[Assemblée nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 24 août 1791.] é94 N* 5. Résultat de notre navigation dans les mers d'Europe et sur nos eûtes. Résultat des pertes de notre commerce pendant la guerre de 1756. comparé avec la situation pendant la paix précédente d' Aix-la-Chapelle . Extrait de l’ouvrage sur la balance du commerce, par M. Arnould (1). (L’Assemblée, consultée, approuve ce rapport dont elle ordonne l’impression, ainsi que des états y annexés ; elle adopte, en outre, la demande du rapporteur tendant à la réunion des comités d’agriculture et de commerce, de Constitution et des contributions publiques.) L’ordre du jour est la suite de la discussion des articles à ajouter dans l'acte constitutionnel (2). M. Thouret, rapporteur. Messieurs, j’ai l’hon-(1) Voy. les tableaux numérotés 10, 11, 12 et 13 du troisième volume de cet ouvrage. (2) Voy. ci-dessus, séance du 23 août 1791, page 645. neur de présenter à l’Assemblée les dispositions relatives à la garde du roi. Garde du roi. « Le roi aura, indépendamment de la garde d’honneur qui lui sera fournie par les citoyens gardes nationales du lieu de sa résidence, une garde payée sur les fonds de la liste civile. Elle ne pourra excéder le nombre de 1,200 hommes à pied et de 600 à cheval, les grades et les règles y seront les mêmes que dans les troupes de ligne. « Le roi ne pourra choisir les hommes de sa 692 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES» [24 août 1791.J garde que parmi ceux qui sont en activité de service dans les troupes de ligne et les gardes nationales, et qui sont résidents dans le royaume. « Cette garde ne pourra jamais être commandée pour aucun service public. » Les comités proposent aussi qu’aucun des hommes employés à ce service ne puisse cumuler les fonctions de représentant à la législature; mais ils ont trouvé inutile de placer ici cette disposition, parce qu’elle se rattache nécessairement à l’article où il est question de la nécessité d’opter pour tous les emplois de la maison du roi. Comme cette matière est une de celles sur lesquelles on a le plus cherché à influencer l’opinion publique, il me paraît utile de rendre compte brièvement à l’Assemblée des motifs qui ont déterminé les différentes parties de la disposition que les comités ont adoptée. Il n’a jamais été mis en question, s’il était convenable que le roi eût une garde ; l’affirmative ne nous a paru souffrir aucune difficulté, non pas dans ce sens odieux que le représentant héréditaire de la nation, son premier magistrat, ait besoin de se défendre contre la nation, mais parce qu’il est nécessaire de le prémunir contre ces individus malveillants et impies dont aucune nation ne peut se voir entièrement purgée : parce que aussi la garde du roi fait partie de la dignité et de la majesté nationales que le roi représente. La première question qui s’est présentée à examiner était celle de savoir si l’on ne pouvait pas établir que les différents corps de troupe de ligne fussent appelés par tour de rôle à faire le service de la garde du roi : ce système a d’abord quelque chose de séduisant : mais, en l’examinant a fond, nous avons pensé qu’il était contraire à l’intérêt de la Constitution et à l’intérêt de l’esprit militaire dans l’armée. Sous le premier rapport, il est évident que le plus grand danger que court la Constitution d’un peuple libre est l’abus qui pourrait être fait de la force armée quand la nation est obligée d’entretenir une armée permanente considérable. Ce danger vient de ce que l’esprit de l’armée tend naturellement à s’isoler de la nation, à s’écarter du véritable esprit national pour trouver un esprit particulier, et pour tendre surtout à un dévouement trop entier à son chef ; or, serait-ce une bonne disposition que celle d’appeler tous les corps de troupe de ligne à passer alternativement un temps de service à la cour, dans cette aimosphère de l’intrigue, dans ce lieu où, sous les yeux du chef et de tous les subalternes qui peuvent se mouvoir sous lui, chaque corps de ligne serait influencé par des blandities, des alli-ciements, des care sses et peut être aussi par des gratifications pécuniaires ? Ce serait inoculer chaque corps de troupes de ligne d’un ferment qu’il emporterait dans les garnisons, qui ferait des progrès plus ou moins sensibles en plus ou moins de temps, et dont l’effet indubitable serait à la longue de livrer chaque corps de troupes de ligne au chef du pouvoir exécutif. Nous avons donc rejeté celte idée sur cette première considération. Nous avons été déterminés encore par deux autres considérations. La première est que le