166 ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [États généraux.] un dessein formel d’attaquer leurs droits et leurs pouvoirs. Il n’a pas encore eu l’occasion de connaître toute la fermeté de ses mandataires. Sa confiance en eux n’a point encore de racines assez profondes. Qui ne sait d’ailleurs comment les alarmes se propagent, comment la vérité même, dénaturée par des craintes, exagérée par les échos d’une grande ville, empoisonnée par toutes les passions, peut occasionner une fermentation violente qui, dans les circonstances actuelles et les crises de la misère publique, serait une calamité ajoutée à une calamité? Le mouvement de Versailles est bientôt le mouvement de Paris; l’agitation de la capitale se communique aux provinces voisines, et chaque commotion, s’étendant à un cercle plus vaste, de proche en proche, produit enfin une agitation universelle. Telle est l’image faible, mais vraie, des mouvements populaires; et je n’ai pas besoin de prouver que les derniers événements, dénaturés par la crainte, interprétés par la défiance, accompagnés de toutes les rumeurs publiques, risquent d’égarer l’imagination du peuple, déjà préparée aux impressions sinistres par une situation vraiment déplorable ! Ah! sans doute, ils seraient pardonnables ces mouvements, fussent-ils même ceux du désespoir, à un peuple qui, sous le règne d’un Roi, s’est vu traîné par la perfidie des mauvais conseils, je ne dirai pas sur les bords, mais sur les pentes escarpées du plus affreux des précipices. Et comment les citoyens auraient-ils les mêmes motifs que les députés pour rassurer leur confiance? Ont-ils vu dans les regards mêmes du Pmi, ont-ils senti dans l’accent de son discours combien cet acte de rigueur et de violence coûtait à son cœur ? Ont-ils jugé, par leurs propres yeux, qu’il est lui-même quand il veut le bien, lui-même quand il invite les représentants du peuple à fixer une manière d’être équitablement gouverné, et qu’il cède à des' impressions étrangères lorsqu’il restreint la générosité de son cœur, lorsqu’il retient les mouvements de sa justice naturelle? Si noire Roi était plus qu’un homme, s’il pouvait tout par lui-même, on ne redouterait pas les effets de cette démarche que des conseillers imprudents et pervers luiontarra-chée; il serait inutile de prémunir le peuple con tre les égarements où des intentions criminelles et des séductions adroites pourraient le précipiter. Quand on se rappelle les désastres occasionnés dans la capitale par une cause infiniment disproportionnée à ses suites cruelles , tant de scènes déplorables dans différentes provinces où le sang des citoyens a coulé par le fer des soldats et le glaive des bourreaux, on sent la nécessité de prévenir de nouveaux accès de frénésie et de vengeance ; car les agitations, les tumultes, les excès ne servent que les ennemis de la liberté. Mais les hommes de mauvaise foi qui affectent toujours de confondre la liberté avec les écarts de la licence ; les hommes faibles, incessamment alarmés lorsqu’on leur montre le plus précieux des biens précédé de ses dangers et des convulsions populaires ; le ralliement des partisans du pouvoir absolu, alors armés d’un prétexte ; tant d’infortunées victimes de la fureur du moment, des précautions sanguinaires ou des punitions légitimes; tous ces maux si graves ne sont pas ceux qui, dans ce moment, m’effrayent le plus. Je considère tous les bons effets d’une marche. ferme, sage et tranquille ; c’est par elle seule qu’on peut se rendre les événements favorables, qu’on profite des fautes de ses adversaires pour [27 juin 1789.] le triomphe du bon droit; au lieu que, jetés peut-i être hors des mesures sages, les représentants de la nation ne seraient plus les maîtres de leurs mouvements ; ils verraient d’un jour à l’autre les progrès d’un naal qu’ils ne pourraient plus arrêter, et ils seraient réduits au plus grand des malheurs, celui de n’avoir plus le choix des fautes. Les délégués de la nation ont pour eux la souveraine des événements, la nécessité ; elle les pousse au but salutaire qu’ils se sont proposé, elle soumettra tout par