[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ™ fnmaire an H 1 ‘ (20 décembre 1793 N° 4. Copie d’une lettre écrite par des prisonniers déte¬ nus au fort Saint-Jean (1), le 23 août aux citoyens composant la section n° 11 en perma¬ nence. « Citoyens, « Les patriotes soussignés, Laurent Grasset aîné, Joseph Boude, Mathieu Laurentier, Joseph Chastaignier, jetés dans les cachots du fort Saint-Jean depuis trente-deux jours pour leurs opinions tendant à la tranquillité de la ville, l’unité et l’indivisibilité de la République, se réclament de vous, se mettent sous votre protec¬ tion; ils osent espérer que vous vous opposerez à ce qu’ils soient traduits cette nuit à Toulon, traduction dont ils sont menacés. C’es tparmi vous qu’ils veulent rester et qu’ils veulent montrer leur innocence; ils osent espérer que vous briserez leurs fers, que vous les aiderez à recouvrer leur liberté qu’ils emploieront pour la bonne cause qu’ils n’ont jamais abandonnée, et qu’ils sont diposés à défendre jusques à la mort, n’ayant pas juré en vain. Des prisons du fort Saint-Jean, le 23 août. Signé : L.-Graret aîné, Boude, x (marque de Laurentier), + (marque de Chastai¬ gnier), B. Reybaud. N° 5. Billet trouvé sur un gendarme arrêté. Nous, commissaires près l’armée départemen¬ tale du Midi, requerrons le chef du poste de Notre-Dame de laisser passer le gendarme qui va à Marseille, au quartier général. A Notre-Dame, le 23 août 1793, l’an II de la République française. Signé : François Sarrazin. Le gendarme part à 10 heures; tout est , en très h on état, et la section Onze manque de munitions. Signé : J.-M. Fbaissinet, officier municipal provisoire. N° 6. Lettre trouvée sur le même gendarme. Au citoyen Villeneuve, général de l’armée Mar¬ seillaise, au quartier général à Septèmes. <( Marseille, le 23 août 1793, l’an II de la République française, à 9 heures. « Citoyen général, « Pour prévenir les faux rapports qu’on pour¬ rait vous faire sur notre situation, nous nous empressons de vous la faire connaître, et de vous communiquer que, malgré tous les soins que nous nous sommes donnés pour faire revenir de son erreur la section n° 11, nous n’avons pu y parvenir, après avoir employé tous les moyens dé médiation. (1) Cette lettre est écrite tout entière de la main du citoyen Granet. Le conseil général de la commune s’est assem¬ blé ce matin, étant renforcé du comité général et de plusieurs membres de diverses sections, à l’effet de connaître les intentions de la section n° 11, qui, sans réquisition, avait déployé une force alarmante. Une députation de ladite sec¬ tion a été invitée de se rendre, et elle s’y est rendue en effet, et a témoigné au conseil que la section qu’elle représentait n’avait d’autres désirs que la paix, l’union, et de concourir avec nous au bonheur commun. Ce langage, que nous nous avons cru être celui de la vérité, nous a fait entrer dans les voies de la médiation ; et, après avoir donné l'assurance que tous les membres allaient se retirer tranquillement chez eux et y déposer leurs armes, il a été délibéré que la municipalité se promènerait dans la ville à l’effet de tranquilliser tous les citoyens qui étaient véritablement inquiets sur notre situa¬ tion et partageaient nos sollicitudes. Mais, à peine rentrés dans la commune, le poste du comité général a été attaqué, et plusieurs coups de canon ont été tirés par ces traîtres qui sans aucun doute, sont po.yés pour servir et aider nos ennemis. Tous les bons citoyens nous ont fait rempart de leurs corps, et nous ont forcés de faire déployer la force, à l’effet de repousser celle -de nos ennemis. Nous avons, n’en doutez pas, le dessus, et nous viendrons à bout de réduire ces enfants ingrats, rebelles à leurs pères, et espérons de vous annoncer demain que la tranquillité est parfaitement rétablie. « Nous vous saluons, citoyens, bien cordia¬ lement. « Les officiers municipaux provisoires ; « Signé : V. Laugier, Agius, P. Giraud, J.-M. Fraissinet, officiers municipaux provisoires; Bruniqüet. » Certifié conforme aux originaux. Vidal, chef du bataillon n° 11 de Marseille. Les mères et les femmes des canonniers volon¬ taires du 2e bataillon de Paris, section du Pan¬ théon français, à l’armée de la Vendée, exposent que les secours qui leur sont accordés par la loi ne suffisent point à leur subsistance, qu’elles ne reçoivent pas ceux qui leur avaient été promis par leur section. Elles prient la Convention de décréter que la distinction établie par la loi sur les réquisitions est dès ce moment applicable aux chefs de famille canonniers volontaires que le sort et leur civisme ont fait marcher depuis 6 mois à la défense de la patrie. Les pétitionnaires sont invitées aux honneurs de la séance, et leur pétition est renvoyée aux comités de la guerre et des secours publics, pour en faire un prompt rapport (1). Le citoyen Duhoulay, au nom du citoyen Charles-Théodore Bellier, domicilié à Essay, dis¬ trict d’Alençon, expose que ce citoyen, mis en liberté par le représentant du peuple dans le département de l’Orne, vient d’être arrêté de nou¬ veau. Le citoyen Duhoulay remet sur le bureau plu-(1) Procès-verbaux de la Convention , t. 27, p. 362.