SÉANCE DU 2 PRAIRIAL AN II (21 MAI 1794) - N09 38 A 41 507 pour s’abîmer dans un néant éternel ! Sa dépouille terrestre, précieuse à la patrie, son nom cher à l’humanité, l’exemple utile de sa vertu, dureront autant que le monde; son âme, plus immortelle encore, jouira du prix réservé sans doute aux martyrs de la liberté, aux défenseurs des droits de l’espèce humaine ! Non, vous n’avez point perdu l’appui de vos vieux ans, vous trouverez dans tous les Français une famille nouvelle; il n’est pas de bon citoyen qui ne veuille dans tous vos besoins vous tenir lieu de fils et offrir un frère à chacun de vos enfants qui seront dignes d’Agricole et de vous(l). H est donné lecture de la lettre des parents du jeune Viala : « Législateurs, En faisant son devoir, un enfant adoré trouva une mort utile à son pays. Vous avez voulu l’illustrer, nous vous en savons gré, parque qu’il nous reste quatre enfants pour qui votre décret du 18 floréal, qui accorde les honneurs du Panthéon à leur frère, devient l’engagement sacré d’imiter le martyr de la liberté. L’ainé, quoique fort jeune, peut porter les armes, et déjà il a vengé son frère sous les murs de Toulon. Il n’avoit pas 16 ans qu’il s’en-rolea sous les drapeaux tricolores, sous lesquels il combat depuis 4 ans. Les plus jeunes ont mêlé leurs larmes aux nôtres, en se rappelant le dévouement d’Agricole. Ils s’indignent de leur foiblesse, mais ils ne peuvent encore se passer de nos soins; nous les chérissons infiniment, parce qu’ils en sont dignes. Le ciel et nos voisins savent avec quel plaisir nous donnerions notre vie pour leur conservation... Mais la patrie est là, veut-elle de nouveaux sacrifices ? Périssent nos enfants et vive la République ! » (2). Mention honorable, insertion en entier au bulletin, et renvoi au Comité d’instruction publique. 38 Le citoyen Taillegrain, imprimeur en taille-douce à Paris, expose à la Convention nationale que le citoyen Salsin, capitaine de la garde nationale de Thorigny, district de Sens, département de l’Yonne, fut dénoncé le 5 septembre 1793 par le citoyen Maillard, comme ayant tenu des propos contre-révolutionnaires au citoyen Condaminé, officier public de la commune de St-Martin-sur-Oreuse (3). Que ce citoyen Condaminé, interrogé, a formellement nié le fait dénoncé, ajoutant que Mailhard, dénonciateur, étoit l’ennemi juré du dénoncé; sur quoi le directoire du district de Sens a arrêté qu’il n’y avoit pas lieu à délibérer. Quelque temps après, le citoyen Mailhard fut nommé membre du comité central, et en cette qualité reproduisit de nouveau la dénonciation ci-dessus, alléguant les mêmes faits et les mêmes propos. Le 3 octobre l’ordre fut donné d’ap-(1) Mon., XX, 547. (2) Débats, n° 609, p. 17, daté d’Avignon, le 27 flor. IL (3) Et non Hereuse. poser les scellés sur les papiers de Salsin et de l’arrêter. Cet ordre fut mis à exécution le 4, et cependant la dénonciation et la délibération du comité central n’est que du 5, d’où il suit que ce citoyen a été privé de sa liberté avant qu’aucune autorité eût prononcé sur son sort. Depuis cette arrestation le citoyen Salsin a été encore reconnu innocent par les autorités constituées de Sens, qui ont envoyé les pièces au Comité de sûreté générale. Un certificat du conseil-général de la commune et du Comité de surveillance, enfin, la signature de 100 ou 80 habitans de son canton, attestent le patriotisme de ce citoyen depuis la révolution. Renvoyé au représentant du peuple dans le département de l’Yonne, pour statuer définitivement s’il y a lieu (1) . 39 Un député extraordinaire de la Société populaire de Havre-de-Vie, ci-devant Croix-de-Vie, département de la Vendée, annonce qu’il a déposé à la maison nationale de la monnoie, 43 marcs 3 onces d’argenterie provenant de l’église de la commune de la Révolution, une épaulette, une pièce d’argent, quelques autres morceaux de ce métal et 2 croix d’or; il déclare que les dons offerts à la patrie par la Société de cette commune s’élèvent à 762 liv. 5 sous, que les bas, souliers, vestes et culottes, offerts en dons, ont été distribués à nos frères d’armes qui en avoient le plus besoin, et invite la Convention nationale à rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait donné la paix au monde. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi à la commission des revenus nationaux (2). 