SÉANCE DU 21 BRUMAIRE AN III (11 NOVEMBRE 1794) - N° 4 95 songère pour faire prévaloir leurs astucieuses machinations, contre la régularité du mouvement révolutionnaire qu’ils redoutoient, mais grâce vous en soit rendu, leur perversité se tournera contre eux, et encore une bonne fois nous leur dirons mentita est tibi iniquitat. Représentans, vous nous avez confié l’entretien du feu sacré qui brûle sur l’hôtel de la liberté, nous ne cesserons de veiller ; et si nous voions avec plaisir les intrigans et les fripons déjoués par votre sagesse, nous n’en regardons pas moins la réunion des citoyens en société populaire, comme l’exercice d’un des droits les plus sacrés de l’homme et nous voulons que la main qui se leveroit pour voter leur suppression, se paralyse et se desseche. Depuis que la vertu et la justice sont à l’ordre du jour, et que vous etes représenté dans ce département par un ange de paix, qui connoit si bien le salutaire alliage de la fermeté qui fait exécuter la loi et la douceur qui la fait aimer, le gouvernement révolutionnaire, ne fait plus trembler que les assassins, les intrigans et les dilapida-teurs de la fortune publique. Fidels mandataires du peuple français, continuez de consolider la République ; Robespierre, n’est pas mort tout entier ; tous les satellites de ce monstre respirent encor dans les convulsions de leur rage sanguinaire, nous ne demandons pas vengeance, mais justice du sang innocent qui a coulé. Par ce grand exemple, vous ferez aimer et respecter les moeurs et la vertu digne patrimoine des vrais républicains. Enfin, lorsque nos armées partout victorieuses ont planté l’arbre de la liberté sur les cimes du Mont blanc et des Pirennées, lorsque l’étendart tricolor flottera sur tous les points de la rive gauche du Rhin, qui étonné de sa liberté, se précipitera dans les glaces du Nord, pour y cacher la honte de son antique servitude ; lorsque le batave, trop longtemps abbatardi par son fantôme de Statouder, le valet de Pitt, aura repris son ancienne énergie qui lui fit secouer et briser le sceptre de fer de l’infame philippe Deux, sera rendu à la liberté, lorsque les cannibales descendans des cimbres, seront relégués dans les forets de la Germanie, alors nous vous inviterons a vous occuper des institutions publiques sur un mode digne de vos glorieux travaux. Vous ferez prospérer les sciences et les arts utiles, qui distingent l’homme policé de l’homme sauvage. Vous veillerez surtout, à l’éducation des jeunes citoyens et de la génération qui croit à l’ombre de l’arbre de la liberté, c’est des écoles publiques, n’en doutez pas que sortent les fonctionnaires publics éclairés, les militaires instruits et courageux, les bons peres, les bons maris, les bons freres, les bons amis, les hommes de bien. L’éducation n’est point seulement une jouissance, c’est une dette sacré que vous vous hâterez de remplir, vous la dirrige-rez, de manière a lui inspirer l’amour des vertus et de la patrie; et sa reconnoissance sera etemelle, comme notre amour pour la Convention nationale et pour l’unité et indivisibilité de la République. Suivent 35 signatures. • y [La société populaire de Rosoy-l’Unité à la Convention nationale, le 6 brumaire an III] (35) Citoyens réprésentans Nous avons lu votre adresse du 18 vendémiaire et nous nous sommes écriés la république est sauvée : nous avons admiré avec délice les principes que vous proclamez, ils sont gravés dans nos coeurs. La révolution maintenant ne peut plus rétrograder, nous avons la boussole qui doit nous aider a conduire le vaisseau de la République au port du bonheur, vous le dirigerez en pilotes expérimentés et sages et nous vous seconderons en matelots courageux et infatigables. Vous avez signalé nos amis et nos ennemis, nous ne pouvons plus nous y méprendre. Il ne sera plus au pouvoir de l’intrigue de prescrire la vertu et l’hypocrite ambitieux n’échapera plus a nos régard a la faveur des couleurs patriotique dont il se parent. Nous vous déclarons avec sincérité que nous approuvons votre décret du 25 vendémiaire sur les sociétés populaire, la volonté de quelques hommes perfides ou égarés ne sera donc plus décoré du nom imposant d’opinion publique. Les factieux, les dominateurs n’associeront plus à leurs projets machiaveliste des hommes crédules et séduits par leur fallacieuse démonstrations, que l’aristocratie toujours active a vous calomnier s’ecrie que vous avez détruit les sociétés populaires, nous publierons a la face de l’univers que vous les avez préservé de l’influence des continuateurs de Robespierre qui fondoient leur espoir sur la tactique adroite et perfide de leurs patrons. Que l’hypocrite contrerevolutionnaire dise que vous avez entravé la circulation des lumières et des idées utiles, que vous avez rompu le ben de la fraternité, nous répondrons que les amis de la liberté peuvent toujours communiquer et que la correspondance individuelle reunit les avantages d’une authanticité incontestable sans faire craindre l’influence de l’intrigue. Eh! quoi les patriotes n’ont ils pas toujours le droit de dire la vérité, de surveiller les depositaires du pouvoir, de dénoncer les magistrats infidèles, les enemis de la révolution, d’indiquer aux législateurs ce qu’ils croyent bon et utile. La loi du 25 vendémiaire les empechent elle de faire tout le bien que leur dicte l’amour de la patrie? non cette loi salutaire ne peut nuire qu’aux malveillans, aux dénonciateurs et c’est dans ce motif qu’elle a été rendue. Fidèles représentans, nous sommes debout pour soutenir et déffendre votre ouvrage. Vertu, justice, humanité, voila nos passions, égalité, liberté, République une et indivisible, voila nos voeux, Amour, confiance, réunion, voila nos sen-(35) C 326, pl. 1415, p. 13. Bull., 27 bruni., partiellement reproduite. 