sa propre force ; mais sa force est dans la raison : rien ne lui est plus étranger que les tumultes, les cris du désordre, les agitations sans objet et sans règle. La raison veut vaincre par ses propres armes; tous ces auxiliaires séditieux sont ses plus grands ennemis. A qui, dans ce moment, convient-il mieux qu’aux députés de la France, d’éclairer, de calmer, de sauver le peuple des excès que pourrait produire l’ivresse d’un zèle furieux ! C’est un devoir sacré pour les députés que d’inviter i leur commettants à se reposer entièrement sur eux du soin de soutenir leurs intérêts, et du soin de faire triompher leurs droits en leur apprenant que, loin d’avoir aucune raison de désespérer, jamais leur confiance n’a été mieux fondée. Trop souvent on n’oppose aux convulsions que la misère ou l’oppression arrachent aux peuples, que les baïonnettes; mais les baïonnettes ne rétablissent jamais que la paix de la terreur et le silence qui plaît au despotisme. Les représentants de la nation doivent, au contraire, verser dans les cœurs inquiets le baume adoucissant de l’espérance, et les apaiser avec la puissance de la persuasion et de la raison. La tranquillité de l’Assemblée deviendra peu à peu le fondement de la tranquillité delà France; et ses * représentants prouveront à ceux qui ne connais-1 sent pas les effets infaillibles du régime de la liberté, qu’elle est plus forte pour enchaîner les peuples à l’ordre public que toutes les cruelles mais petites ressources du gouvernement qui ne met sa confiance que dans ses moyens de contrainte et de terreur. ' i 11 serait donc de la prudence des représen-1 tants de la nation de faire une adresse à leurs commettants pour leur inspirer une confiance calme, en leur exposant la position de l’Assemblée nationale ; pour leur recommander, au nom de leurs intérêts les plus chers, de contribuer de toute leur sagesse et de tous leurs conseils au main de l’ordre et de la tranquillité publique, à l’autorité des lois et de leurs ministres ; pour se justifier enfin à leurs yeux quels que soient les événements, en leur montrant qu’ils ont connu tout le prix de la modération et de la paix. Voici le projet d’adresse que je présente : Projet d’adresse de l’Assemblée nationale à ses commettants. « Messieurs, vos députés aux Etats généraux, longtemps retenus dans une inaction bien pénible à leur cœur, mais dont vous avez approuvé les motifs, entraient en activité par le seul moyen qui leur parût compatible avec vos intérêts et vos droits. « La majorité du clergé s’était déclarée pour la réunion; une minorité respectable dans la noblesse manifestait le même vœu, et tout annonçait à la France le beau jour qui sera l’époque de sa constitution et de son bonheur. « Des événements que vous connaissez ont re- [États généraux.) \ ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [27 juin 1789.] 167 tardé cette réunion, et rendu à l’aristocratie le courage de persister encore dans une séparation dont elle sentira bientôt les dangers. « L’alarme s’est trop aisément répandue; la capitale a été consternée ; le lieu même où nous sommes a éprouvé une agitation contre laquelle nous avons vu employer des précautions que l’on croit nécessaires, mais qui n’en sont pas moins alarmantes. « Tout nous fait un devoir d’aller au-devant des malheurs et des désordres qui dans une situation aussi extraordinaire peuvent sortir à chaque instant de l’inquiétude générale. « Le renouvellement des Etats généraux après un si long terme, l’agitation qui l’a précédé, le but de cette convocation si différent de celui qui rassemblait vos ancêtres (1), les prétentions de la noblesse, son attachement à des lois gothiques ét barbares, mais surtout les formes vraiment extraordinaires dont on s’est servi pour faire intervenir le Roi, beaucoup d’autres causes enfin ont échauffé les esprits ; et l’esprit de fermentation où se trouve le royaume est tel, nous osons le dire, que ceux qui veulent user de violence, lorsque les plus grands ménagements sont tous les jours plus nécessaires, ne se rendent pas seulement indignes d’être regardés comme Français (2), mais méritent d’être envisagés comme des incendiaires. D’après ces considérations, Messieurs, nous croyons devoir vous présenter le tableau de notre vraie position, pour vous prémunir contre les exagérations et les craintes qu’uu zèle trompé ou que des intentions coupables pourraient affecter de faire prévaloir. « Dans cette même journée où un appareil plutôt menaçant qu’imposant vous montrait un monarque aBsolu et sévère, quand l’Assemblée nationale n’aurait voulu voir que le chef suprême, escorté seulement de ses vertus ; dans cette même journée nous avons entendu de sa bouche les déclarations les plus pures de ses grandes vues, de ses intentions vraiment généreuses, vraiment magnanimes. « Non, les formes les moins propres à concilier les cœurs ne nous déguiseront point les senti-timents de notre Roi; nous pourrons gémir d’être mal connus de ce prince ; mais nous n’aurons jamais à nous reprocher d’être injustes. Malheur à ceux qui nous peindraient formidables! Nous pourrions le devenir au jour de la justice ; mais ce serait pour eux seuls. « Et comment les sentiments du Roi pourraient-ils causer quelques alarmes? Si nous connaissions moins ses vues, n’avons-nous pas la garantie de ses lumières et de son intérêt ? L’aristocratie cessera-t-elle jamais d’être l’ennemie du trône ? Toute son ambition n’est-elle pas de fractionner (l’autorité? Ne sont-ce pas ses prérogatives, ses (privilèges, ses usurpations qu’elle cherche à cimenter par de mauvaises lois ? Et n’est-ce pas une vérité démontré, que le peuple ne veut que la justice, mais qu’aux grands il faut du pouvoir. « Ah ! l’aristocratie a fait à nos rois le plus rand de tous les maux: elle a souvent fait outer de leurs vertus même ; mais la vérité est arrivée au pied du trône, et le Roi qui s’est déclaré le père de son peuple veut que ses bienfaits (1) Discours du Roi. (2) Idem. soient communs ; il ne consacrera point les titres de la spoliation qui n’ont été que trop longtemps respectés. C’est à la prévention seule, c’est à la fatigue des obsessions, c’est peut-être à la considération que les meilleurs esprits conservent longtemps pour les anciens usages, et à l’espoir d’opérer promptement la réunion; c’est à tous ces motifs que nous attribuons les déclarations en faveur de la séparation des ordres, du veto des ordres, des privilèges féodaux ; ces timides ménagements pour tous ces restes de barbarie, pour ces masures de la féodalité qui ôteraient toute solidité, toute beauté, toute proportion à l’édifice que nous sommes appelés à construire « Nous voyons par l’histoire de tous les temps, surtout par la nôtre, que ce qui est vrai, juste, nécessaire, ne peut pas être disputé longtemps comme illégitime, faux et dangereux; que les préjugés s’usent et succombent enfin par la discussion. Notre confiance est donc ferme et tranquille. Vous la partagerez avec nous, Messieurs, vous ne croirez pas que sous l’empire d’un sage monarque, les justes, les persévérantes réclamations d’un grand peuple {missent être vaines à côté de quelques illusions particulières adoptées par un petit nombre, et qui perdent chaque jour de leurs partisans. Vous sentirez que le triomphe de l’ordre, quand on l’attend de la sagesse et de la prudence, ne doit point être exposé par des agitations inconsidérées. « C’est à vous, Messieurs, à nous aider dans la carrière qui nous est ouverte par vos conseils et par vos lumières ; vous entretiendrez partout le calme et la modération ; vous serez les promoteurs de l’ordre, de la subordination, du respect pour les lois et pour leurs ministres ; vous reposerez la plénitude de votre confiance dans l’immuable fidélité de vos représentants, et vous nous prêterez ainsi le secours le plus efficace. « C’est dans une classe vénale et corrompue que nos ennemis chercheront à exciter des tumultes, des révoltes qui embarrasseront et retarderont la chose publique. « Voilà les fruits de la liberté ! voilà la démocratie ! » affectent de répéter tous ceux qui n’ont pas honte de représenter le peuple comme un troupeau furieux qu’il faut enchaîner, tous ceux qui feignent d’ignorer