séjour le plus habituel du roi sera à l’avenir dans la capitale, et le séjour de la capitale est de tous le moins propre à entretenir dans l’armée l’austérité des mœurs, de principes et de vie qui fait la rigueur de la discipline. Enfin, il serait nécessaire de donner une haute paye aux corps de troupes de ligne pendant le temps qu’ils feraient le service de la garde ; et, d’après les éclaircissements qui nous ont été donnés par des hommes ayant sur cela une expérience certaine, nous avons cru qu’il y aurait une trop grande difficulté à rétablir les corps de troupes de ligne au service des garnisons avec la paye ordinaire, quand ils auraient joui longtemps d’une haute paye dans les lieux où ils auraient aussi trouvé plus de jouissances et avec plus de facilité. Tout cela nous a ramenés à penser qu’il était mieux dans l’esprit de la Constitution, mieux pour la conservation de l’esprit militaire, que le roi eût une garde particulière. Nous n’avons pas hésité à penser qu’elle devait être payée par la liste civile, dont elle est une charge naturelle. Les fonds de cette garde ne sont pas faits en vue des jouissances du roi comme individu, mais comme premier magistrat de la nation; ils sont faits pour le besoin de la dignité dont il importe à la nation d’entourer le trône : les frais de la garde sont donc une charge naturelle de la liste civile, et nous ne faisons aucun doute que la partie des fonds de cette liste qui sera employée à payer cette garde aura, parla, un emploi moins inquiétant pour Ja liberté publique que tout autre qui pourrait être fait en la libérant de cette charge. Quant au nombre d’hommes employés pour la garde du roi, nous l’avons réduit au plus strict nécessaire. Jusqu’à présent le service s’est fait par quartier ; nous croyons qu’il doit être fait par semestre, et cela par la considération que le corps entier ne sera jamais en rassemblement complet au même endroit ; il faut encore calculer q'œ le service ne peut être fait que de 3 à 4 jours par les mêmes hommes, à peine de leur imposer une charge trop pesante, et qu’ainsi il ne resterait que 180 à 200 hommes pour le service habituel de chaque jour, pendant que le service habituel emploie un bataillon entier. 11 y a une autre considération que nous ne prétendons pas préjuger; c’est le contrat ou la convention faite avec les États suisses, qui ont, dans leurs capitulations, la stipulation formelle et expresse qu’un de leurs corps soit employé à la garde du roi. Nous ne proposons à l’Assemblée aucun préjugé sur ce point, parce qu’il peut se concilier de deux manières; ou l’on conviendrait avec les cantons que les Suisses ne feraient plus la garde du roi, ou l’on proportionnerait le nombre des Suisses qui y seraient employés au nombre des citoyens qui feraient le surplus de cette garde. En résultat nous avons examiné si sérieusement une garde de 1,200 hommes à pied et 600 hommes à cheval pour maximum pouvait jamais être inquiétante pour la liberté publique, et, à l’unauimité complète, nous n’avons pu croire qu’on vît le moindre danger réel dans la garde du roi réduite en maximum à 1,800 hommes. Nous vous proposons ensuite que les grades et règles d’avancement soient les mêmes pour le corps chargé de la garde du roi que pour les troupes de ligne, afin qu’il ne soit pas la garde privée et particulière de celui qui le paierait, une cohorte de sbires, une sorte d’archers, qui ne tiendrait en rien à la nation, mais uniquement à celui qui l’emploierait comme iostrumeut servile de sa maison domestique, et qui serait beaucoup plus déterminé à exécuter des ordres [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [24 août 1791.] 693 arbitraires qu’une garde du roi formant un véritable établissement national, faisant partie de l’armée, et se traitant comme l’armée; car, d’après notre proposition la plupart de ces grades donneront un état indépendant du roi, puisque le tiers seulement des places sera au choix du roi. Enfin, nous proposons que ces gardes ne puissent jamais être commandés pour aucun service public, et qu’ils ne puissent être choisis que parmi des hommes actuellement en activité de service dans les gardes nationales ou dans les troupes de ligne et résidant dans le royaume. En accumulant toutes ces précautions, nous croyons que le roi aura une garde convenable à la dignité nationale, et qu’il n’y aura aucune crainte sérieuse à avoir. C’est maintenant à l’Assemblée à peser ces considérations ; elles nous ont déterminés : nous ne voyons pas dans cet établissement le danger qu’on a fait craindre en le supposant déterminé par d’autres vues ou composé par d’autres