304 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE avoit vu la Convention dominée par des conspirateurs, des hipocrites, des imposteurs qui, les mots de liberté, de République à la bouche méditaient la ruine totale de leur patrie, la mort de la Convention. Avant le 9 thermidor le temple de la liberté était entouré d’un rang d’assassins. Qui eut osé parler de l’oppression, du joug de fer sous lequel gémissoient les cultivateurs, c’était se dévouer à la mort. Un voile funèbre couvrait la République, la mort, l’assassinat, le brigandage étaient à l’ordre du jour ; le malheureux cultivateur éperdu laissoit échapper de ses mains le manche de sa charrue ; la terreur était dans son coeur, le massacre sous ses yeux, le brigandage dans sa maison : tous croyoient avoir le droit de l’opprimer. Un jour de plus la liberté, la République disparoissoient à jamais, la France avoit un tiran pour maître. Un maître! un tiran à des Républicains! Sauvez-nous, sages législateurs, de ce comble d’horreur. Plus heureux que nous les citoyens de Paris vous ont fait un rempart de leurs corps ; la vertu a fait pâlir et reculer le crime, la liberté a triomphé, et les cris de vive la République, vive la Convention se sont fait entendre de toutes parts. L’aurore d’un beau jour commence seulement à luire; vous avez, sages représentans, fait votre devoir, nous faisons le nôtre; nous combattrons, nous périrons pour vous, pour le maintien de la liberté; nous ne reconnoitrons, nous n’obéirons jamais qu’à vos décrets ; restez inébranlables à votre poste. Le crime, la tirannie voudraient vous en exclure. La liberté, la République, tous les vrais, les seuls patriotes vous invitent, vous commandent d’y rester ; nos bras, nos vies, notre foible fortune, tout est à la patrie; démasquez les hipocrites, chassez les fripons, punissez les coupables et les traitres ; ne confiez les places qu’à la probité, aux moeurs, au patriotisme, et bientôt du comble du malheur, le peuple français parviendra au point de gloire et de bonheur que lui prépare la sagesse de ses vertueux représentans. Vive la République! Vive la Convention! Les membres composant la société populaire de Larajasse et Laubepin, J.-P. Thore, président, J. POULAT, P. Vernay, secrétaires. 14 Le citoyen Garnier, directeur de l’agence nationale de l’enregistrement et des domaines nationaux, département de la Nièvre, fait hommage d’un opéra en vaudevilles, qui a pour titre : Apothéose de Marat , inauguration de ses cendres et celles de J.J. Rousseau au Panthéon. Mention au procès-verbal, et renvoi au comité d’instruction publique (20). 15 L’agent national du district d’Evron, département de la Mayenne, annonce à la Convention qu’il fait passer à la Trésorerie nationale 44 marcs 7 onces d’argent, 21 marcs 4 gros de galon d’or, et 24 marcs 7 onces de galon d’argent, provenant des églises du district. Mention honorable, insertion au bulletin (21). 16 La société populaire de Ceyzerieu, département de l'Ain, écrit à la Convention que le représentant du peuple Boisset déjoue les trames des intrigans dans le département; elle félicite la Convention de son énergie (22). 17 Les citoyens composant la société populaire de Bailleul [?], demandent d’examiner si la liberté indéfinie de la presse ne doit pas être restreinte pendant le gouvernement révolutionnaire. Us ajoutent que les prêtres, les ex-nobles et les fédéralistes minent sourdement le gouvernement; ils en demandent le maintien. Renvoyé aux comités de Législation, de Sûreté générale et de Salut public (23). 18 Des biens d’émigrés, estimés 3 936 L, ont été vendus dans le district de la Sarthe [sic], 13 400 L : l’agent national du district qui donne cet avis, assure qu’il y reste pour plus de deux millions de biens à vendre. D’autres biens, estimés 9 000 L, ont été vendus 35 000 L, dans le district de Mar-cigny [Saône-et-Loire]. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des Finances (24). 19 Le conseil d’administration du septième bataillon de l’Yonne annonce à la Convenir) P.-V., XL VI, 280. Bull., 21 vend, (suppl.). (22) P.