10 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Nous vous envoyons une quantité de charpie que le courage de jeunes républicaines ont déposé sur notre bureau et qu’elles destinent pour le soulagement de nos frères d’armes. Vive la République, vive la Convention nationale. Le président vrai sans-culotte au nom des frères de la Société. N. Rojot (président), B. Roux (secrétaire) b [Le conseil général de la commune de Mamers, chef-lieu de district du département de la Sarthe. à la Convention, s. d.] (4) Citoyens Représentants Nous vous la décernons aussi cette couronne civique, qu’une de nos armées triomphantes vous offrait naguères, en reconnaissance de votre énergique vertu. Oui, vous avez bien mérité de la Patrie, en précipitant dans la nuit des tombeaux, cet atroce et sanguinaire tyran, usurpateur audacieux des droits de la représentation nationale. Entendez les vœux, les applaudissements, les félicitations qui de toutes parts vous proclament les sauveurs de la République. Jouissez de votre triomphe, il sera immortel comme la Liberté. Vive la République ! Gloire à la Convention. Guérin (maire), Lecroux (agent nat.), Bressond, Chemeau fils, Duchemay fils, Leger (off. municip,) et 15 autres signatures [Séance de la société populaire de Mamers, 5 fructidor] La séance s’est ouverte par la lecture de l’adresse que la commune de Mamers doit envoyer à la Convention nationale pour la féliciter de l’énergie qu’elle a déployée dans la nuit du neuf au dix thermidor contre les traitres qui essayaient de replonger le peuple dans l’esclavage. La société considérant qu’elle ne pourrait mieux exprimer dans d’autres termes ses senti-mens de reconnaissance aux Représentants de la nation, adopte dans tout son contenu la ditte adresse et arrête qu’elle sera transcrite sur son registre de délibérations, que copie du présent sera adressée à la commune de Mamers qui est invitée d’en faire mention au pied de l’original qui doit être envoyé à la Convention, ainsi que des signatures des membres présents de la société qui signeront le procès-verbal de ce jour. Fait et arrêté au lieu ordinaire des séances de la société populaire de Mamers, le 5 fructidor l’an deux de la République française une et indivisible. Le registre est signé par 27 citoyens. Copie signée par Viellajeus (vice-présid.), Treboit (vice-secrét.) (4) C 319, pl. 1303, p. 22-23. C [La commune du Puy, département de la Haute-Loire à la Convention, le 2 fructidor] (h) Egalité, Liberté Mort aux Tirans et Leurs Satellites. Citoyens Représentans Après avoir successivement applaudi à tous les décrets sauveurs du peuple et de la Patrie; après avoir solemnisé les époques mémorables de la Révolution, et célébré les triomphes nombreux obtenus par l’héroisme des vertus républicaines, sur les satellites de l’infâme coalition sacerdotale et royale; après avoir fait éclater les transports de la plus vive allégresse en apprenant le supplice de tous les conspirateurs ennemis de la Liberté, et notamment la chute éclatante et rapide des têtes superbes des tirans Robespierre, Saint-Just et Couthon, entraînant dans le tombeau de l’opprobre les complices de leurs forfaits; après avoir identifié dans le tems notre indignation avec celle qu’inspirèrent et qu’inspirent encore chaque jour à toute la France républicaine les crimes du gouvernement anglais, dont la conduite atroce et perfide provoqua le décret juste et terrible qui met hors de la loi de la guerre les soldats anglais et hanovriens : la commune du Puy a solennellement encore délibéré (le décadi 30 thermidor) dans son temple à l’Etre Suprême, de vous faire connoître combien elle fut révoltée par l’énumération des forfaits récens du traître espagnol envers nous et l’humanité; et comme vous, plus indignée que surprise des perfidies des valets des tirans, elle s’empresse de vous donner un témoignage de son adhésion unanime au salutaire décret qui, assimilant le lâche, le superstitieux espagnol, au perfide et cupide anglais, proclame qu’il ne sera plus fait de prisonniers espagnols, si le général en chef de l’armée espagnole, n’exécute sur le champ la capitulation de Collioure en restituant les prisonniers français. Ah, Citoyens Représentans, nos cœurs applaudissent avec d’autant plus de franchise à cet acte de sévérité républicaine commandé à votre justice par la force des crimes de l’Etranger, que nous croyons le lâche et féroce espagnol capable de tous les forfaits.... Nos cœurs se refusent à tracer le tableau déchirant qui vient affliger notre pensée et redoubler notre énergie si... et de quoi ne sont pas capables ceux-là même que la vérité nous montre tous dégoutans du sang des peuples égorgés par eux dans le Mexique et le Pérou pour satisfaire la soif, l’ardente et criminelle soif de l’or et de la domination ; de quoi ne sont pas encore capables des hommes qui doublement despotes sont doublement cruels, puisque non contens d’écraser des peuples entiers entre leurs trônes et leurs autels, brûlent ou voudraient pouvoir brûler la