éléments. M. "Vadier. Messieurs, on vous propose d’entourer le roi d’une garde stipendiée, qui le déroberait aux regards, à l’amour et à la confiance du peuple. Pense-t-on que cet appareil intermédiaire doive resserrer les liens de l’obéissance à la loi? Une nation fière et jalouse de sa liberté, verra-t-elle, sans défiance, une troupe mercenaire et anti-civique garder les avenues du trône ? (Murmures.) Ces viles précautions ne peuvent convenir qu’aux despotes qui, se défiant sans cesse de la fidélité des esclaves qu’ils ont asservis, ne régnent que par la terreur, et n’expriment qu’au bruit des armes les actes de leur volonté tyrannique. Mais un roi qui commande au nom’de la loi, qui doit tout' à la libéralité d’un peuple généreux ( Murmures à droite ) ; un roi qui n’a jamais que du bien à faire, et qu’une sage Constitution a mis dans l’heureuse impuissance de faire détester son autorité ; un roi des Français enfin, pourrait-il s’environner d’un corps de satellites stipendiés, au lieu de se faire un rempart de la confiance et de la reconnaissance de la nation ? ( Murmures à droite.) On a dit, et on répétera sûrement que la splendeur du trône, dans la première nation de l’univers, exige l'appareil d’une force armée. Personne ne contestera ce principe ; on ne diffère que sur la manière de l’appliquer. De quels éléments doit-on composer cette force armée? Voilà la question à résoudre. Ce corps hétérogène, qui n’appartiendrait, ni à la hiérarchie civile, ni à la hiérarchie militaire, serait une excroissance dangereuse, une difformité bizarre qu’on ne saurait admettre dans l’acte constitutionnel. Les jeunes gens dont on composerait cette milice seraient choisis infailliblement parmi les ci-devant gardes du corps, et dans la caste qu’on appelait privilégiée. Ils seraient initiés de bonne heure dans la doctrine du royalisme. Les préjugés de la naissance... (A droi te: Il n’v a plus de naissance ! ) le désir d’avancer, - l’aversion pour l'égalité, leur feraient bientôt oublier leurs devoirs envers la nation, pour ne s’attacher qu’au monarque. Cette troupe ainsi disposée serait la pépinière des chefs de vos armées de ligne. Toujours alimentée par des surnuméraires de même espèce, elle serait le germe inépuisable du monarchisme, et l’écueil infaillible de votre liberté civile et politique. (Applaudissements à l'extrême gauche.) Cette institution vicieuse et chevaleresque, serait l’école du spadassinage, le dépôt éternel de toutes les illusions nobiliaires.La cocarde blanche serait bientôt le talisman de cette corporation fantastique (Rires) ; et peut-on répondre que le scandale des orgies et les évolutions des poignards ne se renouvelleraient pas sous nos yeux ? (Murmures et applaudissements.) Rappelez-vous, Messieurs, l’affligeant souvenir de ces catastrophes récentes et que les amis de la liberté n’en perdent jamais la mémoire 1 J’invoque ici le courage héroïque que vous avez montré lors du serment du Jeu de paume, lorsque vous étiez infestés de canons, de mortiers et de baïonnettes. (Rires à droite.) Auriez-vous voté ce jour-là l’institution de janissaires à pied et à cheval pour entourer le trône du monarque et le sanctuaire des lois? Rappelez-vous ce moment si précieux à la liberté, ce jour à jamais mémorable ; rappelez-vous ce temps d’énergie et d’adolescence où l’univers, étonné de tant découragé, vouait vos noms à l’immortalité et admirait votre héroïsme ! Ne brûlons-nous pas aujourd’hui du même patriotisme qu’alors ? Ne sommes-nous pas liés par les mêmes serments, esclaves des mêmes devoirs? N’avons-nous pas juré de vivre libres ou de mourir pour la patrie? Quel est donc le respect humain qui nous forcerait à dégénérer? Quel est le prestige enchanteur qui pourrait ternir nos lauriers ou enivrer notre courage ? Non, Messieurs, il n’est point de puissance humaine qui puisse opérer ce miracle. (Rires au centre.) Je vois déjà vos âmes s’électriser... Un membre à droite : Non, non, ce c’est pas vrai ! M. "Vadler (se trournant vers le côté droit). Ce n’est pas de vous que je parle. (Applaudissements à gauche.) Pour la troisième fois je vais répéter... (Rires à droite.) Je vois déjà vos âmes s’électriser à ce récit, et se. retremper de la plus inflexible vertu. 