324 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE O [La sté popul. et régénérée des sans-culottes de Pamiers (1), à la Conv.; Pamiers, 25 mess. W(2). Citoyens législateurs, La République française vole de succès en succès; la coalition armée contr’elle voit arriver le moment de sa chute prochaine, et la dernière heure des despotes est prête à sonner; la déclaration des droits, cet étendard sacré de la nature prend son essor et rappelle les peuples à la liberté pour n’en faire qu’une seule famille de frères. Que nos succès constants ne nous endorment pas ! Marchons de victoire en victoire et ne posons les armes qu’après avoir rendeû la paix aux peuples, et donné la mort à leurs tyrans. Point de paix, point de trêve jusqu’à l’extinction de tous ces gouvernements monstrueux, dont l’unique objet est de donner des fers au genre humain : car telle est la destinée des Français, deveneûs républicains, que leur exemple doit servir d’initiative aux nations qui courbent leurs têtes sous le joug du despotisme, pour conquérir la liberté et l’égalité, ces bienfaits inséparables de la nature. Point de paix, point de trêve avec les despotes, c’est le dernier mot des républicains français. C’est celluy des sans-culottes de la société montagnarde de Pamiers. A. Rousset(?) fils (présid.), Sauvine (secrét.), Castet (secrét.), Cantou (secrét.), Azéma (ve-présid.), Pagès (secrét.). P [La sté popul. de Foug à la Conv.; s.d.]( 3). Citoyens représentants, La société populaire et républicaine de Foug, district de Toul, département de la Meurthe, justement indignée de tous les attentats commis contre notre liberté, et tendants à dissoudre la Convention nationale, pour nous faire rentrer dans l’esclavage et sous le despotisme le plus affreux, vous félicite de toutes les mesures fermes et vigoureuses que vous avez prises pour anéantir les conspirateurs. Oui, le cri de la vengeance s’est fait entendre jusque dans nos hameaux. Le crime et l’infâmie vouloient donc étouffer la justice et la probité. La tyrannie et l’oppression remplaceroient la liberté et l’égalité ! Enfin la trahison la plus infâme devoit remettre encore les Français dans les fers. Mais, grâce a votre vigilance, citoyens représentants, vous avez encore une fois sauvé la République. Vous avez, dans le plus grand calme, quoiqu’au milieu des poignards des assassins, déjoué tous les complots des Cromwel et des Catilina et vous avez frapés les conspira-(1) Ariège. (2) C 315, pl. 1263, p. 19. Mentionné par ffn, 29 therm. (2e suppl1). (3) C 315, pl. 1263, p. 16; ff", 27 therm. (1er suppl1). teurs du glaive de la loy. Mais il ne faut pas qu’il en reste un seul; ils ont trop longtems souillés le sol de la liberté. Que tous ces scélérats périssent donc; que tout individu qui voudroit usurper la souveraineté soit mis à mort à l’instant par les hommes libres ! Croyent-ils donc que le peuple soit assez lâche pour les écouter ? Croyent-ils qu’il foullera au pied les serments les plus sacrés ? Non, le peuple connoît ses intérêts et son devoir. C’est de toute part qu’on entend vivre libre ou mourir. Respect, soumission et obéissance à la Convention nationale. Oui, législateurs, nous mourrons tous, s’il le faut, et nos corps vous serviront plutôt de rempart que de trahir un instant nos serments. Ils viennent d’être renouvellés par la société populaire de cette commune, au milieu des acclamations unanimes du peuple. La patrie est sauvée. Vive la République, vive la Convention nationale ! N. Martin (secrét.), N. Claud (présid.), Lorrain. Q [La sté popul. de Lamothe-Landerron (1) au présid. de la Conv.; Lamothe, 20 mess. II] ( 2). Citoyen président, Par son décret du 18 floréal dernier, la Convention a fermé la bouche à ces lâches et insensés détracteurs de la révolution, à ces vils calomniateurs, qui se remuent en tous sens et de toutes les manières pour tuer la liberté et la sainte égalité, afin de dominer sur le peuple, et de s’engraisser plus longtems de sa sueur. Les François étoient, par l’Eternel, destinés à donner à l’univers l’exemple de la vraie grandeur et du courage; mais il leur faloit une Convention, il leur faloit les hommes de la Montagne, ces hommes rares qui ont surpassé en fidélité, force et énergie, les hommes les plus célèbres de la Grèce, de Rome et d’Athènes. Aucun peuple, autre que le françois fut-il jamais véritablement libre ? Connut-il jamais l’égalité ? Chés tous les peuples, le fanatisme et la superstition furent les moyens ordinaires employés pour faire agir le peuple. La Convention aujourdhuy a parlé; son lengage étoit celui de la raison; sa voix a été aussitôt écoutée; le peuple s’est levé. La Convention a décrété que le peuple françois reconnoissoit l’existance de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme; les François ont fait et chanté des hymnes de louanges. Frémisse l’imposture ! N’est-ce pas la merveille du monde, la seule véritable ? La postérité dira : voilà l’ouvrage de la Convention, elle a fait le bonheur des hommes pendant leur existance phisique, elle les a rendu libres et égaux en droits par l’exemple de toutes les vertus, et, après leur mort, elle leur a assuré le triomphe de la gloire, la jouissance du souverain bien, le bonheur suprême. (1) Bec-d’Ambès. (2) C 315, pl. 1263, p. 13. SÉANCE DU 21 THERMIDOR AN II (8 AOÛT 1794) - N° 1 325 La société populaire de la commune de Lamothe, pénétrée d’admiration, a délibéré