que ce même peuple, toujours calme et mesuré lorsqu’il est vraiment libre, n’est violent et fougueux que dans les constitutions où on l’avilit pour avoir le droit de le mépriser. Combien n’est-il pas de ces hommes cruels qui, indifférents au sort de ce peuple toujours victime de ses imprudences, font naître des événements dont la conséquence infaillible est d’augmenter la force de l’autorité qui, lorsqu’elle se fait précéder de la terreur, est toujours suivie de la servitude? Ah ! qu’ils sont funestes à la liberté, ceux qui croient la soutenir par leurs inquiétudes et leurs révoltes ! Ne voient-ils pas qu’ils font redoubler les précautions qui enchaînent les peuples, qu’ils arment la calomnie au moins d’un prétexte, qu’ils effrayent toutes les âmes faibles, soulèvent tous ceux qui, n’ayant rien à perdre, se font un moment auxiliaires pour devenir les plus dangereux ennemis? « On exagère beaucoup, Messieurs, le nombre de nos ennemis. Plusieurs de ceux qui ne pensent pas comme nous sont loin de mériter pour cela ce titre odieux. Les choses arrivent souvent à la suite des expressions, et les inimitiés trop aisément supposées font naître les inimitiés réelles. Des concitoyens qui ne cherchent comme nous que le bien public, mais qui le cherchent dans une autre route ; des hommes qui , entraînés 168 [États généraux.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [27 juin 1*789.1 par les préjugés de l’éducation et les habitudes de l’enfance, n’ont pas la force de remonter le torrent; des hommes qui, en nous voyant dans une position toute nouvelle, ont redouté de notre part des prétentions exagérées, se sont alarmés pour leurs propriétés, ont craint que la liberté ne fût un prétexte pour arriver à la licence; tous ces hommes méritent de notre part des ménagements : il faut plaindre les uns, donner aux autres le temps de revenir, les éclairer tous, et ne point faire dégénérer en querelles d’amour-propre, en guerre de factions, des différences d’opinions qui sont inséparables de la faiblesse de l’esprit humain, de la multitude des aspecls que présentent des objets si compliqués, et dont la diversité même est utile à la chose publique sous les vastes rapports de la discussion et de l’examen. « Déjà nous pouvons nous honorer de plusieurs conquêtes heureuses et paisibles. Il n’est pas un jour qui ne nous ait amené quelques-uns de ceux qui d’abord s’étaient éloignés de nous ; il n’est pas un jour où l’horizon de la vérité ne s’agrandisse, et où l’aurore de la raison ne se lève pour quelques individus qui jusqu’à présent avaient été éblouis plutôt qu’éclairés par l'éclat même de la lumière. Que serait-ce si, désespérant de la puissance de la vérité, nous nous étions séparés de ceux que nous invitions inutilement? Nous aurions glacé nos amis même dans les deux premiers ordres de nos concitoyens , nous nous serions privés peut-être de cette réunion si avantageuse à la France, au lieu que notre modération actuelle leur ayant paru un gage de notre modération future, ils ont conclu que la justice dirigeait nos démarches, et c’est en leur nom comme au nôtre que nous vous recommandons cette douce modération dont nous avons déjà recueilli les fruits. « Qu’il sera glorieux pour la France, pour nous, que cette grande révolution ne coûte à l’humanité ni des forfaits ni des larmes ! Les plus petits Etats n’ont souvent acheté une ombre de liberté qu’au prix du sang le plus précieux. « Une nation, trop fière de sa constitution et des vices de la nôtre, a souffert plus d’un siècle de convulsions et de guerres civiles avant que d’affermir ses lois. L’Amérique même, dont le génie tutélaire des mondes semble récompenser aujourd’hui l’affranchissement qui est notre ouvrage, n’a joui de ce bien inestimable qu’après des revers sanglants et des combats longs et douteux. Et nous, Messieurs, nous verrons la même révolution s’opérer par le seul concours des lumières et des intentions patriotiques. Nos combats sont de simples discussions, nos ennemis sont des préjugés pardonnables, nos victoires ne seront point cruelles, nos triomphes seront bénis par ceux