40 Les commissaires de la trésorerie nationale envoient l’état des recettes et dépenses de la journée du 28, comprenant celui du mouvement des assignats et de la situation des caisses (3). 41 Un membre demande qu’on accorde à la commune d’Albert (4) une somme de 50 000 liv. à titre de secours, pour 31 maisons incendiées dans cette commune (5) . Il rappelle à la Convention qu’elle a accordé 100.000 liv. à la commune de Vitry-sur-Marne, pour distribuer aux citoyens qui avoient fait (1) P.V., XXXVIII, 27. (2) P.V., XXXVIII, 28. (3) P.V., XXXVIII, 28. (4) Somme. (5) P.V., XXXVIII, 29.Voir, ci-après, séance du 3 prair., n° 49; S.-Culottes, n° 461; J. Perlet, n° 607. SÉANCE DU 2 PRAIRIAL AN II (21 MAI 1794) - N09 38 A 41 507 pour s’abîmer dans un néant éternel ! Sa dépouille terrestre, précieuse à la patrie, son nom cher à l’humanité, l’exemple utile de sa vertu, dureront autant que le monde; son âme, plus immortelle encore, jouira du prix réservé sans doute aux martyrs de la liberté, aux défenseurs des droits de l’espèce humaine ! Non, vous n’avez point perdu l’appui de vos vieux ans, vous trouverez dans tous les Français une famille nouvelle; il n’est pas de bon citoyen qui ne veuille dans tous vos besoins vous tenir lieu de fils et offrir un frère à chacun de vos enfants qui seront dignes d’Agricole et de vous(l). H est donné lecture de la lettre des parents du jeune Viala : « Législateurs, En faisant son devoir, un enfant adoré trouva une mort utile à son pays. Vous avez voulu l’illustrer, nous vous en savons gré, parque qu’il nous reste quatre enfants pour qui votre décret du 18 floréal, qui accorde les honneurs du Panthéon à leur frère, devient l’engagement sacré d’imiter le martyr de la liberté. L’ainé, quoique fort jeune, peut porter les armes, et déjà il a vengé son frère sous les murs de Toulon. Il n’avoit pas 16 ans qu’il s’en-rolea sous les drapeaux tricolores, sous lesquels il combat depuis 4 ans. Les plus jeunes ont mêlé leurs larmes aux nôtres, en se rappelant le dévouement d’Agricole. Ils s’indignent de leur foiblesse, mais ils ne peuvent encore se passer de nos soins; nous les chérissons infiniment, parce qu’ils en sont dignes. Le ciel et nos voisins savent avec quel plaisir nous donnerions notre vie pour leur conservation... Mais la patrie est là, veut-elle de nouveaux sacrifices ? Périssent nos enfants et vive la République ! » (2). Mention honorable, insertion en entier au bulletin, et renvoi au Comité d’instruction publique. 38 Le citoyen Taillegrain, imprimeur en taille-douce à Paris, expose à la Convention nationale que le citoyen Salsin, capitaine de la garde nationale de Thorigny, district de Sens, département de l’Yonne, fut dénoncé le 5 septembre 1793 par le citoyen Maillard, comme ayant tenu des propos contre-révolutionnaires au citoyen Condaminé, officier public de la commune de St-Martin-sur-Oreuse (3). Que ce citoyen Condaminé, interrogé, a formellement nié le fait dénoncé, ajoutant que Mailhard, dénonciateur, étoit l’ennemi juré du dénoncé; sur quoi le directoire du district de Sens a arrêté qu’il n’y avoit pas lieu à délibérer. Quelque temps après, le citoyen Mailhard fut nommé membre du comité central, et en cette qualité reproduisit de nouveau la dénonciation ci-dessus, alléguant les mêmes faits et les mêmes propos. Le 3 octobre l’ordre fut donné d’ap-(1) Mon., XX, 547. (2) Débats, n° 609, p. 17, daté d’Avignon, le 27 flor. IL (3) Et non Hereuse. poser les scellés sur les papiers de Salsin et de l’arrêter. Cet ordre fut mis à exécution le 4, et cependant la dénonciation et la délibération du comité central n’est que du 5, d’où il suit que ce citoyen a été privé de sa liberté avant qu’aucune autorité eût prononcé sur son sort. Depuis cette arrestation le citoyen Salsin a été encore reconnu innocent par les autorités constituées de Sens, qui ont envoyé les pièces au Comité de sûreté générale. Un certificat du conseil-général de la commune et du Comité de surveillance, enfin, la signature de 100 ou 80 habitans de son canton, attestent le patriotisme de ce citoyen depuis la révolution. Renvoyé au représentant du peuple dans le département de l’Yonne, pour statuer définitivement s’il y a lieu (1) . 