qu’il seroit voté des remercimens et des complimens de félicitation à la Convention. Elle te prie, citoyen président, d’en recevoir l’hommage, et de le lui faire agréer. Elle te prie de lui rendre la justice de croire que, non seulement elle se fera toujours un devoir de ne jamais transgresser les décrets de la Convention, mais encore de les faire exécuter ponctuellement au prix de la dernière goûte de sang qui restera à circuler dans les veines du dernier subsistant de ses membres, et de transmettre ces sentimens dans l’âme de leurs enfans et des enfans de leurs enfans. s et F. Les membres composant le c. de correspondance de la sté popul. de la comm. de Lamothe : Morrains aîné (présid.), Cailheton, Paraire, Bertrand aîné, Cathelliq (secrét.). r [La sté popul. de Breteuil(l ) à la Conu.; Bre-teuil, 16 therm. II] { 2). Encore des conspirations, encore des tyrans. L’homme de sang s’est couvert du manteau de la popularité. Sa bouche invoquoit l’Etre suprême, tandis que son cœur en nioit l’existence; l’hypocrite, pour consommer plus sûrement le crime, usurpoit le langage de la vertu. Jamais la perte de la liberté ne fut plus froidement conçue, ni plus astucieusement concertée. Un instant encore et la République, le seul gouvernement admissible parce qu’il naît de l’ordre social, était menacé d’une dissolution prochaine. Et vous, représentants, vous alliés être égorgés ! Mais votre surveillance, sans cesse active, a surpris le complot. Elle a poursuivi le tygre jusques dans son repaire, et votre énergie triomphe de sa fureur. Représentants, vous avés encore une fois sauvé la patrie; continués de frapper les conjurés; point de quartier pour les dominateurs ! Le salut du peuple commande leur supplice et leur défaite garantit] aux républicains la liberté, s et F. J. Baudoin (présid.), Blanchet fils (secrét.). s [La sté popul. des amis de la liberté et de l’égalité, séante à Commune-Affranchie (3) , à la Conv.; Commune-Affranchie, 14 therm. II à 9 heures du soir] (4). Représentans d’un grand peuple, Un nouvel orage liberticide s’étoit élevé dans votre sein. La journée du 9 thermidor vient de le dissiper. Grâces à votre mâle énergie, à votre (1) Eure. (2) C 315, pt 1263, p. 9. Mentionné par J. Fr., n° 683; B m, 29 therm. (2e suppl'). (3) Rhône. (4) C 315 pl-1263, P-3, 4, 5; J. Fr., n 683. Mentionné par fl“, 29 therm’. (2e suppl'). antique vigueur, la République est encore une fois sauvée ! Vous êtes les mandataires du peuple; vous travaillez à son bonheur; poursuivez une carrière aussi honorable. La société populaire de Commune-Affranchie, qui n’a jamais eu en vue que le salut de la patrie, déclare solennellement qu’elle adherre à tous vos décrets, et proteste de nouveau, à la Convention nationale, de son attachement inviolable pour elle, comme étant le centre du gouvernement républicain et le seul point de ralliement de tous les vrais Français. Vive la République ! [Suivent 16 pages de signatures]. Extrait du procès-verbal de la séance du 14 therm. de la sté popul. séante à Commune-Affranchie. Dans le cour[s] de la séance, un membre a fait lecture du rapport de Barère sur l’arrestation de Robespierre, Couthon, Saint-Just, etc. Après cette lecture, il a dit : Citoyens, de grands événements viennent de se passer à Paris. Nous sommes loin du théâtre où ils ont eu lieu, il nous est impossible de porter sur eux un jugement certains, mais, citoyens, la liberté n’est point l’ouvrage d’un seul homme, elle ne dépend point de telle ou telle circonstance, de tel ou tel individu. La liberté est le résultat de la volonté de la nation française. Tous ces travaux immortels, c’est son ouvrage, c’est ses lumières qui l’on[t] proclamé au milieu de nous. N’es[t-]ce pas le peuple qui a lancé un anathème terrible et irrévocable sur l’exécrable royauté ? N’es[t-]ce pas le peuple qui combat la tyrannie avec tant de succès et tant de gloire sur nos frontières ? La liberté est donc son vœu. Rien ne peut y porter atteinte, rien ne peut la lui ravir. Toute l’assemblée, d’un mouvement spontanné, a répéter les cris de vive la liberté, vive la Convention nationale, vive la Montagne ! Mais, citoyens, ce qu’il importe d’empêcher, c’est que l’aristocratie ne profite de nos divisions. Déjà aujourd’hui une infinité de figures étranges se promenoient dans nos rues, et leurs regards étoient sinistres... Cela est vrai ! s’est écrié toute l’assemblée. Dans toute[s] les circonstances importantes de la révolution, les mêmes symptômes se sont fait sentir. O, citoyens, que le passé nous servent de leçon pour l’avenir ! Si les Français ne s’étoient jamais divisés pour tel ou tel individu, la Vendée, la rébellion lyonnoise, l’infâme trahison de Toulon n’auroient point souliés (sic) les annalles de notre révolution, et le sang des patriotes n’auroit point coulé pour des dissentions intestines. Pour éviter de pareils malheurs, réunissons-nous tous au centre commun, rallions-nous aux principes qui, seuls, doivent animer les vrais républicains, enfin ne voyons que la Convention nationale. Un cri unanime s’est fait entendre : Vive la Convention nationale, Vive la Montagne ! Elle seule doit et peut nous sauver. Mettons à part les individus, et n’écoutons que la voix de la patrie, ô, vous, lâches et perfides arristo-crates, vous souriez peut-être aux divisions qui nous agitent, mais vous serez trompés dans vos criminelles espérances. Nous nous réunirons