96 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE timens pour vous. Vive la Convention nationale, périssent les tirans et les dominateurs, voila notre cri de raliment. Suivent 20 signatures. z [La société républicaine de Villefranche à la Convention nationale, le 30 vendémiaire an III\ (36) Citoyens réprésentans, Il fût un tems ou les habitans de cet empire régénéré par vous, comprimés par la terreur, éprouvoient la cruelle alternative d’être tirans ou victimes. Un sistème affreux de domination, inventé par un monstre qui deshonore l’espece humaine, et dont le nom ne peut se prononcer sans horreur, devoit nous ravir le fruit de cinq années de travaux et de gloire, et la sagesse de vos loix, prouvent tous les jours que le régne de la tirannie n’est plus, et que la terreur nagueres a l’ordre du jour, n’est que pour le traitre et le conspirateur réconnus. Continuez, Citoyens Législateurs, vos glorieux travaux ; ne quittez le poste ou la confiance du peuple vous a placés, que vous n’ayez achevé vôtre ouvrage. Pour y parvenir, affermissez le règne de la justice que le coupable quel qu’il soit ne puisse échaper à sa sévérité, et que l’innocence soit réconnue partout ou elle se trouvera. Assurez les droits imprescriptibles de l’homme, en décrétant le moyen de les deffendre par la liberté de la presse. Les intri-guans, et les factieux, ne détestent pas moins cette mesure salutaire que les inquisiteurs d’Espagne; crainte que leur hipocrisie ne paroisse au grand jour, et que la cause qui les agite ne soit connue. Eteignez le foyez ou se distille le poison que ces hommes de sang font circuler dans toutes les parties de la République. L’assassinat du vertueux Tallien, prouve meme que vous n’etes pas à l’abri de leurs attentats ; mais qu’ils tremblent les scélérats, leurs complots liberticides hâteront leur ruine ; nous avons fait le serment de ne connoître d’autre point de raliement que la Convention nationale, d’autre autorité que celles qui en émanent; et s’il le faut de voler en masse pour former un rempart autour d’elle; et si le crime triomphe de la vertu, ce ne sera qu’a travers nos corps sanglants que leurs poignards pourront vous atteindre. Pères de la patrie au milieu des factions qui vous environnent, vos soins infatigables nous assurent la liberté; que celle du commerce qui fait aujourd’hui l’objet de vôtre sollicitude, par d’heureux résultats, fasse disparoître la disette du sein de l’abondance et que cette source de (36) C 326, pl. 1415, p. 12. Bull., 27 brum. (suppl.), reproduction partielle. prospérités ne soit plus tarie ; l’Etat vous devra sa liberté, son splandeur, et sa gloire. Lalame, président, Dutit, Dussouller, Saintfalsy, secrétaires. a,’ [La société populaire des Vans à la Convention nationale, s. d.] (37) Égalité, Liberté, Fraternité Législateurs, Votre addresse au peuple français du 18 vendémiaire a excité la plus vive joye parmis tous les bons citoyens, par les principes et les vérités éternelles que vous y consacrés, et la société après en avoir entendu la lecture a dans les premiers transports de son enthousiasme arreté qu’il vous en serait fait en son nom des remerciemens dictés par l’amour de la liberté, et cet attachement inviolable quelle vous a voué, et dont elle ne s’est jamais un seul instant écarté; oui, Législateurs nous avons toujours été convaincus que la République française triompheroit de ses ennemis soit au dedans soit au dehors tant que le peuple et la Convention ne fairoient qu’un ; vous l’avez fondée, cette république, sur les droits sacrés de l’homme et sur la justice, l’amour et le respect des loix qui en sont les seuls et vrais garants; elle est déjà par ses victoires un objet de terreur pour tous les despotes, elle faira pour ses vertus l’admiration des races futures; achevés législateurs, vous l’avez juré, restés fermes a vos postes, jusqu’au moment ou la Révolution sera consommée ; que le gouvernement révolutionnaire n’effraye plus que les mechans, les vrais coupables, que l’immoralité soit désormais le signe certain du faux patriotisme, l’ennemy le plus dangereux de la Republique ; enfin citoyens représentans, qu’a la place de la terreur et de l’intrigue la justice et la probité, dont vous avés rappellé le régné par votre energie, soyent seules par la sagesse de vos decrets partout a l’ordre du jour, et la patrie alors véritablement sauvée vous dressera des autels dans le coeur de tous les français. Vive la Convention. Les membres composant la société des Vans. Abel, secrétaire et 39 autres signatures. b’ [La société républicaine de Gap au président de la Convention nationale, le 1er brumaire an III] (38) (37) C 326, pl. 1415, p. 26.