39 Un député extraordinaire de la Société populaire de Havre-de-Vie, ci-devant Croix-de-Vie, département de la Vendée, annonce qu’il a déposé à la maison nationale de la monnoie, 43 marcs 3 onces d’argenterie provenant de l’église de la commune de la Révolution, une épaulette, une pièce d’argent, quelques autres morceaux de ce métal et 2 croix d’or; il déclare que les dons offerts à la patrie par la Société de cette commune s’élèvent à 762 liv. 5 sous, que les bas, souliers, vestes et culottes, offerts en dons, ont été distribués à nos frères d’armes qui en avoient le plus besoin, et invite la Convention nationale à rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait donné la paix au monde. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi à la commission des revenus nationaux (2). 40 Les commissaires de la trésorerie nationale envoient l’état des recettes et dépenses de la journée du 28, comprenant celui du mouvement des assignats et de la situation des caisses (3). 41 Un membre demande qu’on accorde à la commune d’Albert (4) une somme de 50 000 liv. à titre de secours, pour 31 maisons incendiées dans cette commune (5) . Il rappelle à la Convention qu’elle a accordé 100.000 liv. à la commune de Vitry-sur-Marne, pour distribuer aux citoyens qui avoient fait (1) P.V., XXXVIII, 27. (2) P.V., XXXVIII, 28. (3) P.V., XXXVIII, 28. (4) Somme. (5) P.V., XXXVIII, 29.Voir, ci-après, séance du 3 prair., n° 49; S.-Culottes, n° 461; J. Perlet, n° 607. 508 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE des pertes considérables, dans un incendie qui a consumé 60 maisons (1) . Renvoi au Comité des secours publics pour en faire son rapport demain. 42 On donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 floréal; la rédaction est adoptée (2). 43 Une députation de la Société populaire de Commune-Affranchie est introduite à la barre, et retraçant un tableau des événemens révolutionnaires qui ont eu lieu dans cette commune, présente les mesures de l’esprit public qui y règne (3). Deux citoyens sont introduits à la barre. Le cn DAUMALE, orateur : Citoyens, députés par la Société populaire de Commune -Affranchie, nous vous apportons l’expression de sa reconnaissance, contenue dans l’Adresse suivante : «Fondatrice de la République, toi qui, semblable à l’Etre suprême, ne dictes tes décrets que du haut de la Montagne, Convention nationale, c’est dans ton sein que les patriotes de Commune-Affranchie se plaisent à épancher leur joie. Le moment où les phalanges républicaines chassèrent la rébellion de nos remparts, le moment où les représentants du peuple qui étaient à leur tête tirèrent des cachots les amis de Challier, ne fut pas plus heureux pour nous que ne vient de l’être celui de la réinstallation de notre Société populaire; elle s’est faite en présence et aux acclamations d’un peuple régénéré, qui ne respire désormais que pour la République. « Citoyens législateurs, la chute des rebelles de Lyon a délivré la France d’un grand nombre de conspirateurs, et déjà le génie qui préside à vos travaux nous a fait oublier une partie des maux qu’ils ont causés; mais la dissolution de notre Société populaire allait peut-être, par une fausse direction donnée à l’esprit public, rendre aux suppôts de l’étranger l’occasion funeste de renouer quelque fil de la contre-révolution Heureusement cet attentat contre la souveraineté du peuple vient d’être authentiquement réparé; et ce qui cause surtout notre joie n’est pas le triomphe des hommes, mais le triomphe des grands principes. « Le machiavélisme de quelques intrigants avait osé mettre en problème la journée du 29 (1) J. Sablier, n° 1332. (2) P.V., XXXVIII, 29. (3) P.V., XXXVIII, 29. Bin, 5 prair. (1er suppL); Rép., n° 153; J. Matin, n° 700; J. Sablier, n° 1332; J. Mont., n° 26; Ann. R.F., n° 174; S.