11 est juste, Messieurs, de donner une garde au roi; il rTest aucun de nous qui ne yole au-devant de cette équitable proposition ; mais il est de la dignité française de ne céder, de ne déléguer ce droit à personne; c’est-à-dire qu’aucun citoyen ne doit être privé malgré lui de participer à cet honneur. Rien n'est plus propre à maintenir l’harmonie, l’unité d’intérêt, de vœux et d’intention entre tous les départements que de les faire concourir en commun et à tour de rôle à l’honneur de garder le premier fonctionnaire ; ce moyen seul pourrait nous préserver de tout système républicain ou fédératif; une relation annuelle et périodique entre les départements et la capitale, entre le monarque et les citoyens éteindrait à jamais le germe des rivalités (Applaudissements), des divisions causées par l’intérêt ou les prérogatives; les Français s’accoutumeraient à se regarder comme d’une même famille, dont le roi serait le modérateur et le père ; tous les peuples admireraient à l’envi une Constitution qui aurait transformé une grande nation en une société d’amis et de frères! Si les autres peuples avaient assez d’énergie pour nous imiter, nous verrions se réaliser le règne de paix, de félicité universelle, c’est-à-dire le rêve de l’abbé de Saint-Pierre. (Rires.) Si je compare les avantages de ce système avec les inconvénients dont nous menace celui des comités, je ne saurais hésiter sur le choix. Il ne sera pas plus dispendieux pour le roi d’indemniser sur la liste civile les gardes nationales 694 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 124 août 1791.] qui seront employées tour à tour à sa garde que de stipendier une troupe dont le régime, la composition et les principes porteraient ombrage à la liberté, et seraient pour le peuple une espèce d’épouvantail. Quant à la confiance, il faut, pour décider la préférence, se placer dans deux hypothèses qui peuvent se résoudre par Un dilemme : ou le roi se ralliera à la Constitution et en appréciera les avantages, ou bien il s'en déclarera l’ennemi. Dans le premier cas, il n’y a pas de doute qu’il n’accorde sa confiance à des citoyens zélés et fidèles (Jui se dévoueront volontairement à sa défense, qui le regarderont comme leur père, qu’il doit chérir comme ses enfants, et qu’il doit préférer à tous égards à des gardes stipendiés, à des esclaves du despotisme; dans le second cas, il est aisé de pressentir le danger de mettre dans ses mains les éléments d’une guerre civile, le germe de corruption qui pourrait lui asservir l’armée de ligne et plonger la nation dans l’esclavage. Calculez les dangers qui menacent la liberté!... Cet article seul peut renverser la Constitution, ou du moins l’énervèr (Rires), porter la guerre dans nos foyers, rompre les liens sociaux, amener l’anarchie, et nous livrer à des calamités innombrables 1 C’est alors, Messieurs, que le despotisme au sceptre de fer osera sourire à vos malheurs* vous tendre une maio perfide; le repos que vous lui demanderez à genoux vous sera rendu dans _jes fers I II est encore, n’en doutez pas, Messieurs, des âmes avilies qui désirent ce funeste repos, qui ont la lâcheté de préférer ce sommeil déplorable et cet engourdissement léthargique à ce feu énergique dont la liberté électrise les âmes fortes et généreuses! En conséquence, j’ai l’honneur de vous proposer le projet de décret suivant : « Art. 1er. Le roi aura une garde près de sa personne, qui ne pourra être commandée pour aucun service public. « Art. 2. Celte garde sera composée de 42 compagnies de gardes nationales. « Art. 3. Une de ces compagnies sera fournie par la garde nationale du département où le roi fera sa résidence. « Art. 4. Les compagnies restantes seront fournies annuellement et alternativement par les 83 départements du royaume. « Art. 5. Le tour des 41 départements qui devront fournir les premiers a cette garde, sera tiré par la voie du sort en présence du Corps législatif. « Art. 6. Les 42 départements dont les noms ne seront point sortis de l’urne, fourniront la garde qui devra relever la première à l’expiration de l’année, et cette alternative aura lieu à la fin de chaque année et à l’époque du 14 juillet. « Art. 7. Cette garde sera indemnisée tant des frais de voyages, séjour, retour, sur le taux qui sera réglé, sur les fonds delà liste civile. (Rires.) « Art. 8. Les officiers de l’état-major nécessaires à cette troupe seront au choix du roi qui les renouvellera tous les ans, mais ils ne pourront être choisis que dans le nombre des officiers eD exercice dans la garde nationale du royaume. « Art. 9. Il pourra être ajouté à celte garde, si le roi le désire, 1 ou 2 escadrons au plus qui seront fournis par les régiments de cavalerie française et qui seront renouvelés suivant l’ordre de l’ancienneté. « Art. 10. La solde de cette troupe à cheval sera payée pendant son service sur les fonds de la liste civile. » M. d’Estourmel. Messieurs, pour établir mon opinion sur l’article soumis à votre discussion, je dois vous