252 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE ambition; tandis que d’une main, ils travaillent à purger la terre de la liberté, des monstres qui la désolent ; de l’autre, la patrie, cette intrépide pourvoyeuse s’occupe sans cesse à rendre plus supportables les fatigues de la guerre, en procurant de tous cotés à ses braves deffenseurs des secours de tout genre. L’humanité est l’appanage des cœurs sensibles ; elle ne peut se trouver que chés des républicains, chés des François libres et régénérés; cette vertu si méconnue et si peu pratiquée du tems de nos tyrans, est rappellée à l’homme d’une manière innéfaçable dans le grand œuvre du développement de ses droits alors inaliénables et imprescriptibles. L’Europe étonnée est éblouie de nos merveilles ; l’Europe éclairée et pour ainsi dire asser|/m de mot illisible] rend hommage à notre générosité, et à notre constance, retentie de nos largesses et de nos sacrifices. C’étoit autrefois (préjugé esclave) auprès de certains une espèce de honte, de respect humain de manier pour d’autres que pour soy, l’aiguille et le cizeau ; aujourd’huy tous à l’en-vy veulent concourrir suivant son art et son talent à sauver la patrie. Desja dans Marat-Fruvaisne ci-devant Château-Porcien, des citoyennes de tous âge se disputent l’honneur de travailler au soulagement et à l’entretien des soldats républicains, toutes demandent de l’ouvrage, toutes veulent être de l’atellier; la manœuvre est insuffisante et ne peut satisfaire à tant d’empressement ; de jeunes filles incertaines à qui tombera le travail de leurs mains, le cœur tendrement émû façonnent la toille en chantant leur amour et le retour glorieux de l’objet désiré. Les mères apprennent à leurs enfans desja grands qu’ils ont des frères sur les frontières occupés à briser les chaines de l’esclavage qui dévoient peser sur leur tête, ils pleurent de joie et voudroient atteindre l’age des combats, celui de voler au champ de Mars, et de Bellonne; ils offrent alors à la patrie le fruit de leur débiles mains, en extrayant d’un linge mûr et sans consistance de petits filemments de la charpie pour resserrer les playes et refermer les honorables cicatrices de nos guerriers, marque glorieuse de leur courage et de leur bravoure. Tant de dévouement, un spectacle si touchant, des scènes si attendrissantes se passent dans la commune de Marat-Fruvaisne et se répètent au milieu des cris mille fois répétés de Vive la République, vivent la Convention nationale et les cœurs sensibles et généreux. C’est dans le sein de la société populaire que chacun vient déposer ses dons, foible marque de sa re-connoissance envers les deffenseurs de la patrie ; empressée de servir au plus vite l’humanité souffrante, la société populaire de Marat prévient donc la Convention nationale qu’elle fait parvenir en ce jour au dépôt du district de Réthel, savoir : 1°. Onze chemises. 2°. Une paire de souliers. 3°. un fusil et un pistolet. 4°. vingt livres en assignats, et huit livres de charpie, qu’elle joint au premier envoy des effets suivants, savoir : 1°. Soixante chemises. 2°. une paire de draps. 3°. deux cols de basin. 4°. deux paquets de charpie. 5°. cinq paires de soulliers. 6° une paire de demie guêtre. 7°. trois gibernes, deux casques et deux sabres. 8°. deux paires de boucles d’argent à souliers et trois paires à jarretière. 9°. douze livres de baies de différens calibres. 10°. vingt trois pantalons d’étoffes envoyés au premier bataillon des Ardennes, plus un cavalier Montagnard tout équippé dans le 10e régiment dragon. Courage, braves représentans, restés fermes à votre poste, continués de terrasser l'Indre de l’aristocratie, de découvrir les conspirateurs, de punir les traitres, et tous les Catilina modernes et que nos intrépides républicains ne posent les armes qu’aprés avoir forcé les nations détrônées à se resaisir de leurs droits, à être souveraines, indépendantes et heureuses. Vive la République. Faubery, président, Dehan, secrétaire. 10 Le citoyen Marie Laugier fait hommage à la Convention nationale d’un ouvrage où il présente le spectacle du triomphe de la vertu républicaine, livrée à elle même, sur le crime royal secondé par les factions qu’il soudoie : la musique est du citoyen Champein. Mention honorable de l’hommage, insertion au bulletin (14). Le citoyen Marie Laugier, rue Dominique, section Fontaine-Grenelle [Paris], fait hommage à la Convention nationale d’un ouvrage qui a pour titre : Les épreuves du républicain, ou l’amour de la patrie, essai patriotique, en trois actes, mêlés de chants (15). 11 Adresse des sans-culottes composant la société de la Liberté et de l’Egalité de Mont-Arrast [ci-devant?], département du Gers : ces citoyens expriment à la Convention nationale leur reconnois-sance pour son intrépidité et la confiance inébranlable contre les ennemis de la patrie. Mention honorable, insertion au bulletin (16). 12 Les citoyens de la commune d’Aire, département du Pas-de-Calais, applaudissent aux grandes mesures prises pour (14) P.-V., XLV, 319. Moniteur, XXI, 793. (15) Bull., 6 vend, (suppl.). (16) P.-V., XLV, 319.