444 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE rions difficillement avec quelle enthousiasme, les déffenseurs de la patrie ont reçu ces marques précieuses de son souvenir. Au moment où ces guerriers couverts d’honorables mutilations, remirent à l’armée le prix de sa valeur, et lui rendirent, en la personne du plus ancien soldat, le baiser fraternel de la Convention, les cris mille fois répétés de Vive la République, et vive la Convention nationale, se font entendre; ils annoncent que les coeurs serrés, réunis autour de la représentation nationale et de l’étendart tricolor, y jurent de nouveau l’anéantissement des tyrans, des conspirateurs, et le triomphe de la liberté. Nous avons répondu aux bénédictions unanimes que nous avons recueillis pour la Convention, en annonçant que si elle avoit juré une guerre à mort à tous les brigands de l’intérieur, à tous les fripons, à tous les dilapida-teurs de la fortune publique, elle réservoit un attachement sans bornes aux généreux déffenseurs de la patrie, une continuelle sollicitude pour leurs familles intéressantes. Nous vous faisons passer les paroles fraternelles que nous leur avons adressées. F. J. Ritter, Turreau. Ritter et Turreau, représentans du peuple, à leurs frères d’armes, en leur remettant le drapeau envoyé par la Convention nationale, au nom de la patrie reconnoissante à l’armée d’Italie (28). Fête civique du 30 vendémiaire, l’an troisième de la République une et indivisible. Vainqueurs de Toulon, de Nice, Oneille, de Loano ; vous en un mot, qui, du moment où vous avez pris les armes, n’avez fixé les regards de la France que sur votre courage et sur vos succès. Soldats de la liberté, il vous étoit bien dû, il est bien légitime, ce tribut que la nation offre aujourd’hui à la brave armée d’Italie. Ce drapeau, monument de la reconnoissance publique, l’est en même temps de votre gloire ; recevez-le des mains de vos braves frères d’armes ; les hon-norables blessures dont ils sont couverts les rendent dignes de vous le présenter. Ils ont payé leur dette à la patrie; la patrie se sert d’eux pour vous payer la sienne. Que ne doit elle pas en effet à ceux qui prodiguent chaque jour leur sang pour elle, à ceux qui pour vaincre ses ennemis, ont en quelque sorte vaincu la nature! les satellites de la royauté, défendus par des montagnes jusqu’alors inaccessibles, s’y croyoient inexpugnables; mais que ne peuvent pas les soldats de la liberté! Bientôt ces rocs escarpés, ces montagnes élevées deviennent pour eux les degrés qui les conduisent à la victoire. Vous avez planté de vos mains triomphantes l’étendard tricolor sur la cime de ces monts. C’est en vain que ces bandes d’esclaves ont, dans leur rage impuissante, voulu l’en arracher; c’est en vain qu’à la dernière sans-culot-(28) Débats, n° 775, 670-671. tide ils osèrent encore se mesurer avec vous; le pas de charge, la victorieuse baïonnette ne tardent point à enfoncer leurs rangs, et ceux qui échappent à vos coups, vont porter jusques sous les murs d’Alexandrie leur terreur, leur défaite et leur ignominie. Continuez, braves soldats, à bien mériter de la patrie ; et tandis que ses ennemis fuient épouvantés devant les légions républicaines, la Convention nationale, forte de la volonté du peuple, voulant irrévocablement son bonheur, terrassera tous ceux qui voudroient y porter atteinte; elle ne souffrira pas que la paix des foyers que vous avez si généreusement abandonnés pour défendre votre pays, soit jamais troublée ; elle ne permettra pas que vos familles éprouvent un instant l’horreur de l’indigence; c’est en portant tous ses soins, toute sa sollicitude sur vos mères, vos épouses, vos enfans, qu’elle s’efforcera d’acquitter votre généreux dévouement. Envoyés par elle près de vous pour vous transmettre l’expression des sentimens qui l’animent; chargés du devoir, bien cher à nos coeurs, de nous assurer de vos besoins et de les faire cesser, croyez que notre empressement à les prévenir égalera votre héroïque constance à supporter les privations qui vous entourent; c’est avec bien de l’amertume que nous les avons vues; déjà les ordres sont donnés pour que désormais elles n’existent plus. Si vous aviez quelques nouvelles plaintes à former, adressez-vous aux représentans du peuple ; ils sont là pour vous rendre justice. Il eût été doux pour eux de pouvoir réunir l’armée qui vous a députés, et de lui exprimer ces sentimens. Soyez nos interprètes auprès d’elle ; dites-leur que nous partagerons toujours leurs fatigues, leurs dangers, et que nous affronterons les premiers la mort pour le triomphe de la liberté, de l’égalité, et l’affermissement de la République une et indivisible. Signé, F. J. Ritter, Turreau. L’Assemblée ordonne l’insertion de ces lettres au bulletin. 17 Le représentant du peuple Berlier, envoyé dans les départemens du Nord et du Pas-de-Calais, écrit le 10 brumaire et transmet les détails d’un trait de bravoure et d’humanité de plusieurs marins qui n’ont pas craint d’exposer leur vie pour sauver du naufrage quatre hommes prêts à périr et qui montoient un navire qui a échoué sur les côtes de Boulogne. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoyé au comité d’instruction publique (29). (29) P. V., XLIX, 6.