rappeler les termes de la réponse du roi sur la liste civile, lue dans la séance du 9 juin 1790. Je craindrais d’en affaiblir les expressions en les commentant... Un membre : Demandez-lui s’il est chargé de vous proposer l’initiative pour le roi. M. d’JEstourmel... « Combattu, dit Sa Majesté, « entre les principes d’une sévère économie et « la considération des dépenses qu’exigent l’éclat « du trône français, et la représentation du chef « d’une grande nation, j’aurais préféré de m’en « rapporter à l’Assemblée nationale, pour qu’elle « fixât elle-même l’état de ma maison : mais je « cède à ses nouvelles instances, et je vous « adresse la réponse que je vous prie de lui « communiquer. « J’aurais désiré m’en rapporter entièrement à « l’Assemblée nationale pour la détermination de « la somme applicable aux dépenses de ma mai-« son civile et militaire; mais ses nouvelles ins-« tances et les expressions qui accompagnent son « vœu, m’engagent à changer de résolution : je « vais donc m’expliquer simplement avec elle. « Les dépenses contenues sous le nom ûemai-« son du roi comprennent : « 1° Les dépenses relatives à ma personne, etc, « 2° Les bâtiments. « 3° Enfin ma maison militaire, qui, dans les « plans communiqués à son comité militaire, ne « fait point partie des dépenses, de l’armée. « Quoique je comprenne ma maison militaire « dans les objets dont je viens de faire l’énumé-« ration, je ne me suis pas encore occupé de son « organisation. Je désire, à cet égard, comme â « tout autre, de concilier mes vues avec le nou-t vel ordre de choses : je n’hésite pas à trouver « que le nombre de troupes destinées à la garde « dû roi doit être déterminé par un règlement « constitutionnel : et comme il importe à ces « troupes de partager l’honneur et les dangers « attachés à la défense de la patrie, elles doivent « être soumises aux règles générales de l'armée. « D’après ces considérations, j’ai retardé l’é-« poque à laquelle mes gardes du corps doivent « reprendre leur service : et le délai de l’organi-« sation de ma maison militaire a d’autant moins « d’inconvénients, que depuis que la garde m-« tionale fait le service auprès de moi, je trouve « en elle tout le zèle et l’attachement que je puis « souhaiter, et je désire qu’elle ne soit jamais * (Cette proposition est mise aux voix et adoptée.) M. Démeunier. Maintenant, Monsieur le Président, je demande que vous mettiez aux voix cette troisième proposition : « 3° La garde du roi sera prise dans le nombre des individus en activité dans l’armée de ligne, et parmi les citoyens de la garde nationale en activité de service. » M. Buzot. Je demande que cette garde ne puisse faire son service que par semestre, Mi Démeunier. Cela regarde l’organisation détaillée qui vous sera présentée par le comité militaire. M. Begnaud (de Saint-Jean-d' Angélÿ). L’intention de l’Assemblée est sans doute que le droit de garder le roi soit réservé aux Français et l’article tel qu’il vous est présenté ne remplirait pas ce but ; on pourrait prendre des individus dans les régiments étrangersetje demande qu’elle soit formée au contraire d’individus, tous citoyens français. (Applaudissements et murmures.) M. Giraud. Si vous ne faites d’autre règle d’admission que celle d’être garde nationale, il est possible que des personnes prévoyant la formation de la garde du roi, se fassent sur-le-champ inscrire sur les registres de la garde nationale. Ainsi l’intention des comités, qui ont sans doute eu pour but de composer la garde du roi de citoyens patriotes, serait manquée par la disposition qu’ils nous proposent. En conséquence, je demande qu’on ne puisse prendre dans la garde nationale que des hommes qui y auront fait un service effectif depuis un an. (La troisième proposition de M. Démeunier est adoptée avec l’amendement de M. Giraud.) M. Démeunier. Il ne reste plus que le dernier paragraphe de l’article : « 4° Cette garde ne pourra jamais être commandée pour aucun autre service public. » (Cette proposition est mise aux voix et adoptée.) M. Démeunier. On a approuvé, au commencement de la séance, que ceux qui composeront la garde du roi ne pourront pas être admis dans l’Assemblée législative, c’est-à-dire que s’ils sont élus au Corps législatif, ils seront tenus d’opter. On peut décréter cette autre base et on remettra ces diverses propositions dans un article. (L’Assemblée adopte cette proposition et renvoie l’article aux comités pour la rédaction.) M. Pétion de Villeneuve. Maintenant, je crois que nous avons une précaution de prudence à prendre et cette précaution est très simple : c’est de dire que la garde du roi sera