[Convention nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j f, brumaire an II 283 son patriotisme; vous devez penser, comme les législateurs de l’antiquité, que les pères ne peuvent pas tuer leurs enfants. (Vifs applau¬ dissements.) Je demande donc que vous rendiez, pour la mémoire de Calas, le même décret que vous avez rendu pour celle de La Barre, et que, pour honorer les moeurs nouvelles, vous fassiez élever sur là place où Calas mourut, une colonne portant cette inscription : La Convention natio¬ nale à la nature, à V amour paternel. ( On applau¬ dit). Thuriot. La réhabilitation de Calas a déjà été faite par un arrêté du parlement, sur les mé¬ moires de Voltaire. La proposition de Barère est décrétée. Garran demande que la mémoire de Sirven, accusé injustement aussi d’avoir tué sa fille, soit réhabilitée. On renvoie au comité d’instruction publique pour présenter une loi générale. Une députation du corps municipal de Paris demande que le ministre de la guerre soit auto¬ risé à rembourser aux citoyens ou aux étrangers le prix des chevaux de luxe saisis sur eux. Renvoyé au comité de législation (1). Suit la pétition de la municipalité de Paris (2). Municipalité de Paris. Extrait du registre des délibérations du corps municipal. Du mardi 24 septembre 1793, l’an second de la République française. Le corps municipal, sur le rapport fait par les administrateurs des domaines et finances, rela¬ tivement à l’exécution de la loi du 28 mars 1793, relative aux chevaux, fourrages et avoines retirés pour le service de la République; Le procureur de la commune entendu, autorise lesdits administrateurs des domaines et finances de présenter le présent rapport, par la forme de pétition à la Convention natio¬ nale, à l’effet d’obtenir une interprétation ou addition à la loi du 28 mars sus énoncée : 1° Pour faire payer par le ministre de la guerre, sur les bons qui seront délivrés par la municipalité, les chevaux saisis sur ceux dont les contributions n’en absorberaient pas la valeur pour 1792 et 1793, ainsi que ceux saisis sur les étrangers qui ne payent pas de contribu¬ tions dans la République ; 2° Pour que les receveurs d’impositions et de districts soient autorisés à recevoir en paye¬ ment les bons délivrés aux propriétaires dont les chevaux auraient été saisis dans des munici¬ palités où ils ne payent pas de contributions, après toutefois que lesdits bons auraient été visés et scellés par les directoires de districts et de départements. Signé : Pache, maire, Coulombeau, secré¬ taire greffier. Pour extrait conforme •. Coulombeau, secrétaire-greffier. (1) Procès-verbaux de la Convention , t. 25, p. 239.' (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 753. Le rapporteur du comité de Salut public [Ba-rere (1)] fait part à la Convention de la décou¬ verte d’une nouvelle trahison. Givet devait être livré à nos ennemis. 5,000 hommes marchaient déjà contre cette forteresse, dont on devait faire sauter toutes les fortifications. Un traître, nommé Liancourt, conduisait ce projet infernal; il a fui chez l’ennemi; on a trouvé chez lui un drapeau vert à la livrée d’Artois, trois blancs, tous quatre parsemés de fleurs de lis. Givet est sauvé, les Sociétés populaires et les autorités constituées ont pris des mesures pour découvrir jusqu’aux der¬ niers vestiges de cet affreux complot. Les peuples de la Belgique s’insurgent. 100,000 fusils que l’empereur y avait envoyés pour une levée contre la France sont en ce moment tournés contre lui-même. Les principales villes insurgées sont Gand et Anvers; Cobourg fait marcher contre ces deux cités des troupes tirées de son armée en France, Les représentants du peuple à l’armée du Rhin mandent que le projet de livrer Strasbourg aux ennemis a été déjoué; que cette commune, où dominaient il y a un mois le fédéralisme et l’aris¬ tocratie, est entièrement régénérée (2). Suit la teneur des diverses lettres lues par Barère, d'après le Bulletin de la Convention (3). N° 1. Junius Bambourg, au citoyen Desf orgues ministre des affaires étrangères. « Givet, le 1er jour de la 3e décade de brumaire, l’an II de la République fran¬ çaise une et indivisible. « Citoyen ministre, nous serons donc tou¬ jours sous le couteau des traîtres ! un abîme sera donc toujours prêt à s’ouvrir sous nos pas ! Nous venons de déjouer un plan contre-révolu¬ tionnaire, dont le but était de livrer la ville, et de faire égorger ceux qui se sont voués à sa défense. Quatre drapeaux, semés de fleurs de lys d’or et de couronnes, viennent d’être saisis chez le nommé Liancourt, père du juge de paix de Char-lemont; le traître s’est trouvé trahi; il s’est sous¬ trait par la fuite à la vengeance nationale. En ce moment, le comité de surveillance et moi, sommes à la recherche de ses complices. Dans quatre jours Givet devait être la proie de l’ennemi, et on devait chercher s’il existait un homme dans ses murs. « Eh ! c’est ainsi que l’Autriche nous fait la guerre. Ce n’était donc pas sans dessein que son tyran faisait marcher 5,000 hommes sur la place, comme je vous l’ai mandé dans mon avant-dernière lettre. Les mesures étaient combinées pour nous perdre; heureusement le génie de la France a dissipé l’orage. La Société populaire vient d’arrêter que les quatre drapeaux, dont un vert porte la livrée d’Artois, et les trois autres blancs, seraient envoyés, sans délai, à la Con¬ vention nationale. Les couronnes' et fleurs de lys, dont ils sont chargés, portant plus de dix livres d’or et d’argent, à la Monnaie. « Signé : Junius Rambourg, commissaire du conseil exécutif. » (1) D’après les divers journaux de l’époque. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 239. (3) Bulletin de la Convention du 6e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (samedi 16 no¬ vembre 1793).