-V., XL VI, 281. Bull., 24 vend, (suppl.). (23) P.-V., XL VI, 281. (20) P.-V., XL VI, 280. Bull., 16 vend, (suppl.). (24) P.-V., XLVI, 281. Bull., 16 vend, (suppl.). SÉANCE DU 14 VENDÉMIAIRE AN III (5 OCTOBRE 1794) - Nos 20-25 305 tion que les citoyens composant le bataillon, offrent 1 120 L provenant d’une partie de leurs appointemens. Le conseil d’administration ajoute qu’il a déposé cette somme de 1 120 L entre les mains du représentant du peuple Florent Guiot; il ajoute que le bataillon en station à Bou-chan demande à joindre l’armée. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de Salut public (25). 20 Le comité révolutionnaire de Laval, département de la Mayenne, annonce qu’il envoie à la Trésorerie nationale 295 L 15 s., 14 marcs 6 onces 8 gros d’argenterie, dont un calice et une croix dite de Saint-Louis, trouvée dans la maison d’un émigré, avec ses titres féodaux et de noblesse. Insertion au bulletin, et renvoyé à la commission des Revenus nationaux (26). 21 La société populaire de Villiers-le-Bel [Seine-et-Oise] écrit à la Convention nationale que l’aristocratie cherche à faire tourner à son avantage le gouvernement, et l’invite à rester à son poste pour assurer le salut de la patrie. Insertion au bulletin (27). 22 Celle de Perpignan [Pyrénées-Orientales] applaudit à la chute du dernier tyran et de ses complices. Insertion au bulletin (28). [La société régénérée de Perpignan à la Convention nationale, s. d.] (29) Vive le Peuple, périssent les tyrans et les traitres Représentans d’un peuple libre Un orage affreux menaçoit nos têtes; vous l’avés conjuré. La société populaire régénérée de Perpignan applaudit avec la France entière à la chute du tyran et de ses complices. Les scélérats ! couverts du masque de toutes les vertus, ils poussoient l’audace du crime jusqu’à vouloir comprimer la volonté nationale, et substituer leurs sanguinaires caprices à la juste sévérité (25) P.-V., XLVI, 281. Bull., 21 vend, (suppl.). (26) P.-V., XLVI, 282. (27) P.-V., XLVI, 282. Bull., 24 vend, (suppl.). (28) P.-V., XLVI, 282. Bull., 24 vend, (suppl.). (29) C 322, pl. 1351, p. 18. des loÿs. La Convention les a punis de leurs forfaits; périssent de même tous les faux amis du peuple ; nous leur jurons une haine étemelle. Législateurs, continuez à sauver la patrie, à organiser les victoires; maintenez dans toute sa vigueur le gouvernement révolutionnaire, luÿ seul peut faire triompher la liberté; il ne sera plus révolutionnaire sans doute à la manière du tiran ; sans doute les patriotes ne seront plus opprimés, assassinés par ses ordres iniques. Le gouvernement sévère, mais juste anéantira tous les monstres qui ont conspiré contre les droits du peuple. Ennemis du gouvernement populaire, cessez d’espérer l’ouverture des cachots ; la révolution du neuf thermidor n’a pas été faitte pour vous, l’échaffaud vous attend. Union intime avec la Convention nationale, guerre à mort aux despotes, aux traitres, aux conspirateurs, aux intrigants, union et fraternité avec tous les amis de la République, avec tous les hommes vertueux ; tels seront toujours les sentiments de la société populaire régénérée de Perpignan. Vive le peuple, vive la Convention nationale. Siau, président, Motast, secrétaire, Sicart, archiviste, Bonafou. 23 Celle d’Aire [?] réclame l’exécution littérale des lois révolutionnaires, et jure un attachement inviolable à la Convention. Insertion au bulletin, renvoyé au comité de Sûreté générale (30). 24 Le capitaine-commandant du dépôt de la sixième demi brigade de Phassenhoffen annonce à la Convention qu’il envoie par la messagerie l’argenterie de la chapelle du troisième régiment, qui consiste en un calice, une patène, un plat et deux burettes, une croix, deux chandeliers, le tout d’argent, et trois vases de vermeil. Insertion au bulletin, et renvoi à la commission des Revenus nationaux (31). 25 La société populaire de Coligny [Ain] rend un compte avantageux des travaux du représentant du peuple Boisset, et jure soumission aux lois et attachement à la Convention nationale. (30) P.-V., XLVI, 282. (31) P.-V., XLVI, 282. Bull., 17 vend, (suppl.).