justice et la vérité dans les bûchers qu’allume l’épou-(5) C 319, pl. 1303, p. 21. Mentionné par Bull., 10 fruct. M.U., XLIII, 185; J. Univ., n° 1739. SÉANCE DU 10 FRUCTIDOR AN II (27 AOÛT 1794) - N° 1 11 vantable inquisition; enfin, de quoi n’est pas capable un gouvernement allié de celui de Londres, de l’Autriche et de Rome, coalition infâme, alliance monstrueuse qui ne peut enfanter et concevoir que des crimes contre l’humanité. Mais, Citoyens Représentans, le souvenir de tant d’horreurs se trouve tempéré par l’espoir consolant que tant d’attentats ne resteront pas longtems impunis, et que grâce à l’énergie révolutionnaire communiquée par vous aux armées victorieuses de la République, la Justice et l’Humanité seront bientôt vengées des crimes des rois et des prêtres, par la puissance d’un peuple qui ne combat que pour les droits sacrés de l’homme. Tels sont les principes que professent, tels sont les sentimens qu’expriment les Républicains composant la Commune du Puy, auxquels se joint encore celui de l’affection la plus intimé pour la Convention nationale, ce centre commun du salut du Peuple, ce mobile puissant. (une demi-page de signatures.) d [Le comité de surveillance de Coulange-La-Vineuse, département de l’Yonne, à la Convention, 24 thermidor] (6) Liberté, égalité ou la mort. Citoyens Représentans, Le comité de surveillance de Coulange-La-Vineuse, jaloux de la Liberté, n’a pu voir sans indignation des hommes pervers, (se disant représentans d’un peuple libre) attenter à lui ravir ce bien précieux : ce bien acquis en partie par plus de cent individus de sa commune, combattans pour l’affermissement de cette Liberté. Quatre ans et plus de lutte pouvaient-ils se terminer en une nuit; vous étiez là, Représentans fidèles, nous comptions sur votre vigilance, elle vous donne des droits à notre reconnaissance; nous vous jurons, que nous donnerons nos vies pour votre conservation; terminez vos opérations, affermissez la république et comptez sur nous. Beau (présid.), Sermme (secrét.), Dauthereau, Bardou, Sonnois, Jault, G. Dauthereau, Gigaut. e [La petite commune agricole de Nohan à la Convention nationale, 1er fructidor ] (7) Citoyens Nous sommes tous cultivateurs, tous républicains, tous frères, mais les aristocrates et les traîtres ne sont pas de notre famille; nous apprenons de nos magistrats, courbés comme (6) C 319, pl. 1303, p. 20. (7) C 319, pl. 1303, p. 19. Mentionné par Bull., 10 fruct.; Débats, n° 706; J. Univ., n° 1739. nous sur la gerbe nourricière que nous destinons aux besoins de la république, votre courage énergique à la déffendre et notre indignation pour le nouveau tyran, nous a fait suspendre nos travaux pour bénir les vôtres. La liberté comme la nature ne fait point de monstres mais la nature et la liberté les repoussent avec horreur, Continuez dignes législateurs d’affermir cette liberté sainte sur les bases étemelles de la justice, vous en recevez déjà le prix dans la confiance et l’amour de tous les français. Salut et fraternité. Denis (maire), Durbois (agent nat.), Dumaine (greffier), Grenon, Bedu, Baudoin. f [Les citoyens et citoyennes de la commune de Vendeuil, département de l’Oise, à la Convention nationale, le 16 thermidor] (8) Liberté Egalité Fraternité ou la Mort Citoyens Représentants Il est enfin arrivé ce tems ou la Justice va triompher de tous les crimes; la main toute puissante qui veille sur la destinée des français vient encore de soustraire à la fureur des tyrans coalisés ses fidelles représentants. Jusqu’à quand ces fléaux de la nature prétendront-ils empoisonner les mœurs de la nation la plus généreuse de l’univers, dont ses représentants ont posé les fondements. Sénateurs courageux. Dirigez la vengeance nationale sur les féroces anglais... frappez... et les enfants de la Liberté seconderont votre généreux dévouement. Les habitans de la commune de Vendeuil, admirant de jour en jour votre courage imbran-lable, et les succès de la République, vous invitent à rester à ce poste que vous déffendez si bien, jusqu’à ce que les tirans de la Liberté aient disparu de dessus la terre. Nos cœurs, pour prix de votre récompense, ne cesseront de bénir vos glorieux travaux... en les transmettant avec admiration à la Génération future. C’est ainsi que les habitans de la commune de Vendeuil, jouissant des bienfaits de la Liberté et de l’Egalité, sont au comble de leur joye de voir disparoitre de chez eux la misère et ses fléaux. Leur situation n’est plus la même. Ils ont reçu et reçoivent journellement les secours que la Patrie accorde à ses enfans...Etrangers à la terre avant la Révolution ils vont jouir du fruit de leurs travaux dans la portion dont la patrie les a fait propriétaire le dix juin dernier (stil esclave). C’est le décret qui ordonne le partage des biens communaux, citoyens représentans, dont nous ne cesserons de bénir; une récolte abondante en légume de toute espèces, grain de toute nature, sera cette année les heureux effets (8) C 320, pl. 1313, p. 6. Mentionné par Bull., 10 fruct.