576 [Conventton nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. \ V, ?.imai,:« an ” 1 1 ) \ 7 iipr*AmLvr« \ *70- Béance tenante, et qne le président de la Con¬ vention lui témoigne l’indignation que nous avons éprouvée, l’improbation que nous vouons à la conduite de ses agents, et au choix peu ré¬ fléchi qu’il en a fait, et qu’il lui rappelle la res¬ ponsabilité qui pèse sur la tête de ceux qui pro¬ voqueraient l’avilissement de la représentation nationale. Fayau. Avant de s’adresser au conseil exécu¬ tif, il faut savoir si véritablement ce sont ses agents qui se sont rendus coupables. Je demande en conséquence que les officiers municipaux de Longjumeau soient mandés à la barre pour ren¬ dre compte de leur conduite, et que l’on examine ensuite quelles mesures on devra prendre à l’é¬ gard du conseil exécutif. Plusieurs membres demandent la suppression et le rappel de tous les agents du conseil exécutif qui sont dans les départements. Un membre. Je demande que le conseil exécu¬ tif rende compte des agents qu’il a employés, et que ceux qui ont exercé ou exercent des vexations dans les départements soient traduits à la barre. Quant à la proposition de supprimer tous les agents, elle tient à des circonstances que nous pouvons ignorer, et qui exigent peut-être que nous ne l’adoptions pas. Je m’y oppose. Bourdon (de VOise). Avais-je raison de vous dire, citoyens, que le conseil exécutif provi¬ soire était une puissance monstrueuse qui, sans être avouée par le peuple, voulait cepen¬ dant rivaliser avec ses représentants; vous pou¬ vez voir maintenant si la marche des agents du ministère, dans Paris, ne coïncide pas merveil-leusemen t avec les vexations des agents du con¬ seil dans les départements ; à mes yeux du moins c’est une chose bien évidente. En voulez-vous une preuve de plus que celles qui vous ont été dénoncées; la voici : vous avez créé un. comité de Salut public que vous avez investi par votre confiance en lui de la plus grande autorité. Eh bien ! malgré toute sa puissance et ses efforts, la guerre dans la Vendée dure encore, parce qu’il a plu à un agent des bureaux de la guerre de ne pas la faire finir. Oui, il faut le dire, quelque opinion qu’ait eue ou qu’ait chacun de nos collègues, aucun de nous ne peut se dissimuler que la mort et la honte l’attendent s’il laisse périr la liberté. Il faut donc marcher rapidement à sa consolida¬ tion, et je soutiens que nous sommes contrariés, entravés par le conseil exécutif provisoire. Je ne cesserai de répéter que ces restes de la monar¬ chie que nous avons détruite s’interposent sans cesse entre nous et la liberté, et qu’il faut nous délivrer de ces intermédiaires. Je veux bien croire que, dans le nombre de ceux qui le com¬ posent, il y a d’honnêtes gens ; mais il existe dans les bureaux une coalition évidente pour détruire toute responsabilité, et opposer ainsi aux mou¬ vements que vous communiquez une force d’inertie qu’il faut détruire. Je demande que le comité de Salut public nous présente un autre mode de seconder le gouvernement révolutionnaire que par le conseil exécutif; sans cela nous ne finirons jamais la Révolution. On voudrait nous assimiler au long parlement. On tourmente les citoyens, et on jette sur nous l’odieux de ces vexations. Jamais il ne fut plus instant de donner à la Révolution son véritable cours, et de ne pas le laisser entra¬ ver ou détourner. Je demande que vous mandiez à votre barre les officiers municipaux de Longjumeau, et l’agent du Conseil exécutif qui est à Saint-Ger¬ main. Je m’oppose à ce que vous mandiez le conseil exécutif à votre barre. Cette mesure ne produi¬ rait rien. Je vous propose de décréter à la place que le conseil exécutif vous donnera la liste de ses agents, et des qualités morales ou physiques qui l’ont déterminé à les choisir. Cambon. Si vous ne voulez rien avoir et rien savoir vous n’avez qu’à décréter la dernière proposition de Bourdon. Prenez une grande mesure : punissez sévèrement tous ceux qui at¬ tentent à la représentation nationale. Pour moi, je juge que les officiers municipaux de Longjumeau et l’agent de Saint-Germain sont coupables de ce crime, et je demande leur ren¬ voi au comité de sûreté générale. Je demande en second lieu un prompt rap¬ port du comité de Salut public sur les moyens d’organiser de la manière la plus simple l’exé¬ cution du gouvernement révolutionnaire. Charlier. J’insiste sur la proposition que je vous ai faite, parce que vous devez à la nation un grand exemple. On veut vous faire distin¬ guer les agents du conseil, du conseil lui-même; et selon moi, c’est lui d’abord qui est respon¬ sable, ce sont les chefs qu’il faut frapper. J’in¬ siste donc pour que vous mandiez le conseil exé¬ cutif. Que votre président improuve les choix que l’on vous a dénoncés, et qu’il témoigne l’indignation que vous avez éprouvée. J’appuie d’ailleurs la motion de Fayau. Méaulle. Il faut renvoyer les prévenus au comité de sûreté générale; mais je veux qu’on examine avec soin si l’existence d’un conseil exécutif est compatible avec le gouvernement révolutionnaire que vous avez décrété. Pour moi, je crois que nous ne pourrons achever la révolution tant qu’il existera. Couthon. Il y a dans cette discussion plusieurs points à examiner. D’abord il faut savoir si le conseil exécutif est oui ou non nuisible à la marche de la révo¬ lution. Je ne crois pas que le moment de déci¬ der cette question soit arrivé, et j’en appuie le renvoi au comité de Salut public. Je passe aux faits particuliers qui ont été dénoncés. Un agent exécutif a arrêté un repré¬ sentant du peuple à Saint -Germain. Il n’a eu égard ni à son caractère ni au passeport dont il était muni et qu’il a exhibé. Il a cru que sa signature ajouterait un caractère à celle de votre président et de vos secrétaires. Je demande qu’il soit renvoyé au tribunal révolutionnaire; son délit est constant; il a insulté à la repré¬ sentation nationale. La conduite des officiers municipaux de Long¬ jumeau sollicite une autre mesure; ils ont pré¬ tendu avoir été autorisés à arrêter un repré¬ sentant du peuple en commission, par un ordre du conseil exécutif; ils ont évidemment méconnu leur devoir; mais le plus grand délit est commis par le conseil exécutif. Je veux savoir si la municipalité de Longjumeau a dit vrai. Pour cela, je propose de mander le conseil et de le sommer de déclarer, sur l’interpellation du pré¬ sident, s’il a donné les ordres, dont on s’est étayé; s’il est coupable, il sera puni d’une ma¬ nière éclatante.