qui seront subjugués les derniers. L’histoire n’a trop souvent raconté les actions que de bêtes féroces, parmi lesquelles on distingue de loin en loin des héros ; il nous est permis d’espérer que nous commençons l’histoire des hommes, celle des frères qui, nés pour se rendre mutuellement heureux, sont d’accord presque dans leurs dissentiments, puisque leur objet est le même et que leurs moyens seuls diffèrent. Ah ! malheur à qui ne craindrait de corrompre une révolution pure, et de livrer aux tristes hasards des événements les plus incertains le sort de la France, qui n’est pas douteux si nous voulons tout attendre de la justice et de la raison. « Quand on pèse tout ce qui doit résulter, pour le bonheur de 25,000,000 d’hommes, d’une constitution légale, substituée aux caprices ministériels, du concours de toutes les volontés, dé toutes les lumières pour le perfectionnement de nos lois, de la réforme des abus, de l’adoucissement des impôts, de l’économie dans les finances, de la modération dans les peines, de la règle dans les tribunaux, de l’abolition d’une foule de servitudes qui entravent l’industrie et mutilent les facultés humaines ; en un mot, de ce grand système de liberté qui, s’affermissant sur les bases des municipalités rendues à des élections libres, s’élève graduellement jusqu’aux administration� provinciales et reçoit sa perfection du retour annuel des Etats généraux ; quand on pèse tout ce qui doit résulter de la restauration de ce vaste empire, on sent que le. plus grand des forfaits, le plus noir attentat contre l’humanité, serait de s’opposer à la haute destinée de notre nation, de la repousser dans le fond de l’abîme pour l’y tenir opprimée sous le poids de toutes ces chaînes* Mais ce malheur ne pourrait être que le résulta! des calamités de tout genre qui accompagnent les troubles, la licence, les noirceurs, les abominations des guerres civiles. Notre sort est dans notre sagesse. La violence seule pourrait rendre douteuse ou même anéantir cette liberté que la raison nous assure. « Voilà nos sentiments, Messieurs ; nous nous devions à nous-mêmes de vous les exposer, pour nous honorer de leur conformité avec les vôtres ; il était important de vous prouver qu’en poursuivant le grand but patriotique, nous ne nous écarterions point des mesures propres à l’atteindre. •« Tels nous nous sommes montrés depuis le moment où vous nous avez confié les plus nobles intérêts, tels nous serons toujours affermis dans la résolution de travailler, de concert avec notre Roi, non pas à des biens passagers, mais à la constitution même du royaume ; déterminés à voir enfin tous nos concitoyens dans tous les ordres jouir des innombrables avantages que la nature et la liberté nous permettent, à soulager le peuple souffrant des campagnes, à remédier au découragement de la misère qui étouffe les vertus et l’industrie, n’estimant rien à l’égal des lois qui, semblables pour tous, seront la sauvegarde commune; non moins inaccessibles aux projets de l’ambition personnelle qu’à l’abattement de la crainte ; souhaitant la concorde, mais ne voulant point l’acheter par le sacrifice des droits du peuple ; désirant enfin pour unique récompense de nos travaux, de voir tous les enfants de cette immense patrie réunis dans les mêmes sentiments, heureux du bonheur de tous, et chérissant le père commun dont le règne aura été l’époque de la régénération de la France. » On demande de toutes parts l’impression de ce projet d’adresse. i M. le Président interrompt la délibération: pour annoncer l’arrivée des membres des deux! ordres, non encore réunis. j MM. du clergé et MM. de la noblesse, non réu-; nis, ayant à leur tête : MM. du clergé, M. le cardi-j nal de la Rochefoucauld ; et MM. de la noblesse,! M. le duc de Luxembourg, entrent dans la salle. M. le cardinal de la Rochefoucauld. Messieurs, nous sommes conduits ici par notre amour et notre respect pour le Roi, nos vœux pour la paix et notre zèle pour le bien public. M. le duc de Luxembourg. Messieurs, l’ordre de la noblesse a arrêté ce matin de se rendre dans la salle nationale, pour donner au Roi des