez proclamé, que des individus, qui se qualifient d’être les amis de la liberté, osent (31) P.-y, L, 118. Bull., 7 frim. (suppl.). (32) C 238 (1), pl. 1456, p. 5. SÉANCE DU 6 FRIMAIRE AN III (26 NOVEMBRE 1794) - N°8 3-4 195 avoir la téméraire audace de lutter avec le peuple français. Nouveaux tirans, ces pigmées avoient entassé crimes sur crimes pour escalader la représentation ; la vertu du peuple les a vu et la foudre nationale va bientôt pulvériser ces lions féroces, encore teints du sang des nombreuses victimes qu’ils ont dévoré. La société populaire et tout le peuple de cette commune ont été saisis d’horreur à la lecture de la phrase patricide que des hommes pervers ont osé prononcée dans une société jadis vénérée : «Le lvon n’est pas mort parce qu’il dort, le moment où il se réveille est celui ou il étrangle et déchire ses ennemis ». Eh bien, qu’à son réveil ce lyon rugissant ne trouve dans la fureur d’autre espoir que la mort. Il est temps enfin de terminer cette lutte audacieuse du crime avec la vertu, la raison du peuple s’arrête et s’indigne de tant de résistance. Citoyens représentans, soyez fermes à votre poste, le peuple est débout, vous trouverez les angevins sur la breche qu’ils n’ont jamais quittée depuis le commencement de la révolution, leurs corps serviront de rempart aux mandataires fidèles, et leurs bras seront armés du poignard de Brutus contre les traîtres qui abusent de la confiance du peuple pour l’assassiner. Trop longtemps calomniés par des scélérats, les débris de la commune d’Angers, échappés au déluge de sang qui a inondé les malheureux départemens de l’Ouest, ne commissent plus, et ayant tout perdu, ne peuvent plus reconnoitre d’autre jouissance que celle de mourir pour la patrie : ils jurent de s’ensevelir sous les murs de leur cité plutôt que de voir naître un système dominateur et tyrannique. Que tous les scélérats tremblent, notre dernier soupir sera terrible pour le crime. Vive la République, vive la Convention nationale. Suivent 86 signatures. i Les administrateurs et l’agent national du district de Saumur [Maine-et-Loire] félicitent la Convention sur les principes qu’elle a manifestés dans son Adresse au peuple français. Pleins de confiance en elle, ils n’ont jamais douté, malgré le déluge de maux dont leur malheureux pays étoit plus particulièrement inondé, que sa sagesse et son courage n’assurassent tôt ou tard le triomphe de la vertu sur le crime (33). [Les administrateurs et l’agent national du district de Saumur à la Convention nationale, Saumur, le 18 brumaire an III] (34) Si, malgré la tourmente excitée par les ennemis de la Révolution, malgré la Terreur qu’ils (33) P.-V., L, 118. (34) C 328 (1), pi. 1447, p. 3. avaient fait planer sur toute la République, et les crimes dont ils avaient inondés, particulièrement ces contrées, nous n’avons point perdu l’espoir de voir, par vos efforts et votre constance, la justice recouvrer ses droits, et la vertu triompher du vice, jugez quels doivent être nos sentimens depuis que vous avez exprimés les volontés du peuple français avec le langage seul digne de lui, seul digne de nous, et fait pour répandre la consolation dans toutes les âmes, et attacher tous les cœurs. Qui de nous en lisant votre adresse ne se sent pas pénétré de joie et d’admiration en y trouvant par tout des principes qui doivent faire notre bonheur et honorer à jamais la Nation ? Mais nous éprouverions un doute dans la jouissance que vous nous donnez, si nous ne l’épanchions pas dans votre sein, en rendant hommage à ce moment durable de la pureté de nos intentions et de la sublimité de votre ouvrage. Représentans, achevez-le; mais quoi! Vous l’avez juré ! Vos sermens seront remplis et nos vœux accomplis : vive la Convention, vive la République une et indivisible. Le Directoire du district de Saumur, le dix-huit brumaire, l’an troisième de la République française une et indivisible. Guillemet, président, Riffault, agent national et 4 autres signatures. La Convention ordonne la mention honorable de toutes ces adresses au procès-verbal, et l’insertion au Bulletin (35). 3 L’agent national du district d’Indremont [ci-devant Châtillon-sur-Indre], département de l’Indre, fait savoir à la Convention qu’un bien d’émigré, situé dans ce district, estimé 33 000 liv., s’est vendu, en huit lots, 159 000 liv. Le renvoi de la lettre au comité des Finances, section de l’Aliénation des domaines, et l’insertion au bulletin, sont décrétés (36). 4 La société populaire de Rouen [Seine-Inférieure] invite la Convention nationale à terrasser tous les ennemis du bonheur public, à frapper vigoureusement les émissaires de la ligue expirante des rois conjurés, et à présenter au peuple français, dégagée de tout nuage, la liberté que ces scélérats s’efforçoient de défigurer. (35) P.-V., L, 118. (36) P.-V, L, 118.