-Culottes, n° 461; J. Perlet, n° 607; C. Univ., 3 prair.; J. Fr., n° 605; Feuille Rép., n° 605; J. Paris, n° 507;C. Eg. n° 642; Audit, nat., n° 606; Mess, soir., n° 642. mai. Cette journée, d’après certains rapports calomnieux sur la situation de notre commune, n’était, de la part des agents du royalisme, qu’une sainte insurrection contre les patriotes, puisque les plus ardents, les plus énergiques d’entre eux, vous étaient désignés pour des hommes suspects, et qu’ils étaient déjà poursuivis comme tels. Il était temps, enfin, que votre sagesse opposât une digue au torrent de calomnies si astucieusement répandues contre nous. « R était temps que le souffle de la volonté nationale renversât le mur de séparation que les complices d’Hébert et de Ronsin s’applaudissaient de voir élever entre le peuple de Commune Affranchie et les amis de Challier; car, vous ne l’ignorez pas, des déclamateurs, soudoyés sans doute par la faction, distillaient déjà publiquement le fiel de l’aristocratie; mais devant vous le mensonge artificieux et hardi ne peut écarter la vérité modeste : vous savez lire au fond des coeurs, et la conscience de tous les partisans de la liberté s’identifie avec la vôtre. « Législateurs, pour vous mettre à portée de bien connaître nos opinions et nos principes, nous allons vous offrir l’esquisse d’un tableau dont le vrait dessin et le coloris sont dans votre pensée. La joie des patriotes de Commune-Affranchie est inaltérable parce qu’elle est pure dans sa source; la persécution qu’ils viennent d’éprouver dans un temps où tous les conspirateurs montent à l’échafaud, dans un temps où vous déployez toute l’énergie, tout le caractère d’une grande nation vraiment libre, est une épreuve bien glorieuse pour eux et un puissant motif d’encouragement. Sans cesse nous regardons autour de nous, sans cesse nous étendons l’exercice de notre surveillance, et voici ce que nous avons découvert : « Les malveillants espéraient que le peuple de cette commune, d’abord victime du fédéralisme et de l’aristocratie, ensuite travaillé et agité en sens contraire par les agents des factions, se laisserait aller à nouveau à la pente qui l’a entraîné dans tous ses malheurs, et séparerait sa cause d’avec celle des amis de Challier; mais ce peuple, instruit par l’expérience, a été sourd à toutes les suggestions perfides, et son seul cri de ralliement, ses accents les plus chers, sont ceux que vous entendez si souvent retentir autour de vous : Vive la République, vive la Convention nationale ! « Cependant, nous ne devons pas vous tromper, il existe encore ici des individus étrangers aux sentiments qui nous animent. Les ennemis de la liberté se repaissent toujours de criminelles espérances; leur tactique, à la vérité, n’est plus la même. Ce n’est plus aujourd’hui le charlatanisme et l’exagération des mesures, c’est une dissimulation profonde, c’est une affectation de désintéressement, de vertus modestes et privées; leur joie n’a pas éclaté à la nouvelle de la prise de Landrecies comme elle éclatait jadis à la nouvelle des défaites préparées par les Dumouriez et les Custine; mais ils gémissent, oh ! bien sincèrement sur les maux de la patrie, qu’ils n’oublient pas de grossir : en un mot, ici comme ailleurs on rencontre des alarmistes... « Législateurs, les aristocrates en général n’espèrent plus échapper à la marche révolutionnaire; mais les intrigants travestis, mais les tartuffes, couverts du manteau du patrio-508 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE des pertes considérables, dans un incendie qui a consumé 60 maisons (1) . Renvoi au Comité des secours publics pour en faire son rapport demain. 42 On donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 floréal; la rédaction est adoptée (2). 43 Une députation de la Société populaire de Commune-Affranchie est introduite à la barre, et retraçant un tableau des événemens révolutionnaires qui ont eu lieu dans cette commune, présente les mesures de l’esprit public qui y règne (3). Deux citoyens sont introduits à la barre. Le cn DAUMALE, orateur : Citoyens, députés par la Société populaire de Commune -Affranchie, nous vous apportons l’expression de sa reconnaissance, contenue dans l’Adresse suivante : «Fondatrice de la République, toi qui, semblable à l’Etre suprême, ne dictes tes décrets que du haut de la Montagne, Convention nationale, c’est dans ton sein que les patriotes de Commune-Affranchie se plaisent à épancher leur joie. Le moment où les phalanges républicaines chassèrent la rébellion de nos remparts, le moment où les représentants du peuple qui étaient à leur tête tirèrent des cachots les amis de Challier, ne fut pas plus heureux pour nous que ne vient de l’être celui de la réinstallation de notre Société populaire; elle s’est faite en présence et aux acclamations d’un peuple régénéré, qui ne respire désormais que pour la République. « Citoyens législateurs, la chute des rebelles de Lyon a délivré la France d’un grand nombre de conspirateurs, et déjà le génie qui préside à vos travaux nous a fait oublier une partie des maux qu’ils ont causés; mais la dissolution de notre Société populaire allait peut-être, par une fausse direction donnée à l’esprit public, rendre aux suppôts de l’étranger l’occasion funeste de renouer quelque fil de la contre-révolution Heureusement cet attentat contre la souveraineté du peuple vient d’être authentiquement réparé; et ce qui cause surtout notre joie n’est pas le triomphe des hommes, mais le triomphe des grands principes. « Le machiavélisme de quelques intrigants avait osé mettre en problème la journée du 29 (1) J. Sablier, n° 1332. (2) P.V., XXXVIII, 29. (3) P.V., XXXVIII, 29. Bin, 5 prair. (1er suppL); Rép., n° 153; J. Matin, n° 700; J. Sablier, n° 1332; J. Mont., n° 26; Ann. R.F., n° 174; S.-Culottes, n° 461; J. Perlet, n° 607; C. Univ., 3 prair.; J. Fr., n° 605; Feuille Rép., n° 605; J. Paris, n° 507;C. Eg. n° 642; Audit, nat., n° 606; Mess, soir., n° 642. mai. Cette journée, d’après certains rapports calomnieux sur la situation de notre commune, n’était, de la part des agents du royalisme, qu’une sainte insurrection contre les patriotes, puisque les plus ardents, les plus énergiques d’entre eux, vous étaient désignés pour des hommes suspects, et qu’ils étaient déjà poursuivis comme tels. Il était temps, enfin, que votre sagesse opposât une digue au torrent de calomnies si astucieusement répandues contre nous. « R était temps que le souffle de la volonté nationale renversât le mur de séparation que les complices d’Hébert et de Ronsin s’applaudissaient de voir élever entre le peuple de Commune Affranchie et les amis de Challier; car, vous ne l’ignorez pas, des déclamateurs, soudoyés sans doute par la faction, distillaient déjà publiquement le fiel de l’aristocratie; mais devant vous le mensonge artificieux et hardi ne peut écarter la vérité modeste : vous savez lire au fond des coeurs, et la conscience de tous les partisans de la liberté s’identifie avec la vôtre. « Législateurs, pour vous mettre à portée de bien connaître nos opinions et nos principes, nous allons vous offrir l’esquisse d’un tableau dont le vrait dessin et le coloris sont dans votre pensée. La joie des patriotes de Commune-Affranchie est inaltérable parce qu’elle est pure dans sa source; la persécution qu’ils viennent d’éprouver dans un temps où tous les conspirateurs montent à l’échafaud, dans un temps où vous déployez toute l’énergie, tout le caractère d’une grande nation vraiment libre, est une épreuve bien glorieuse pour eux et un puissant motif d’encouragement. Sans cesse nous regardons autour de nous, sans cesse nous étendons l’exercice de notre surveillance, et voici ce que nous avons découvert : « Les malveillants espéraient que le peuple de cette commune, d’abord victime du fédéralisme et de l’aristocratie, ensuite travaillé et agité en sens contraire par les agents des factions, se laisserait aller à nouveau à la pente qui l’a entraîné dans tous ses malheurs, et séparerait sa cause d’avec celle des amis de Challier; mais ce peuple, instruit par l’expérience, a été sourd à toutes les suggestions perfides, et son seul cri de ralliement, ses accents les plus chers, sont ceux que vous entendez si souvent retentir autour de vous : Vive la République, vive la Convention nationale ! « Cependant, nous ne devons pas vous tromper, il existe encore ici des individus étrangers aux sentiments qui nous animent. Les ennemis de la liberté se repaissent toujours de criminelles espérances; leur tactique, à la vérité, n’est plus la même. Ce n’est plus aujourd’hui le charlatanisme et l’exagération des mesures, c’est une dissimulation profonde, c’est une affectation de désintéressement, de vertus modestes et privées; leur joie n’a pas éclaté à la nouvelle de la prise de Landrecies comme elle éclatait jadis à la nouvelle des défaites préparées par les Dumouriez et les Custine; mais ils gémissent, oh ! bien sincèrement sur les maux de la patrie, qu’ils n’oublient pas de grossir : en un mot, ici comme ailleurs on rencontre des alarmistes... « Législateurs, les aristocrates en général n’espèrent plus échapper à la marche révolutionnaire; mais les intrigants travestis, mais les tartuffes, couverts du manteau du patrio-